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connaissance, et il n'échappa au sort qui le menaçait que par sa présence d'esprit. Trois commissaires du comité colonial s'étant présentés à l'improviste à son bord, pour visiter le bâtiment, qui portait encore les traces des nègres débarqués la nuit précédente, Surcouf les traita avec la plus grande politesse, les força d'accepter un déjeuner, et pendant qu'ils étaient à table, il donna l'ordre à son second de gagner le large. Une fois en pleine mer, il les menace de les mener à la côte d'Afrique, au milieu de leurs frères et amis les noirs, s'ils ne dressent un procèsverbal constatant qu'ils n'ont rien vu à bord qui indiquât un bâtiment se livrant à la traite et certifiant qu'un ras de marée avait seul éloigné le navire de son ancrage, capitulation que les commissaires, à moitié morts de frayeur, s'empressèrent d'accepter. Bientôt après, Surcouf commanda le corsaire le Modeste, de cent quatre-vingts tonneaux avec trente hommes d'équipage et quatre canons, qui prit le nom d'Emilie. Le gouverneur Malartic lui refusa une lettre de marque, et l'envoya, avec un congé de navi gation seulement, aux îles Séchelles, chercher une cargaison de grains pour l'approvisionnement de la colonie. Le 3 sept. 1795, l'Emilie ayant quitté Port-Louis, chassée par les Anglais jusqu'au nord de l'Equateur, Surcouf se trouva dans la position la plus critique, n'ayant plus de vivres pour effectuer son retour. Ce fut alors qu'il conçut le hardi projet d'aller vers le golfe du Bengale pour s'y ravitailler par quelque prise. Il s'empara d'abord d'un navire chargé de bois, puis d'un brick-pilote et de deux bâtiments de riz. Ayant remarqué que le brick le Cartier marchait mieux

que l'Emilie,il le monta avec une partie de son équipage, et c'est avec lui qu'il s'empara de la Diana, sortant de Calcutta, chargée de 6,000 balles de riz, ensuite du Triton, vaisseau de la Compagnie des Indes, de 26 pièces de 12 et de 150 hommes d'équipage. Ce fut au moyen d'une ruse, en hissant à son mât de misaine le yacht anglais, signal des pilotes du Gange, qu'il parvint à aborder le Triton, dont une brusque attaque le rendit maître après avoir tué de sa main le capitaine d'un coup de pistolet. Le 10 mars 1796, Surcouf, montant sa glorieuse prise, jetait l'ancre à l'île de France. Le gouver nement, sous prétexte que l'Emilie n'était pourvue que d'un congé de navigation, confisqua tous les navires capturés dans ce court et glorieux voyage. Les armateurs de l'Émilie réclamèrent, mais le tribunal de commerce maintint la confiscation. Surcouf se décida alors à venir en France faire valoir ses droits. Le Directoire fit de cette affaire l'objet d'un message au conseil des CinqCents, qui arrêta que les prises faites dans les mers de l'Inde par le navire l'Emilie appartiendraient aux armateurs et équipages de ce navire, et leur seraient restituées en nature, si elles existaient encore, ou que le prix leur en serait remis. Surcouf, devenu ainsi créancier de l'État pour une somme de 1,700,000 livres, consentit à la réduire à 660,000. Après 14 mois de séjour à Paris, il vint habiter sa ville natale. Fatigué de cette longue inaction,il prit le commandement du corsaire la Clarisse, de 14 canons et de 140 hommes d'équipage, qui partit pour l'île de France dans le courant de 1798. Se trouvant daus l'hémisphère nord, presque sous la ligne, il eut à soutenir un combat

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acharné contre un navire anglais qu'il mit en fuite. Dans la latitude de Rio Janeiro, il s'empara, sans coup férir, d'un bâtiment richement chargé, dont la cargaison produisit 400,000 fr. Le 5 décembre 1798, il touchait notre colonie malgré les croiseurs ennemis qui la bloquaient. Il en repartit l'année suivante pour se rendre dans les brasses du Bengale, et rencontra dans sa route, devant le port de Souson, sur la côte de Sumatra, deux vaisseaux anglais chargés de poivre. Les ayant attaqués, il s'en empara à la suite d'un combat acharné, et les ramena à l'île de France. Étant reparti aussitôt pour une nouvelle croisière, sur la Clarisse, dans le détroit de la Sonde, il des cendit à terre sur une côte qu'il croyait inhabitée, entre l'île de Cantaye et Java, pour renouveler sa provision,et fut tout à coup entouré d'une troupe de naturels auxquels il n'échappa que par sa fermeté envers le chef à qui il fit accepter un foulard rouge qu'il avait à son cou. Après s'être emparé d'un navire danois portant une cargaison anglaise, puis d'un bâtiment portugais chargé d'argent pour une somme de 116,000 piastres, il fit voile pour le golfe du Bengale et s'empara d'un navire de 20 canons qui se rendait à Bombay avec une riche cargaison; mais poursuivi par une frégate anglaise, il ne dut son salut qu'à une supériorité de marche acquise par des sacrifices désespérés. Le 1o jany e: 1830, Surcouf lit encore la capture d'un bâtiment chargé de riz; quatre jours après, ayant accosté deux navires américains, la Louisia et le Mercury, il prit l'un à l'abordage après un terrible combat. L'autre lui échappa par la fuite. A la suite de ces exploits, il revint à l'île de France. Son bâtiment

avait beaucoup souffert; un radoub complet lui était nécessaire. Le valeureux capitaine, ne pouvant plus se résoudre au repos que lui imposait cette longue opération, accepta le commandement du corsaire la Confiance, navire bordelais, renommé pour un des meilleurs marcheurs, qu'il arma immédiatement en guerre et avec lequel il reprit ses courses aventureuses. Il quitta l'île de France à la mi-avril 1800, et se dirigea encore vers le détroit de la Sonde. Cette campagne fut marquée, comme les précédentes, par de nombreuses actions d'éclat qui vinrent grandir encore une renommée déjà sans exemple dans les mers de l'Inde. Les Anglais, qui avaient à souffrir considérablement des succès de l'intrépide corsaire, envoyèrent des frégates de guerre à sa recherche, et mirent à prix sa capture. Ces mesures, loin d'effrayer Surcouf, le firent redoubler d'audace, à ce point qu'il eut la témérité d'attaquer le Kent, vaisseau de la compagnie des Indes, de 38 canons et de plus de 400 hommes d'équipage. Après un combat corps à corps et des plus meurtriers à l'abordage, où les Anglais comptèrent 70 morts et blessés, il s'en rendit maître. Traînant cette glorieuse prise à sa suite, il revint à l'île de France, où il fut accueilli comme un véritable héros. Le 29 janvier 1801, la Confiance, armée en aventurière, et chargée d'une riche cargaison, fit voile pour la France. C'était une traversée difficile et bien périlleuse à travers les flottes anglaises auxquelles il n'échappa que par des changements de direction, des manœuvres habiles et la supériorité de sa marche. Sa destination était Bordeaux, mais il ne put y arriver, et fut obligé, après bien des efforts et une chasse péril

leuse, d'entrer à La Rochelle, où il mouilla le 13 avril. Il se rendit à Saint-Malo pour revoir sa famille, et s'y maria. Lorsque la paix d'Amiens fut rompue, le premier consul, qui avait entendu parler des hauts faits de Surcouf, voulut le voir, et il lui offrit un grade supérieur avec le commandement de deux frégates destinées à croiser dans les mers de l'Inde, où son nom était devenu la terreur du commerce britannique. Il refusa, ne voulant pas se prêter aux exigences de la discipline militaire. Cependant il accepta la croix de la Légiond'Honneur, à la création de l'ordre. Alors il arma plusieurs corsaires pour la chasse contre le commerce anglais auquel il continua de porter les coups les plus désastreux. En 1807, lui-même reprit la mer sur un navire qu'il avait fait construire, et qu'il appela le Revenant; il portait 18 pièces de canon, 200 hommes d'équipage. Le 2 mars, il quittait la rade de Saint-Malo, se dirigeant vers les lieux témoins de ses premiers exploits. Le 10 juin, il touchait l'île de France, et le 3 septembre il faisait voile pour le golfe du Bengale, où il allait entreprendre sa dernière croisière. Dans l'espace de quelques jours, il s'empara de cinq bâtiments dont le chargement s'élevait à 37,000 balles de riz, qu'il envoya aux colonies françaises, alors dans une grande pénurie. Si ses prises furent trèsconsidérables pendant cette campagne, les dangers qu'il courut ne le furent pas moins, exposé qu'il fut à une chasse des vaisseaux anglais auxquels ils eut encore le bonheur d'échapper. Dans les premiers jours de février 1808, il rentrait à l'île de France où il fut reçu avec les témoignages de la plus vive reconnaissance. Après une seconde croisière du Re

venant, à laquelle Surcouf, fatigué, ne prit point de part, il résolut de l'armer en aventurier pour retourner en France; mais le gouverneur Decaen s'en empara d'autorité pour les besoins de la colonie. Surcouf eut avec lui, à ce sujet, une altercation très-vive. Contraint de céder, il fallut qu'il se résignât à prendre le commandement du navire le Charles, destiné pour la France, chargé d'une cargaison évaluée cinq millions. Le 21 novembre 1808 il quitta l'île de France, et dans les premiers jours de fevrier 1809 il entrait à Saint-Malo, après avoir traversé, au milieu des dangers de toute espèce, les croiseurs ennemis. Le général Decaen, après le départ de Surcouf, avait mis ses biens sous le séquestre pour n'avoir pas pris à son bord l'état-major d'un vaisseau portugais, ainsi qu'il en avait reçu l'ordre. Surcouf se présenta au ministre de la marine Decrès, lui expliqua son affaire, dont il rendit compte à l'empereur, qui, par un décret spécial, ordonna qu'il fût remis en possession de ce qui lui appartenait aux îles de France et de Bourbon. Malgré la saisie de l'autorité locale, Surcouf s'adonna alors exclusivement aux armements contre les Anglais, auxquels il avait voué une haine invétérée. L'Auguste, la Dorade, la Biscayenne, l'Edouard, l'Espadon, la Ville-de-Caen, l'Adolphe et le Renard sillonnèrent la mer, et leurs courses hardies lui rapportèrent beaucoup. Il était colonel de la cohorte urbaine de Saint-Malo lorsque les événements de 1814 survinrent. A partir de cette époque, il se livra au commerce, et devint an des plus riches armateurs. Dans les Cent-Jours de 1815, il fut nommé chef de légion des gardes nationales

de l'arrondissement de Saint-Malo, dont il donna sa démission à la fin de septembre. En 1817, il déclara au bureau des classes renoncer à la navigation et ne s'occupa plus que de ses nombreux armements. On comptait dix-neuf navires lui appartenant. En 1827, il fut saisi d'une indisposition subite, et expira le 8 juillet suivant, après avoir reçu les secours de la religion. Sa perte fut vivement sentie à Saint-Malo, où il était très aimé, et on peut voir son tombeau dans le cimetière de cette ville. Surcouf était d'un caractère brusque, un peu bourru, emporté, mais excellent, généreux et humain, ce que les Anglais eux-mêmes se sont plu à reconnaître. On a publié : Histoire de Robert Surcouf, capitaine de corsaire, par Ch. Cunat, ancien officier de la marine royale, Paris, 1847, in-8°. C-H-N.

SURDO (JEAN-PIERRE), fils de Guillaume, seigneur du village de Concilo près de Casal, dans le Montferrat, fut un des plus célèbres jurisconsultes de son temps. Nommé sénateur, puis envoyé de Ferrare auprès du pape Clément VIII en 1598, pour y traiter des affaires d'une haute importance, il fut, à son retour de cette mission, nommé président du sénat au parlement de Casal, mais, dans la même année, il mourut ayant laissé les ouvrages suivants: I. Consiliorum sive neparcorum, 3 vol. in fol., Taurini, 1589, et Venetiis, 1596. II. De alimentis distinct. Francofurti, 1595, et Lugduni, 1603, apud Comnetum. III Decisiones sani Mantuani senatus, 1 vol., Venetiis, 1597; Francofurti, 1598, ct Lugduni, 1607. A ce même ouvrage, l'avocat Odierna, napolitain, a fait des notes dans l'édition de Venise de 1643. IV. Consilium

LXVI in collectione illustrium ac celebriorum J. CC. ac celeberrimarum per Germaniam, Italiam, Grætiam, Hispaniam, academiarum clarissimorum, Francofurti, 1618.De quelle prudence et de quelle sagesse a été ce célèbre magistrat, nous l'apprenons par la préface à l'ouvrage de ses conseils : Ibi accepit vivendi institutum quod mihi ab ineunte religione......... Le célèbre poète Apostolo de Montemagno a fait ainsi l'éloge de son ami et contemporain :

Et tu non audit quæ fuit præconia famæ Surdæ tua? et Surdus nomiua regna nimis. Dans son histoire de Verceil, l'auteur de cet article a fait mention de plusieurs autres littérateurs de la même famille également célèbres.

G-G-Y.

SUREMAIN (FRANÇOIS-ALEXANDRE DE), l'une des victimes de notre première révolution, né à Auxonne d'une noble famille de l'ancienne Bourgogne, vers 1760, reçut une éducation très - distinguée, mais quelques écarts de jeunesse le firent renfermer, en 1775, à la prison de Saint-Lazare de Paris. Rendu à la liberté, il fut successivement officier au corps du génie, subdélégué à Auxonne, maire de cette ville en 1790, et président de l'administration du district de Saint-Jean-deLosne, place dont il fut bientôt exclu comme noble et parent d'émigré. Devenu suspect par cette raison, on l'arrêta, en 1793, à Luxeuil où il était à prendre les eaux. Un manuscrit trouvé dans son portefeuille et intitulé: Réflexions sur la nouvelle Constitution donnée à la France, dans lequel il établissait la nécessité de fonder le gouvernement républicain sur d'autres bases que celles qu'on avait adoptées, le fit

conduire à Paris devant le tribunal révolutionnaire qui l'envoya à l'échafaud, en mai 1794. Il paraît que c'est pendant sa captivité à SaintLazare, et pour en charmer les ennuis, qu'il composa une pièce de théâtre qui n'a pas été représentée, mais qui a été imprimée sous ce titre: La mère de famille, drame en cinq actes (en prose), Paris, Cailleau, 1799, in-8°. La jeunesse de l'auteur, son inexpérience de la scène, et le genre assez faux qu'il avait choisi, sans doute parce que Diderot l'avait mis à la mode, ne pouvaient faire espérer un chef-d'œuvre. Aussi sa pièce a-t-elle été jugée peut-être un peu sévèrement, dans les termes suivants, par Sautreau de Marsy, rédacteur de l'Almanach des Muses: Intrigue usée; mariage fait contre le vœu des parents; une bru qui, pour fléchir sa belle-mère, s'introduit chez elle en qualité de servante. De la prose commune et beaucoup de points pour attendrir le lecteur. Rivarol, en introduisant Suremain dans le Petit Almanach de nos grands hommes (1" édit., 1788), a estropié son nom, et l'a accompagné de cette unique phrase: Un drame sert de passeport à M. de Suemain et à nous de prétexte.. B-L-U.

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D

SUREMAIN DE MISSERY (ANTOINE), ancien officier d'artillerie, de la Société des sciences de Paris et de celle de Dijon, était né dans cette dernière ville le 25 janvier 1767 et y mourut vers 1840. On a de lui : I. Théorie acoustico-musicale, ou De la doctrine deš sons, rapportée aux principes de leur combinaison, ouvrage analytique et philosophique qui a obtenu les suffrages de l'Académie des sciences, 1793, in-8°. II. Théorie purement algébrique des quan

tités imaginaires et des fonctions qui en résultent, où l'on traite de nouveau la question des logarithmes, des quantités négatives, 1801, in-8°. III. Essai analytique sur le langage de l'entendement, l'écriture et la lecture, considérés dans leurs rapports mutuels, 1801, in-8°. IV. Géométrie des sons, ou Principes d'acoustique pure et de musique scientifique, 1816. V. Méprises d'un géomètre de l'Institut, manifestées par un provincial, ou Observations critiques sur le Traitė de physique expérimentale et mathématique de M. Biot, en ce qui concerné certains points d'acoustique et de musique, 1816, in -8°. Suremain déclare, dans la préface de ce dernier ouvrage, qu'il n'a pris la plume que pour se venger de M. Biot, qui avait refusé de faire un rapport sur sa Géométrie des sons, parce qu'il la trouvait assise sur des bases fausses. VI. Examen de l'ou vrage qui a pour titre : le Mystère des magnétiseurs et des somnambu les dévoilé aux âmes droites et vertueuses, par un homme du monde, 1817, in-8°. VII. Réfutation de la défense de l'Essai sur l'indifférence en matière de religion, de M. l'abbé de Lamennais, Dijon et Paris, 1822, in-8°. VIII. Réponse au rapport de M. Foisset sur une réfutation de la défense de M. de Lamennais, Dijon, 1823, in-8". IX. L'Existence de saint Benigne rétablie, ou Observations sur une notice de M. Vallot, dans les Mémoires de la commission des antiquités du département de la Côte-d'Or, Dijon, 1834, in-8°. X. Observations adressées à madame la supérieure de la congré gation de Marie-Thérèse de Bordeaux, par son fondé de pouvoirs, Beaune, 1836, in-8°.

Z.

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