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que (1796 et 1797) elle le servit réel- venu un besoin : et ceux qui, restés lement de son mieux. Ce fut elle seuls, ont vu tomber sous le fer des et ses amis qui'l'introduisirent dans assassins tout ce qui embellissait cette espèce de club qu'on appelait pour eux la terre natale, et ceux le Cercle constitutionnel, où bril- « pour qui elle est à féconder, et ceux laient en même temps les Benja- qui n'y trouvent que des regrets, min Constant, les Montesquiou, les * et ceux même qui n'y trouvent que Roederer et d'autres amis du Direc- ⚫ des remords; et cette multitude de toire et de la famille d'Orléans. Ce malades politiques, ces caractères club eut sur les événements une inflexibles qu'aucun revers ne peut grande influence, et il contribua plier, ces imaginations ardensurtout beaucoup à la révolution « tes qu'aucun raisonnement ne radu 18 fructidor, où le parti roya- la mène; et ceux qui se trouvent touliste fut renversé. Talleyrand y pritjours resserrés dans leur propre la parole dans plusieurs occasions,

et ce fut pour lui un très grand moyen de popularité ou plutôt un moyen de s'accréditer auprès des puissances du jour; ce qu'il ne né gligea jamais. Il assista même alors à quelques séances de l'Institut, où il avait été placé, dès la fondation, dans la classe des sciences historiqués (la 2o), et où il avait lu différents mémoires dans lesquels on doit bien penser qu'il n'avait pas manqué, par des allusions détournées, d'exprimer sa pensée sur les circonstances présentes. Celui qu'il lut dans le mois de mars 1797, sur la nécessité de substituer le système de déportation ou de colonisation, qui ne tarda pas d'être adopté, à celui des échafauds, dont toute la France était lasse, qu'elle ne pouvait plus suppor ter, est remarquable par la profondeur des vues et de bien étonnantes prévisions. *... Notre situation in⚫térieure, y est-il dit, rend un déplacement d'hommes nécessaire. Ce « n'est pas une punition qu'il s'agit d'infliger, mais un appát qu'il faut - présenter. Et combien de Français ** doivent naturellement adopter l'idée d'un établissement dans des • contrées éloignées!Combien en estil pour qui un ciel nouveau est de

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pays, et les spectateurs aventu

reux, et les hommes qui brûlent d'attacher leur nom à des découvertes, à des fondatione de villes, à des civilisations, pour qui la France constituée est trop calme;

CEUX ENFIN QUI NE PEUVENT SE - FAIRE À DES ÉGAUX, A AUCUNE DÉ• PENDANCE!... Quant aux lieux qui pourraient recevoir ces colonies, « annoncer avec trop de précision ce qui sera fait, c'est le moyen de ne « pas faire... » Puis, il fit un appel aux hommes éclairés pour qu'ils disent quand il en sera temps, où peuvent s'établir le plus utilement les nouvelles colonies réclamées par tant d'hommes agités qui ont besoin de projets, par tant d'hommes malheureux qui ont besoin d'espérances!..... Il est impossible de ne pas voir dans ces prévisions d'abord la déportation du 18 fructidor qui suivit de bien près, et lorsque Talleyrand était ministre, puis tant d'autres survenues depuis, et même celle de Bonaparte en Égypte, où, comme le disaient les ennemis du Directoire, il fut déporté avec quarante mille hommes, parce qu'il se trouvait resserrẻ dans son propre pays, qu'il ne pou· vait s'y faire à des égaux. Et il faut bien remarquer qu'au moment où

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Talleyrand disait cela à l'Institut (mars 1796), faute de pouvoir le dire en présence d'un autre auditoire, Bonaparte n'en était qu'aux premiers jours de cette guerre d'Italie, qui de vait l'environner de tant d'éclat, et enfin le porter au faîte de la puissance. Il faut considérer aussi que l'ancien prélat d'Autun n'était alors qu'un obscur académicien dont le discours fut à peine entendu, qui, lorsqu'il osa quelques jours après demander le portefeuille, fut assez mal reçu. Barras, dit encore l'historien que nous • avons cité, aimait en lui l'homme ⚫ de bonne compagnie et de haut rang; il rencontrait en lui ces ⚫ manières gracieuses, cette urbanité que ses collègues ne lui of fraient pas. Lareveillère chérissait ⚫ le prêtre défroqué; Rewbell admi«rait en lui le diplomate consommé; « Letourneur ne s'en occupait guère; . Carnot ne pouvait le souffrir. « Il « amène avec lui, disait-il un jour, tous les vices de l'ancien régime, sans qu'il ait pu prendre une des • vertus du nouveau. Il n'a aucun principe arrêté; il en change comme de linge... Républicain aujourd'hui parce qu'il faut l'être pour devenir quelque chose, il proclamera la tyrannie si elle lui rapporte... Je n'en veux à aucun prix, et tant que je serai au timon des affaires il ne sera rien. Cette insistance de Carnot pour la répulsion de Talleyrand n'eut point de résultat alors, si ce n'est peut-être le décret de déportation qui fut prononcé quelques mois après contre ce directeur. Quant au ci-devant prélat, il fut ministre des affaires étrangères de la république, le 30 messidor an V. (15 juillet 1797), à la place de CharJes Lacroix, qui occupait cette place importante depuis la fondation du

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gouvernement directorial, et qui paraissait l'avoir assez exactement remplie, mais qui alors en fut jugé tout à fait incapable... Il est bien vrai que ces fonctions semblaient de jour en jour devenir plus délicates, et que la majorité du Directoire, qui préparait la révolution du 18 fructidor (5 septembre 1797), avait besoin dans cette audacieuse entreprise d'être habilement secondée. Talleyrand ne lui fit pas défaut, on peut en être assuré; ce fut lui qui prépara tout, sans que les directeurs eussent à s'en mêler, au dedans comme au dehors, même pour les armées, notamment celle d'Italie, où Bonaparte, qui fut informé de tout, le seconda de son mieux et lui envoya pour le dernier coup de main son lieutenant Augereau, homme très-propre à une pareille entreprise, et qui la termina avec toute l'énergie, toute la célérité qu'elle exigeait. Le prétendant Louis XVIII, avait imaginé qu'un décret lui rendrait la couronne, et dans cette confiance, il avait lié les mains de ses partisans, en leur prescrivant d'attendre une intervention parlementaire... On sait à présent ce qu'il faut espérer de ces interventions. Quand tout fut achevé et que les députés royalistes, Pichegru à leur tête, furent sur la route de Cayenne, ce fut le ministre des affaires étrangères qui rendit compte à Bonaparte de cette révolution qu'il avait si bien aidée de son expérience et de ses conseils!

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• yeux les plus indifférents; le mot "patriote était devenu une injure. Toutes les institutions républi * caines étaient avilies. Les ennemis les plus irréconciliables de la .France accouraient en foule dans son sein, y étaient accueillis, honorés. Un fanatisme hypocrite • nous avait tout à coup transportés • au seizième siècle; la division était au Directoire. Dans le corps • législatif siégeaient des hommes vé ⚫ritablement élus d'après les instruc⚫tions du prétendant, et dont toutes « les motions respiraient le roya■lisme. Le Directoire, fort de toutes - ces circonstances, a fait saisir les ⚫ conjurés, pour confondre à la fois • les espérances et les calomnies de • tous ceux qui auraient tout désiré, - ou qui indiquaient encore la ruine de cette constitution. Une mort -prompte a été prononcée contre quiconque rappellerait la royauté, ⚫ la constitution de 1793 ou d'Or

aux adulations' qué fit alors éclater
le rasé diplomate. Au premier coup
d'œil, il alt compris tout l'avenir
du jeune vainqueur de l'Italie, et
dès lors il conçut l'espoir d'associer
sa fortune à sa brillante destinée,
non pour la gloire, à laquelle il ne
mit jamais beaucoup de prix, mais
pour le lucre, pour les richesses
qu'il a toujours aimées et très-vive-
ment recherchées. C'était en sortant
de ses attributions, en y mettant
quelque mesure, qu'il l'avait loué
sur ses victoires; mais quand il eut
à vanter ses négociations, quand le
traité de Campo-Formio eut été con-
clu par Napoléon lui-même, alors il
éleva le diapason de ses apologies.
Voilà donc la paix faite, lui écri-
à vit-il dès que la nouvelle lui en
fut parvenue, et une paix à la Bo-
naparte! Recevez-en mon compli-
⚫ment de cœur, mon général. Les
expressions manquent pour vous
dire tout ce qu'on voudrait en ce

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• léans.... Puis dans une autre let-moment. Le Directoire est content, tre, également confidentielle : «De ☐ notre côté, nous travaillerons à tourner en notre faveur l'opinion « de l'Europe, qui est déjà pour nous « en grande partie. C'est un moyen - ou plutôt une arme qu'il ne faut pas négliger. Nous comptons répandre des écrits où il paraîtra clairement que les cours de Vienne • et de Londres étaient d'accord avec la faction qui vient d'être abattue. Les membres de Clichy et le cabinet de l'empereur avaient pour ob « jet connu et manifeste le rétablis⚫sement d'un roi en France. » Nous pensons que, sur ce dernier point, Bonaparte en savait plus que Tal leyrand, et que les négociations de Campo- Formio, qui suivirent de près, lui en apprirent encore davantage. Rien ne peut se comparer

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le public enchanté. Tout est aŭ mieux. On aura peut-être quelques criailleries d'Italie; mais c'est égal. Adieu, général pacificateur! Adieu! amitié, admiration, respect, reconnaissance; on ne sait où s'arrêter dans cette énumération.... Il faut considérer que c'était sans aucune participation du Directoire que le ministre écrivait ainsi à l'un de ses généraux, sur un traité dont ce gouvernement était à bon droit mécontent pour des concessions excessives faites sans son autorisation, relativement aux forteresses de Mantoue et de Mayence, et sur lesquelles on fut obligé de revenir. Le Directoire tint ferme; mais il n'osa pas se plaindre hautement; de manière que rien n'en transpira dans le public, et que le triomphe du héros

pacificateur resta sans altération, sans le moindre nuage. Les emphatiques éloges de Talleyrand restèrent sans contradicteur.

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d'honneurs, Cependant le discours qu'il prononça dans cette occasion fut trouvé médiocre, et comme il changeait souvent de faiseur, on attriCe fut encore le ministre des bua celui-là à un nouveau venu. Perrelations extérieures qui, pour prosonne ne fut tenté d'en soupçonner longer ses rapports avec le héros Desrenaudes, qui y eût mis plus de tact pacificateur, le fit nommer pléni- et de convenance. Nous n'en citerons potentiaire au congrès de Radstadt; qu'un fragment. « Quand je pense et il ne lui fut pas difficile d'obtenir à tout ce qu'il fait pour se faire cette nomination des soupçonneux pardonner cette gloire, à ce goût Directeurs, qui ne redoutaient rien antique de la simplicité qui le distant que la présence de leur gé- tingue, à son amour pour les sciennéral dans la capitale. Mais il ne - ces abstraites, à ses lectures favodépendait pas d'eux de l'en tenir rites, à ce sublime Össian qui semlongtemps éloigné; ce n'était pas ble le détacher de la terre, quand à signer des protocoles, à ouvrir personne n'ignore son mépris pour des dépêches que le vainqueur de l'éclat, pour le luxe, pour le faste, l'Italie pouvait désormais passer son • ces méprisables ambitions des âmes temps; Talleyrand le devina bientôt, communes, ah! loin de redouter et le retour du général fut préparé ce qu'on voudrait appeler son amdans leur correspondance confiden- bition, je sens qu'il vous faudra tielle, de manière qu'un jour, lors- peut-être le solliciter un jour pour qu'on le croyait à Radstadt, au mi- l'arracher aux douceurs de sa stųlieu de la diplomatie européenne, dieuse retraite! La France entière on apprit qu'il arrivait à Paris, sera libre peut-être ; lui seul ne le sans bruit et sans pompe, dans sera jamais... Ces emphatiques flasa petite maison de la rue Chan- gorneries donnèrent lieu à beaucoup tereinne, qui, dès le lendemain, par de sarcasmes dans les journaux. les soins du ministre courtisan, re- « L'éloquence du ministre, dit l'un çut le nom de rue de la Victoire « d'eux, n'a pas brillé d'un grand qu'elle a conservé, et que probable- « éclat. Cet amour insatiable de la ment elle conservera longtemps. « patrie, de l'humanité, cet amour Forcés de le bien recevoir et de faire « des chants d'Ossian, parce qu'ils contre fortune bon cœur, les Direc-« détachent de la terre, seraient le teurs lui décernèrent de grands hon- « comble du ridicule s'ils n'étaient neurs, notamment à la cérémonie où « celui de l'adulation...» il leur présenta le traité de CampoFormio ratifié par l'empereur. Ce fut dans la cour de leur palais du Luxembourg, sur une espèce de théâtre où siégeaient les cinq Directeurs en grand costume, que se fit cette présentation du héros pacificateur qu'accompagnait le ministre Talleyrand auquel on ne manqua pas d'attribuer une bonne part de tant

Un fait plus grave, mais qui eut moins d'éclat, et qui plus qu'aucun autre doit faire apprécier le caractère politique de l'ancien évêque, c'est la mission qu'il remplit auprès du général en chef, pour l'inviter à l'anniversaire du 21 janvier, que les Directeurs régicides célébraient régulièrement tous les ans avec beaucoup de solennité, ne manquant pas

d'y appeler toutes les notabilités qu'ils voulaient par là associer au plus grand des crimes de la révolution; ce qui était fort remarquable dans un temps où ces crimes étaient plus que jamais détestés. Bonaparte comprit cela du premier mot, et il répondit au méprisable ministre, de la manière la plus noble et la plus convenable, qu'il ne voyait pas qu'on dût solenniser le jour où l'on avait mis à mort un roi honnête homme, qu'il pensait au contraire que ce devait être un jour de deuil et d'expiation, qu'il ne s'y rendrait pas. Le ministre insista vainement d'abord; mais il revint à la charge le len demain, et ne pouvant rien obtenir, il alla jusqu'à approuver la condamnation de Louis XVI, déclarant que s'il eût été un de ses juges, il l'aurait condamné... Bonaparte fut loin d'applaudir à cette déclaration, mais à force de prières et de sollicitations l'obséquieux ministre obtint une espèce de capitulation d'après laquelle le général se rendit à la cérémonie, non avec son uniforme militaire comme on l'eût désiré, mais dans son costume de l'Académie des sciences, où il venait d'être nommé, et bien obscurément caché dans la foule des académiciens. Madame Bonaparte, qui connut tous ces faits et qui, comme on sait, eut toujours beaucoup de mépris pour l'ancien évêque, fut loin d'approuver ce mezzo-termine, et l'on pense que ce fut une des principales causes de son éloignement insurmontable pour le prélat. On croit que ce fut pour se réhabiliter dans l'esprit des deux époux qu'il leur donna à cette époque, dans l'hôtel des affaires étrangères, une fête magnifique, à laquelle fut convié tout ce que la capitale avait de plus illustre et de plus distingué. Madame de Staël surtout y brilla au pre

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mier rang, et l'on remarqua qu'elle fit tous ses efforts pour fixer les regards du jeune vainqueur de l'Italie, qui y répondit fort mal, selon cette dame elle-même, mais fort bien et avec beaucoup de raison, selon ce qui en fut dit dans le public. Quant à l'obséquieux ministre, bien que depuis longtemps Bonaparte l'eût deviné et qu'il ne lui inspirât réellement ni confiance ni estime, les soins et les témoignages de dévouement, de respect même, qu'il lui prodigua dans cette occasion lui convinrent assez comme moyen d'accroître sa renommée qui était déjà fort grande, mais que, dans ses vues d'élévation, il voulait augmenter encore. Il se prêta donc avec beaucoup de complaisance à tous les éloges, à toutes les adulations dont Talleyrand se fit presque toujours l'organe ou le promoteur. Il est probable qu'en cela il n'avait pas seulement pour but de se rendre favorable un homme déjà si puissant, mais qu'il voulait encore l'opposer aux clameurs qui de plusieurs points s'élevaient contre lui, soit à la tribune des conseils législatifs, soit dans les journaux de la démagogie, particulièrement dans celui des Hommes libres que rédigeaient Antonelle, Réal et quelques autres. Le poëte Chénier, qui avait à se plaindre de son ingratitude, lança contre lui dans le même temps une assez bonne épigramme.

L'adroit Maurice, en boitant avec grâce, Aux plus dispos peut donner des leçons. Au front d'airain, au cœur de glace, Toujours il fait son thème en deux façons. Dans le parti qui lui paie un salaire, Avec effort il porte un pied douteux; L'autre est fixé dans le parti contraire, Mais c'est de ce pied-là que Maurice est [boiteux.

A ces attaqués s'en joignaient de

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