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s'était mis en marche sur Léon et Astorga, tandis que la division du général Lapisse se dirigeait sur Salamanque. Reconnaissant alors tout le danger de sa position, puisque les mouvements de l'armée française tendaient à l'envelopper, il laissa la Romana à Mancilla, devant le maréchal Soult, et se replia en toute hâte sur Benavente, afin de s'assu rer de la grande route de Galice, par laquelle il devait opérer sa retraite sur la Corogne. Ses colonnes se trouvaient réunies à Benavente le 26 décembre, lorsque les premières troupes françaises, que les neiges avaient arrêtées pendant deux jours dans la Guadarama, se présentèrent sur l'Esla, seulement douze heures après que les Anglais avaient traversé cette rivière et en avaient fait sau

ter le pont. Le général Moore précipite sa marche dans la crainte que le maréchal Soult n'arrive avant lui à Astorga, point de jonction des routes de Madrid et de Léon à la Corogne, s'efforçant de gagner Villafranca à vingt lieues plus loin, où la route entre dans un défilé effroyable. Sa retraite eut lieu par un temps affreux; les routes étaient couvertes de neige et abîmées en plusieurs endroits par des torrents grossis et débordés. Pour fuir plus vite, les Anglais abondonnèrent leurs malades, leurs bagages, leurs munitions et une partie de leur artillerie.

Le 1 janvier, l'Empereur arrive à Astorga qui,

dans la terreur générale, avait ouvert ses portes aux troupes françaises. Là, il reçoit la nouvelle que l'Autriche, cédant aux conseils de l'Angleterre, se préparait à reprendre les armes; il rétrograde aussitôt à Valladolid avec sa garde, et part bientôt après pour Paris, laissant au maréchal Soult le soin de poursuivre l'armée anglaise, et au maréchal Ney celui de contenir les troupes du marquis de la Romana, battues à Mancilla et dispersées dans les montagnes.

Le maréchal Soult ne perdit pas un instant; le 3 janvier, sa cavalerie attéignit sur les hauteurs de Prieros, à l'entrée du défilé de Villafranca, l'arrière-garde de l'ennemi, et la détruisit en partie. Cette action augmenta la terreur dans l'armée anglaise, fatiguée et sans vivres. Les débris de l'armée espagnole, qui traversèrent les colonnes anglaises pour se réfugier dans la vallée du Sil, augmentérent encore le désordre. La route était couverte de fourgons brisés, d'animaux expirants, de traînards exténués de froid, de faim et de fatigue. Le 5 au soir, les Anglais arrivèrent à Lugo; le général Moore, y trouvant des vivres et quelques renforts, prit position pour reformer son armée, espérant arrêter les troupes françaises par cette démonstration inattendue. Le maréchal Soult, qui n'avait qu'une tête de colonne engagée dans le défilé, et qui manquait aussi de vivres, fut obligé de s'arrê

ter, pour réunir ses forces avant de commencer une attaque décisive. Le maréchal Ney, qui devait l'appuyer, était resté à Villafranca; mais, pressé par les ordres de l'Empereur, il dut marcher aussi sur Lugo. L'armée anglaise reprit sa marche dans la nuit du 8 au 9, ayant gagné dix heures sur les colonnes françaises. Enfin, le 11 janvier, après une course de cent cinquante lieues et des fatigues inouïes, elle arriva sous les murs de la Corogne, au terme de ses efforts.

Dans cette retraite désastreuse, les Anglais perdirent près de neuf mille hommes, dont six mille prisonniers, presque sans engagement, par le seul effet des fatigues et de la misère. Ajoutez quarantequatre pièces de canon, cent cinquante caissons, les bagages, et vingt-cinq mille livres sterling qui composaient le trésor de l'armée. La cavalerie était démontée; quatre mille chevaux, tant de troupes que du train d'artillerie, avaient péri de lassitude ou de la main même de leurs conducteurs.

Le port de la Corogne offrait aux Anglais un point d'embarquement sûr; mais, par une fatalité qui semblait assurer la ruine totale de leur armée, les vaisseaux qui avaient transporté en Galice les troupes du général Baird, avaient été envoyés à Vigo, dès le commencement de la retraite, et quand on ignorait encore quelle en serait la direction.

En attendant leur retour, le général Moore fit fortifier le front étroit du promontoire qui conduit à la ville, et y prit position. Son armée se trouvait réduite à quatorze mille cinq cents hommes. Trois mille de troupes légères qu'il avait dirigés par la route d'Orense sur Vigo, s'y étaient embarqués.

Le maréchal Soult, obligé de s'arrêter au village del Burgo sur le Mero, pour rétablir le pont détruit par l'ennemi, ne put arriver que le 14 janvier, avec une partie de ses troupes, en présence de l'armée anglaise. Le soir même, les bâtiments de transport arrivèrent de Vigo, et les Anglais commencèrent à embarquer leurs malades, leurs blessés, et quelques pièces d'artillerie. Le maréchal Soult, ayant été rejoint par les dernières colonnes qu'il attendait impatiemment, attaqua la ligne anglaise, le 16, à deux heures après midi. Le combat fut acharné, et dura jusqu'à la nuit. L'ennemi parvint néanmoins à conserver sa position, mais non sans des pertes sensibles : quatre cents hommes restèrent sur le champ de bataille, deux mille furent blessés; le général Moore fut tué, et le général Baird, qui le remplaça, eut le bras emporté. De notre côté, nous eûmes cent cinquante hommes de tués, et cinq cents de blessés. Le général Hope prit le commandement de l'armée anglaise, et se retira, pendant la nuit, dans la ville, afin d'effectuer son embarquement. Il y abandonna de riches ma

gasins, des malades, des blessés, quinze mille fusils, dix-neuf pièces de canon, et les deux mille chevaux qui lui restaient, après leur avoir fait couper les jarrets. Dès la pointe du jour, une batterie d'obusiers, établie par les Français sur le rivage, força la flotte anglaise de prendre le large; elle fit voile pour l'Angleterre, où elle n'arriva qu'après avoir éprouvé la plus affreuse tempête.

Les Espagnols, découragés et peu nombreux, ne songèrent même pas à défendre les places de la Galice. La Corogne capitula le 19. L'importante place du Ferrol, située sur la pointe opposée de la baie, se rendit, le 26, sans coup férir, ainsi que la flotte espagnole, composée de sept vaisseaux de ligne et de dix frégates ou corvettes, qui se trouvait dans le port. Santiago et Vigo furent occupés, et le maréchal Soult se trouva maître de toute la Galice.

Pendant ces événements, le maréchal Victor s'était rapproché de Madrid avec le premier corps, pour couvrir cette capitale, où le roi Joseph était rentré, le 22 janvier, avec toute sa cour. Une partie de ses troupes occupait la ligne du Tage, de Tolède à Aranjuez. Le maréchal Lefebvre l'avait remplacé, avec le quatrième corps, à Talavera de la Reyna, et observait le général Galluzo qui, après avoir réuni cinq ou six mille hommes des débris de l'armée d'Estramadure, s'était posté sur la rive gauche

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