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que vous aurez sur les côtes puissent rentrer pour se concentrer sur Lugo, sans perdre aucun homme, aucun hôpital, ni même aucun chariot; en sorte que la province étant toute insurgée, vous n'ayez rien à perdre, et que tout ce que vous possédez se trouve concentré à votre dépôt, point d'opérations générales. Vous aurez soin qu'il y ait à ce dépôt deux cent mille rations de biscuit en réserve et des magasins bien approvisionnés : cela une fois convenu, M. le duc, vous pouvez faire occuper le Ferrol par un régiment d'infanterie, deux escadrons et quatre pièces de canon, et y laisser, pour y commander, un général de brigade. A la Corogne, vous mettrez un colonel qui aura à ses ordres un bataillon, un escadron et deux pièces de canon. Vous placerez à Betanzos un général de brigade, les deux autres bataillons du régiment, une centaine de chevaux avec deux pièces de canon : ce qui assurera la communication avec votre dépôt général. Par ces dispositions les deux points du Ferrol et de la Corogne seront occupés. Vous ordonnerez aux commandants de ces places de se procurer un réduit où, en cas d'événement, ils puissent attendre que vous veniez à leur secours. Le Ferrol et la Corogne doivent donc se trouver occupés comme avant-garde, et il ne faudra pas laisser dans chacune de ces villes plus de cent malades tout ce qui sera au delà de ce nombre, sera dirigé sur le dépôt général. Enfin, il faut être prêt à tout évacuer pour se retirer sur le point central d'opérations vingt-quatre heures après en avoir reçu l'ordre.

Une colonne mobile, composée d'un régiment d'in

fanterie, de deux pièces de canon et de quelques centaines de chevaux, peut être chargée de surveiller Vigo et Tuy, et de combiner ses marches de manière à se présenter souvent sur les points importants de la côte, pour y faire des exemples sans se fixer nulle part. Le commandant de cette colonne mobile aura soin de ne garder aucun embarras avec lui et de tout diriger sur le dépôt général. Cette colonne pourra même agir pour maintenir la tranquillité du côté de Santiago. Par ce moyen, M. le maréchal, vous vous trouverez avoir cinq régiments d'infanterie réunis au point central d'opérations, pour vous porter partout où il serait nécessaire, et même au secours du duc de Dalmatie, si des circonstances extraordinaires et imprévues l'exigeaient.

La première opération que vous ayez à faire, M. le duc, est de choisir votre point central d'opérations pour y réunir vos magasins, parcs, hôpitaux, transports militaires, etc., etc.

La deuxième est de désarmer les habitants du Ferrol et de la Corogne, surtout d'en faire retirer les fusils, de faire arrêter les principaux mutins et de prendre une trentaine d'otages que vous enverrez à Valladolid ensuite vous laisserez la police aux autorités espagnoles.

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La troisième est de soumettre tout ce qui peut être sous les armes du côté d'Orense.

Enfin la quatrième est de profiter des mois de mars et d'avril, où vous n'aurez rien à craindre sur les côtes de Galice, pour soumettre les Asturies.

Les bataillons de marche destinés à votre corps d'armée garderont Benavente, Astorga et Villafranca, s'y reposeront et se renouvelleront à mesure de leur passage.

Voilà en général, M. le duc, la manière dont vous devez disposer vos opérations. Ne comptez sur aucun renfort. Croyez plutôt qu'on pourrait être dans le cas de porter ailleurs une de vos divisions. Organisez la province. Faites des exemples: ces exemples sévères bien appliqués font plus d'effet que des garnisons. Enfin, M. le duc, jusqu'à ce que M. le duc de Dalmatie soit arrivé à Lisbonne, et que sa communication avec Madrid soit ouverte, appuyez-le, c'est-à-dire, ayez l'œil sur ce qui se passe de ce côté.

Signé: ALEXANDRE,

No 25.

Instruction de la junte suprême de Séville adressée aux Espagnols contre les troupes françaises.

Espagnols,

Au château royal de Séville, le 17 avril 1809.

Le tyran de l'Europe, ayant reconnu un obstacle invincible à s'emparer de votre territoire, détruire votre religion et corrompre vos mœurs, puisque vous vous armiez tous pour repousser ses soldats cruels et sanguinaires, se prévaut aujourd'hui plus que jamais des moyens de terreur et de perfidie qu'il a déjà employés ;

il ordonne à ses troupes d'égorger les paysans pris les armes à la main, et tâche de persuader au peuple que ceux qui ne sont pas soldats ne doivent dans aucun cas défendre la juste cause où se trouve engagée la nation, pour réprimer les attentats révoltants et réitérés du tyran. Les moyens dont il se sert sont les mêmes qui, dès le commencement, furent employés avec succès, les mêmes qui ont servi de prétexte pour égorger les innocentes victimes du 2 mai à Madrid, enfin ceux qui ont contribué à étendre ses conquêtes. Qui pourra dans ce moment ne pas reconnaître ses desseins pervers? qui pourra entendre avec indifférence le récit de tant d'assassinats qui se commettent sous cet affreux prétexte? et quel est l'Espagnol qui ne sera rempli d'ardeur et ne s'opposera de tous ses efforts à ce que ses compatriotes, qui tâchent de délivrer leur roi, de défendre leur religion, leurs biens et leur propre vie, soient mis à mort comme des bêtes féroces?

Tel est cependant le système adopté par les Français dans l'Aragon et en Estramadure. Quelques faibles villages, indignes du nom espagnol, effrayés de leurs menaces, non-seulement ont caché lâchement leurs armes, ont fourni les réquisitions frappées, mais encore se sont hâtés de témoigner leur soumission et leur obéissance. Insensés! la triste expérience de leurs compatriotes ne leur a pas encore appris que l'ingratitude remplit le cœur de ces soldats! Ils ignorent la manière dont Talavera et plusieurs autres villes d'Espagne ont été récompensées pour des services semblables. Les Français reçoivent toute espèce d'hommages; mais les

considérant comme l'effet de la crainte et de la lâcheté, cette conduite redouble encore leur fureur, et les porte à piller ceux même dont ils ont reçu des services, aussitôt que l'occasion favorable s'en présente.

Il est nécessaire de se persuader de cette vérité. Les armées françaises qui, pour notre malheur, occupent une grande partie de la Péninsule, ne pratiquent aucun acte de religion et n'apprécient aucune espèce de vertu, La vie des hommes leur est aussi indifférente que celle de l'animal le plus abject. Le point d'honneur, qui distinguait éminemment autrefois le soldat français, a disparu entièrement de son cœur, et, semblable aux monstres du désert, il ne connaît d'autre loi et n'a d'autre impulsion que celle de son avarice sordide et de son insatiable cruauté.

S'ils n'étaient pas comme nous venons de les peindre, comment pourraient-ils méconnaître le droit que tout Espagnol a de s'armer pour la défense de son roi et de son indépendance si ouvertement violée? Napoléon, étant parvenu par les intrigues les plus basses et les plus viles, à désorganiser et détruire l'état militaire de l'Espagne, à se rendre maître de ses principales forteresses et de la personne de son roi, n'est-il pas de la dernière évidence qu'il faut que ce soit des paysans qui se réunissent pour combattre ses troupes? Si le temps et les circonstances n'ont pas permis de revêtir d'un uniforme les troupes espagnoles, de les enrégimenter d'une manière stable; et si pourtant le vœu général de la nation est de maintenir sa dynastie et sa liberté, n'est-il pas aussi évident que c'est un acte digne

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