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neuf mille hommes, sous les ordres du général Sarsfield, bordaient la rive droite du Llobregat, depuis son embouchure jusqu'à Manresa. Ces troupes se liaient par Collent au corps du général Elio, fort de dix-sept mille hommes, qui, de Vich, observait Girone et les deux rives du Ter. Le général Copons, à la tête d'un corps de dix-huit mille Espagnols, faisait le siége de Péniscola et bloquait les places gardées par les garnisons françaises au delà du Llobregat.

Le maréchal Suchet attendait la conclusion des négociations entamées depuis la fin de 1813 à Valençay et à Madrid: Napoléon, convaincu enfin que l'Espagne était perdue pour lui, avait résolu de remettre sur le trône Ferdinand VII, qui, depuis cinq ans et demi, était retenu prisonnier à Valençay. Un traité fut conclu, le 11 décembre 1813, qui stipulait la paix entre les deux royaumes, l'évacuation du territoire espagnol par les Anglais, la restitution des prisonniers de guerre, etc. Le duc de San-Carlos, principal conseiller du Roi, fut envoyé à Madrid pour soumettre ce traité à la régence; mais celle-ci refusa de le sanctionner, sous le prétexte que le Roi n'était pas libre et que les Espagnols ne pouvaient rien faire sans consulter leurs alliés.

Le duc de San-Carlos n'était pas encore de retour à Valençay, que Napoléon, dont la situation

devenait de plus en plus critique, fit prévenir le Roi et les princes d'Espagne qu'ils pouvaient rentrer dans leur pays sans se soumettre à aucune condition. Les nouvelles apportées par le duc de San-Carlos ne changèrent pas la résolution de l'Empereur. Les illustres captifs reçurent leurs passe-ports le 7 mars, et se mirent en route le 13. Ferdinand VII arriva le 20 à Perpignan.

Dans l'attente de ces événements, le maréchal Suchet avait compté sur la mésintelligence qui régnait entre les généraux anglais et espagnols, pour se maintenir dans ses positions à Barcelone et à Girone. L'ennemi attaqua le 15 janvier le pont du Llobregat à Molino del Rey; mais il fut repoussé après une canonnade de sept heures. Le maréchal Suchet reçut alors de l'Empereur l'ordre de diriger en poste dix mille hommes sur Lyon. Obligé de se retirer derrière le Ter, il laissa dans Barcelone le général Habert avec sept mille cinq cents hommes et des vivres pour un an; Hostalrich reçut une garnison de trois cent cinquante hommes. Pour comble de malheur, les places de Lérida et de Méquinenza tombèrent au pouvoir de l'ennemi par un honteux stratagème, au moyen d'ordres supposés du maréchal Suchet, dont un officier espagnol, employé à son état-major, avait pris le chiffre et avait déserté.

Le même piége fut tendu au général Robert,

gouverneur de Tortose, qui, feignant d'y tomber, invita le général Sans, qui le bloquait, à venir prendre possession de la place avec deux bataillons; mais celui-ci n'osa pas tenter l'aventure. Enfin le poste de Monzon, défendu par cent hommes, se rendit après avoir soutenu pendant quatre mois et demi les efforts de cinq mille hommes des troude Mina. (Voyez la relation de la défense, tome IV.) Déjà les forts de Denia et de Morella avaient été obligés de capituler.

pes

Dans les premiers jours du mois de mars, le maréchal Suchet reçut l'ordre de détacher sur Lyon une seconde colonne de dix mille hommes. Avant de s'en séparer, il tenta, mais inutilement, de délivrer la garnison de Lérida, que l'ennemi avait laissée à Igualada. Il fit alors sauter les forts d'Olot, de Palamos et de Bascara; il rendit Girone aux Espagnols, et se retira sous Figuières avec les restes de son armée, forte encore de onze mille deux cents hommes, dont mille de cavalerie.

Bientôt après, le maréchal Suchet fut informé de l'arrivée du roi Ferdinand et reçut l'ordre de lui remettre toutes les places espagnoles, en prenant toutefois les précautions nécessaires pour assurer la rentrée de leurs garnisons. Il alla à Perpignan à sa rencontre; et, pour satisfaire à l'esprit des instructions qu'il avait reçues, il ne consentit à laisser le Roi continuer son voyage qu'autant que D. Car

los, son frère, qui l'accompagnait, resterait en

otage.

Ferdinand partit de Perpignan le 22 mars; il séjourna le 23 à Figuières, et fut reçu sur les bords de la Fluvia par le général Copons, en présence des armées des deux nations une suspension d'armes avait été conclue verbalement pour cette

cérémonie.

La rentrée des garnisons françaises éprouvant bien des retards, le maréchal Suchet se décida à laisser partir l'infant D. Carlos, et à s'en rapporter à la parole de Ferdinand pour l'exécution de cette clause du traité. Dès les premiers jours d'avril, il reçut plusieurs dépêches du maréchal Soult, qui l'engageaient à se porter par l'Ariége vers SaintGaudens, afin de menacer les derrières de lord Wellington qui s'avançait sur Toulouse; mais il jugea cette diversion sans effet et ne crut pas pouvoir la tenter la route de Quillan à Foix n'était pas praticable à l'artillerie, et il devait laisser la plus grande partie de ses forces dans les places du Roussillon pour former leurs garnisons. Craignant d'ailleurs de compromettre sa communication avec la ligne du Rhône, il se dirigea sur Narbonne, après avoir fait sauter la citadelle de Roses (1). L'entrée des alliés à Paris le 30 mars, l'abdica

(1) Voir pièces justificatives, no 118, 119, 121 et 122. Tome 1.

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tion de Napoléon, les actes du gouvernement provisoire et la bataille de Toulouse furent les derniers événements de la campagne, et mirent fin à la guerre. Le 14 avril, le maréchal Suchet adressa son adhésion au nouveau gouvernement, et le maréchal Soult donna le sien le 19. A la fin du mois, le duc d'Angoulême vint du quartier général de lord Wellington passer en revue l'armée des Pyrénées. Les places de Santoña, de Barcelone, de Tortose, de Sagonte, de Péniscola, d'Hostalrich et de Figuières furent remises aux Espagnols dans le mois de mai, et vingt mille Français, militaires ou employés, rentrèrent dans leur patrie.

FIN.

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