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reuse que la première, et ne servit qu'à exalter le courage des Catalans. Le général Duhesme, après avoir défait les insurgés sur le Llobregat, voulut se rendre maître de Girone qui interceptait ses communications avec la France. Il avait traversé cette place sans difficulté quatre mois auparavant; mais, au lieu d'y laisser une garnison, comme il avait fait à Figuières, il était passé outre. Jaloux de réparer cette faute, il se dirigea, le 17 juin, sur cette place par Mataro et Arens de Mar, avec la division Léchi et une réserve de cavalerie. Le 20 juin, il arriva en vue de Girone, et tenta le même jour une attaque de vive force contre le Mercadal et la porte del Carmen; mais n'ayant pas réussi, il revint à Barcelone pour dissiper les bandes qui s'en étaient rapprochées.

Du côté de Figuières, des rassemblements de paysans interceptaient les communications de cette place avec la France. Le général Reille s'y porta de Bellegarde, le 5 juillet, avec une division, dispersa les insurgés et ravitailla la place. Il tenta ensuite un coup de main sur Roses, place maritime d'où les Anglais attisaient le feu de la révolte, en fournissant aux Espagnols des armes et des munitions; mais il fut repoussé.

Dès son retour à Barcelone, le général Duhesme avait fait des préparatifs pour assiéger Girone. Le 16 juillet, il se mit de nouveau en marche sur

cette place, avec la division Chabran, forte d'environ six mille hommes, et un petit équipage de siége. Il suivit, comme la première fois, la route de la Marine, afin d'éviter le fort d'Hostalrich qui défend l'ancienne route. Il força le passage à Arens de Mar et à Calella où se trouvaient sur la route d'énormes coupures défendues, du côté de la mer, par plusieurs chaloupes canonnières et par une frégate, et vint camper, le 22 juillet, en vue de Girone. Il fut rejoint, deux jours après, par le général Reille avec de l'artillerie, et se trouva à la tête de douze mille hommes. Il s'empara des redoutes avancées de Saint-Louis, de Saint-Narcisse et de Saint-Daniel, que l'ennemi ne défendit pas. Il fit commencer des cheminements contre le fort de Monjouy et dans le faubourg de Pédret, pour attaquer la ville (1). Mais, après quinze jours de travaux et de combats continuels, la catastrophe de Baylen et les événements qui la suivirent le forcèrent de lever le siége, le 16 août, après avoir détruit son artillerie et ses munitions. Le général Reille retourna à Figuières. Le général Duhesme revint sur Barcelone par la route de la Marine (2); mais, arrêté par d'énormes coupures, harcelé continuellement par le canon de plusieurs frégates

(1) Voir pièces justificatives, n° 12. (2) Voir pièces justificatives, n° 13.

anglaises, il fut obligé d'abandonner ses bagages, et le peu d'artillerie de campagne qui lui restait, pour se frayer un chemin dans les montagnes. Il arriva enfin, le 20 août, à Barcelone, où, peu de temps après, il fut bloqué par l'armée que forma le général Vivès des troupes espagnoles qui se trouvaient en Catalogne et dans les îles Baléares, d'une division espagnole tirée de Lisbonne et débarquée par les Anglais à Tarragone, et d'un grand nombre de paysans armés.

Au nord, la fortune fut moins propice aux Espagnols. Le général Cuesta, peu effrayé de sa défaite de Cabezon, avait rassemblé, dès le mois de juillet, une armée à Benavente. Le général Blake avait aussi réuni, sous l'appui d'Astorga, les troupes espagnoles de la Galice, celles qui étaient venues d'Oporto, les garnisons de la Corogne et du Ferrol. Ces deux armées offraient un total de trente mille hommes, et menaçaient de se porter, par Valladolid, sur la grande communication de Madrid avec la France. Le maréchal Bessières, dont les troupes étaient disséminées en colonnes mobiles, reçut l'ordre de l'Empereur de réunir à Palencia tout ce qu'il avait de forces disponibles, et de marcher contre Cuesta et Blake. Le général Savary, qui avait remplacé Murat à Madrid, devait appuyer le maréchal Bessières avec une douzaine de mille hommes formant sa réserve; mais déjà il en avait

disposé pour secourir Dupont et Moncey (1). Le maréchal Bessières ayant réuni quinze mille hommes se mit en marche sur Benavente. Les Espagnols s'avançaient en trois colonnes, lorsque celle du centre fut rencontrée par l'armée française, le 14 juillet, dans une forte position, en avant de Medina de Rio-Seco. Elle fut culbutée par une charge à la baïonnette que firent les divisions Merle et Mouton, et taillée en pièces par la cavalerie du général Lasalle. Les deux autres colonnes, se trouvant isolées, se débandèrent sans avoir vu les Français. La perte des Espagnols fut évaluée à six mille hommes tués ou blessés, trois mille six cents prisonniers, et dix-huit pièces de canon. Cette brillante victoire ne nous coûta que soixantedix hommes tués et trois cents blessés. Les débris de l'armée espagnole atteignirent Benavente où Blake et Cuesta se séparèrent, s'accusant réciproquement du désastre qu'ils venaient d'éprouver. Les villes de Zamora, Mayorga et Léon se soumirent successivement (2).

Cependant le roi Joseph avait franchi les Pyrénées pour venir s'asseoir sur son trône chancelant. La victoire remportée par le maréchal Bessières, Medina de Rio-Seco, lui avait frayé le chemin de

(1) Voir pièces justificatives, nos 14 et 15. (2) Voir pièces justificatives, n° 16.

sa capitale; il y entra, le 20 juillet, avec la plus grande pompe. Ce triomphe fut de courte durée; la nouvelle du désastre de Baylen parvint à Madrid le 27, et, le jour suivant, on apprit que l'armée du général Castaños était déjà arrivée sur les confins de la Manche. Dès lors Joseph, ne se croyant plus en sûreté à Madrid, quitta cette ville, le 1er août, après une résidence de dix jours, et vint fixer sa cour à Vitoria. En même temps l'armée française, forte encore de quarante-cinq mille hommes, se replia sur l'Ebre et commença à s'y fortifier (1). Le cri de victoire des Espagnols retentit dans toute l'Europe.

Le corps du général Junot fut encore plus malheureux en Portugal. A la nouvelle des événements, les troupes espagnoles qui se trouvaient à Oporto sous les ordres du général Bellesta, firent prisonnière la garnison française et se portèrent en Galice. Celles qui étaient à Lisbonne furent désarmées; mais l'insurrection éclata à Oporto parmi les habitants et gagna tout le pays. La division Loison, envoyée dans l'Alentejo pour soumettre Évora où s'étaient rassemblés sept ou huit mille miliciens armés, saccagea la ville de fond en comble, et massacra la plupart des défenseurs. Cette sanglante exécution donna au général Loison une triste célé

(1) Voir pièces justificatives, no 17.

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