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Il s'y trouva deux vaisseaux de guerre, une frégate, quatre galères, 1,200 pièces de canon, 1,500 milliers de poudre, 40,000 fusils, etc.

Le jour où la convention fut passée, le général Bonaparte écrivit à l'évêque de Malte :

<< J'ai appris avec un véritable plaisir, monsieur l'évêque, la bonne conduite que vous avez tenue, et l'accueil que vous avez fait aux troupes françaises.

Vous pouvez assurer vos diocésains que la religion catholique, apostolique et romaine sera nonseulement respectée, mais que ses ministres seront spécialement protégés.

Je ne connais pas de caractère plus respectable et plus digne de la vénération des hommes qu'un prêtre qui, plein du véritable esprit de l'évangile, est persuadé que ses devoirs lui ordonnent de prêter obéissance au pouvoir temporel et de maintenir la paix, la tranquillité et l'union au milieu d'un diocèse.

Je désire, M. l'évêque, que vous vous rendiez sur-le-champ dans la ville de Malte, et que, par votre influence, vous mainteniez le calme et la tranquillité parmi le peuple. Je m'y rendrai moimême ce soir. Je désire que, dès mon arrivée, vous me présentiez tous les curés et autres chefs d'ordre de Malte et villages environnans.

Soyez persuadé, M. l'évêque, du désir que j'ai de vous donner des preuves de l'estime et de la considération que j'ai pour votre personne. » L'évêque répondit :

«L'évêque de Malte a l'honneur de se présenter au citoyen Bonaparte, général en chef de l'armée d'Angleterre, et de l'assurer qu'il ne manquera pas de recommander expressément à ses ecclésiastiques, de maintenir le bon ordre, l'obéissance et la tranquillité; il se flatte qu'il sera écouté et que ses avis seront exactement suivis. Il l'assure que son intention, dans laquelle il aura soin de persévérer, est de ne prendre aucune part à tout ce qui est étranger à son ministère de pasteur. Il a le plaisir de lui annoncer que l'entrée des troupes françaises dans cette ville s'est faite avec tranquillité et sans la moindre effusion de sang. Il se croit donc obligé d'en rendre grâce au ToutPuissant par un Te Deum solennel qui sera chanté après une procession publique et pompeuse qui aura lieu dans ce jour. »>

Bonaparte organisa le gouvernement de l'île par un ordre du 25, portant: que les îles de Malte et de Goze seraient administrées par une commission de gouvernement, composée de neuf personnes, à la nomination du général en chef, près de laquelle il y aurait un commissaire français; que cette commission serait spécialement chargée de toute l'administration des îles de Malte et de Goze, de la surveillance de la perception des contributions directes et indirectes, et de prendre des mesures relatives à l'approvisionnement de l'île; que le commissaire-ordonnateur en chef ferait un abonnement avec la commission, pour établir ce qu'elle donnerait, par mois, à la caisse de l'armée; que la commission s'occuperait

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incessamment de l'organisation des tribunaux civils et criminels, en la rapprochant, le plus possible, de l'organisation française; qu'en attendant, la justice continuerait d'être administrée comme par le passé; que les îles de Malte et de Goze seraient divisées en cantons; que chaque canton aurait une municipalité et un juge de paix; que tous les biens du grand-maitre de l'ordre de Malte et des différens couvens des chevaliers, appartiendraient à la République Française, et seraient administrés par une commission composée de trois membres; que la police serait tout entière sous les ordres du général de division commandant et des différens officiers sous ses ordres.

Bosredon de Ransijat fut nommé président de la commission, et Regnaut-de-Saint-Jean-d'Angely, commissaire français.

Bonaparte chargea Bertholet, le contrôleur de l'armée et un commis du payeur, d'enlever l'or, l'argent et les pierres précieuses qui se trouvaient dans l'église de Saint-Jean et autres endroits dépendant de l'ordre de Malte, l'argenterie des Auberges et celle du grand-maître; de faire fondre tout l'or en lingots, pour être transporté dans la caisse du payeur de l'armée; de dresser un inventaire de toutes les pierres précieuses pour être mises sous le scellé dans la même caisse; de vendre pour 250 à 300,000 francs d'argenterie à des négocians du pays, contre de la monnaie d'or et d'argent qui serait également remise au payeur; il ordonna que le reste de l'argenterie serait laissé par le payeur de l'armée, à la monnaie de Malte,

pour être fabriqué, et l'argent remis au payeur de la garnison pour sa subsistance; qu'on laisserait, tant à l'église Saint-Jean qu'aux autres églises, ce qui serait nécessaire pour l'exercice du culte.

Bertholet, Poussielgue et Estève, vaquèrent à ces opérations, et ne purent partir de Malte, que trois jours après la flotte. Ils laissèrent, au payeur de l'île, pour le service de la garnison, une partie d'or et d'argent qui lui produisit la somme de. 553,810 fr.

Le reste les suivit et rendit à l'armée, dans les ventes qui en furent faites, au Kaire, à l'encan ou à la monnaie.

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671,120

1,224,930 fr.

Voilà à quoi se réduisit cet immense trésor qui, suivant certains écrivains, avait tant excité la cupidité du Directoire et de Bonaparte, et sur lequel ils avaient calculé pour subvenir aux frais de l'expédition.

Bonaparte excepta de l'ordre qu'il avait donné aux chevaliers d'évacuer l'île, ceux qui n'étaient pas profès et qui seraient mariés à Malte; ceux qui auraient des possessions particulières dans l'île de Malte; ceux qui y auraient établi des manufactures, des maisons de commerce; enfin, ceux qui étant connus par leur attachement à la République, devaient être regardés comme citoyens de Malte.

Les chevaliers français étaient au nombre de trois cents. Il y en avait quatorze qui, un mois avant l'arrivée des Français, avaient fait des dons

patriotiques pour les frais de la descente en Angleterre; il en envoya la liste au Directoire. Il laissa la faculté à ceux qui avaient plus de 60 ans de rester à Malte, et emmena avec lui tout ce qui en avait moins de 30. Tous les autres se rendirent à Antibes, pour rentrer chez eux, conformément à la capitulation, pourvu qu'ils n'eussent pas porté les armes contre la France.

Bonaparte expédia un courrier au Directoire, pour l'informer de la prise de Malte et de ses opérations dans cette île, l'adressa à Garat, ambassadeur à Naples, et lui écrivit :

« Je vous prie de donner, à la cour de Naples, une connaissance pure et simple de l'occupation de Malte par les troupes françaises, et de la souveraineté et propriété que nous venons d'y acquérir. Vous devez en même temps faire connaître à S. M. le roi des Deux-Siciles, que nous comptons conserver les mêmes relations que par le passé pour notre approvisionnement, et que, si elle en agissait avec nous autrement qu'elle en agissait avec Malte, cela ne serait rien moins qu'amical,

Quant à la suzeraineté que le royaume de Sicile a sur Malte, nous ne devons pas nous y refuser, toutes les fois que Naples reconnaîtra la suzeraineté de la République Romaine '.

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Le bailli de Torino Frisari, un des négociateurs de la convention, ne l'avait signée que sauf le droit de haute suzeraineté qui appartenait à son souverain le roi des Deux-Siciles. Bonaparte n'avait pas perdu son temps à contester cette réserve à laquelle,

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