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de l'armée, les officiers ou savans en retard; le second, soixante-douze heures après le premier, escortant un bâtiment portant soixante guides, s'ils étaient arrivés.

Dans ces actes, Bonaparte prenait le titre de général en chef de l'armée d'Angleterre.

Il fit diverses promotions dans la marine. Il témoigna sa satisfaction aux administrateurs et employés des ports, du zèle qu'ils avaient mis à l'armement de l'escadre. On avait fait dans deux mois des choses prodigieuses.

Le 24, il prit des mesures pour qu'en l'absence de l'armée la garde nationale de Toulon fit provisoirement le service de la place.

« Dans tous les cas, disait-il à l'administration municipale, la république ne doit avoir aucune sollicitude, les habitans de Toulon ayant toujours donné des preuves de leur attachement à la liberté. >>

Il invita l'administration du département du Var, qui lui avait envoyé une députation, à prendre des mesures pour réorganiser le service des postes dans le département, afin que les courriers portant des ordres, pussent aller à Paris et en revenir facilement.

Il fit encore rentrer au service et embarquer tous ceux des maîtres d'équipages, contre-maîtres, matelots, novices, ouvriers de l'arsenal, qui avaient été mis en surveillance par ordre du gouvernement.

Le 25, Bonaparte alla à bord du vaisseau l'Orient. Le pavillon amiral y fut arboré et salué

par

toute la flotte. Les vaisseaux étaient tout pavoisés, et l'air retentit des cris de vive la République! vive Bonaparte !

Il fut alors frappé de la nouvelle que des exécutions sanglantes avaient eu lieu dans la 8°. division militaire ; il semblait que rien de ce qui se passait dans le rayon qu'il pouvait embrasser ne dut lui être étranger; il écrivit aux commissions militaire de la 8°. division cette lettre, dictée par un sentiment d'humanité, mais remarquable par sa vigueur et surtout par son ton impératif.

<< J'ai appris, citoyens, avec la plus vive douleur, que des vieillards âgés de 70 à 80 ans avaient. été fusillés comme prévenus d'émigration. La loi du 19 fructidor a été une mesure de salut public. Son intention n'a pas été d'atteindre de misérables femmes et des vieillards caducs.

Je vous exhorte donc, toutes les fois que la loi présentera à votre tribunal des vieillards de plus de 60 ans, de déclarer qu'au milieu des combats vous les avez respectés.

Le militaire qui signe une sentence de mort contre une personne incapable de porter les ararmes, est un lâche. »

Deux arrêtés de Bonaparte, du 29 floréal, avaient pour objet de rallier à l'escadre les marins qui voulaient se soustraire à l'embarquement, et de réprimer les délits commis à bord de l'armée navale. Le premier de ces actes, après avoir réglé la diminution de salaire et la rétrogradation dans les fonctions de l'armée navale, comme punition

du retard à s'embarquer, se terminait

article:

par ce bel « Art. x. Dans le temps que l'armée navale de la république, de concert avec l'armée de terre, se prépare à relever la gloire de la marine française, les marins dans le cas de servir et qui restent chez eux, méritent d'être traités sans aucun ménagement. Avant de sévir contre eux, le général en chef leur ordonne de se rendre à bord de la deuxième flottille qui est en armement. Ceux qui, quinze jours après la publication du présent ordre, ne se seront pas fait inscrire pour faire partie dudit armement, seront regardés comme des lâches. En conséquence, l'ordonnateur de la marine leur fera signifier individuellement l'ordre de se rendre au port de Toulon, et si, cinq jours après, ils n'ont point comparu, ront traités comine déserteurs. L'ordonnateur de la marine tiendra la main à l'exécution du présent réglement. >>

ils se

Le second de ces actes introduisait des innovations dans l'administration de la justice militaire. C'était encore une de ces révolutions spéciales dans l'organisation des armées mises sous son commandement, par lesquelles Bonaparte semblait essayer ses forces et préluder à l'exercice du pouvoir suprême 1.

Le 30 floréal, le général en chef adressa cette proclamation à l'armée :

« Soldats! vous êtes une des ailes de l'armée

Voyez pièces justificatives, n°. II.

d'Angleterre. Vous avez fait la guerre de montagnes, de plaines, de siéges; il vous reste à faire la guerre maritime.

Les légions romaines que vous avez quelquefois imitées, mais pas encore égalées, combattaient Carthage tour à tour sur cette même mer, et aux plaines de Zama. La victoire ne les abandonna jamais, parce que constamment elles furent braves, patientes à supporter la fatigue, disciplinées et unies entre elles.

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Soldats! l'Europe a les yeux sur vous! vous avez de grandes destinées à remplir, des batailles à livrer, des dangers, des fatigues à vaincre ; vous ferez plus que vous n'avez fait pour la prospérité de la patrie, le bonheur des hommes, et votre propre gloire.

Soldats, matelots, fantassins, canonniers, cavaliers, soyez unis; souvenez-vous que, le jour d'une bataille, vous avez besoin les uns des autres.

Soldats, matelots, vous avez été jusqu'ici négligés; aujourd'hui, la plus grande sollicitude de la république est pour vous: vous serez dignes de l'armée dont vous faites partie.

Le génie de la liberté, qui a rendu, dès sa naissance, la république l'arbitre de l'Europe, veut qu'elle le soit des mers et des nations les plus lointaines. " aib aga

La flotte sortit le 30 (19 mai), à quatre heures après midi.

Bonaparte fit présent au vice- amiral Brueys d'une paire de pistolets magnifiques qui avaient

appartenu au prince Eugène de Savoie, et au citoyen Najac, d'un superbe portefeuille brodé en or et en argent, avec cette inscription: Donné par le général Bonaparte au citoyen Najac, commissaire-ordonnateur de la marine.

La flotte appareilla avec un vent tel qu'on pouvait le désirer. La frégate le Carrère alla à la côte. On craignit un moment le même sort pour l'Orient; il toucha et dut son salut à la force du vent. La flotte était composée de 13 vaisseaux de ligne, 7 frégates, 3 avisos, 5 bricks; 4 bombardes, 4 tartannes et 6 chaloupes et felouques canonnières; 2 vaisseaux et 7 frégates en flûtes, 141 transports, en tout 192 voiles, portant 19,000 hommes de troupes de débarquement, non compris 2,000 hommes employés, artistes, savans. Jamais flotte n'avait été si bien approvisionnée et en si peu de temps.

Au moment de son départ, le 29, Kléber faisant ses adieux au général Moreau, qui avait enfin appris le but de cet armement, lui écrivit :

« Vous devez être au fait du secret de notre expédition. J'ai ouï dire que vous la désapprouviez; j'en ai été fâché : j'aurais désiré que vous eussiez mis à cet égard moins de précipitation. »

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Barraguay d'Hilliers avait fait à Gênes toutes ses dispositions pour mettre à la voile le 23 (12 mai); mais des vents violens empêchèrent le convoi de sortir du port. Il attendait un vent favorable; quoique très-malade et forcé de garder le lit, il espérait être assez fort n'être pas contraint de rester à terre; mais

pour

pour

vaincre ces

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