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citer l ambition des puissances de l'Europe, et la l'ambition

politique continua l'oeuvre que la ferveur chrétienne avait commencée. Durant les quinzième et

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et la ré

L'Espagne, l'Angleterres réprises diverses

pub sise, tentèrent à

publique de

de fonder leur influence dans ce pays, soit à main armée soit par la voie des traités. Dans le cours du dix-septième, Leibnitz jugea digne de ses méditations et des vues élevées de Louis to Louis XIV, un plan

d'invasion et de levées de l'Egypte, projet le

colonisation

plus grand, suivant lui, de ceux qui peuvent être entrepris, et le plus facile de tous les grands projets. Cent ans plus tard le duc de Choiseul, prévoyant la prochaine émancipation des colonies anglo-américaines, et craignant , et craignant que cette révolution n'entraînât la perte des établissemens français, chercha à préparer, par des négociations, la cession de l'Égypte comme un dédommagement pour la France. Enfin, à l'époque où Joseph II et l'impératrice Catherine menaçaient de se partager là Turquie, plusieurs mémoires furent présentés à Louis XVI, sur les moyens de soumettre et de coloniser l'Egypte; en 1781, M. le maréchal de Castries, ministre de la marine, en reçut un, fort détaillé, des mains d'un consul français qui avait résidé plusieurs années dans ce pays: un autre mémoire sur ce même sujet lui fut remis par le baron de Tott; dans tous ces mémoires la conquête de l'Égypte était envisagée comme un moyen de ruiner les vastes établissemens de l'Angleterre dans l'Inde, et par là, de mettre la France en possession de tout le commerce de l'Orient. I

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était réservé à l'homme le plus étonnant de notre siècle de tenter cette grande entreprise.

Sous le gouvernement des beys, les négocians français furent, beaucoup plus que ceux des autres nations, exposés à des avanies dont les événemens de la révolution avaient fourni le prétexte, mais dont les véritables causes étaient l'influence de l'Angleterre et de la Russie. Enfin le Directoire victorieux était parvenu en 1795 à faire recevoir Verninac envoyé extraordinaire près la Porte Ottomane. Pendant qu'il était à Constantinople, le consul général Magallon, residant au Kaire, reçut de dui l'ordre de descendre à Alexandrie, et d'in viter les négocians français à l'y suivre. Is y restèrent environ huit thois, jusqu'en 1796, où Verninao envoya Dubois Tainville en Égypte. Cet agent diplomatique avait été chargé de stipuler de nouveau avec les beys les intérêts du commerce, et de rappeler la stricte exécution des capitulations. Il obtint la promesse du remboursement des créances auxquelles les négocians avaient droit, celle du redressement des autres griefs, et d'une entière liberté pour l'avenir; mais après son départ, ces promesses furent oubliées, les choses reprirent leur cours accoutumé, lés vexations recommeneèrent, et Magallon reçut de nouveau l'ordre de retourner à Alexandrie, d'où il fut définitivement obligé de partir pour revenir en France.9 769

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– De tous les Français qui avaient visité l'Égypte, nul ne connaissait inieux que Magallon l'état poe litique et topographique du pays et les ressources

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du gouvernement; vingt années de résidence au Kaire, soit comme négociant, soit comme agent diplomatique, et la considération personnelle dont il jouissait auprès des beys, l'avaient mis à même de fournir sur tous les points des ren seignemens positifs. Déjà, dans les années, qui précédèrent la révolution, il avait été employé utilement à une négociation importante. Il s'agissait d'ouvrir en faveur de la France une navigation commerciale libre, entre la Méditerranée et la Mer-Rouge, par l'isthme de Suez, puis entre la Mer-Rouge et les Indes Orientales, Magallon avait obtenu ce que la France demandait ; mais ce traité avantageux avait été annulé par la mauvaise foi des beys et des chefs arabes, par la rivalité du gouvernement anglais, et plus encore par la faveur marquée que M, de Calonne accordait à la compagnie des Indes dont il était le fondateur:

A son retour à Paris, Magallon 'renouvela l'idée d'une conquête dont il développa l'extrême facilité et les grands avantages dans un mémoire qui contenait les passages suivans:

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<< La récolte se fait en Égypte en mars et avril; tout est récolté et enfermé en mai.

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Les vents étésiens soufflant constamment du nord au sud, depuis mai jusqu'au soltice d'été, produisent deux effets: le premier, de rafraîchir et de purifier l'atmosphère du Delta et de la haute Égypte; le second, de porter et d'accumuler toutes les vapeurs vers le midi de cette région, et de les réunir au coeur de l'Éthiopie aux sources mêmes du Nil. Les pluies abondantes

qui en sont le résultat grossissent le Nil et por tent ensuite l'inondation dans toute l'Égypte. Cette région est submergée pendant les mois de juillet, août et septembre.

Il résulte de ces faits que l'on pourra, en entrant en Égypte dans le courant de mai, être assuré d'y trouver la récolte faite, et conséquemment tous les approvisionnemens nécessaires pour une année entière: donc, nulle inquiétude pour les subsistances et pour la conservation de l'armée.

Les mois de mai et juin sont plus que suffisans pour soumettre le Delta et la moyenne Égypte avant l'époque du débordement; il est essentiel de brusquer cette opération, et, après le débarquement, de marcher droit au Kaire, en prenant toutes les précautions possibles pour la conservation des récoltes de riz et de grains, que l'on trouvera faites et serrées.

On remettra la conquête de la haute Égypte à l'hiver, après la retraite des eaux. On laboure et l'on ensemence en novembre; en décembre et en janvier, le sol étant parfaitement raffermi, on peut entreprendre et achever la conquête de la haute Égypte.

Ainsi, en débarquant dans le courant de mai la conquête de l'Égypte entière peut et doit être achevée en neuf mois, et l'on sera assuré de deux récoltes, l'une faite et fermée au moment du débarquement, et l'autre sur terre au moment où l'on marchera vers la haute Égypte.

Les trois mois d'inondation donneront le temps de fortifier Alexandrie, Damiette et Rosette, ainsi

que l'isthme de Suez; l'isthme doit être fortifié par une ligne serrée de redoutes bien garnies d'artillerie, seul moyen de le rendre inabordable aux Arabes.

On ne doit pas perdre de vue que l'Égypte ne peut être insultée par terre que sur deux points; l'isthme de Suez qui confine à l'Arabie, et Syène ou Éléphantine qui confine à l'Éthiopie. Aussi les Romains ont-ils défendu et conservé l'Égypte pendant des siècles avec une seule légion.

La conquête de l'Égypte effectuée, qu'en résultera-t-il pour la France? de deux choses l'une :

Ou l'on voudra sur-le-champ chasser de l'Inde les Anglais de vive force, ou l'on se contentera d'anéantir leur commerce avec l'Inde, et de le remplacer par l'avantage seul de notre position en Égypte. Dans le premier cas, rien de plus facile que de faire passer, en très-peu de temps, au moyen d'une escadre stationnée à Suez, tel nombre de troupes que l'on voudra, soit aux Marattes, soit à Tippo - Saïb, qui, bien sûrs d'être puissamment soutenus, du moment que nous serons maîtres de l'Égypte, et étant mortels ennemis des Anglais, s'empresseront de les attaquer, et leur feront une guerre d'extermination, jusqu'à ce qu'ils les aient expulsés du Bengale.

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Pour nous, il nous suffira de prendre pour indemnité et de conserver dans l'Inde les ports de Trinquemale et de Bombay, où nous ferons stationner deux divisions de notre escadre de Suez, qui serviront à protéger et à faire respecter notre

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