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vive notre père à tous! sous ses ordres, nous sommes sûrs de la victoire.

Il les passa sur-le-champ en revue, et leur parla ainsi :

<< Officiers et soldats!

II

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Il y a deux ans que je vins vous commander. A cette époque vous étiez dans la rivière de Gênes, dans la plus grande misère, manquant de tout ayant sacrifié jusqu'à vos montres pour votre subsistance. Je vous promis de faire cesser vos misères; je vous conduisis en Italie; là, tout vous fut accordé. Ne vous ai-je pas tenu parole?

Eh bien apprenez que vous n'avez pas encore assez fait pour la patrie, et que la patrie n'a pas encore assez fait pour vous.

1

Je vais actuellement vous mener dans un pays où, par vos exploits futurs, vous surpasserez ceux qui étonnent aujourd'hui vos admirateurs, et vous rendrez à la patrie les services qu'elle a droit d'attendre d'une armée d'invincibles.

Je promets à chaque soldat, qu'au retour de cette expédition, il aura à sa disposition de quoi acheter six arpens de terre.

Vous allez courir de nouveaux dangers, vous les partagerez avec nos frères les marins; cette arme, jusqu'ici, ne s'est pas rendue redoutable à nos ennemis; ses exploits n'ont point égalé les vôtres; les occasions lui ont manqué, mais le courage des marins est égal au vôtre. Leur volonté est celle de triompher, ils y parviendront avec

Communiquez-leur cet esprit invincible qui partout vous rendit victorieux; secondez leurs efforts: vivez à bord dans cette bonne intelligence qui caractérise des hommes voués à la même cause. Ils ont, comme vous, acquis des droits à la reconnaissance nationale dans l'art difficile de la marine.

Habituez-vous aux manoeuvres de bord; devenez la terreur de nos ennemis de terre et de mer; imitez en cela les soldats romains qui surent à la fois battre Carthage en plaine et les Carthaginois 'sur leurs flottes. »

Le Moniteur, qui avait, le 2 prairial, donné cette allocation au public, éleva le lendemain des doutes sur son authenticité. Le Rédacteur, journal officiel, déclara, le 5, qu'elle était apocryphe.

«Nous fimes connaître, il y a quelques jours, dit le Moniteur du 6, une proclamation que l'on attribuait au général Bonaparte, parce que nous la trouvâmes insérée dans plusieurs journaux. Ce n'est qu'à regret que nous nous décidâmes à la publier. Elle ne nous parut ni assez réfléchie, ni assez élevée pour être l'ouvrage du vainqueur de l'Italie. Nous avons aujourd'hui la preuve que cette harangue qui a tout le caractère de celles que les chefs de factieux, maîtres de la convention, faisaient du haut de la tribune à la foule égarée, dans la fameuse journée du 1. prairial an ; nous avons, disons-nous, la preuve que cette harangue est fausse. Voici la véritable pro

clamation du général, qui fut mise à l'ordre, le 21; on jugera par celle-ci, si la première pouvait être l'oeuvre de celui qui a fait la seconde 1. >>

Tout porte à croire, au contraire, que Bonaparte avait tenu à son armée cette allocution qui certes, ne manquait ni de réflexion, ni d'éloquence; mais le Directoire fut probablement mécontent de cette phrase: « Je promets à chaque soldat, qu'au retour de l'expédition, il aura à sa disposition de quoi acheter six arpens de terre. » Cette promesse semblait faire allusion au milliard qui avait été promis à l'armée, et que rappelaient. toujours à la tribune des orateurs de bonne foi ou qui voulaient se populariser aux dépens du Directoire. Ainsi le général Jourdan, quelques jours auparavant, avait encore proposé au conseil des Cinq-Cents, un moyen d'acquitter cette dette envers l'armée.

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Cependant l'instant du départ de l'expédition approchait. Bonaparte se hâta de donner avis, le 20 floréal (9 mai), au général Vaubois, commandant en Corse, d'approvisionner sur-le-champ le convoi qui devait, de cette île, rejoindre l'armée, avec les magasins qu'on y avait formés dans la supposition qu'elle y relâcherait. Il l'autorisait à laisser, pour la défense de la Corse, la 23o. d'infanterie légère. Il ordonnait en même temps que le général Menard s'embarquát immé

' Cette pièce est rapportée plus bas, à la date du 30 floréal que lui donnent tous les écrits historiques.

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diatement avec la 4°. d'infanterie légère et la 19°. de bataille, pour se diriger au nord de la Sardaigne, vers les îles de la Magdelaine, où il devait recevoir, de l'amiral Brueys, de nouveaux ordres et un officier pour diriger tous ses mou

veniens.

Le 21 floréal, il annonça à Desaix son départ, qui devait avoir lieu dès l'arrivée de la division Reynier de Marseille; qu'il partirait sur-le-champ pour aller à la rencontre de Barraguay-d'Hilliers ; qu'il passerait ensuite entre l'île d'Elbe et la Corse, faisant route vers la Sicile et la Sardaigne; qu'il l'enverrait avertir par un aviso de venir le rejoindre.

Le même jour, il prit quelques mesures administratives pour assurer le paiement du traitement des officiers. Il donna ordre au commandant d'armes, à Toulon, de ne laisser sortir du port aucun bâtiment, à dater de ce jour même jusqu'au dixième jour après le départ de l'escadre 1; au général Dugua de faire mettre l'embargo sur tous les bâtimens du port de Marseille, jusqu'au cinquième jour après le départ de l'expédition; de faire ramasser à Marseille, à la petite pointe du soir, tous les matelots qui pourraient s'y trouver, et de les envoyer à Toulon.

Il publia un ordre du jour pour ordonner aux officiers et soldats de la 2°. et 4°. d'infanterie légère; 9., 18., 25°., 32°., 75o., 85°. de ligne; 3o., 15o., 18°. de dragons, et 22o. de chasseurs,

Lettre du 21 floréal.

qui étaient en permission, congé, convalescens ou absens de leurs corps, pour quelque raison que ce fût, de se rendre le plutôt possible à Toulon, où ils trouveraient des bâtimens et des ordres pour rejoindre leurs corps.

Il y invitait les autorités civiles à faire publier et signifier cet ordre à ceux qu'il concernait, afin que, s'ils ne participaient pas aux dangers et à la gloire qu'acquerraient leurs camarades, l'ignominie qui leur reviendrait fùt sans excuse.

L'ordre se terminait ainsi : « Ceux desdits officiers et soldats qui, après la notification, ne rejoindraient pas, n'ayant pas contribué à nos victoires, ne peuvent être considérés comme faisant partie de ces braves auxquels l'Italie doit sa liberté, la France la paix, et la république sa gloire.

Le 23, Bonaparte ordonna, par un arrêté, l'armement de deux vaisseaux vénitiens et deux vieilles frégates pour embarquer les soldats qui seraient rendus le 20 prairial au dépôt, et qu'il évaluait à mille; d'armer douze avisos bon voiliers, portant au moins une pièce de huit, et commandés par de bons officiers pour servir de communication à l'expédition, et partir au moins deux par décade; d'embarquer sur les bâtimens frêtés à Marseille, le reste de l'artillerie, les habillemens, le vin et les soldats qui pourraient rejoindre; de faire escorter ce convoi par la frégate la Badine; de faire partir deux avisos qu'il laissait, savoir: le premier, quarante-huit heures après l'escadre, pour porter le courrier

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