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sionnaire, Dumuy, quittait, pour l'Égypte, Paris et 100,000 livres de rente. Menou, en demandant du service en Orient, voulut justifier sa conduite au 13 vendémiaire an Iv. « J'ai vu, lui répondit Bonaparte, cette affaire de plus près que personne. Je sais que vous avez été victime de la lâ– cheté et de la perfidie de commissaires ridicules, qui s'étaient attribué tout le pouvoir, pour laisser peser toute la responsabilité sur les généraux. » Et c'était sous les yeux du Directoire, où les conventionnels étaient en majorité, et en présence de Barras, l'un de ces commissaires, parte s'exprimait ainsi.

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que BonaIl n'alla point à Rastadt, soit que le Directoire fût entièrement revenu de ses craintes sur l'Autriche, soit que l'intervention du général dans négociation qui allait s'ouvrir à Seltz ne parût plus assez nécessaire pour l'emporter sur les inconvéniens de toute espèce que pouvait présenter le retard de l'expédition...

Bonaparte écrivit alors au comte de Cobentzel, du moins plusieurs écrivains le disent, une lettre dans laquelle il parlait beaucoup moins de l'affaire de Bernadotte, que d'arrangemens politiques propres à terminer les difficultés que le traité de Campo-Formio avait fait naître, ou n'avait pas résolues. Cette lettre déplut singulièrement au Directoire; on ne la trouve nulle part rapportée.

Le 13 floréal, Fobstacle apporté momentanément à son départ cessa, tout reprit son cours, et Bonaparte sa correspondance. Il écrivit à Barraguay-d'Hilliers, à Desaix, au vice-amiral Brueys,

à la commission de la Méditerranée, d'embarquer les troupes le plutôt possible; donna de nouveau l'ordre à Barraguay-d'Hilliers d'amener son convoi à Toulon, et annonça à la commission que son départ de Paris était fixé au 14, et à Brueys, qu'il serait à son bord le 19. Il prévint le général Brune de ces mesures; et que pour remplacer les troupes des convois mises momentanément à sa disposition, on lui envoyait, par la Suisse, huit demi-brigades et deux régimens de cavalerie.

Malgré ces documens positifs, on prétend que Bonaparte hésitant à partir, le Directoire lui en intima l'ordre impérieux; qu'il y eut à ce sujet une scène violente dans laquelle Bonaparte ayant menacé de sa démission, le directeur Rewbel, lui présenta une plume pour la donner par écrit, et que le général, en sortant, dit à une personne de sa confidence: «La poire n'est pas mûre, partons; nous reviendrons quand il en sera temps. » Le fond de cette anecdote est vrai.

On a prétendu également que le soir du 16 floréal (5 mai), Bonaparte ne s'occupait encore que de son voyage à Rastadt, que le projet de l'expédition était tout-à-fait oublié, qu'il parlait même de la manière de vivre qu'il adopterait à son retour, lorsque Barras entra, l'air extraordinairement sombre, et eut une conversation particulière avec Bonaparte, qui partit, dans la nuit même, pour Toulon'.

Miot, introduction, page 20.

On a dit que Bonaparte, partant pour l'Égypte, prit le fils de

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On en concluait que ce directeur était venu réitérer au général l'ordre formel de partir. Le 15 il était déjà en roule.

Malgré la notoriété des préparatifs, le public ignorait encore le but de l'expédition de la Méditerranée, quelle en était la force, quel était positivement le général qui la commanderait.

D'après les journaux qui continuaient à rapporter les divers bruits, 24,000 hommes allaient s'embarquer à Toulon le 1er, prairial.

Le général Desaix était, depuis quelques jours, à Rome. Il devait commander l'expédition. On croyait généralement qu'elle allait aux Indes.

Sept cents marins, du quartier de Dieppe, s'étaient rendus au Havre, pour monter les vaisseaux de la République; 1,600, du quartier de Granville, étaient partis pour Brest.

Dans l'opinion publique ces faits étaient considérés comme se rattachant essentiellement les uns aux autres. L'Angleterre elle-même, malgré son habileté à se mettre au fait des secrets de la politique étrangère, parut partager l'erreur gé

nérale.

Dans un message du roi d'Angleterre à la chambre des communes, 2 floréal (21 avril ), il était dit que, «<les préparatifs d'embarquement de troupes et de munitions de guerre paraissaient se

Merlin comme otage. Il suffit de répondre que ce jeune homme, alors âgé de 18 ans, voulut être de l'expédition et en parla à son père. Le directeur alla le présenter à Bonaparte, qui le nomma son aide-de-camp.

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continuer avec un redoublement d'activité dans les ports de France, de Flandre et de Hollande, et que leur objet avoué était l'envahissement des dominations de Sa Majesté. Elle se reposait sur le courage de la nation.» II y eut, à ce sujet, une scène imposante et nouvelle dans les annales du parlement britannique; l'opposition, dominée son patriotisme, se réunit presque en totalité au parti ministériel, pour aviser avec lui aux moyens de sauver la patrie d'un aussi grand péril.

par

Cependant il continuait d'arriver, à Civita-Vecchia, des troupes qui devaient s'embarquer sous les ordres du général Desaix; il en arrivait aussi à Gênes. On donnait le nom d'aile gauche de l'armée d'Angleterre aux différentes troupes qui étaient à Civita - Vecchia, à Gênes, à Bastia et à Toulon.

On conjecturait, avec quelque apparence de réalité, qu'une partie de l'expédition qui se préparait, était destinée contre le dey d'Alger. 11 s'agissait de venger la mort du consul-général Jean-Bon-Saint-André, à qui, disait-on, le dey avait fait couper la tête. 19 s bakedoni

Enfin Bonaparte partit de Paris, le 15 floréal (4 mai), pour se rendre à Toulon..

«On assure de tous côtés, dit le Moniteur, que le général Bonaparte, qui n'avait point quitté Paris, quoique des journaux qu'on devait croire bien informés, eussent annoncé son départ pour Rastadt, est parti, le 15, de très-grand matin, et que ce n'est point pour Rastadt. » eso pol notici «On dit que c'est pour Toulon qu'est parti le

général Bonaparte, disait le même journal du 25; que la flotte de ce port, jointe à la flotte exvénitienne, doit tâcher de débloquer l'escadre espagnole enfermée à Cadix, se réunir à elle pour se rendre à Brest, d'où elles partiront pour l'expédition d'Angleterre, avec la flotte de l'Océan aussitôt que les troupes nécessaires à l'expédition auront été embarquées dans les différens ports. >> › Ce fut en effet la conjecture qui domina dans le cabinet anglais.

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Bonaparte, en descendant rapidement vers Toulon, ne cessait de s'occuper des détails de l'embarquement. Dans ses courtes stations, il écrivit à la commission d'armement et à l'ordonnateur Najac, qui lui demandaient des explica

tions.

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Il tenait beaucoup à ce que sa compagnie des guides l'accompagnât en Égypte, elle n'était pas encore à Lyon et n'y était attendue que le 20; il donna l'ordre en passant qu'on la lui expédiát à Toulon par les moyens les plus prompts.ḥ, Lui-même arriva dans cette ville le 20 floréal ( 9 mai)

y

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Les troupes de terre et de mer l'attendaient avec la plus vive impatience, car elles avaient craint qu'il ne commandât pas l'expédition. Les autres généraux étaient faits pour donner de la confiance, mais le vainqueur de l'Italie înspirait un dévoûment sans bornes; son nom seul fixait toutes les espérancus; sa présence excita l'enthous siasme. Il fut reçu aux cris de: Vive Bonaparte!

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