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qu'ils pouvaient faire en présence même des Anglais, puisqu'il ne faisait grand jour qu'à six heures du matin. Il pensait que les vents de l'équinoxe feraient bientôt raison du blocus qu'avait établi l'ennemi; que le commodore Hood voulait tout bonnement se faire payer, comme cela était arrivé 50 fois sur les côtes de Provence. « Je désirerais, écrivit-il, qu'il y eût plus de parlementaires, et que le commandant des armes et l'ordonnateur de la marine cessassent enfin d'écrire des lettres ridicules et sans but. Il importe fort peu que les Anglais gardent ou non un commissaire: ces gens-là me paraissent déjà assez orgueilleux de leur victoire, sans les enfler encore davantage. Quand les circonstances vous feront juger nécessaire d'envoyer un parlementaire, qu'il n'y ait que vous qui écriviez '. »

Excités par Mourad-Bey et les Anglais, des Arabes se rassemblèrent au village de Berk-elGitâs et firent une coupure au canal d'Alexandrie, pour empêcher les eaux d'y arriver. Le chef de brigade Barthélemy avec 600 hommes de la 69., cerna ce village dans la nuit du 27 fructidor, le pilla, le brûla et tua plus de 200 hommes ́*. » » ́

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Malgré la présence des forces commandées par l'adjudant-général Brives et le général Marmont, les Arabes inquiétaient toujours les convois, et profitaient, pour faire du butin, de la moindre négligence des escortes. Bonaparte ordonna à

'Lettre du 2. jour complémentaire.

"Lettre de Bonaparte au Directoire, du 26 brumaire.

"

Marmont de se rendre à Rahmanieh, d'y prendre le commandement des troupes de toute la province, formant 1,500 hommes, pour protéger la navigation du Nil, celle du canal d'Alexandrie et la campagne. I und

Bonaparte ne se pressait pas de répondre à Kléber sur la démission qu'il avait offerte en attendant que sa conduite eût été examinée, Ce général revint donc à la charge, et, dans un style tant soit peu ironique, lui écrivit :

«Il paraît, général, que j'ai bien peu rempli vos intentions dans l'administration civile et militaire d'Alexandrie. J'attribue toutes les gaucheries et les inadvertances que vous semblez me reprocher, à l'état de ma santé. Ma plaie est, à la vérité très-parfaitement cicatrisée; mais les douleurs de tête ne sont point passées; des souffrances aiguës m'obligent souvent à m'enfermer dans ma chambre. On m'a prescrit un régime, je l'observe, et mon état ne s'améliore point.

...Je vous demande en conséquence la permission, citoyen général, non pas de rejoindre ma division, puisque vous ne le jugez pas convenable, mais de prendre quelque repos et de changer d'air à Ro

sette.

Je reprendrai le commandement d'Alexandrie dès que je me trouverai un peu mieux, ou dès que cette place sera menacée. »

Ne recevant point encore de réponse, Kléber

Lettre du 1er, jour complémentaire.

* Idem.

écrivit alors à Bonaparte pour demander à retourner en France:

« Vous aviez chargé le général Caffarelli, citoyen général, de me faire la proposition de vous accompagner dans une expédition lointaine; et votre nom, et votre gloire, et la reconnaissance dont j'étais pénétré pour tout le bien que vous aviez dit de moi sans me connaître, m'y engagèrent sans hésiter un instant. Aujourd'hui que ma santé et la douleur que me causent les suites de ma blessure, ne me permettent plus de vous suivre dans votre brillante carrière, je m'adresse pareillement au général Caffarelli, pour obtenir de vous la permission de retourner en France. Veuillez, citoyen général, accueillir favorablement ce qu'il vous dira à ce sujet. »

Bonaparte lui répondit enfin:

« Le général Caffarelly, citoyen général, m'a fait connaître votre désir. Je suis extrêmement faché de votre indisposition; j'espère que l'air du Nil vous fera du bien, et, sortant des sables d'Alexandrie, vous trouverez peut-être notre Égypte moins mauvaise qu'on peut la croire d'abord. Croyez au désir que j'ai de vous voir promptement rétabli, et au prix que j'attache à votre estime et à votre amitié. Je crains que nous ne soyons un peu brouillés; vous seriez injuste si vous doutez de la peine que j'en éprouverais.

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Sur le sol de l'Égypte, les nuages, lorsqu'il y en a, passent dans six heures; de mon côté, s'il

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en avait, ils seraient passés dans trois l'estime que j'ai pour vous est au moins égale à celle -vous m'avez témoignée quelquefois.

que

J'espère vous voir sous peu de jours, au Kaire, comme vous le mande le général Caffarelli'.»

Comment résister à un langage aussi séduisant, à une réconciliation aussi aimable! Kléber l'accepta, se rendit au Kaire, et arriva au milieu de la révolte de cette ville, le 1er. brumaire.

Sur les réclamations du commandant de la caravelle, Bonaparte avait répondu qu'il fallait l'amuser par de belles paroles. Un mois s'était passé; il écrivit à ce commandant qu'il était fàché de quelques désagrémens qu'il avait éprouvés (on lui avait en effet enlevé ses munitions de guerre et les affûts de ses canons); qu'il se tînt prêt à partir pour l'époque à laquelle il avait coutume de quitter Alexandrie, et qu'il lui remettrait des dépêches pour la Porte 2.

PROVINCE DE ROSETTE. MENOU.

Le général en chef se plaignait à Menou de ce qu'il n'écrivait point, et de ce qu'il ne rendait aucun compte de ce qui se passait à Rosette et à Abouqyr, de la situation de sa garnison, des hôpitaux, des mouvemens des Anglais; enfin Rosette

Lettre du 13 vendémiaire.

2 Lettre du 11.

401 était le seul point de l'armée sur lequel il n'avait aucune espèce de détails; il mandait à ce général qu'il ne lui enverrait des ordres pour quitter cette ville, que lorsque la province serait organisée et que l'embouchure du Nil ne pourrait pas craindre les insultes des corsaires'.

Bonaparte reçut enfin de ses nouvelles; le loua d'avoir donné à dîner aux cheyks du pays; le blåma de ce qu'il donnait du blé aux pauvres, disant qu'on n'était pas encore assez riche pour être généreux, et qu'il fallait bien se garder de les gâter; s'étonna de ce qu'il avait 300 hommes de garde à Rosette, tandis qu'au Kaire il n'y en avait que 80. << Diminuez votre service, lui écrivait-il; une garde chez vous, une de police, quelques factionnaires aux principaux magasins, et tout le reste en réserve; cela ne fait que 25 ou 30 hommes '. »

S'il n'était pas très-exact à instruire le général en chef des détails de son administration, il l'était davantage à lui communiquer ses projets. Bona parte lui écrivait : « J'ai reçu toutes vos lettres que je lis avec d'autant plus d'intérêt, que j'approuve davantage vos vues3.

Quelles étaient ces vues? Enthousiaste de 1 expédition et prêt à faire, pour contribuer à son succès, tout ce que lui ordonnerait Bonaparte, Menou, administrateur et général, croyait que

'Lettres des et 4 fructidor. Lettre du 11.

3 Lettre du 13.

TOME I. guerre d'égyPTE.

26

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