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quaire, tous malades de corps et d'esprit, demandèrent à retourner en France, ainsi qué Dubois, chirurgien, resté à Alexandrie pour traiter Kléber de sa blessure, souffrant lui-mênie d'une maladie grave, et songeant sans cesse à quatre enfans qui n'avaient plus de mère.

Jaloux de conserver un homme aussi habile Bonaparte lui écrivit « Vos talens nous sont útiles ici; je vous prie de partir le plus tôt pos sible pour vous y rendre. L'air du Nil vous sera favorable. Les circonstances d'ailleurs ne rendent pas le passage assez sûr pour que j'expose un homme aussi utile. Vous serez content de voir de près cette grande ville du Kaire; vous trouverez à l'institut un logement passable et une société d'amis . »

Ces offres engageantes et aimables ne purent retenir Dubois, décidé, avait écrit Kléber, à né céder à aucune considération.

Il ne restait plus à Alexandrie que les ingénieursgéographes, occupés à lever le plan général de la rade, des deux ports, de l'enceinte förtifiée et dés dehors où il convenait d'occuper les hauteurs qui commandent la ville. Avant d'en partir, Bonaparte avait ordonné ce grand travail. Les opérations de sondes, de topographie et de nivellement furent faites simultanément; les positions respectives des principaux points, liées entre elles par une suite de triangles, furent rattachées à celle du pharé, déterminée par des observations.

Lettre du 13 fructidor,

astronomiques. On eut aussi le plan souterrain de la ville, au moyen duquel on connut l'emplacement des nombreuses citernes, leur état et leur capacité, celui des aqueducs, des grands réser voirs et des égouts.

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Le général en chef se résumant sur diverses questions que Kléber lui avait soumises, l'autorisa à lever l'embargo sur les bâtimens neutres et de commerce turcs, et à les laisser sortir malgré la présence de l'ennemi, pourvu qu'ils ne portassent point de vivres et spécialement du riz. Cette disposition ne s'étendait pas à la caravelle ni aux bâtimens de guerre turcs auxquels il fallait donner de belles paroles, et attendre des renseignemens ultérieurs pour prendre une décision. Quant aux réquisitions faites aux bâtimens neutres, les patrons n'avaient qu'à s'assembler et à envoyer des fondés de pouvoir et des états d'éva luation au Kaire où ils seraient payés. Les bâtimens neutres, faisant partie du convoi, ne pou vaient pas sortir jusqu'à nouvel ordre. Pour prendre un parti à leur égard, le général en chef attendait aussi un état de leur nombre et de ce qui leur était dû. Les esclaves Mamlouks devaient êtré regardés comme une marchandise ordinaire, sortir d'Alexandrie et se rendre au Kaire; avant d'en payer la valeur aux marchands, il fallait vérifier si les beys ne les avaient pas déjà payés. Les officiers de marine, rendus sur parole par les Anglais, pouvaient partir, puisqu'ils avaient juré de ne pas servir pendant cette guerre, excepté

quatre ou cinq qui pourraient être utiles sur le Nil'.

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En apprenant que Kléber avait distrait de leur destination les 100,000 francs envoyés à l'ordonnateur Leroy, Bonaparte fit éclater son mécontentement par une lettre qui donna lieu à des réponses encore plus vives, et qui faillit amener entre eux une rupture. Elle était ainsi conçue

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« Le citoyen Leroy me mande que toutes les dispositions que j'avais faites pour la marine sont annulées par le parti que vous avez pris d'affecter à d'autres services les 100,000 livres que je lui avais envoyées. Vous voudrez bien, après la réception du présent ordre, remettre les 100,000 livres à la marine, et ne point contrarier les dispositions que je fais et qui tiennent à des rapports que vous ne devez pas connaître, n'étant pas au

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L'administration d'Alexandrie a coûté le double du reste de l'armée. Les hôpitaux, quoique vous n'ayez que 3,000 hommes, coûtent, et ont coûté beaucoup plus que tous les hôpitaux de l'armée

Je ne crois pas, dans les différens ordres que je vous ai donnés, vous, avoir laissé maître de lever ou non la contribution à titre d'emprunt, sur les négocians d'Alexandrie: ainsi, si vous en avez suspendu l'exécution, je vous prie de vouloir bien prendre les mesures, sur-le-champ, pour la faire rentrer, quels que soient les inconvéniens

'Lettre du 13 fructidor.

qui doivent en résulter

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nous n'avons point,

pour te moment-ci, d'autre manière d'exister *. » Aces reproches, Kléber fit la réponse suivante, où l'on trouve réunis la vigueur du style et celle du caractère, oral and melan I «Je reçois, à l'instant, citoyen général, votre lettre du 15.

Je devais m'attendre à votre improbation relativement aux 100,000 livres affectées à la marine, et dont j'ai disposé, contre votre intention, pour faire face aux différens services de la place, quoique je me trouvasse alors dans un moment difficile qui pouvait peut-être me justifier; mais j'étais bien loin de penser mériter aucun reproche sur l'administration des fonds. S'il est vrai, citoyen général, qu'Alexandrie ait coûté le double du reste de l'armée, abstraction faite des réquisitions frappées ailleurs, et qui n'ont jamais eu lieu ici; abstraction faite de ce qui a sans cesse été payé au génie, à l'artillerie et à la marine, on a droit de conclure qu'il y a eu une dilapidation infame. L'ordonnateur en chef doit en conséquence faire juger rigoureusement le commissaire de la place, et lui retirer, en attendant sa justification, toute sa confiance; ma conduite même doit être examinée, et je vous en fais la demande formelle.

Vous avez oublié, citoyen général, lorsque vous avez écrit cette lettre, que vous teniez en main le burin de l'histoire, et que vous écriviez à Kléber. Je ne présume pourtant pas que vous

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Lettre du 15 fructidor.

ayez eu la moindre arrière-pensée, on ne vous croirait pas ...

J'attends, citoyen général, par le retour du courrier, l'ordre de cesser mes fonctions, nonseulement dans la place d'Alexandrie, mais encore dans l'armée, jusqu'à ce que vous soyez un peu mieux instruit de ce qui se passe et de ce qui s'est passé ici. Je ne suis point venu en Égypte pour faire fortune; j'ai su jusqu'ici la dédaigner partout; mais je ne laisserai jamais non plus pla ner sur moi aucun soupçon".">>

Les patrons des bâtimens neutres étaient fort gênés pour user de la permission qui leur avait été donnée de sortir du port d'Alexandrie. Les Anglais forcèrent à rentrer les premiers qui parurent en mer. Cette mésure était d'autant plus fâcheuse qu'il y avait dans la ville 2,000 pélerins venant de la Mekke, dont Kleber voulait se débarrasser, et qui prétendaient ne pouvoir s'en retourner par terre, sans courir le risque d'être pillés et assassinés par les Arabes 3!:

Bonaparte ne vit d'autre moyen d'évacuer ces pélerins que de les faire embarquer, et de forcer les bâtimens qui en seraient chargés à sortir, ce

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« On ne vous croirait pas ! dit Napoléon sur cette lettre au docteur Antommarchi, Voyez-vous la noble assurance, la fierté d'un brave! Non certes, on ne m'aurait pas cru, et j'aurais été désespéré qu'on le fit. Je me plaignais de défaut d'économie; je n'imputais pas de malversations; mais tel était Kleber, ardent, impétueux, d'impression facile. L'intrigue en profita. » Antommarchi, tome 1, page 171.

2 Lettre de Kléber à Bonaparte, du 21 fructidor.

3 Idem du 26.

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