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Desaix, dans un port du continent ou de la Sicile, n'avait rien à craindre des Anglais, il lui conseillait par prudence d'embarquer quatre pièces de 24, deux mortiers, deux grils à boulets rouges, 2 ou 300 coups par pièce, pour établir une bonne batterie '.

Revenant le lendemain sur la route de Desaix, Bonaparte préférait de le voir aller à Syracuse plutôt qu'à Trapani, parce qu'il côtoierait toujours l'Italie et profiterait du vent de terre. Si pendant sa navigation, les vents devenaient contraires, s'opposaient à son passage par le détroit de Messine, et lui permettaient de se rendre promptement à Trapani, Bonaparte n'y voyait aucun inconvénient; mais dans ce cas il fallait doubler le cap, et qu'il se mît dans une rade d'où il pût sortir avec le même vent qui était nécessaire à l'escadre pour se rendre des îles SaintPierre à Malte. Alors il serait encore plus nécessaire qu'il fit croiser un aviso entre la Sardaigne et le Cap-Blanc, afin d'avoir à temps des nouvelles des Anglais s'ils venaient à paraître. Dans tous les cas, dès que l'escadre aurait passé les iles SaintPierre, Bonaparte enverrait un aviso à Trapani pour avoir des nouvelles de Desaix. De son côté, il était à propos qu'il envoyât aussi dans la petite île de Pantelaria, où Bonaparte en ferait prendre'.

Enfin il écrivit à Najac (3 floréal). « Je pars demain dans la nuit, et je compte être le 8 à Toulon. >>

'Lettre du 30 germinal (19 avril). 2 Lettre du 1er. floréal (20).

Depuis le 15 ventôse, époque où l'expédition d'Égypte fut définitivement arrêtée, on ne parla plus dans les journaux que de ses préparatifs, il n'y fut plus que faiblement question de la descente en Angleterre Était-ce pour mieux tromper encore le cabinet de Londres, et lui faire croire qu'on ne paraissait avoir abandonné une attaque directe contre la Grande-Bretagne, que pour mieux en assurer le succès? amo

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Quoi qu'il en soit, le gouvernement anglais rassembla sous sa main la plus grande partie de ses forces, et laissa la Méditerranée pour ainsi dire ouverte aux flottes françaises qui s'y trouvaient en armement. Les uns en ont conclu que l'Angleterre avait pris le change, et n'avait pas soupçonné le but réel de l'expédition ; d'autres ont prétendu:/

que le cabinet anglais l'avait lui-même fait conseiller au Directoire et à Bonaparte, pour détourner l'orage qui menaçait la Grande-Bretagne, brouiller la Porte avec la France, et disséminer ses forces au moment où une nouvelle coalition se préparait contre elle. C'est aussi faire trop d'honneur au génie de Pitt, et trop rabaisser celui de Bonaparte. Il suffit de se rappeler sa correspondance de Passériano, avant la paix avec l'Autriche, pour être convaincu que l'expédition d'Égypte avait pris naissance ailleurs que, dans la tête du ministre anglais. Concluons donc que, dans toutes les hypothèses, le cabinet britannique agit très-sagement en prenant tous les moyens de

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Botta, Histoire d'Italie, tome III, page 165.
TOME I. - GUERRE D'Égypte.

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se préserver du danger le plus imminent pour son pays, plutôt que de s'y exposer en éparpillant ses forces pour être partout, et prévenir des périls éloignés.

Du reste, en France, des hommes du premier rang, dans le gouvernement et l'armée, et des généraux qui devaient être de l'expédition, furent long-temps sans en connaître la destination. Le ministre de la guerre, Scherer pria, dit-on, par un billet, le général Bonaparte de le mener au Directoire pour connaître enfin l'objet des immenses préparatifs qui se faisaient de toutes parts.

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Le général Moreau, trompé comme tout le monde par les apparences, écrivit à Bonaparte général en chef de l'armée d'Angleterre, 5 germinal (25 mars):

- Il est peu de Français qui depuis long-temps ne désirent une descente en Angleterre ; il en est peu qui ne soient persuadés de la réussite de cette expédition, depuis que vous vous êtes chargé de la commander.

Et il est du devoir de ceux qui aiment leur pays, à qui la guerre a donné quelque expérience, de vous faire part de tout ce qu'ils jugeront susceptible d'en assurer le succès; à ce titre, j'ai pensé devoir vous communiquer quelques réflexions sur cette entreprise périlleuse.

Et il terminait ainsi sa lettre :

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Je désire, citoyen général, que ces réflexions puissent vous être de quelque utilité. J'ai trop à coeur les succès de mon pays, pour ne pas me faire un devoir de vous communiquer tout ce que

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je croirai pouvoir contribuer à la réussite d'une expédition, qui, en assurant à la République uhe paix durable, mettra le comble à votre gloire particulière.»zol & eobrite 5 Shane oburial ob A D'après les journaux, la levée des marins dans la Méditerranée était en grande activité. Six vaisseaux de ligne étaient déjà armés à Toulon, et plus sieurs autres en armement.se veqsucfi hududg ---Berthier était arrivé à Gênes, avait demandé au gouvernement de mettre à sa disposition tous les bâtimens en état de service pour une expédi↳ tion importante et secrète. Soixante-dix vaisseaux lui avaient été aussitôt fournis et on travaillait à leur équipements foup nobilbao obasyg of sb sit Il se préparait une expédition à la fois savante et militaire, dont la destination était poufound autre partie du monde. Des hommes très-distink gués dans toutes les sciences et dans tous les arts. en faisaient partie; les combattans étaient au nom bre de 20,000. On parlait de l'Égypte où les Français iraient descendre disait-on, du consente ment du grand seigneur, Peut-être était-on destiné à voir renouveler une expédition plus bril lante que ne l'avait été celle d'Alexandre. Le fait était que l'on se perdait en conjecturesbet qu'on ne pouvait faire mieux, tant le gouvernement gardait bien son secret, al Animbued bollo up -En même temps les armemens se pressaient dans les ports de l'Océan. Il y avait déjà huit yaisseaux en rade à Brest, Le contre-amiral Nielly avait le commandement des forces navales1922 D'après les rapports qui lui avaient été adressés

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par le ministre de la marine pendant son voyage à Brest, et considérant que le défaut de concert entre les opérations de l'armée de terre et celles de l'armée navale, destinées à l'expédition contre l'Angleterre, apportait des obstacles à leur célérité, et pouvait en entraver les succès, le Directoire avait arrêté, 13 germinal (2 avril), que le général Bonaparte se rendrait à Brest dans le courant de la décade pour y prendre le commandement de l'armée d'Angleterre; qu'il était chargé, de la direction de toutes les forces de terre et de mer, destinées à l'expédition contre l'Angleterre.

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On publiait la liste des savans qui feraient partie de la grande expédition que l'on préparait, Les instrumens qui devaient leur servir étaient partis la veille de Paris. Ces savans allaient en Égypte, disait celui-ci ; ils allaient aux Indes, disait celuilà; un troisième ajoutait: ils vont percer l'isthme de Suez. 29 265hxdan.95 201 Bu odasi abla

Le général Bonaparte dévait partir sous peu pour Toulon, et son épouse devait l'y suivre..

On répandit à Milan que Bonaparte se rendait à Toulon et de là à Gênes, pour y faire exécuter sous ses yeux l'embarquement qui s'y préparait, Les uns disaient que cette division de l'armée navale devait agir contre le Portugal, les autres qu'elle devait se réunir à la grande armée de Brest. Des esprits, ou plus pénétrans ou plus; romanesques, pensaient qu'elle devait porter jusqu'à l'isthme de Suez 20 ou 30,000 hommes d'élite qui passeraient de là dans l'Inde pour en chasser les Anglais.

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