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La formation de la compagnie d'achat éprouva des difficultés à cause de la rareté du numéraire et de la stagnation des affaires. Les maisons françaises, et les négocians de Damas et d'Alep ne voulurent pas traiter de cette opération. La maison Pini, vénitienne, une des plus considérables du Kaire, fut la seule qui consentit à s'en charger.

On comptait, avec raison, sur un produit important. Outre les espèces, les matières d'or et d'argent, et des marchandises qu'on trouva dans les maisons des Mamlouks, elles renfermaient une grande quantité de meubles et d'effets dans le goût oriental. Cependant cette ressource fut moins considérable qu'on ne l'avait cru d'abord. L'impossibilité où l'on fut de loger les officiers et les employés chez l'habitant, comme cela se pratique en Europe, mit tout le monde dans la nécessité de se meubler. Le général en chef fit donc distribuer gratuitement aux officiers et aux administrateurs, qui, par leur rang dans l'armée, devaient avoir une représentation, les meubles dont ils manquaient. L'administrateur-général des finances fut autorisé aussi à en délivrer à d'autres à un prix au-dessous de leur valeur.

L'insuffisance des contributions extraordinaires et les ménagemens dus aux habitans qui les avaient payées mirent quelquefois dans la nécessité de recourir aux emprunts. Ils s'élevèrent en totalité, pendant toute la durée de l'occupation, à 4,286,859 fr., et il y en eut de remboursés en Égypte, pour une somme de 3,424,505 fr.

Différens actes du général en chef prouvent

combien sa situation financière était embarrassée, et combien il eut d'obstacles à surmonter pour subvenir aux dépenses de l'armée. Il écrivait à Poussielgue :

« Nous avons le plus grand besoin d'argent. Les femmes doivent six mille talaris ; les sagats, mille; les négocians de Damas, sept cents. Voyez à les faire payer dans les vingt-quatre heures. Vous me ferez demain un rapport sur nos ressources et nos moyens d'avoir de l'argent. Tâchez de nous avoir 2 ou 300,000 francs. Les deux bâtimens de café qui sont arrivés à Suez, doivent avoir payé quelques droits; faites-vous en remettre le montant. Je vous envoie un ordre pour que les cophtes versent demain 10,000 talaris, après - demain 10,000 autres; le 1". pluviôse, 10,000; le 3, 10,000 autres; le 5, 10,000 autres, en tout 50,000. Vous hypothéquerez pour le paiement dudit argent les blés qui sont dans la Haute-Égypte, et vous leur ferez connaître qu'il est indispensable que cela soit soldé, parce que j'en ai le plus grand besoin.

Vous me ferez demain un rapport sur la quan tité des villages et terres qui ont été affermés, et sur les conditions desdits affermages. Vous demanderez deux mois d'avance à tous les adjudicataires des différentes fermes. >>

Le général en chef convoqua un conseil de finances, composé des citoyens Monge, Caffarelli, Blanc, James, de l'ordonnateur en chef et de

• Lettre du 26 nivôse an vII (15 janvier 1799).

l'administrateur-général Poussielgue, pour s'occupér, 1°. du système et du tarif des monnaies et des changemens possibles les plus avantageux à y faire; 2°. des opérations que la position actuelle de l'Égypte permettrait de faire pour procurer de l'argent à l'armée, et accroître ses ressources; 3°. du plan raisonnable que l'on pourrait adopter, pour donner aux soldats de l'armée une récompense qu'ils avaient méritée à tant de titres, sans diminuer les revenus de la république '.

Cet aperçu de l'administration des finances suffit pour rendre sensibles les embarras que dut éprouver Bonaparte, et pour expliquer l'arriéré qu'il laissa dans les dépenses, à son départ de l'Égypte. Ses successeurs dans le commandement trouvèrent le pays conquis et soumis, les branches de revenus mieux connues, des recouvremens réguliers et assurés, et la plus grande partie des travaux extraordinaires exécutés. Débarrassés des difficultés et des dépenses d'un premier établissement, ils n'eurent plus qu'à jouir et à améliorer. C'est ce qu'on verra dans la suite quand on traitera de leur administration. On se convaincra que les ressources de l'Égypte, alors bien connues, suffisaient à toutes les dépenses qu'exigeait la conservation de cette conquête.

Nous ajouterons, pour réfuter d'avance tous les calculs imaginaires qui ont été faits sur les sommes perçues pendant toute l'occupation française, que pendant environ trois ans qu'elle dura,

› Arrêté du 16 frimaire (6 décembre).

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Le gouvernement des beys coûtait aux Égyptiens, suivant les uns, le double de cette somme, suivant l'opinion la plus modérée, 30 millions. Leur administration était arbitraire et vexatoire. On n'employait rien ou presque rien au bien du pays, tandis que les Français étaient animés du plus grand zèle pour améliorer le sort du peuple, et pour créer, avec ses contributions, des sources fécondes de prospérité publique.

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CHAPITRE VII.

Soumission des provinces de la Basse-Égypte. - Vial occupe Mansourah et Damiette. Fugières part de Menouf pour Mehalleh-Kebir. Combat de Remerieh.-Marche de Dugua sur Mansourah.-Fugières occupe Mehalleh-Kebir.-Zayonschek remplacé par Lanusse.-Situation de Reynier dans le Charqyeh.-Village d'Alqam brûlé.-Soulèvement des Arabes dans les provinces de Mansourah et de Damiette.-Combat de Choarah.-Mission d'Andréossy sur le lac Menzaleh.—Administration de Kléber dans les provinces d'Alexandrie et de Bahyreh.-Administration de Menou à Rosette.-Révolte du

Kaire.

On a vu qu'après son entrée au Kaire, Bonaparte avait envoyé dans les provinces de la BasseÉgypte des généraux et des agens administratifs. Les généraux devaient prendre possession du pays, vaincre les résistances, se fortifier et protéger l'administration.

Animés par un sentiment inhérent à tout peuple dont l'étranger veut faire la conquête, fanatisé par la différence de moeurs et de religion qui leur rendait odieux le joug des chrétiens, irrités par l'exigeance d'une armée qui, obligée de vivre dans le pays, surtout dans les premiers momens enlevait de force les contributions en argent et en nature, les habitans, au fond, d'un bon naturel, loin de recevoir à bras ouverts les Français, se soulevèrent sur beaucoup de points, pour les em

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