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ranée; et jusqu'à ce qu'on fût parvenu à rendre de la confiance aux Arabes et aux peuples de l'Afrique, il y eut peu d'importations par la MerRouge et par les caravanes de Nubie et de Maroc.

Nous avons fait connaître les droits multipliés et compliqués qui étaient établis sur l'industrie et les consommations. On afferma tous ceux que l'on découvrit, sans rien changer au mode de perception. On en abandonna plusieurs qui furent jugés trop vexatoires.

Bonaparte, voulant tirer un revenu des postes, ordonna que les individus de l'armée paieraient leurs ports de lettres, conformément à l'usage établi en France. On organisa d'abord les bureaux du Kaire, d'Alexandrie, de Rosette et de Damiette'; mais le produit de cette branche de revenu fut presque nul.

Quoique l'intention du général en chef fût de subvenir aux dépenses de l'armée par les revenus ordinaires, il fut cependant obligé, avant que les recouvremens ne fussent assurés et pour satisfaire aux premiers besoins, de recourir aux contributions extraordinaires. Pendant tout son commandement, elles ne s'élevèrent qu'à 3,809,017 fr. Les Égyptiens furent d'autant plus étonnés de sa modération, que, selon eux, la victoire donne le droit de disposer de la vie des peuples conquis, et, à plus forte raison, de leurs biens.

Le général en chef, informé que les femmes des beys et des Mamlouks, errantes aux environs du

Lettre de Bonaparte, du 15 thermidor (2 août).

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Kaire, devenaient la proie des Arabes, et mu par la compassion, premier sentiment qui doit animer l'homme, autorisa toutes ces femmes à rentrer en ville dans les maisons qui étaient leur propriété, et leur promit sûreté. Il leur enjoignit de se faire connaître et de déclarer leur demeure à Magallon, dans les vingt-quatre heures de leur arrivée 1.

Le chef de l'état-major général, sur leurs demandes, leur délivra des sauve-gardes. Elles furent remises au payeur-général, qui les faisait donner à ces femmes à mesure qu'elles versaient, dans la caisse de l'armée, les sommes au paiement desquelles elles avaient été assujéties. Cette mesure avait pour objet de leur enlever de l'argent qu'elles envoyaient à leurs maris, et d'en faire une ressource de plus.

La femme de Mourad-Bey fut taxée à 600,000 fr., dont 100,000 payables dans les vingt-quatre heures et 50,000 fr. par jour jusqu'à parfait paiement; à défaut de quoi, tous les esclaves et biens appartenant aux femmes des Mamlouks de la maison de Mourad-Bey étaient regardés comme propriétés nationales; on laissait, seulement à sa femme, les meubles de l'appartement qu'elle occupait et six esclaves pour la servir 2.

Les chevaux, les chameaux et les armes trouvés dans leurs maisons furent saisis comme objets de guerre3.

'Arrêté du 9 thermidor ( 27 juillet ).

2 Idem du 14.

3 Lettre de Bonaparte au général Dupuis, du 28 thermidor (15 août).

Le général en chef autorisa la commission de commerce à conclure définitivement et à signer des arrangemens avec les femmes des autres beys et Mamlouks, pour le rachat de leurs effets, et à délivrer des sauf-conduits à celles qui consentiraient à un accommodement'.

La femme de Mourad-Bey n'ayant pas acquitté la contribution qui lui avait été imposée, le général en chef ordonna qu'elle paierait 20,000 talaris (160,000 francs), à compte de sa contribution du 20 thermidor, à défaut de quoi, un vingtième par jour en sus, jusqu'à ce que les 20,000 talaris fus

sent entièrement versés".

Les besoins de l'armée étaient urgens. Les femmes des beys ne payaient que lorsqu'elles y étaient contraintes. Le général en chef écrivait à Poussielgue, de presser les recouvremens des diverses contributions extraordinaires, d'envoyer des garnisaires et de menacer la femme de Mourad-Bey de surtaxe, si elle ne s'acquittait pas 3.

La femme d'Osman-Bey continuait d'avoir des intelligences avec le camp de Mourad-Bey, et lui faisait passer de l'argent; le général en chef ordonna qu'elle resterait en prison jusqu'à ce qu'elle eût versé, dans la caisse du payeur de l'armée, 10,000 talaris 4.

Ces contributions ne furent point perçues en totalité, car celle de la femme de Mourad-Bey s'éle

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'Lettre du 25 thermidor (12 août ).

Arrêté du 18 fructidor (4 septembre).

3 Lettre du 4 vendémiaire an VII (25 septembre).

4 Lettre de Bonaparte au général Dupuis, ibib.

vait seule à 600,000 francs, et le trésor de l'armée nereçut de toutes les femmes des beys que 480,642 francs. Bonaparte leur accorda de fortes réductions; il fit plus, il ordonna que la femme de Mourad-Bey conserverait la partie de ses biens qui lui venaient d'Ali-Bey, son premier mari. « Je veux par-là, dit-il, donner une marque d'estime pour la mémoire de ce grand homme '. »

Cette femme, appelée Selti-Nefsi, était âgée de cinquante ans, avait la beauté et la grâce que cet âge comporte, et passait pour être d'un mérite distingué. Bonaparte l'envoya complimenter par Eugène Beauharnais, son beau-fils. Elle le reçut par exception dans son harem, lui fit servir des rafraîchissemens avec un appareil somptueux, et lui donna une bague de la valeur de 1,000 louis.

Cependant on lit dans des pamphlets décorés du titre d'histoire, que, pour s'approprier les immenses trésors des beys et des Mamlouks, Bonaparte fit torturer leurs femmes! A sa place, des beys ou des pachas auraient pris l'argent et fait couper les têtes.

Les Mamlouks avaient des possessions trèsconsidérables. Elles consistaient, dans les villes, en maisons, okels, jardins, etc. Dans les campails étaient moultezim de la plus grande partie des villages.

gnes,

Le général en chef avait, par son arrêté du 15 messidor, ordonné de confisquer leurs propriétés mobilières et immobilières, et de les met

'Lettre de Bonaparte à Poussielgue, du 11 pluviôse ( 30 janvier 1799).

tre sous le scellé et le séquestre. L'administration française s'emparait de ces propriétés à mesure qu'elle les découvrait. L'intendant-général avait mis ses cophtes en campagne pour les indiquer, ainsi que les cachettes des effets mobiliers. Une visite fut ordonnée partout à la fois, afin qu'on n'eût pas le temps de les soustraire. On promit aux cophtes le vingtième de ce qu'ils feraient découvrir. Mais ils trouvaient mieux leur compte à s'arranger avec les dépositaires ou recéleurs. Ils ne mirent pas beaucoup d'empressement à rendre à cet égard les services qu'on attendait de leurs connaissances locales. Bonaparte leur en témoigna du mécontentement et leur écrivit :

<< Lorsque tous les jours les principaux cheyks me découvrent les trésors des Mamlouks, comment ceux qui étaient leurs principaux agens ne me font-ils rien découvrir? »

Il existait dans les magasins généraux de l'or ou argent monnoyé, des objets d'or ou d'argent, des lingots, des schals de valeur, des tapis brodés en or, etc. Le général en chef ordonna diverses mesures pour la conservation, l'emploi, la vente et la comptabilité de tous ces objets. Il affecta aux hôpitaux, aux transports, à l'habillement tous ce qui était propre à ces services.

Il créa une compagnie de commerce, à laquelle seraient vendus tous les effets qui se trouvaient en magasin, et qui ne seraient pas essentiels au service de l'armée 2.

Lettre du 7 frimaire an vII( 27 novembre).

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