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seillais, le Chant du départ, et d'autres airs patriotiques. Toutes les troupes défilèrent ensuite dans le plus grand ordre, devant le général en chef, qui se retira au quartier-général, accompagné comme il l'avait été en se rendant sur la place. Tout l'état-major, tous les généraux, tous les chefs de corps, les employés des administrations, les Arabes, les savans, le kiaya du pacha, l'émir, les membres du divan, les agas et commandans turcs, avaient été invités à dîner par le général en

chef.

Une table, de cent-cinquante couverts, somptueusement servie, était dressée dans la salle basse de la maison qu'il occupait. Les couleurs françaises étaient unies aux couleurs turques; le bonnet de la liberté et le croissant, la table des Droits de l'homme et le Koran se trouvaient sur la même li

gne. La gaîté française était modérée par la gravité turque. On laissa aux Musulmans la liberté des mets, des boissons, et ils parurent très-satisfaits des égards que l'on eut pour eux.

Au dessert plusieurs toasts furent portés; voici les principaux :

Le général en chef: A l'an 300 de la République Française !

Un de ses aides-de-camp: Au Corps-Législatif et au Directoire-Exécutif!

Le citoyen Monge, président de l'Institut d'Égypte : Au perfectionnement de l'esprit humain ; aux progrès des lumières!

Le général Berthier: A l'expulsion des Mamlouks; au bonheur du peuple d'Égypte !

Chacun de ces toasts fut accueilli par les applaudissemens de tous les convives, et chaque fois la musique exécutait des airs analogues. Des couplets patriotiques, chantés par des militaires, terminèrent gaîment ce banquet civique.

A quatre heures, les courses commencèrent. Le premier prix de celle à pied fut gagné par le caporal Pathon, du 1". bataillon de la 75. demi-brigade: le second, par Mariton, aussi caporal dans le 3o. bataillon de la même demi-brigade.

Les courses de chevaux étaient attendues avec une grande impatience par tous les spectateurs. Chacun désirait voir les chevaux français disputer le prix avec les chevaux arabes. La réputation de ces derniers était grande, mais ce jour devait la voir détruire. L'espace à parcourir était de 1,350 toises. Au signal donné, six chevaux, dont cinq arabes, s'élancèrent dans la carrière; le cheval français eut constamment l'avantage sur les autres. Il arriva le premier au but sans être fatigué, tandis les autres étaient hors d'haleine. En conque séquence le premier prix fut donné au citoyen Sucy, commissaire-ordonnateur en chef, propriétaire du cheval, qui avait parcouru en quatre minutes l'espace déterminé; le second prix au général Berthier, propriétaire d'un cheval arabe, arrivé le second au but, ayant mis pour parcourir l'espace quatre minutes dix secondes; le troisième, au citoyen Junot, aide-de-camp du général en chef, propriétaire d'un cheval arabe arrivé le troisième au but, ayant employé pour parcourir l'espace, quatre minutes quinze secondes.

Les vainqueurs des courses furent promenés en triomphe autour du cirque'.

La fête fut célébrée de la même manière dans les provinces et avec toute la solennité que comportaient les localités.

Quelques jours après, il y eut au Kaire plusieurs réunions de Français pour fêter l'anniversaire du 13 vendémiaire an 4, de cette journée qui mit Bonaparte en évidence. On y porta ce toast en son honneur: « dans l'espace de trois ans il a laissé bien loin, derrière lui, les hommes de tous les pays et de tous les siècles. Puisse-t-il vivre assez pour être témoin de l'admiration de l'Europe libre et de l'Afrique civilisée!» Bénaben lut une ode de sa composition où l'on remarquait cette strophe :

Héros, enfant de la Victoire,

le ravage :

Dont le bras sauva mon pays,
Ta vie appartient à l'histoire;
Elle en est le juge et le prix.
Du temps ne crains point
Le temps efface-t-il l'image
Des Camille et des Scipion ?
Digne héritier de leur vaillance,
Tu sus, en illustrant la France,
Réunir en toi ces deux noms.

Revenons à l'administration intérieure de l'Égypte.

Le traitement des membres des divans et des agas fut fixé par le général en chef à 1,200 fr. par an pour chacun; la solde des janissaires à huit médin par jour, et une ration de pain. Cette de

1 Voyez le Courrier d'Égypte, du 6 vendémiaire an VII.

pense était imputée sur la portion des impositions territoriales qui était affectée aux kachefs '.

Ce n'était pas assez d'avoir donné aux provinces une administration particulière, il fallait encore connaître exactement les besoins et les ressour

ces de l'Égypte, et pour cela y introduire une sorte de représentation nationale; tel fut l'objet d'un arrêté du 20 fructidor (6 septembre), par lequel le général en chef convoquait au Kaire, pour le 20 vendémiaire suivant, une assemblée générale des notables. Chaque province devait envoyer une députation composée de trois hommes de loi, trois négocians, trois fellâhs, cheyks-elbeled, et chefs d'Arabes. La députation des provinces de Charqyeh et de Menoufiyeh était double, et celle du Kaire triple. Il était recommandé aux généraux commandant dans les provinces, de choisir les députés parmi les gens qui avaient le plus d'influence sur le peuple et les plus distingués du pays par leurs lumières, leurs talens, et la manière dont ils avaient accueilli les Français, et de ne nommer aucun de ceux qui se seraient ouvertement prononcés contre eux.

D'après l'ordre du général, les députés de toutes les provinces se réunirent au Kaire, sous le titre de divan général, et tinrent leur première séance le 16 vendémiaire (7 octobre). La beauté du costume musulman, la gravité des personnages, leur nombreuse suite, contribuèrent à donner une grande majesté à cette réunion.

'Ordre du jour du 29 fructidor.

Le cheyk Abdallah-El-Charkaouï, en fut nommé président. Monge et Berthollet remplirent auprès de cette assemblée les fonctions de commissaires. On y délibéra avec calme, d'après leur initiative, sur l'établissement et la répartition des impôts sur l'organisation définitive des divans, sur les lois pénales, celles relatives aux successions, et sur divers objets de police générale et d'adminis

tration.

FINANCES DE L'ÉGYPTE.

La guerre devait s'alimenter elle-même et pourvoir, autant que possible, à ses dépenses. De tout temps le vainqueur fit payer par les peuples les querelles des gouvernemens. C'était le système que Bonaparte avait suivi en Italie, trop prévoyant pour faire dépendre le succès de ses opérations de l'exactitude et de la bonne volonté d'un gouvernement qui n'avait point encore de fixité dans ses finances.

En Égypte, la nécessité commandait impérieusement au général en chef de suivre le même systême. Il y était arrivé sans trésor; l'éloignement de la France et l'instabilité des communications ne permettaient pas d'en espérer des fonds. L'expédition avait été faite aux risques et périls de l'armée, le Directoire et le général en chef ne doutant pas, d'après la renommée, que la richesse de l'Égypte ne fût en état de pourvoir largement aux frais de la conquête. Du moins il était notoire que ce pays entretenait par des impôts l'état dispen

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