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ment, à la fête du 14 juillet; mais il ne se pressait pas d'acheter des biens nationaux. Cette ressource, qu'avait indiquée le général en chef, paraissait donc devoir être encore nulle pour longtemps.

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Vaubois, qui se flattait d'être généralement aimé dans l'île, voyait avec douleur que les militaires, pour lesquels il faisait tout ce qui était en son pouvoir, en usaient mal avec lui. Il assurait que, si la solde manquait pendant une seule décade, le soldat se porterait à des excès.

<< Tout va assez d'accord ici, écrivait ce général à Bonaparte. Nous sommes cependant un peu en contradiction avec Regnault sur un seul point. Je crois qu'il a tort, car il est seul de son avis; et s'il persiste, c'est affaire d'amour-propre. L'objet est de grande conséquence, car il est question de l'administration de l'université. Il voudrait mettre à la tête, un homme contre lequel il y a beaucoup à dire. Tous les capitalistes en meurent de peur. Une administration qui assure la subsistance de l'île et des troupes, qui tient dans ses mains la fortune de tant de particuliers, qui est en déficit, mais dont il est facile de remonter le crédit, et qui éprouvera des secousses extrêmement dangereuses, si la confiance est alarmée, tout cela est du plus grand intérêt. Mais nous ne nous brouillerons pas, j'espère, et tout ira bien '. >>

La commission, chargée d'organiser le gouvernement, poursuivait ses travaux. Le peuple mal

*Lettre du 27 messidor.

tais, quoique plongé dans la superstition et l'ignorance, montrait les plus heureuses dispositions pour se plier aux institutions nouvelles. Les habitans de la ville les goûtaient d'autant plus, qu'ayant plus de lumières, ils étaient plus exposés aux vexations des ci-devant chevaliers qu'ils avaient vu partir, en général, avec une extrême joie. Bosredon Ransijat remerciait le général en chef d'avoir laissé à Malte, un homme conciliant, brave et loyal, tel que le général Vaubois '.

Il ne venait rien de Sicile. Naples était ouvertement déclaré pour les Anglais, et, de concert avec eux, voulait affamer Malte. On y manquait de charbon et de bois, le vin devenait rare; on avait besoin de chemises et d'argent, la solde était arriérée. On répandait des écrits pour soulever la garnison contre le général; cependant elle restait tranquille. Vaubois craignait que les réformes trop brusques, produites dans l'île, par le changement de gouvernement, ne causassent des mouvemens. « J'avoue, écrivait-il à Bonaparte, que la chaleur de Regnault m'ôte le temps de réflé– chir 2. »

Les douze municipalités étaient en pleine activité, les juges de paix en exercice, et leur ministère rendait plus de services que celui des prêtres; les tribunaux civils et criminels installés. La garde civique faisait son service. Les couvens

'Lettre de Bosredor-Ransijat à Bonaparte, du 29 messidor. 'Lettre du 11 messidor.

étaient réduits à un de chaque ordre; les juridictions abusives de l'évêque et de l'inquisiteur abolies. « Un journal allait paraître, ajoutait à tous ces détails, Bosredon Ransijat, pour remplir le double but de célébrer dignement vos ultérieures et glorieuses entreprises, et d'éclairer le peuple maltais sur les avantages de sa réunion à la France '. »

Mais ces lettres étaient sans doute interceptées par les croisières anglaises, car Bonaparte, en écrivant, le 4 fructidor (21 août), au général Vaubois de fournir au contre-amiral Villeneuve les moyens de se ravitailler, lui mandait n'avoir pas reçu de lettres de lui.

A Malte, on était aussi sans nouvelles directes de l'Égypte. On y avait du pain et des armes; tout le reste allait bientôt manquer. Tous les bâtimens expédiés pour la côte de la République romaine, avaient été pris ou forcés de relâcher. Personne ne voulait plus partir. On ne trouvait pas à assurer même à vingt pour cent. On ne pouvait rien obtenir de la Sicile; une rupture avec Naples était imminente. On avait reçu quelques provisions de la Barbarie; malgré cela on était gêné pour le présent, et inquiet sur l'avenir.

<< Si vous étiez en Italie, écrivait Regnault à Bonaparte, votre pensée aurait rapidement jeté un pont sur le détroit de Messine, et sur le canal qui nous sépare de la Sicile; mais vous n'êtes pas

'Lettre à Bonaparte, du 13 thermidor.

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là pour pacifier ou vaincre, pour donner des ressources ou apprendre à s'en passer. Du moins général, écrivez-nous; mes lettres de Paris annoncent le maintien du système établi à notre départ, et, au premier Moniteur que vous avez lu, vous avez dû voir qu'il n'est pas changé, malgré la querelle sur le toast, au 22 floréal '. On publie hautement la paix de Rastadt; moi, je n'y crois pas encore, et mes dernières lettres de Paris la présagent sans la garantir. On a publié, en dernier lieu, la mort de Pitt. Si cela est vrai, il aura fait comme Mirabeau, qui s'en est allé au bon moment 2. >>

Bonaparte répondit à Regnault :

« C'est avec un véritable plaisir que j'apprends la bonne conduite que vous tenez à Malte, et les services que vous rendez à la République, en lui organisant ce poste important.

Les affaires, ici, vont parfaitement bien; tous les jours notre établissement se consolide; la richesse de ce pays en blé, riz, légumes, coton, sucre, indigo, est égale à la barbarie du peuple qui l'habite. Mais il s'opère déjà un changement dans ses moeurs, et deux ou trois ans ne seront pas passés, que tout aura pris une face bien diffé

rente.

Vous avez sans doute reçu les différentes lettres

'Au banquet que se donnèrent, au jardin de Biron, 600 représentans, et où la loi du 22 floréal sur les élections était devenue une occasion de discorde et de scandale.

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que je vous ai écrites, et les relations des différens événemens militaires qui se sont passés. Ne négligez rien pour faire passer en France, par des spronades, toutes les nouvelles que vous avez de nous, ne fut-ce même que les rapports des neutres, pour détruire les mille et un faux bruits que les curieux d'une grande ville accueillent avec tant d'imbécillité '. »

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