Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

écrasé la fortune des pauvres sujets, et occasioné la ruine des tyrans, et l'extrême misère des cultivateurs. >>

[ocr errors]

Pour la levée des impôts, tel était le système du divan: envoyer dans chaque village un officier musulman des anciennes milices, en qualité de de lieutenant, ou bien un commissaire temporaire qui serait accompagné d'un écrivain cophteou d'un exacteur nommé par l'intendant-général du Kaire. Ces préposés lèveraient les impositions dans le temps propre et fixé par les anciens usages, sans employer des moyens tyranniques. Les villages qui paieraient ce qu'ils devaient seraient protégés; quant à ceux qui s'y refuseraient, le lieutenant en donnerait avis au conseiller et à l'intendant qui seraient auprès du commandant de la province, et ceux-ci demanderaient au commandant les troupes nécessaires pour faire rentrer dans le devoir le village rebelle. Lorsque les Arabes et les voleurs de grands chemins infesteraient les routes dans une partie de la province, le lieutenant musulman le ferait-incontinent savoir au commandant et au conseiller de gouvernement, qui enverraient les troupes nécessaires pour faire cesser le désordre, et, s'il le fallait, le comman dant se mettrait lui-même à la tête de la force pour punir les malfaiteurs selon leurs crimes; ce qui procurerait la prospérité du pays, la tranquillité des habitans, et la facilité de la perception des impôts.

[ocr errors]
[ocr errors]

Pour la police des Arabes le divan jugeait convenable que les commandans des provinces

envoyassent des lettres de sauf-conduit à ceux de les leurs gouvernemens respectifs pour engager se présenter et à se fixer dans leur domicile ordinaire; qu'on exigeât d'eux des otages pour assurer leur obéissance; que ceux qui ne se rendraient pas à cette invitation, seraient déclarés rébelles, et le commandant et le conseiller du gouverneque ment prendraient des mesures pour les faire repentir de leur rébellion, en employant tous les les anciens usages. moyens autorisés par les anciens

-Bonaparte organisa l'administration des provinces, conformément à plusieurs des vues exprimées par le divan, et arrêta qu'il y aurait dans chaque province, 1o. un divan composé de sept personnes chargées de veiller aux intérêts de la province, de faire part au général en chef de toutes les plaintes qu'il pourrait y avoir; d'empêcher les guerres que se faisaient les villages, entre eux, de surveiller les mauvais sujets, de les châtier, en demandant main-forte au commandant français, et d'éclairer le peuple toutes les fois que cela serait nécessaire; 2o. un aga des janissaires, qui se tiendrait toujours avec le commandant français; que cet aga aurait avec lui une compagnie de Go hommes du pays, armés, avec lesquels il se porterait partout où il serait nécessaire, pour maintenir le bon ordre, et faire rester chacun dans l'obéissance et la tranquillité; 3. un intendant, chargé de la perception du miry et du feddam, et de tous les revenus qui appartenaient ci-devant aux Mamlouks, devenus propriétés de la République ; 4°. qu'il y aurait près de cet intendant un

agent français, tant pour correspondre avec l'admistration des finances que pour faire exécuter tous les ordres qu'il pourrait recevoir, et se trou¬ ver toujours au fait de l'administration'; que tous les propriétaires de l'Égypte seraient confirmés dans leurs propriétés; que les fondations pieuses affectées aux mosquées, et spécialement à celles de Médine et de la Mekke, seraient confirmées; que toutes les transactions civiles continueraient à avoir lieu, et que la justice civile serait administrée comme par le passé". »

Bonaparte fit ses dispositions pour soumettre et occuper les provinces. Il avait laissé Kléber à Alexandrie, Menou à Rosette, et nommé Dumuy, commandant dans le Bahyreh, à Damanhour. Il envoya Zayonschek dans le Menoufieh, Murat dans le Qélioubeh, Vial dans les provinces de Mansourah et de Damiette, Fugières dans celles de Garbyeh, et Belliard à Gizeh.

Ils avaient pour instruction générale d'organiser les divans et les compagnies de janissaires, de désarmer les habitans, de requérir des chevaux pour monter la cavalerie, d'établir de petits hôpitaux, et de bâtir des fours pour la troupe; d'activer le travail des commissions pour l'inventaire des biens appartenant aux Mamluks, de faire connaître les ressources pécuniaires qu'offraient les provinces, d'y répandre des proclamations, de faire lever par des officiers du génie

Arrêté du 9 thermidor ( 27 juillet). • Arrêté du 13 (31 ).

GUERRE D'ÉGYPTE.

TOME I.

14

ou de l'état-major des croquis de la situation des villages, de recueillir des renseignemens sur la population et le produit des impôts '.

Bonaparte leur écrivait :

«Les Turcs ne peuvent être conduits que par la plus grande sévérité; tous les jours je fais couper cinq ou six têtes dans les rues du Kaire. Nous avons dû les ménager jusqu'à présent pour détruire cette réputation de terreur qui nous précédait aujourd'hui, au contraire, il faut prendre le ton qui convient pour que ces peuples obéissent; et pour eux, obéir c'est craindre '.

Il recommandait à Vial, aussitôt son arrivée à Damiette, d'en prévenir le citoyen Blanc, directeur général de la santé à Alexandrie, d'établir de suite un lazaret dans la première de ces villes; de ne laisser rien sortir du port; il lui ordonnait de lever à Damiette une contribution extraordinaire de 150,000 fr.; de percevoir les douanes et les impositions directes et indirectes comme à l'ordinaire; de faire réparer les forts situés à l'embouchure du Nil, de manière à les mettre à l'abri d'un coup de main; de se faire instruire et de l'avertir de tout ce qui se passerait à Acre et en Syrie; de se mettre en correspondance avec une frégate française qui croisait aux embouchures du Nil, ainsi qu'avec les bombardes, afin de s'en servir, et de les faire avancer jusqu'au Kaire, mesure que le Nil s'accroîtrait 3.

à

2

Lettre de Bonaparte à Zayonschek, du 12 thermidor (30 juillet). Lettres des 12 et 13 thermidor à Zayonschek et Menou. 3 Lettre du 8 thermidor.

[ocr errors]

Dans la capitale de l'Égypte, l'armée se trouva de suite très-riche en denrées, mais très-pauvre en numéraire. En échange de quelque argent, qu'avaient fourni des négocians d'Alexandrie, Boparte avait donné des lingots; il chargea Kléber de convoquer ces négocians et de leur proposer de rendre contre des denrées ces lingots avec lesquels on battrait monnaie au Kaire,

L'armée avait grand besoin de ses bagages; Bonaparte envoya à Rosette l'adjudant-général Almeyras avec un bataillon de la 85°. et une grande quantité de vivres pour l'escadre, et le chargea d'embarquer à son retour tous les effets de l'armée et de les escorter jusqu'au Kaire. Il ordonna à Kléber de les faire transporter à Rosette, entre autres les vins, eaux-de-vie, tentes, souliers, etc., et l'imprimerie arabe et française. « J'attends, lui écrivait-il, des nouvelles de votre santé; je désire qu'elle se rétablisse promptement et que vous veniez bientôt nous rejoindre. Nous avons essuyé plus de fatigues que beaucoup de gens n'avaient le courage de le supposer; mais dans çe moment nous nous reposons au Kaire, qui ne laisse pas de nous offrir beaucoup de ressources'.» En attendant que les hauteurs d'Alexandrie fussent retranchées, Kléber arrêta un système provisoire de défense. Les troupes continuèrent à bivouaquer sur la place; on leur distribua des nattes et tout ce qui pouvait les garantir de l'hu

'Lettre du 9 thermidor.

« ZurückWeiter »