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égales, détruirait toute l'armée en la prenant en détail, si l'amiral avait la maladresse de l'attendre au mouillage.

Dans ce premier moment il ne voyait donc pas d'autre endroit pour l'escadre, que le mouillage d'Abouqyr; qui assurait au moins un abri contre les vents d'été, dont le fond était très-bon, et où il pourrait, à ce qu'il pensait, prendre une position militaire qui le mettrait à même de résister à l'attaque de l'ennemi. Alors il enverrait à Alexan→ drie, soit par le moyen des djermes ou des avisos, l'artillerie et les autres objets qu'il avait à bord des vaisseaux.

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«Je suis extrêmement contrarié par ce défaut de mouillage, écrivit Brueys à Bonaparte en lui transmettant tous ces détails, et mon chagrin serait au comble, si cela devait être une raison pour me séparer de vous, n'ayant d'autre désir que dé suivre votre sort en quelque qualité que ce soit. Je vous prie d'être assuré que je serai toujours bien placé, pourvu que je sois placé auprès de vous; personne, j'ose vous l'assurer, ne vous étant plus sincèrement attaché. Ce sentiment est dû à l'homme qui a rendu d'aussi grands services à la France, et vous y avez ajouté, par vos bontés, celui de la reconnaissance ova meble, ven '. Dans la circonstance, où se trouvait l'armée, il était indispensable de prendre des dispositions telles que l'escadre pût manoeuvrer, selon les

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Lettre à bord de l'Orient, du 14 messidór ( 2 juillet).

événemens, et se trouver à l'abri des forces supérieures que les Anglais pourraient avoir dans ces mers. Par cette considération, le général en chef ordonna que l'amiral Brueys ferait entrer dans la journée du 16, son escadre dans le PortVieux d'Alexandrie, si le temps le permettait, et s'il y avait le fond nécessaire;

Que dans le cas contraire, il prendrait des mesures telles que, dans la journée du 16, il eût débarqué l'artillerie et autres effets de terre, ainsi que tous les individus qui composaient l'armée de terre, en gardant seulement cent hommes par vaisseau de guerre, et quarante par frégate, et en ayant soin qu'il ne s'y trouvât ni grenadiers ni carabiniers;

Qu'il enverrait à terre Gantheaume, chef de l'état-major de l'escadre, pour présider lui-même à l'opération de la sonde du port, et dans le cas où il n'y aurait pas le fond nécessaire, pour accélérer le débarquement des individus et objets qui étaient à bord de l'escadre;

Que le Dubois et le Causse entreraient dans le port;

Que le chef de division Perrée, avec les deux galères, les bombardes, les différentes chaloupes canonnières et avisos, se rendrait dans le port d'Alexandrie, où le général en chef lui ferait passer des instructions pour seconder, avec ses forles opérations de l'armée de terre;

ces,

Que les citoyens Leroy et Vavasseur, avec les employés, officiers de la marine et tous les ou

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vriers que l'escadre pourrait fournir, se rendraient également à Alexandrie, pour y former un établissement maritime;

Que dans la journée du 16, l'amiral ferait connaître au général en chef, par un rapport, si l'escadre pouvait entrer dans le port d'Alexandrie, ou se défendre, embossée dans la rade d'Abouqyr, contre une escadre ennemie supérieure; que dans le cas où ni l'un ni l'autre ne pourraient s'exécuter, il devrait partir pour Corfou, l'artillerie débarquée, laissant à Alexandrie le Dubois, le Causse, tous les effets nécessaires pour les armer en guerre; la Diane, la Junon, l'Alceste, l'Arthémise, toute la flottille légère et toutes les frégates armées en flûtes, avec ce qui était nécessaire pour leur armement;

Que si l'ennemi paraissait avec des forces trèssupérieures, dans le cas où l'amiral ne pût entrer ni à Alexandrie ni à Abouqyr, la flotte se retirerait à Corfou ',

Dès que Brueys eût reçu cet arrêté, il donna l'ordre au capitaine de frégate, Barré, qui déjà était occupé à faire des sondes à l'entrée du PortVieux, de rester au mouillage pour continuer ses opérations, l'invitant, dès qu'il aurait trouvé un passage propre à assurer l'entrée des vaisseaux à en rendre compte au général en chef, et à expédier un aviso à Abouqyr, où l'armée allait prendre position. L'amiral donna l'assurance à ce capitaine, que des récompenses lui seraient ac

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cordées pour le zèle et les soins qu'il mettrait dans ce travail important.

Un ordre semblable fut expédié au lieutenant de vaisseau Vidal, pour seconder le capitaine Barré '.

Ces deux officiers étaient les seuls qui eussent donné l'espérance que les vaisseaux de guerre pourraient entrer dans le port; tous les officiers expérimentés étaient d'avis qu'on ne pouvait entreprendre cette manoeuvre, sans courir les plus grands dangers. Le contre-amiral Villeneuve et le chef de division Casabianca regardaient la chose comme impraticable, ou du moins bien dangereuse. En attendant que la question fût décidée, l'amiral se mit en devoir de se rendre au mouillage d'Abouqyr. Il écrivit à Bonaparte, en l'informant de ces divers avis et des dispositions qu'il avait faites: « Croyez, général, que mon plus grand désir est de seconder vos opérations, et de trouver l'occasion de vous donner des preuves dé mon sincère attachement et de ma vive reconnaissance 2. >>

Du reste, l'escadre était mal approvisionnée en vivres; plusieurs vaisseaux n'avaient plus que pour quatorze jours de biscuit; ils avaient des farines, mais leurs fours ne pouvaient faire qu'une petite quantité de pain. Le bois à brûler commençait à devenir très-rare 3.

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Bonaparte écrivit au Directoire : « Le PortVieux d'Alexandrie peut contenir une escadre aussi nombreuse qu'elle soit; mais il y a un point de la passe où il n'y a que cinq brasses d'eau; ce qui fait penser aux marins qu'il n'est pas possible que les vaisseaux de soixante-quatorze y entrent. Cette circonstance contrarie singulièrement mes projets; les vaisseaux de construction vénitienne pourront y entrer, et déjà le Dubois et le Causse y sont. L'escadre sera aujourd'hui à Abouqyr, pour achever de débarquer notre artil

lerie 1. »

Bonaparte prit la précaution d'envoyer à Abouqyr des officiers du génie et de l'artillerie. Brueys l'en remercia et lui manda : « Je me concerterai avec eux, aussitôt après avoir mouillé; et, si nous sommes assez heureux pour trouver une position à terre qui puisse protéger les deux têtes de ma ligne, je me regarde comme inexpugnable, du moins pendant tout l'été et même l'automne. Je serai alors d'autant plus satisfait que je pourrai appareiller quand bon me semblera, pour combattre l'ennemi, et me porter partout où je pourrai vous être utile; au lieu que, quand même on trouverait le moyen de faire entrer l'escadre dans le port d'Alexandrie, je serais bloqué par un seul vaisseau ennemi, et je deviendrais spectateur oisif de votre gloire, sans pouvoir y prendre la moindrepart.

Il me semblerait alors que je ne suis venu à

'Lettre du 18 messidor ( 6 juillet ).

TOME I.

- GUERRE D'Égypte.

II

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