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restait plus dans ce pays qu'un petit nombre de chrétiens, divisés en plusieurs sectes, avilis et opprimés par les Égyptiens qui les méprisaient.

Il se trouvait parmi les musulmans trois races d'hommes, qui n'avaient entre elles ni les mêmes moeurs ni la même langue. Les Arabes, ou naturels du pays; les Ottomans, ou Osmanlis; et les Mamelucks, originaires de Circassie.

Les Arabes formaient la masse de la population; leur langue était la langue vulgaire. Ils reconnaissaient pour chefs les grands-cheyks descendans de ceux des Arabes qui avaient conquis l'Égypte commencement de l'hégire. C'étaient à la fois l'élite de la nation et les docteurs de la loi. Ils étaient propriétaires de villages et d'un grand nombre d'esclaves.

Les Arabes se divisaient en deux grandes classes bien distinctes; les cultivateurs et les Bédouins ou Arabes errans. Ceux-ci purement guerriers et pasteurs, habitaient le désert, escortaient les caravanes et s'occupaient spécialement de l'éducation des bestiaux, tels que chameaux, bêtes à laine et chevaux, qu'ils faisaient paître dans les oasis ou sur la lisière des terres cultivées.

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La classe qui s'adonnait à l'agriculture se composait des Arabes cultivateurs proprement dits et des Felláh. Les écrivains qui on traité cette partie les ont presque toujours confondus. Cependant les cultivateur's différaient des felláh par leur physionomie, leurs manières et leur caractère. Le sang arabe s'était tellement perpétué sans mélange dans leurs familles qu'on ne pouvait les

distinguer des Bédouins. Outre les traits de leur race, ils en avaient conservé l'esprit de dispute, de chicane et de rapacité. Ils n'avaient point ces vertus si vantées des Arabes, la franchise, la foi religieuse pour leur parole, le penchant à l'hospitalité. Ils étaient faux, et par-dessus tout voleurs, extrêmement adroits et audacieux. Ils arrêtaient les fellâh, pillaient les barques et dépouillaient les marchands et les voyageurs.

Ils avaient perfectionné l'agriculture et l'industrie agricole beaucoup plus que les fallâh; leurs terres étaient mieux entretenues, mieux arrosées, et leurs villages plus peuplés. C'est à eux qu'appartenaient presque exclusivement la culture et la fabrication du sucre dans la Moyenne-Égypte. Ils avaient des chevaux et des chameaux en grand nombre. Au premier signal de guerre, on voyait ces cultivateurs monter à cheval, s'armer de lances comme les Bédouins, et camper dans la plaine à côté de leurs maisons. Ils étaient presque toujours armés, et faisaient la loi dans les marchés et dans les villages. C'était surtout dans la HauteÉgypte, dans les provinces éloignées de la capitale, qu'existaient ces désordres; dans la BasseÉgypte, ils étaient moins puissans.

Les fellâh étaient les ilotes de l'Égypte. On ignore leur origine. Il est à croire qu'ils sortaient du mélange des diverses races qui avaient successivement dominé sur l'Égypte. Dans ce pays comme en France, comme dans toute l'Europe, pour ceux qui vivaient du bien d'autrui, sans peine ni travail, il n'était rien de plus vil que la

charrue. Aussi les Bédouins regardaient-ils ces paysans comme des être nés pour travailler à leur nourriture. Ils leur avaient donné le nom de felláh, c'est-à-dire homme de boue, et ne s'alliaient jamais avec eux.

Mais c'était surtout chez les Bédouins que se retrouvait le type primitif de la vieille nation arabe. Ils avaient conservé dans toute leur pureté la langue, les moeurs et le caractère des âges d'Abraham et de Jacob, dont les écrivains sacrés nous ont transmis l'histoire. Ils étaient divisés en tribus commandées par des cheyks qui combattaient à leur tête en temps de guerre. Ils campaient sous des tentes, dans l'intérieur du désert ou sur les limites des terres cultivées. Leurs camps ressemblaient à de grands villages; l'abondance y régnait presque toujours. Ces Arabes étaient sobres, endurcis à la fatigue, excellens cavaliers. Ils n'avaient point de prêtres, se dispensaient des pratiques de la religion, buvaient du vin quand il en avaient, et s'ils faisaient le pélerinage de la Mekke, c'était plutôt pour les bénéfices qu'ils en retiraient que dans un but religieux. Leur passion dominante était l'avidité de l'argent; l'aspect d'une pièce d'or les faisait sourire. Il n'y avait chez eux d'autres lois que des lois domestiques, inséparables de leurs moeurs patriarcales. Il régnait dans leur camp une grande liberté, et par une espèce de convention tacite, rarement elle dégénérait en licence. Chacun d'eux avait presque toujours en propriété deux chevaux, deux chameaux, quelques moutons, un fusil, une tente;

alors il était au comble de ses désirs. Outre les travaux du ménage, les femmes s'occupaient à filer la laine qu'elles vendaient ensuite dans les villages d'Égypte, où elle était mise en œuvre. Dans les voyages, elles se plaçaient avec leurs enfans sur des chameaux ou des dromadaires. Ces tribus changeaient fréquemment de canton, et osaient souvent faire paître leurs bestiaux dans les terres cultivées. Alors les cultivateurs montaient à cheval et leur donnaient la chasse.

On comptait en Égypte une soixantaine de tribus d'Arabes Bédouins, formant une population d'à

peu près cent vingt mille âmes, capable de fournir vingt mille cavaliers. Quelques-unes d'entre elles étaient presque toujours en paix avec le gouvernement, lui prêtaient des secours, et faisaient toutes les caravanes de Suez et de Syrie; tels étaient les Terrabins, les Houahytas, les Bilys, les Anadis, etc., qui habitaient les déserts autour de la Basse-Égypte.

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Tous les Arabes établis en Égypte, quelles que fussent leur condition et leur origine, cultivateurs ou errans, en paix ou en guerre entre eux et avec gouvernement, avaient un grand esprit national. Ils rêvaient le retour de la patrie arabe, se croyaient supérieurs aux naturels du pays et aux Ottomans, et nés pour commander sur les bords du Nil.

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Il y avait en Égypte environ deux cent mille Osmanlis ou Ottomans. Ils s'y étaient établis lors de la conquête de Sélim, dans le seizième siècle; c'étaient parmi eux que se formait le corps des

janissaires et spahis. Ils étaient constamment avilis et humiliés par les Mamlouks.

Les Mamlouks ou Circassiens, quoique la moins nombreuse des trois races établies en Égypte possédaient cependant les richesses et la force. Leur origine remonte à la conquête de l'Égypte par l'empereur Sélim. Il établit dans ce pays, comme dans le reste de l'empire turc, une milice de janissaires et de spahis, et un pacha qui représentait le grand - seigneur, avec l'autorité d'un vice-roi sur toute la province. Mais dans la crainte de voir échapper sa conquête, et relever l'empire árabe, si cette charge tombait entre les mains d'un homme entreprenant et ambitieux, ce sultan ne voulut point confier le gouvernement de l'Égypte à la seule autorité d'un pacha. Pour balancer son influence, il créa une milice de Mamlouks, commandée par 24 beys égaux en pouvoir, et le pacha, contenu par eux, ne pouvait travailler à s'affranchir.

Quoique attribué à Sélim, ce système d'administration et de gouvernement établi en Égypte, avait à peine été ébauché par lui; et il est réellement l'ouvrage de son fils Soliman 11.

Le pacha était le chef du gouvernement; son pouvoir était limité par le grand et le petit divan, qu'il convoquait et présidait. Il résidait au Kaire ; ses fonctions étaient annuelles, à moins qu'elles ne fussent prorogées par le grand-seigneur.

Le grand divan statuait sur les affaires géné rales du pays, le petit divan sur les affaires d'un moindre intérêt. Le kiaya, ou lieutenant du

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