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»larcin, nous avons fait peu de » cas de nos propres trésors; c'est ainsi que nos airs, comme un très-grand nombre de nos compatriotes, ont passé au service >> de l'étranger, parce qu'ils man»quaient de protection dans leur patrie. Nous sommes arrivés, »j'espère, à une époque plus heureuse pour notre état po»litique et notre musique; le rapport qui existe entre ccs » deux choses, en Irlande du >> moins, est évidemment prouvé par l'accent de tristesse et de douleur qui caractérise la plu>> part de nos anciennes chansons. Adapter des paroles à ces airs » n'est nullement une chose facile; le poète qui voudrait suivre les » divers sentimens qu'ils expriment »doit être susceptible d'une rapide fluctuation d'idées, et d'un bizarre mélange de mélancolie » sombre et de légèreté: c'est le >> fonds de notre caractère et la cou» leur de notre musique. » M. Moore a su vaincre heureusement ces difficultés. Les sites romantiques du comté de Wichlow, les ondes de l'Avon et de l'Ovoca, les superstitions de ce peuple, à la fois sensible, brave et passionné, reçoivent une nouvelle vie de la muse créatrice du barde de l'Irlande. Tour-à-tour gracieux et tendre comme Catulle et Parny, philosophe et inspiré par la gloire nationale comme notre Béranger, gai comme Horace et Anacréon, M. Moore cause de douces émotions, et s'élève quelquefois au sublime de l'ode; quelquefois aussi il se couronne du pampre de Bacchus. Dans le courant de l'année 1805, M. Moore s'était em

barqué pour les îles Bermudes, où il avait obtenu la place de secrétaire de l'amirauté, place importante, mais nullement conforme à ses goûts, et qu'il fit bientôt remplir par un suppléant. Après avoir satisfait sa curiosité, en parcourant les principales provinces de l'Amérique septentrionale, il était revenu en Angleterre au mois d'octobre 1804. Ses remarques et ses réflexions sur l'Amérique sont consignées dans un ouvrage publié. en 1806, sous le titre d'Odes et Epitres, et dont la préface, trèsintéressante, prouve les talens de l'écrivain comme prosateur. Quelques années après, M. Moore épousa miss Dyke, jeune et belle personne, d'un aimable caractère, avec laquelle il passe la plus grande partie de son temps à Bath, charmant ses loisirs par la culture de la poésie et de la musique; car non-senlement M. Moore est poète, mais il est encore excellent musicien. Il fit un voyage à Paris dans l'été de 1817, et son séjour en France lui donna l'idée d'une production originale et piquante, qu'il publia, à son retour en Angleterre, sous ce titre the Fudge Family in Paris (la Famille Fudge à Paris). M. Fudge est une espèce d'espion anglais, envoyé par lord Castlereagh, auquel il rend compte de ses observations sur la France, observations ridicules, mais trèsplaisantes en leur absurdité même. On attribue aussi à M. Moore l'Adresse de Tom Cibb au congrès. Ce Tom Cibb est un fameux boxeur de Londres, qui conseille aux souverains de vider leurs querel

les comme il vide les siennes. Mais le principal ouvrage de M. Moore est, sans contredit, Lalla Rookh. Ce poëme, qui suffirait seul pour faire passer son nom à la postérité comme celui d'un des premiers poètes de la Grande-Bretagne, fut acheté 3,000 guinées (75,000 fr.) par les libraires, et le débit fut si rapide, qu'ils firent encore une bonne spéculation il a été traduit en français. En 1818, M Moore fit une tournée en Irlande, son pays natal; partout il fut accueilli avec enthousiasme; un banquet splendide fut donné, à Dublin, eu son honneur; pendant le repas, plusieurs toasts lui furent adressés, et l'un des convives le proclama, dans une chanson, le premier poète du siècle. Lord Charlemont ayant porté ensuite ce toast: aux poètes vivans de la Grande-Bretagne, M. Moore, se levant, prononça un discours remarquable, dont nous allons citer un fragment, qui a rapport à deux autres célèbres poètes, ses compatriotes, ses contemporains et ses rivaux de gloire. Messieurs, malgré la » chanson pleine d'esprit que vous » venez d'entendre, et la place é»levée que l'auteur a bien voulu » m'assigner, je ne puis m'empêcher d'appeler ici votre attention » sur la constellation poétique que » forment les noms illustres aux» quels nous allons rendre hom» mage, et vous me permettrez de » m'arrêter un moment sur l'éclat que jette chacun de ces astres en » particulier... Puis-je vous nom»mer Byron, sans réveiller en vous » le souvenir de tout ce que ce grand » génie vous a fait éprouver, sans

T. XIV.

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» Vous rappeler son énergie, ses » mots brûlans, et cette imagina» tion qui, aimant à errer parmi les » ruines du cœur, semblable à ces » arbres qui croissent de préféren »>ce dans un terrain volcanique, » se complaît surtout dans les lieux » qu'a ravagés le feu dévorant des »passions?.... Ai je besoin de >> vanter un Walter Scott, poète »> magique et fécond, dont l'âme » joint la végétation rapide des é»tés du Nord à la richesse des >> moissons du Midi; ce poète » dont les belles créations se succèdent comme les fruits dans le >> jardin enchanté d'Armide, etc. »> En 1825, M. Moore a publié les Amours des Anges: deux traduc tions françaises de ce poëme ont aussitôt paru à Paris. Pendant que M. Moore le composait, lord Byron, qui se trouvait alors en Italie, traitait le même sujet sous ce titre le Ciel et la Terre, sujet qu'ils ont puisé tous deux dans le second verset du chapitre 6 de la Genèse: « Et les fils de Dieu virent » que les filles des hommes étaient >>belles, et ils prirent pour femmes » celles qui leur plurent. » Les deux poètes ont supposé que les fils de Dieu étaient les anges, opinion qui est aussi celle de quelques pères de l'église. A cela près, leurs poëmes sont aussi différens que leur génie. En 1822, M. Moore avait fait un second voyage à Paris, et il a été accueilli avec empressement dans les meilleures sociétés. Il s'exprime avec facilité en français, et plusieurs de nos hommes de lettres les plus distingués qui se sont rencontrés avec lui, ont apprécié par eux-mêmes son amabilité, sa modestie et sa con

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versation animée et spirituelle. MOORE (JOHN), médecin et littérateur écossais, naquit en 1730 à Stirling. Il perdit, dès l'âge de 5 ans, son père, ministre de l'église réformée, et dut aux leçons et aux soins des professeurs Hamilton et Cullen, les talens qui le firent employer en 1747, à l'armée de Flandre, comme aide-chirurgien. Il passa des hôpitaux militaires de Maestricht et de Flessingue, au régiment des gardes à pied, en qualité de chirurgien-adjoint. S'étant rendu à Londres après la paix de 1748, il reprit le cours de ses études médicales sous le docteur Hunter. Le comte d'Albermale, ambassadeur en France, qui l'avait connu en Flandre, l'appela à Paris, et le fit chirurgien de sa maison. Le séjour de Moore dans cette ville fut très-utile à son instruction. Il suivit les cours d'accouchemens de Smellie, qui était en grande réputation, et de retour en Ecosse, il exerça son art à Glascow. Ses succès comme praticien et ses qualités personnelles fixèrent sur lui l'attention, et il devint le médecin du jeune fils du duc d'Argyle, attaqué d'une maladie de poitrine, à laquelle bientôt il succomba. Moore s'était attaché à ce jeune homme, qui donnait les plus belles espérances. Sa mort l'affligea vivement, et il exprima ses regrets dans une épitaphe, dont la duchesse d'Argyle fut si touchée, qu'elle confia aux soins de Moore, qui avait été reçu quelque temps auparavant docteur en inédecine, un autre de ses fils dont la santé exigeait beaucoup de soins et de ménagemens. Moore voyagea avec ce jeune seigneur en

France, en Italie, en Suisse et en Hollande, et repartit pour Londres après 5 ans d'absence. Il s'y fixa avec sa famille. Ce praticien avait une instruction étendue et un goût très-vif pour les lettres. Pendant ses différens séjours en France, il avait étudié avec soin les incurs des Français et la marche de leur gouvernement, Moore rendit aux habitaus de cette contrée la justice qu'ils méritaient; mais il jugea sévèrement l'administration de l'état. Ce fut avec une joie extrême qu'il vit éclater la révolution, et il accepta la proposition d'accompagner le comte de Lauderdale à Paris, où ils arrivèrent au mois d'août 1792. Les événemens de cette époque ne leur permirent pas d'y faire un long séjour, et ils repartirent pour Londres, où Moore mourut le 28 février 1802. Il a publié: 1° Coup-d'œil sur la société et les mœurs en France, en Suisse et en Allemagne, 2 vol. in-8°, 1779; 2° Coup d'œil sur la société et les mœurs en Italie, 2 vol. in8°, 1781. Cet ouvrage et le premier, auquel il fait suite, ont été traduits en français, et publiés à Genève, par M. Henri Rieu, 4 vol. in-8°, 1799. Le Coup-d'œil, etc., fut reproduit par un nouveau traducteur, Me de Fontenay, sous le titre de Voyage de John Moore, etc., 2 vol. in-8, Paris, 1806. 3a Esquisses médicales, 1785; 4′ Zélaco, roman moral, Londres, 1786, traduit en français, par Cantwels, 4 vol. in-18. Des événemens intéressans, un style pur, des idées philosophiques, une morale douce et touchante, tels sont les principaux caractères de ce roman où l'au

teur pe nt avec un talent rare les passions déréglées auxquelles se livre un enfant gâté par l'aveugle tendresse de sa mère. 5' Edouard, roman d'une morale également pure, et que recommande à l'attention le tableau fidèle des mœurs anglaises. Il a aussi été traduit en français par Cantwels, 3 vol. in-12, 1797. 6o Journal écrit pendant mon séjour en France dans les mois d'août, septembre, octobre et décembre, 1792, 2 vol. in-8°, avec carte, 1795; 7° Vues des causes et des progrès de la révolution française, 2 vol. in-8°, 1795. L'auteur remonte jusqu'au règne de Henri IV, et s'arrête à l'époque de la déchéance de la fainille royale. 8° Mordaunt, ou Esquisses de la vie, des mœurs et des caractères des divers pays, contenant l'Histoire d'une française de qualité: recueil de lettres supposées écrites par Jean Mordaunt, et dans lesquelles ce personnage retrace ses souvenirs pendant ses voyages en Italie, en Allemagne, en France et en Portugal. Quoique historique ce livre a tout le charme du roman. 9° Œuvres morales, contenant les portraits de plusieurs personnages célèbres de la revolution française, et des aperçus géographiques des villes les plus remarquables de l'Europe. Bien que cet ouvrage ne porte point le nom de l'auteur, on y trouve néanmoins une Vie de John Moore, par les éditeurs. 10° Enfin il est éditeur des ouvrages de Tobie Mallet, auxquels il a ajouté une notice, des remarques, etc., sur la vie et les travaux de ce célèbre médecin. 8 vol. in-8°, 1797, Moore fut un homme de beau

coup d'esprit, un observateur trèsjudicieux, que l'on accuse à tort d'avoir été quelquefois un peu léger et superficiel. Ses Voyages et ses Romans se font lire avec plaisir.

MOORE (SIR JOHN), général anglais, fils du précédent, naquit en 1761, à Glasgow. Il accompagna son père sur le continent à l'époque où celui-ci le parcourait avec le duc d'Hamilton, fils du duc d'Argyle, et obtint en 1776, par la protection de la famille de ce jeune seigneur, le grade d'enseigne, dans un régiment d'infanterie alors en garnison à Minorque. Get officier fit la guerre d'Amérique, et à la paix, en 1783, il retourna à Londres. Quelque temps après, il représenta au par lement le bourg de Lanerk. Dès 1788, il rentra au service et passa, en 1793, à Gibraltar, d'où en 1594 il se rendit en Corse, où il fut einployé sous le général Stewart, qui lui confia le commandement de la réserve. S'étant distingué au siége de Calvi et à l'assaut du fort Moello, où il fut blessé, il devint adjudant-général. Des discussions clevées entre le vice-roi et le général Stewart, firent rappeler ce dernier, que, par amitié, Moore accompagna à Londres en 1795. A la fin de cette année, il devint brigadier-genéral et fut attaché à un corps d'émigrés français. Le 25 février 1796, il prit le commandement de la brigade du général Perryn, et s'embarqua pour les Indes-Occidentales, peu après sir Ralph Abercromby, à l'expédition duquel il était attaché. Il le rejoignit aux Barbades, et obtint sa confiance. Sir, Ralph Abercromby l'employa utilement dans son at

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taque contre l'île Sainte-Lucie, qui capitula au mois de mai 1796, et dont il le nomma gouverneur. Les soins et la vigilance de John Moore parvinrent à nettoyer les bois où de nombreuses bandes de noirs s'étaient réfugiés, et inquiétaient par leurs excursions les troupes de son gouvernement. Atteint deux fois de la fièvre jauil fut obligé, au mois d'août 1797, de repasser en Angleterre pour y rétablir sa santé. Le géné ral Abercromby ayant été nommé commandant des forces anglaises en Irlande, John Moore l'y suivit, et fut employé sous le général Johnstone, lors des troubles qui éclatèrent dans cette contrée en 1798. Il se distingua particulièrement au combat de New-Ross, où les Irlandais éprouvèrent une défaite considérable. Envoyé à Wexford, qui était au pouvoir des insurgés, il les attaqua avec vigueur, les battit quoique inférieur en nombre, et, ayant reçu un renfort de deux régimens, il s'empara de vive force de cette ville. Il fut élevé peu de temps après au grade de major-général. Dans l'expédition d'Irlande au mois de juin 1799, il fut blessé plusieurs fois, et forcé de retourner à Londres pour y prendre du repos. Lorsqu'il put rentrer au service, il accompagna, en 1800, le général Abercromby, commandant des forces anglaises en Egypte. John Moore débarqua successivement à Malte et à Jaffa; blessé de nouveau à la bataille d'Aboukir, il fut encore obligé de cesser momentanément son service. I revint à son corps dès qu'il fut rétabli, et après la prise d'Alexandrie, où il se fit re

marquer, il retourna en Angleterre et y reçut de nombreuses récompenses. Créé chevalier, décoré de l'ordre du bain et promu à un commandement supérieur, il partit, en 1800, à la tête d'un corps de 10,000 hommes, pour appuyer la Suède, menacée par les attaques combinées des troupes françaises, russes et de Danemark. Le mai de la même année, le corps du général anglais arriva à Gothenbourg. Mais des difficultés survinrent entre Gustave IV et le général Moore, et celui-ci fut, par ordre du roi, retenu momentanément à Stockholm. Dès qu'il put être libre, il se hâta de ramener ses troupes en Angleterre. Dirige ensuite sur le royaume de Portugal, il arriva au moment où s'effectuait la capitulation de Cintra. Après le départ de sir H. Dalrimple et de Harry Burrard, qui avaient signé cette capitulation, et que le gouvernement britannique rappelait pour les entendre sur les causes de la capitulation, il prit le commandement en chef des troupes. Chargé d'agir en Espagne, où une armée espagnole devait concourir à ses opérations, il marcha sur Salamanque, et bientôt se convainquit qu'il était réduit à ses seules forces, qui d'ailleurs étaient disséminées. Il se vit dans la nécessité de se retirer vers le Portugal et de presser sa jonction avec les troupes du général Hoppe, qui s'était dirigé sur Madrid. Il se dirigea lui-même sur ce point, de l'avis des autres généraux, mais contre son gré. Le maréchal Soult occupait Saldanha: le général Moore youlut l'en chasser; mais après quelques attaques de

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