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Gênes, Montenotte et les Apennins. Le même jour, l'empereur fit à Milan l'ouverture solennelle du corps-législatif du royauine d'Italie, et y reçut le serment du vice-roi. Il termina son discours par ces mots, qui devaient faire trembler la maison d'Autriche: «J'espère qu'à leur tour mes » peuples d'Italie voudront occuper la place que je leur destine dans ma pensée. Ils n'y parviendront qu'en se persuadant bien que la »force des armes est le principal » soutien des états. Il est temps » enfin que cette jeunesse, qui vit » dans l'oisiveté des grandes villes, » cesse de craindre les fatigues et les » dangers de la guerre. »

D

L'Italie releva noblement sous son vice-roi le gant que venait de jeter Napoléon. Sa gloire militaire débuta par étendre celle de la France, vécut son égale et mourut avec elle du même supplice, par l'invasion étrangère et la trahison.

Deux ambassades spéciales étaient arrivées à Milan. L'une apportait à Napoléon la décoration du Portugal, l'autre une lettre de félicitation du saint-père. Sa sainteté terminait sa lettre par une sorte de madrigal. « La réciprocité » de notre amour, et cette tendresse paternelle que nous éprouvons » pour vous, nous rendent très-cher » ce qui vous est glorieux. »

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Le 10 juin, l'empereur partit de Milan pour continuer la revue de ses trophées d'Italie. Quarante mille hommes, commandés par les maréchaux Jourdan et Bessières, l'attendaient au camp de Castiglione, où il fit, comme à celui de Marengo, une distribution so

lennelle de la croix-d'honneur. De là, il visita Peschiera, Véronne, et l'imprenable Mantoue, où il arriva le 17 juin et séjourna jusqu'au 21. A Bologne, il reçut le marquis de Gallo, envoyé par le roi de Naples pour solliciter et garantir la neutralité de ce prince, ainsi qu'une députation du sénat de Lucques, qui lui demandait un souverain. Peu de temps après, cette petite république fut érigée en principauté, et devint l'apanage de la princesse Elisa, depuis grandeduchesse de Toscane. Un mois après le 21 juillet, l'état de Parme obtenait aussi l'honneur de l'incorporation au grand empire. Enfin, le 30 juin, Napoléon fait son entrée à Gênes, suivi des ambassadeurs de Naples et de Portugal. Le plus grand éclat fut donné à la cérémonie de prise de possession de l'ancienne rivale de Venise. Elle eut lien dans la cathédrale, où l'empereur, dans toute la pompe d'un troisième couronnement, reçut les sermens, et distribua les décorations. Le 8 juillet, il arriva à Turin, d'où il sortit au milieu d'une manœuvre de la garnison; le 11 il était à Fontainebleau.

Ce fut dans cette résidence que Napoléon apprit le second combat de la flottille batave, qui, sous les ordres de l'amiral Verhuel, triompha, les 17 et 18 juillet, des efforts de la croisière anglaise, réunie le premier jour au nombre de 15 vaisseaux, et le second, forte de 45. La flottille parvint à sa destination au port d'Ambleteuse. Cette action audacieuse, qui plaça l'amiral Verhuel au rang des premiers hommes de guerre de l'Europe, fut encore remarquable par

une particularité chevaleresque conforme au génie belliqueux des grands militaires de cette époque. Le maréchal Davoust, commandant le camp de Dunkerque, d'où la flottille appareilla, voulut être volontaire sous le pavillon de l'a- miral, monta à son bord, qui prit la tête de la ligne de bataille, et fut à-la-fois un illustre témoin et un historien fidèle de ce beau fait d'armes, dont il partagea les périls, et dont la gloire devait lui rester étrangère. Il est vrai que Napoléon avait donné cet exemple au maréchal la veille de son départ de Boulogne.

Mais, pendant que Napoléon se couronnait à Milan, l'Angleterre stipulait à Pétersbourg un traité par lequel la Russie s'engageait à inettre sur pied une armée de 180,000 hommes pour reprendre le Hanovre, affranchir la Hollande et la Suisse, rétablir sur son trône le roi de Sardaigne, faire évacuer le royaume de Naples par l'armée française, et enfin, pour donner en Italie une frontière à l'Autriche. Cette dernière puissance est dans les plus vives alarmes, en raison de la force nouvelle que donnent à Napoléon et la couronne d'Italie, et l'incorporation de Gênes et des autres principautés, et le voyage aussi militaire que politique qu'il vient de faire dans ses anciennes conquêtes. Cependant, l'Autriche paraît d'abord vouloir se contenter du rôle de conciliatrice, en se proposant à la France pour intermédiaire entre elle et la coalition des cabinets de Londres, de Pétersbourg et de Stokholm. Bientôt après, elle crie hautement et avec raison à l'in

fraction du traité de Lunéville du 9 février 1801. Alors se voyant complètement déchue, et de toute influence en Italie, et de toute espérance de rapprocher les parties, elle prend conseil de sa frayeur, et, le 9 août, elle va se réfugier dans la coalition anglo-russe. Le 29, ses armées sont en mouvement; 80,000 hommes s'ébranlent sous les ordres de l'archiduc Ferdinand, dont la tutelle militaire est confiée à l'impuissante présomption du général Mack. Mais, dans le moment où l'Autriche se lève contre la violation du traité de Lunéville, elle viole tout-à-coup l'indépendance d'un état voisin, et, sans déclaration de guerre, elle envahit la Bavière dont elle a voulu incorporer l'armée dans la sienne. En Espagne, l'Angleterre a fourni à l'Autriche l'exemple d'une pareille violation. La cour électorale de Munich dut aller se réfugier à Wurtzbourg. Trente mille hommes, commandés par l'archiduc Jean, prennent position dans le Tyrol, et 100,000 combattans marchent sur l'Adige sous les drapeaux de l'archiduc Charles, qui, malgré lui, part pour venger ses souvenirs d'Italie.

Napoléon apprend ces mouvemens au camp de Boulogne, et il donne sur-le-champ le nom d'armée d'Allemagne à l'armée d'Angleterre. Le même jour, il chargeait son grand-maréchal, le général Duroc, d'ailer s'assurer à Berlin de la neutralité du roi de Prusse. Cette mission eut un plein succès, et la neutralité de la Prusse fut déclarée malgré les efforts des envoyés impériaux de Vienne et de Pétersbourg. Une armée

d'observation de 100,000 hommes, et une de réserve de 50,000, commandée par le roi lui-même, devaient garantir la neutralité armée de la Prusse. Naples envoya à Paris pour négocier sa neutralité désarmée, qui fut réglée le 21 septembre par un traité. Quatrevingt-dix mille Français sont en marche pour l'Autriche. Un mois après, sept corps d'armée, commandés par les maréchaux Bernadotte, Davoust, Soult, Lannes, Ney, Augereau, et le général Marmont, une grande réserve de cavalerie aux ordres du maréchal Murat, se dirigent sur la rive droite du Rhin. Le 8me corps de cette grande-armée se compose de la garde impériale. Napoléon est en Allemagne à la tête de 160,000 hommes; Masséna, avec 60,000 soutenus des 20,000 de l'occupation napolitaine du général Gouvion-Saint-Cyr, doit combattre l'archiduc Charles. L'em pereur a adressé de Paris au maréchal, le 17 septembre, un plan de campagne, par lequel il lui prescrit de commencer les hostilités le 27. Toute l'Europe est en armes. Le 1 octobre, malgré la neutralité proclamée par la Prusse, une scène sentimentale a lieu à Potzdam, où un traité est juré sur la tombe du Grand - Frédéric par Alexandre et par Frédéric Guillaume. Mais le roi de Prusse tient secrets ce traité et ce serment, sauf à les rendre publics, si la fortune favorise son nouvel ami. Le traité de Beckaskog venait de proclamer l'alliance offensive et défensive de l'Angleterre et de la Suède contre la France.

Cependant, Napoléon n'avait

négligé aucune occasion de donner des gages à l'Europe contre les souvenirs de la république. Le sénatus - consulte du 2 septembre avait rétabli l'usage du calendrier grégorien. Mais, si l'Europe a cru triompher avec Napoléon de la république au 18 brumaire, elle regrette à présent le consulat et surtout le directoire, quand elle voit deux grandes couronnes sur la tête du premier capitaine des temps modernes. Le gouvernement consulaire, sous Bonaparte, convenait mieux à la tranquillité de l'Europe et peut-être au bonheur de la France. Mais, plus la haine est violente hors de la France contre son empereur, plus ardente, plus passionnée aussi est l'exaltation de la France pour Napoléon. Le 25 septembre, l'empereur se rendit solennellement au sénat, où il fit lire, par son ministre des relations extérieures, l'exposé de ses griefs contre la cour d'Autriche. Après cette lecture, deux sénatus-consultes furent proposés : l'un était relatif à une levée de 80,000 hommes sur la classe de 1806, et le second, à la réorganisation des gardes nationales. Le sénat décréta les deux propositions, et déféra de plus, à l'empereur, la nomination des officiers des gardes nationales dont la réorganisation serait arrêtée par des décrets impériaux. C'était une nouvelle usurpation du régime impérial sur les libertés nationales. Les décrets parurent et comprirent tous les Français depuis l'âge de 21 ans jusqu'à 60. Tout fut changé. Les bataillons se nommèrent cohortes. L'organisation s'étendit de suite pour

les départemens limitrophes, depuis le Pas-de-Calais jusqu'au lac de Genève. Elle fut divisée en quatre arrondissemens, dont les commandemens furent donnés à quatre sénateurs, aux généraux Raipon, d'Aboville, et aux maréchaux Lefebvre et Kellermann. Ces deux maréchaux recurent de plus le commandement de deux corps d'armée de réserve, l'un à Mayence, l'autre à Strasbourg; le maréchal Brune en commandait un troisième à Boulogne. Trois camps' volans de grenadiers devaient être formés à Rennes, dans la Vendée, et au camp d'honneur de Marengo. Un enthousiasme extraordinaire exaltait l'esprit de l'armée, qui ne délibère pas sur les actes récens de Napoléon. C'est pour elle aussi qu'elle aime la guerre, et, en se pressant autour de son empereur, elle soutient son propre ouvrage. Les gardes nationales aussi, malgré la perte de leurindépendance, sont fières d'être chargées de défendre les côtes.

Les Français brûlent d'essayer les armes impériales; ce sont encore les mêmes mains qui faisaient triompher les armes républicaines. Mais la victoire est montée sur le trône avec Napoléon; les maré chaux soutiennent et surpassent les hauts faits d'armes qui ont rendu leurs noms européens. Le huit octobre, à Wertingen, Lannes, Murat, Oudinot ont détruit une division autrichienne. Le lendemain, à Guntzbourg, Ney voit fuir l'archiduc Ferdinand, et Soult occupe Augsbourg. Le 12, Bernadotte est à Munich. La vengeance de la Bavière est commencée. La forte ville de emmin

gen capitule le 14 entre les mains de Soult, et le 14 aussi, Ney gagnait un titre à Elchingen. Le 16, Murat fait 3,000 prisonniers à Langenau. Le 20, le général Mack capitule dans Ulm avec une armée de 30,000 hommes, prisonniers de guerre. Du 8 au 20 octobre, les Français ont fait plus de 50,000 prisonniers. Le 28, Lannes a pris Braunau. Le 30, Bernadotte est à Saltzbourg. Murat et Lannes atteignent enfin une arrière-garde russe, le 4 novembre, à Amstetten: le même jour, Davoust occupe Steyer dans la Haute-Autriche, et Vicence se rend à l'armée d'Italie. Masséna a déjà fait capituler un corps autrichien; et dès le 2 décembre l'archiduc Charles est en retraite. Le 7, Ney occupe les villes d'Inspruck et de Hall, et a mis en fuite l'archiduc Jean, qui commande en chef' l'armée du Tyrol. Davoust, trois jours après, renverse le corps de Merfeldt au combat de Marienzell, pendant que Marmont arrive à Léoben. Cette petite ville est fameuse dans les fastes de la gloire républicaine. Le même archiduc y reçut la paix de Bonaparte; mais cette fois Napoléon veut aller à Vienne, car il a à faire sa fortune de souverain, et c'est dans les capitales des empires qu'il fera reconnaître son titre d'empereur. Enfin le 11, l'héroïque combat de Darnstein va ouvrir à Napoléon les portes de Vienne. Le maréchal Mortier a 5,000 hommes, et rencontre, dans un défilé, l'arrière garde russe, forte de 25,000. Après un combat de plusieurs heures, Mortier s'est fait jour, et a rejoint l'armée sur la rive droite du Danube. Le 13, les

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bourgeois de Vienne, abandonnés de leur souverain et de leurs princes, ouvrent leurs portes au vainqueur. La capitale est prise; mais Vienne n'est pas la monarchie autrichienne, et le champ de bataille est porté ailleurs. Napoléon néglige ce grand avis que lui donne alors l'empereur François, et il ne doit pas s'en souvenir.

L'archiduc se retire de toutes les positions où l'armée autrichienne a été battue sous la république. Il a le même sort: Masséna a passé le Tagliamento le 13, et le 14, Ney occupe la ville de Trente. Le Haut-Adige, l'Isonzo, Gradisca, Udine et Palma Nova ont revu les phalanges de la France. Augereau répond à ces succès par ceux qu'il obtient dans la ForêtNoire, il s'empare de Lindau, de Bergen, de Feldkirch, et par la belle capitulation de Doeruberg, il reste maître de tout le Voralberg, et force les Autrichiens à se retirer en Bohême. Cependant une seconde armée russe a fait sa jonc tion à Wischau, avec celle du général en chef Kutusow, le 18 novembre; mais le lendemain Brünn évacuée, est occupée par les Français, et Napoléon a son quartiergénéral à Wischau. La position du vainqueur est critique; le génie seul ne lui suffit pas, il lui faut encore la fortune. Egaré par la victoire, à 200 lieues de ses frontières, au centre de la Moravie, opérant sur un espace de 90 lieues en pays ennemi, harcelé sur sa gauche par l'insurrection de la Bohême, menacé sur sa droite par la Hongrie, ayant à combattre les deux armées réunies de l'archiduc

Charles et de Kutusow, inquiété, de plus, par l'accession secrète de la Prusse à la coalition, et entouré de la fermentation du peuple de Vienne, Napoléon a besoin d'un décret spécial du destin pour échapper à tant de périls. Un astre nouveau doit éclore sur sa tête pour lui donner la victoire. Mais Trieste est occupée par Masséna, Gouvion Saint-Cyr fait capituler le corps du prince de Rohan á Bassano; et enfin, par la plus glorieuse comme par la plus savante combinaison les deux armées françaises, d'Allemagne et d'Italie, unissent leurs lauriers à Klagenfurth, le 29 novembre. Le sort de Napoléon et de la monarchie autrichienne va se décider dans les plaines de la Moravie, autour d'un village, à deux lieues de Brünn.

Le 2 décembre se donne la bataille des trois empereurs. Les Russes et les Autrichiens ont 100,000 hommes sur le terrain, les Français 90,000. La force de l'artillerie est égale des deux côtés; la supériorité numérique de la cavalerie est pour l'armée austrorusse. Celle-ci, malgré l'avantage du nombre, est frappée de terreur; elle voudrait attendre une troisième armée russe, mais elle a affaire à un ennemi qui sait son secret, et qui la force à un engagement général. Le jour s'est levé avec la bataille, et la nuit la termine. L'armée russe est foudroyée sur un lac de glace: elle n'oubliera pas la guerre des frimas! Soult, pendant 9 heures de suite, décida du sort de cette grande journée, où combat l'élite de nos généraux, Lannes, Bernadotte, Davoust, Murat, Junot, Oudinot. Rapp,

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