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grand-maréchal, de grand-auinônier, de grand-maître des céremonies, de grand-chambellan sont instituées. Le même jour la dignité de inaréchal de l'empire est conférée aux dix-huit généraux les plus célèbres de l'armée: ce sont, Alexandre Berthier. Murat, Moncey, Jourdan, Masséna, Augereau, Bernadotte, Soult, Brune, Lannes, Mortier, Ney, Davoust, Bessières, Kellermann, Lefebvre, Pérignon et Serrurier. De ces premiers maréchaux, seize vivaient encore à la chute de l'empire. Deux seulement, Lannes et Bessières, avaient eu la fin des braves. Depuis 1815, quatre d'entre eux, Berthier, Murat, Ney et Brune, ont péri de mort violente, signalée par une affreuse variété. Masséna, Augereau, Lefebvre, Kellermann, Perignon, Serrurier et Davoust ont cu des funérailles dans leur patrie. Bernadotte est roi en Suède.

Le 27 mai, le sénat prête serment à l'empereur, et le vœu des 108 départemens de la France arrive bientôt au pied du trône. Le clergé qui, seul avec les républicains, a deviné l'époque qui vient de s'ouvrir, salne le nouvel empereur de tous les titres que les livres saints peuvent fournir à sa pédantesque adulation. Il appelle Napoléon le nouveau Cyrus, le nouveau Moise appelé des déserts de l'Egypte, le nouvel Auguste, le nouveau Matathias envoyé par le Seigneur. le pieux Onias, le nouvcau Josaphat, etc. L'église devait cette reconnaissance à l'auteur du concordat de 1802. Les affaires avec la cour de Rome donnèrent, depuis le concordat, beaucoup d'emharras à Napoléon; c'est ce qui lui

fit dire au célèbre Fox: J'aurais eu moins de peine à établir la confession d' Augsbourg. Ceci, toutefois, est douteux, mais ce qui ne l'est pas, c'est que le rétablissement du culte catholique, de concert avec la cour de Rome, contribua et devait contribuer puissamment à l'établissement du pouvoir de Napoléon en France, et à la réconciliation de la France avec l'Europe catholique. L'influence de la hierarchie des pouvoirs spirituels n'était pas un moyen à négliger pour un homme qui, sous le nom du pape, dont il voulait faire un vassal, se faisait réellement le grand pontife de la France.

Un grand acte de clémence signala les premiers jours de l'empire. Parmi les 47 complices de Georges Cadoudal, 19 avaient été condamnés à mort. De ce nombre étaient, Armand de Polignac, le marquis de Rivière, Bouvet de 'Hozier, la Jollais, Rochelle, Gailliard, Roussillon et Charles d'Hozier. L'impératrice Joséphine joignit ses larmes à celles de madame de Polignac. « Je puis pardonner à votre mari, dit Napoléon, car c'est à ma vie qu'on en voulait. Et la grâce d'Armand de Polignac fut prononcée. Madame Murat se chargea de celle du marquis de Rivière et l'obtint. (V. J. Murat, madame Murat, le marquis de Rivière); de ces trois bienfaiteurs, la reine Caroline survit seule, détrônée dans l'exil! Les autres condainnés furent également graciés. Ainsi, 8 conjurés sont enlevés à l'échafaud. Ces commencemens sont heureux; la France, l'Europe applaudissent à ce grand acte d'une véritable générosité. Ces

condamnés sont tous amnistiés par Napoléon; Napoléon le sera-t-il par chacun d'eux ? Mais, malgré celte preuve authentique de la force et de la puissance, Napoléon croit avoir besoin d'assurer la tranquillité intérieure, et son élévation récente, par le rappel d'une institution révolutionnaire, connue sous le nom de ministère de la police générale. Par une sagacité qui appartenait à cette époque du passage de la république à l'empire, il donne le portefeuille de ce ministère à un faux républicain, qui a servi le despotisme de la terreur. Cet homme sera pour toute la France l'homme de la liberté, et pour Napoléon seul l'homme du pouvoir. Fouché de Nantes, qu'il faut à jamais appeler Fouché de Lyon, va aussi régner sur la France, en mettant en surveillance la vie privée et la vie publique, les opinions et les écrits; mais Fouché ne sera pas toujours dans le secret de Napoléon, ni malheureusement Napoleon dans celui de Fouché. Toutefois l'empereur, qui seul connaît tout ce qu'il veut faire, plane sur ses destinées futures à l'insu de tout ce qui l'entoure, et il ne voit dans Fouché que le concierge de sa politique domestique, quand les événemens qu'il médite l'appelleront hors de sa capitale, ou des frontières de l'empire. Parmi ces événemens figure au premier rang, dans les vastes conceptions de Napoléon, l'invasion qu'il prépare contre l'Angleterre dans tous les ports de sa domination. Ceux de la Manche sont aussi les chantiers, mais ils sont en même temps les arsenaux de l'expédition qui doit rappeler, par l'immensité des

troupes et des transports, celle de Xercès contre la Grèce. Le port de Boulogne contenait déjà 900 bâtimens; ceux d'Etaples, de Vincreux, de Calais, de Dunkerque, en étaient remplis. Le port d'Ambleteuse, également recreusé et reconstruit, attendait les 500 voiles de la flottille batave sous les ordres de l'amiral Verhucl; elle formait l'aile droite, et devait porter le corps d'armée du maréchal Davoust, qui commandait les camps de Montreuil et de Dunkerque. Le 16 mai, après un beau combat entre le commodore

Sydney, l'amiral Verhuel faisait entrer dans le port d'Ostende la première division de sa flottille : la seconde suivit de près avec le même danger et le même succès. L'amiral Cornwallis n'avait pas été plus heureux devant Brest; il en avait été de même à Harfleur. Les Anglais voulurent brûler ie Hâvre, afin de détruire le chantier principal où se construisaient les bâtimens de la flottille expéditionnaire : ils échouèrent les 17, 23 juillet et 1 août. Les divisions françaises partirent du Hâvre, et elles arrivèrent toutes, non sans combat, à leur destination. Le contre-amiral Magon et le capitaine de vaisseau Moncabrié eurent des affaires brillantes avec les croisières anglaises, l'un devant Calais, l'autre devant Boulogne. Acclimatées à ce nouveau genre de guerre, les troupes de terre, qui bivouaquaient par divisions sur les bateaux de la flottille, sollicitaient l'honneur de former les garnisons des corsaires et des bâtimens qui appareillaient; elles portèrent souvent leur audace

jusqu'aux embouchures de la Tamise, où les grenadiers de la ligne capturèrent des

bâtimens

marchands et une corvette. L'amiral Latouche - Tréville avait également raison de l'amiral Nelson à Toulon, où il commandait toutes les forces navales de la Méditerranée comme l'amiral Bruix commandait à Boulogne toutes celles de l'Océan, et spécialement la flottille contre l'Angleterre. Cette puissance connut peut-être mieux que la France, où l'on chansonnait la flottille, le danger de l'expédition dont Boulogne était à la fois le chantier, l'arsenal, le port et la citadelle. Cependant une déclaration, à laquelle les événemens de 1814 ont donné une autorité prophétique, était envoyée à tous les gouvernemens de l'Europe. Dédaignée par Napoléon, elle fut alors peu connue des Français cette pièce était datée de Varsovie, le 6 juin 1804.

Protestation de Louis XVIH, roi de France, contre l'usurpation de Bonaparte.

En prenant le titre d'empe»reur, en voulant le rendre héré» ditaire dans sa famille, Bonapar>> te vient de mettre le sceau à son >> usurpation. Ce nouvel acte d'u»> ne révolution, où tout dans l'ori›gine a été nul, ne peut sans doute infirmer mes droits; mais comp» table de ma conduite à tous les » souverains dont les droits ne sont » pas moins lésés que les miens, >> et dont les trônes sont tous é>> branlés par les principes dangereux que le sénat de Paris a osé >>nettre en avant; comptable à la France, à ma famille, à mon

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»propre honneur, je croirais tra» hiria cause commune en gardant » le silence en cette occasion. Je » déclare donc (après avoir, »besoin, renouvelé mes protesta» tions contre tous les actes illé»gaux qui, depuis l'ouverture des » états-généraux de France, ont a» mené la crise effrayante dans laD quelle se trouvent la France et l'Europe), je déclare, en présen>>ce de tous les souverains, que >> loin de reconnaître le titre impérial que Bonaparte vient de » se faire déférer par un corps » qui n'a pas mêine d'existence le»gitime (le sénat), je proteste »>contre ce titre et contre tous les » actes subséquens auxquels il »pourrait donner lieu. »>

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L'intérieur est heureux de toutes les prospérités de la nouvelle patrie et de toutes les garanties que le trône impérial semble donner aux institutions chères aux Français. Napoléon en donne un gage public le 25 juin, en faisant justice des sectaires de Loyola, qui sous le nom renouvelé de Pères de la foi, sous celui d'adorateurs de Jésus, de paccanaristes, venaient d'élever deux établissemens sur les ruines de la république et sur les fondations de l'empire. Comme Napoléon ne doit pas prendre le titre de défenseur de la foi, laquelle ne lui semble pas en danger, il n'a pas besoin de cette milice obscure, de ce corps naissant des mineurs religieux, qui veut s'établir dans les souterrains de son gouvernement; mais ils sauront bien y rentrer un jour sous la protection de son oncle, le cardinal Fesch, qui se chargera des représailles ecclésiastiques sur les con

quêtes de la révolution française.

L'ordre de la légion-d'honneur avait été créé par la loi du 29 mai 1802. L'inauguration de cette noble institution reçoit une époque chère à la France depuis treize années, celle du 14 juillet, et elle a eu lieu au temple de Mars, dans l'église des Invalides. La cérémonie brille de tout l'éclat de la gloire républicaine et de toute la pompe impériale. C'est dans l'édifice de Louis XIV, fondateur de l'ordre de Saint-Louis, que Napoléon donne solennellement la décoration à la gloire militaire de la liberté. Quatre jours après, il est parti pour les ports de la Manche, où il est allé renouveler, comme souverain, l'inspection qu'il fit comme général avant son départ pour l'Egypte. Le but ostensible du voyage est l'armement des flottilles expéditionnaires contre l'Angleterre. Napoléon en a un autre plus direct pour les intérêts privés de sa couronne, celui de montrer au camp de Saint-Omer l'empereur des champs de bataille aussi va-t-il éterniser le souvenir de ce voyage, en appelant l'armée à la récompense des braves. L'étoile de la légion la dirige à Boulogne vers la Tour d'ordre, qui reprend son nom de Tour de Cesar, et pour que rien manque à l'illustration que l'empereur et l'armée doivent recevoir de cette grande cérémonie, elle a lieu le 16 août, jour de la SaintNapoléon. Quatre-vingt mille hommes des camps de Boulogne et de Montreuil sont rassemblés sous les ordres du maréchal Soult. A la droite du port, au-dessous de la

T. XIV.

ne

tour de César, la nature a tracé un vaste amphithéâtre au centre duquel s'élève un trône sur un socle triomphal. Les colonnes de l'armée y sont dirigées comme autant de rayons qui figurent ceux de l'étoile d'honneur. Entouré de ses frères, de ses grands-officiers civils et militaires, Napoléon prononce le serment de l'ordre; il est répété avec acclamation par tous les récipiendaires disposés en pelotons à la tête de chaque colonne. Après le serment les étoiles sont distribuées aux légionnaires. Un vivat général de l'armée salue cette brillante inauguration de l'ordre du mérite français. Par la plus heureuse conjoncture, tandis que l'armée défile devant l'empereur, le capitaine de vaisseau Daugier entre dans le port de Boulogne avec une division du Havre, forte de 45 voiles, et y reçoit les acclamations de la terre. De nombreuses distributions aux troupes, des danses, des chants guerriers prolongent jusqu'à la nuit la fête des soldats. Pour y faire participer les Anglais, un beau feu d'artifice attire l'attention de la croisière ennemie et du rivage de Douvres, sur le plateau du camp de gauche, où 15,000 hommes en bataille exécutèrent un feu de file avec des cartouches à étoiles : hommage rendu par l'armée à l'étoile de la légiou qu'elle venait de recevoir. Le même jour, la fête de Napoléon était aussi célébrée à Cherbourg par l'inauguration de la digue, et à Anvers par celle de l'arsenal maritime. Deux corvettes y furent lancées. Ce grand port de construction comptait à peine une année d'établissement,et

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trois vaisseaux de ligne et une frégate allaient sortir de ses chantiers. Avant de quitter Boulogne pour se rendre dans les quatre départemens du Rhin, l'empereur s'étant embarqué, inspecta la flottille, pour la dernière fois. Il eut le bonheur de pouvoir juger par luimême des chances d'un combat, qui fut livré sous ses yeux, comme le spectacle d'une naumachie, entre la ligne d'embossage française, composée de 146 bateaux, et la flotte anglaise forte de 14 bâtimens de guerre, dont deux vaisseaux de ligne et deux grosses frégates. Pour la première fois de sa vie, il trouvait l'occasion de commander aussi sur mer, et il monta à bord du canot de l'amiral Bruix. Lui-même il donna l'ordre de serrer au feu, et après deux heures d'un combat acharné, les Anglais durent battre en retraite, après avoir perdu un bâtiment, Les batteries de terre soutiurent merveilleusement le feu de la rade; plusieurs bombes tombèrent sur les ponts ennemis. Ce ne fut sans doute pas une petite satisfaction pour Napoléon d'avoir humilié lui-même le pavillon britannique, à la vue de son armée de terre. Ce combat était une de ces bonnes fortunes, qui depuis son avènement au consulat signalaient les circonstances importantes de sa vie publique Pendant ce séjour à Boulogne, Napoléon multipliait les gages de la prospérité intérieure de la France, en donnant à la première école de l'Europe, à l'école Polytechnique, une nouvelle organisation, et en fondant les grands prix décennaux. Cette haute récompense, à laquel

le doivent concourir toutes les sciences, consacrera l'époque d'une restauration, car elle sera donnée le 18 brumaire.

Tandis que l'empereur des Français prépare, sans le savoir encore, à la guerre d'Allemagne, son armée d'Angleterre, l'empereur d'Autriche ajoutait à ses titres celui d'empereur héréditaire, comme s'il prévoyait que ce titre seul lui dût être laissé par Napoléon. Cependant de Boulogne, Napoléon est parti pour Mayence, après s'être arrêté à Aix-la-Chapelle. Dans cette antique résidence du premier empereur des Français, il retrouve et il s'applique les souvenirs de Charlemagne. Comme Pepin, fondateur d'une dynastie, à son exemple aussi, il se propose de faire venir le pape en France, pour en recevoir l'onction impériale. Une démarche politique d'une haute importance pour le nouvel empereur signalason séjour à Aix-la-Chapelle. Le comte de Cobentzel, ambassadeur d'Autriche, vint lui présenter ses nouvelles lettres de créance. Lors de la notification aux cours étrangères de l'avènement de Napoléon à l'empire, l'Autriche avait jugé devoir consulter la Russie, et n'en avait reçu aucune réponse. Dans la crainte d'une rupture avec la France, cette puissance se hâtait d'en reconnaître authentiquement le nouveau souverain. Quant à la cour de Rome, elle n'avait pas balancé un moment : le concordat consulaire l'avait préparée à la reconnaissance impériale. On priait à Rome, et dans toute la catholicité, pour l'empereur Napoléon et pour sa famille. L'Es

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