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moyenne garde, au-devant de l'attaque de l'ennemi; la cavalerie se rassit et marcha en avant avec son intrépidité accoutumée. Les quatre bataillons de la garde repoussèrent tout ce qu'ils rencontrèrent; des charges de cavalerie portèrent la terreur dans les rangs anglais. Dix minutes après, les autres bataillons de la garde arrivèrent; l'Empereur les rangea par brigades, deux bataillons en bataille et deux en colonnes sur la droite et la gauche; la deuxième brigade en échelons, ce qui réunissait l'avantage des deux ordres. Le soleil était couché; le général Friant, blessé, passant dans ce moment, dit que tout allait bien, que l'ennemi paraissait former son arrièregarde pour appuyer sa retraite, mais qu'il serait entièrement rompu aussitôt que le reste de la garde déboucherait. Il fallait un quart d'heure! C'est dans ce moment que le maréchal Blücher arriva à la Haye, et culbuta le corps français qui la défendait; c'était la quatrième division du premier corps; elle se mit en déroute et ne rendit qu'un léger combat. Quoiqu'elle fùt attaquée par des forces quadruples, pour peu qu'elle eût montré quelque résolution, ou qu'elle se fût crénelée dans les maisons, il était nuit, le maréchal Blücher n'aurait pas eu le temps de forcer le village. C'est là où l'on dit avoir entendu le cri de sauve qui peut. La trouée faite, la ligne rompue par le peu de vigueur des troupes de la Haye, la cavalerie inonda le champ de bataille. Le général Bulow marcha en avant, le comte de Lobau fit bonne contenance. La cohue devint telle, qu'il fallut ordonner un changement de front à la garde qui était formée pour se porter en avant. Ce mouvement s'exécuta avec ordre; la garde fit face en arrière; la gauche du côté

de la Haye-Sainte, et la droite du côté de la Belle-Alliance, faisant front aux Prussiens et à l'attaque de la Haye; immédiatement après, chaque bataillon se forma en carré. Les quatre escadrons de service chargèrent les Prussiens. Dans ce moment la brigade de cavalerie anglaise, qui arrivait d'0hain, marcha en avant. Ces deux mille chevaux pénétrèrent entre le général Reille et la garde. Le désordre devint épouvantable sur tout le champ de bataille; l'Empereur n'eut que le temps de se mettre sous la protection d'un des carrés de la garde. Si la division de cavalerie de réserve du général Guyot ne se fût pas engagée sans or dre à la suite des cuirassiers Kellermann, elle eût repoussé cette charge, empêché la cavalerie anglaise de pénétrer sur le champ de bataille, et la garde à pied eût alors pu contenir tous les efforts de l'ennemi. Le général Bulow marcha par sa gauche, débordant toujours tout le champ de ba taille. La nuit augmentait le désordre et s'opposait à tout s'il eût fait jour, et que les troupes eussent pu voir l'Empereur, elles se fussent ralliées : rien n'était possible dans l'obscurité. La garde se mit en retraite ; le feu de l'ennemi était déjà à quatre cents toises sur les derrières, et les chaussées coupées. L'Empereur, avec son état-major, resta longtemps avec les régiments de la garde sur un mamelon. Quatre piè ces de canon qui y étaient, tirèrent vivement dans la plaine; la dernière décharge blessa lord Paget, général de la cavalerie anglaise. Enfin, il n'y avait plus un moment à perdre. L'Empereur ne put faire sa retraite qu'à travers champs: cavalerie, artillerie, infanterie, tout était pêle-mêle. L'état-major gagna la petite ville de Gennapes; il espérait pouvoir y rallier un corps d'ar

rière-garde; mais le désordre était épouvantable, tous les efforts qu'on fit furent vains. Il était onze heures du soir. Dans l'impossibilité d'organiser une défense, il mit son espoir dans la division Girard, troisième du deuxième corps, qu'il avait laissée sur le champ de bataille de Ligny, et à laquelle il avait envoyé l'ordre de se porter aux Quatre-Bras pour soutenir la retraite.

Jamais l'armée française ne s'est mieux battue que dans cette journée; elle a fait des prodiges de valeur; et la supériorité des troupes françaises, infanterie, cavalerie, artillerie, était telle sur l'ennemi, que, sans l'arrivée des premier et deuxième corps prussiens, la victoire aurait été remportée et eût été complète contre l'armée anglo-hollandaise, et le corps du général Bulow, c'est-à-dire, un contre-deux (soixanteneuf mille hommes contre cent vingt mille).

La perte de l'armée anglo-hollandaise et celle du général Bulow furent, pendant la bataille, de beaucoup supérieures à celle des Français, et les pertes que les Français éprouvèrent dans la retraite, quoique très considérables, puisqu'ils eurent six mille prisonniers, ne compensent pas encore les pertes des alliés dans ces quatre jours, perte qu'ils avouent être de soixante mille hommes, savoir: onze mille trois cents Anglais, trois mille cinq cents Hanovriens, huit mille Belges, Nassaus, Brunswickois: total, vingt-deux mille huit cents, pour l'armée anglo-hollandaise Prussiens, trente-huit mille; total général, soixante mille huit cents. Les pertes de l'armée française, même y compris celles éprouvées dans la déroute et jusqu'aux portes de Paris, ont été de quarante-un mille hommes.

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trouvée engagée dans de malheureuses circonstances; elle était débordée par la droite et la gauche, inondée de fuyards et d'ennemis lorsqu'elle a commencé à entrer en ligne; car si cette garde eût pu se battre, les flancs appuyés, elle eût repoussé les efforts des deux armées ennemies réunies. Pendant plus de quatre heures, douze mille hommes de cavalerie française ont été maîtres d'une partie du champ de bataille de l'ennemi, ont lutte contre toute l'infanterie et contre dix-huit mille hommes de cavalerie anglo-hollandaise qui ont été constamment repoussés dans toutes leurs charges. Le lieutenant-général Duhesme, vieux soldat couvert de blessures, et de la plus grande bravoure, fut fait prisonnier en voulant rallier une arrière-garde. Le comte de Lobau a été pris de même. Cambronne, général de la garde, est resté grièvement blessé sur le champ de bataille. Sur vingt-quatre généraux anglais, douze ont été tués ou blessés grièvement. Les Hollandais ont perdu trois généraux. Le général français Duhesme a été assassiné le 19 par un hussard de Brunswick, quoique prisonnier; ce crime est resté impuni. C'était un soldat intrépide, un général consommé, qui s'est toujours montré ferme et inébranlable, dans la bonne comme dans la mauvaise fortune.

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I. La chaussée de Charleroi est très La garde impériale a soutenu son large, elle suffisait pour la retraite de ancienne réputation; mais elle s'est l'armée; le pont de Gennapes est de

arrière-garde. Les soldats des premier et deuxième corps, qui avaient passé la Sambre sur le pont de Marchiennes, se dirigeaient sur ce pont et quittaient la chaussée aux Quatre-Bras ou à Gosselies pour prendre la traverse. Les troupes de la garde et du sixième corps se retirèrent sur Charleroi. L'Empereur envoya le prince Jérôme à Marchiennes avec ordre de rallier l'armée entre Avesnes et Maubeuge, et de sa personne il se rendit à Charleroi; quand il y arriva, à six heures du matin, un grand nombre d'hommes, et surtout de cavalerie, avaient déjà dépassé la Sambre, marchant sur Beaumont. Il s'arrêta une

même largeur, cinq ou six files de voitures peuvent y passer de front; mais, dès que les premiers fuyards arrivèrent, les parcs qui s'y trouvaient jugèrent convenable de se barricader, en plaçant sur la chaussée des voitures renversées, de manière à ne laisser qu'un passage de trois toises. La confusion fut bientôt épouvantable. Gennapes est d'ailleurs dans un fond; les premières troupes prussiennes qui poursuivaient l'armée, étant arrivées à onze heures du soir sur les hauteurs qui la dominent, parvinrent facilement à désorganiser une poignée de braves qu'avait ralliés l'intrépide général Duhesme, et entrèrent dans la ville; parmi les voi-heure sur la rive gauche, expédia queltures qu'ils prirent se trouva la chaise de poste de l'Empereur, dans laquelle il n'était pas monté depuis Avesnes. L'usage était qu'elle suivît sur le champ de bataille, derrière les réserves de la garde; elle portait toujours un nécessaire, un rechange d'habillement, une épée, un manteau et un lit de fer. A une heure du matin, l'Empereur arriva aux Quatre-Bras, mit pied à terre dans un bivouac et expédia plusieurs officiers au maréchal Grouchy pour lui annoncer la perte de la bataille, et lui ordonner de faire sa retraite sur Nanes. Il attendit les dépêches du prince mur. Les officiers qu'il avait envoyés du champ de bataille, pour prendre la division Girard à Ligny et la mettre en position aux Quatre-Bras, ou l'avancer jusqu'à Gennapes, si on en avait le temps, lui rapportèrent la fàcheuse nouvelle qu'il leur avait été impossible de trouver cette division. Le général d'artillerie Nègre, officier du plus grand mérite, était aux Quatre-Bras avec les parcs de réserve; mais il n'avait qu'une faible escorte; quelques centaines de chevaux se rallièrent, le comte de Lobau se mit à leur tête et prit toutes les mesures possibles pour organiser une

ques ordres et se dirigea sur Philippeville, afin d'être plus à portée de communiquer avec le maréchal Grouchy, et d'envoyer ses ordres sur les frontières du Rhin; après s'être arrêté quatre heures dans cette ville, il prit la poste pour se rendre à Laon, où il arriva le 20 à quatre heures après midi. Il conféra avec le préfet, chargea son aide-de-camp, le comte de Bussy, de surveiller la défense de cette place importante, envoya le comte Dejean à Guise, et le comte de Flahaut à Aves

Jérôme, qui lui fit connaître qu'il avait rallié plus de vingt-cinq mille hommes derrière Avesnes et une cinquantaine de pièces de canon; que le général Morand commandait la garde à pied, et le général Colbert la cavalerie de la garde; qu'à toute heure l'armée augmentait à vue d'œil; que la plupart des généraux étaient arrivés, que sa perte n'était pas aussi considérable qu'on pouvait le croire; plus de la moitié du matériel de l'artillerie était sauvé, cent soixantedix bouches à feu étaient perdues, mais les hommes et les chevaux étaient arrivés à Avesnes: l'Empereur ordonna

II. Le 18, le maréchal Grouchy avait attaqué Wavres à six heures du soir, le général Thielman opposa une vive résistance; mais il fut battu. Le comte GERARD, à la tête du quatrième corps, força le passage de la Dyle. Le lieutenant général Pajol, avec douze mille hommes, avait été détaché sur Limate; il y repoussa l'arrière-garde du général Bulow, passa la Dyle, et couronna les hauteurs opposées; mais l'obscurité de la nuit devint telle à dix heures du soir, qu'il ne pouvait alors continuer sa marche, et n'entendant plus d'ailleurs la canonnade de Mont-SaintJean, il prit position. Le comte GERARD fut grièvement blessé à l'attaque de Wavres; une balle lui traversa la poitrine; mais heureusement sa blessure ne fut pas mortelle. Le 19, à la pointe du jour, le général Thielman attaqua le maréchal Grouchy et fut vivement

qu'ils se rendissent à la Fère pour y prendre des pièces, et chargea des officiers de confiance d'y réorganiser un nouvel équipage de campagne; le maréchal Soult eut ordre de se placer à Laon avec le grand quartier général. Le préfet prit toutes les mesures pour compléter les magasins de la ville et assurer les approvisionnements pour une armée de quatre-vingt à quatrevingt-dix mille hommes, qui serait réunie sous peu de jours autour de cette ville. L'Empereur s'attendait à ce que les généraux ennemis, profitant de leur victoire, pousseraient leur armée jusque sur la Somme; il ordonna au prince Jérôme de quitter Avesnes le 22 avec l'armée et de l'amener sous Laon, point de réunion donné au maréchal Grouchy et au général Rapp. N'étant éloigné que de douze heures de marche de Paris, il jugea nécessaire de s'y rendre; sa présence était inutile à l'ar-repoussé. Le village de Bielau et toutes mée pendant les journées des 21, 22, 23 et 24; il comptait être de retour à Laon le 23; ces six jours dans la capitale, il les emploierait à organiser la garde nationale, à achever les pré-réchal Grouchy ordonnait de poursuiparatifs de défense de Paris, et à activer tous les secours que pouvaient fournir les dépôts et les provinces. Il était facile dès-lors de juger, en supposant, comme on n'en pouvait pas douter, que le corps du maréchal Grouchy arrivât intact, que la perte de l'armée française serait inférieure à celle que les armées ennemies avaient éprouvée aux batailles de Ligny et de Waterloo, et au combat des QuatreBras; il a effectivement été constaté depuis, que la perte des alliés s'est élevée à soixante-trois mille hommes et que celle des Français n'a pas dépassé quarante-un mille hommes, y compris les prisonniers qu'on leur avait faits dans la retraite.

les hauteurs au-delà de Wavres furent emportés par les Français. Le général de brigade Peine, officier distingué, fut blessé à mort dans ce combat. Le ma

vre l'ennemi et de marcher dans la direction de Bruxelles, lorsqu'il reçut la nouvelle de la perte de la bataille et l'ordre de l'Empereur de faire sa retraite sur Namur. Il la commença sur-le-champ; les Prussiens le suivirent avec précaution; mais s'étant cependant trop avancés, ils furent repoussés et perdirent quelques pièces de canon et quelques centaines de prisonniers. Le général Vandamme prit position sur Namur, le maréchal Grouchy sur Dinan. Le général Thielman échoua dans toutes les attaques qu'il tenta. Le 2, tout le corps du maréchal Grouchy était à Rethel; le 26, il se réunit à l'armée de Laon; il comptait trente deux mille hommes, dont

six mille cinq cents de cavalerie et cent | la Marne : Paris avait donc vingt-cinq huit pièces de canon, indépendam-jours pour préparer sa défense, achement d'un millier d'hommes éclopés ou petits dépôts de cavalerie qui étaient à la suite.

ver son armement, ses approvisionnements, ses fortifications, et attirer des troupes de tous les points de la FranIII. La position de la France était ce. Au 15 juillet même il n'y aurait critique après la bataille de Waterloo, que trente ou quarante mille hommes mais non désespérée. Tout avait été arrivés sur le Rhin; la masse des arpréparé, dans l'hypothèse qu'on mées russe et autrichienne ne pouvait échouât dans l'attaque de la Belgique. entrer en action que plus tard. Ni les Soixante-dix mille hommes étaient armes, ni les munitions, ni les officiers ralliés le 27 entre Paris et Laon; vingt- ne manquaient dans la capitale; on cinq à trente mille hommes, y com- pouvait porter facilement les tirailleurs pris les dépôts de la garde, étaient en à quatre-vingt mille hommes, et augmarche de Paris et des dépôts. Le gé-menter l'artillerie de campagne jusnéral Rapp, avec vingt-cinq mille qu'à six cents bouches à feu. hommes de troupes d'élite, devait être Le maréchal Suchet, réuni au gé arrivé dans les premiers jours de juil-néral Lecourbe, aurait à la même épolet sur la Marne; toutes les pertes du matériel de l'artillerie étaient réparées. Paris seul contenait cinq cents pièces de canon de campagne; et on n'en avait perdu que cent soixante-dix. Ainsi, une armée de cent vingt mille hommes, égale à celle qui avait passé la Sambre le 15, ayant un train d'ar" tillerie de trois cent cinquante bouches à feu, couvrirait Paris au 1er juillet. Cette capitale avait, indépendamment de cela, pour sa défense, trente-six mille hommes de garde nationale, trente mille tirailleurs, six mille canonniers, six cents bouches à feu en batterie, des retranchements formida-nale, qu'elle fixât les yeux sur Rome bles sur la rive droite de la Seine, et en peu de jours ceux de la rive gauche eussent été entièrement terminés. Cependant les armées anglo-hollandaise et prusso-saxonne, affaiblies de plus de quatre-vingt mille hommes, n'étant plus que de cent quarante mille, ne pouvaient dépasser la Somme avec plus de quatre-vingt-dix mille hommes; elles y attendraient la coopération des armées autrichienne et russe, qui ne pouvaient être, avant le 15 juillet,, sur

que plus de trente mille hommes devant Lyon, indépendamment de la garnison de cette ville, qui serait bien armée, bien approvisionnée et bien retranchée. La défense de toutes les places fortes était assurée; elles étaient commandées par des officiers de choix, et gardées par des troupes fidèles. Tout pouvait se réparer, mais il fallait du caractère, de l'énergie, de la fermeté, de la part des officiers, du gouvernement, des chambres, de la nation tout entière!!! Il fallait qu'elle fût animée par le sentiment de l'honneur, de la gloire, de l'indépendance natio

après la bataille de Cannes, et non sur Carthage après Zama!!! Si la France s'élevait à cette hauteur, elle était invincible; son peuple contenait plus d'éléments militaires qu'aucun autre peuple du monde; le matériel de la guerre était en abondance et pouvait suffire à tous les besoins.

IV. Le 21 juin, le maréchal Blücher et le duc de Wellington entrèrent sur deux colonnes sur le territoire français; le 22, le feu prit au magasin à

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