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été repoussés dans une attaque qu'ils | du nord, les ennemis ont occupé Aixavaient risquée contre les ponts de la la-Chapelle et Liége, aussitôt après le Barce; le général Colloredo y avait été départ du duc de Tarente; l'armée anblessé. Enfin, le 5 février, Napoléon glo-prussienne bloque Anvers, mais le ayant fait faire au delà de la Barce une général Carnot est arrivé à temps pour forte démonstration pour donner le en prendre le commandement : il y est change à l'ennemi sur le mouvement entré le 2 février, au moment où les de retraite que nous devions faire le portes se fermaient devant l'ennemi. lendemain, les alliés avaient cru voir Le général Bulow, après avoir tenté toute l'armée française débouchant une vaine attaque sur la place, y a pour reprendre l'offensive; ils avaient laissé en observation les Anglais et les aussitôt reculé d'une marche, et leur Saxons; avec ses Prussiens et ses Rusquartier-général, établi le 4 à Lusigny, ses, il s'avance sur la Flandre le 2, près Vandœuvres, avait été reporté, le son avant-garde est entrée à Bruxelles, 5 au soir, à Bar-sur-Aube. la Belgique est perdue. Le général Maison effectue sa retraite sur notre ancienne frontière.

Cette vigueur dans de simples opérations d'avant-poste est remarquable après une bataille perdue.

Le 6, l'armée quitte Troyes et prend la route de Paris; après son départ, les autorités municipales ne tiennent leurs portes fermées que le temps néces- | saire pour obtenir de l'ennemi la garantie d'une capitulation,

Napoléon couche au hameau des Grès, qui est à moitié chemin de Troyes à Nogent.

L'abandon de Troyes et la prolongation de notre retraite dissipaient nos dernières espérances: le soldat marchait dans une tristesse morne qu'on ne saurait décrire. Où nous arré eronsnous? Cette question était dans toutes les bouches.

Le 7, on arrive à Nogent on fait créneler les maisons qui donnent sur la campagne; on prépare ce qu'il faut pour faire sauter le pont si l'on est forcé dans la ville; en peu d'heures, Nogent est mis à l'abri d'un coup de main. Dans cette position, on s'arrête pour disputer le passage de la Seine au prince Schwarzenberg.

Les courriers qui viennent nous rejoindre à Nogent continuent d'apporter des nouvelles défavorables du côté

Les lettres de Paris, et les aides-decamp du duc de Tarente, viennent annoncer un danger encore plus pressant: c'est la marche du maréchal Blucher, qui s'avance sur la capitale par la grande route de Châlons.

Après la bataille de Brienne, Blücher s'est aussitôt séparé de l'armée autrichienne; il a rallié à lui, entre Arcis-sur-Aube et Châlons, les diverses parties de son armée, dont il avait été un moment coupé par notre excursion de Saint-Dizier; et, toutes ses forces réunies, il s'est chargé de descendre la Marne, tandis que les Autrichiens descendront la Seine. Le géné– ral Yorck est entré à Châlons le 5 février. Le corps du duc de Tarente s'y trouvait, arrivant du pays de Liége; mais ce maréchal, poussé par toute l'armée prussienne, n'avait pu opposer qu'une faible résistance. Il se retirait sur Épernay, sans prévoir où il pourrait s'arrêter, et demandait des ordres et des secours. Ainsi l'ennemi est maître de Châlons et peut-être d'Épernay.

Ces nouvelles ajoutent à la stupeur qui s'est emparée des esprits; Napoléon lui-même ne paraît pas inaccessible à

l'inquiétude générale. C'est dans ce moment qu'il reçoit de Châtillon les conditions que les alliés prétendent lui dicter; elles ne se ressentent que trop de l'influence des événements de Brienne. « Les alliés disconviennent >> des bases proposées à Francfort..... >> Pour obtenir la paix, il faut rentrer » dans les anciennes limites de la >> France. >>>

Napoléon, après avoir lu ces dépêches, se renferme dans sa chambre et garde le plus morne silence.

II.

» léon. Il s'agit maintenant de bien >> d'autres choses! Je suis en ce mo>>ment à battre Blücher de l'œil; il » s'avance par la route de Montmi» rail je pars, je le battrai demain, » je le battrai après demain; si ce » mouvement a le succès qu'il doit » avoir, l'état des affaires va entière >>ment changer, et nous verrons >> alors ! »

Aucune route de poste n'établit de communication entre la grande route de Troyes, où se trouve l'armée française, et celle de Châlons, que les troupes du maréchal Blücher parcourent avec tant d'assurance. Les vastes plaines de la Brie champenoise séparent ces deux avenues de la capitale ; et de

SECONDE EXPÉDITION CONTRE LE MA- Nogent à Montmirail, par Sezanne, on

RÉCHAL BLUCHER.

CHAMPAUBERT.

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COMBAT DE

BATAILLE DE COMBAT DE CHA

TEAU-THIERRY ET DE VAUCHAMPS.

(Du 9 au 15 février.)

'La marche de Blücher, à travers la Champagne, avait jeté l'alarme dans la capitale. D'heure en heure, les estafettes les plus inquiétantes arrivaient de Paris. Blücher était entré dans la Brie champenoise, il s'avançait à marches forcées; le duc de Tarente se retrait sur la Ferté-sous-Jouarre; les fuyards arrivaient à Meaux.

Cette audacieuse incursion de l'ennemi ranime Napoléon; il veut du moins faire payer cher aux Prussiens leur témérité, et il prend la résolution de tomber sur leurs flancs à l'improviste. Napoléon était encore étendu sur ses cartes, les parcourant le compas à la main, lorsque le duc de Bassano se présente avec les dépêches qu'il a passé le reste de la nuit à préparer pour Châtillon. « Ah! vous voilà, lui dit Napo

ne compte pas moins de douze grandes lieues de traverse, que les gens du pays s'accordent à regarder comme très difficiles en cette saison. Un tel obstacle n'est pas suffisant pour arrêter Napoléon. Il laisse à Nogent le général Bourmont, sous les ordres du duc de Bellune; il laisse au pont de Braysur-Seine le duc de Reggio; il leur recommande de retenir les Autrichiens le plus long-temps qu'ils pourront au passage de la Seine; et aussitôt, se dérobant, avec l'élite de l'armée, derrière le rideau que forme notre arrière-garde, il entreprend sa seconde expédition contre l'armée prussienne. Dès le 8 au soir, la garde impériale avait fait une marche vers Villenoxe; le 9, Napoléon part de Nogent, et va coucher, avec le gros de ses troupes, à Sezanne.

Ce soir même, nos coureurs rencontrent quelques cavaliers prussiens sur les bords de la rivière du Petit-Morin, entre Sezanne et Champaubert.

Les nouvelles des habitants sont que le duc de Tarente est en retraite sur Meaux; que les Prussiens couvrent les

routes depuis Châlons jusqu'à la Ferté | la route, au coin de la grande rue du

et au-delà; qu'ils marchent dans une sécurité parfaite..

village. C'est là qu'on lui amène les gé néraux ennemis qui viennent d'être pris: il les fait dîner avec lui.

Depuis l'ouverture de la campagne nous avions toujours été malheureux; avec quelle joie nous voyons enfin briller sur nos armes cette première lueur de succès! Napoléon sent renaître bien des espérances. L'armée prussienne, coupée encore une fois dans sa marche, n'oppose plus que deux tronçons

Nous n'avons plus que quatre lieues à faire pour les surprendre! mais les coups de sabre qu'on vient de se donner aux avant-postes peuvent avoir averti l'ennemi; l'escarpement de la vallée du Petit-Morin, les marais de Saint-Gond, les bois et les défilés qui s'y trouvent, vont peut-être offrir de grands obstacles à une armée embourbée, que l'artillerie ne peut rejoindre...dont il compte tirer bon parti ; et déjà La vivacité et la hardiesse de notre mouvement maîtrisent les hasards qui nous auraient été défavorables. Nous ne trouvons devant nous qu'un petit corps de troupes, qui se garde mal, et qui a pris nos sabreurs de la veille pour des maraudeurs égarés.

Cependant le duc de Raguse, qui commande l'avant-garde, a trouvé les chemins trop mauvais il revient sur ses pas. Napoléon le force aussitôt à recommencer son mouvement; on requiert des chevaux de tous côtés, on double les attelages, et la volonté du maître s'exécute.

il craint que le duc de Vicence, usant de la latitude que lui donnent les pouvoirs qui lui ont été expédiés de Troyes, ne mette trop d'empressement à signer le traité. Il lui fait écrire qu'un changement brillant est survenu dans nos affaires, que de nouveaux avantages se préparent, et que le plénipotentiaire de la France peut prendre au congrès une attitude moins humiliée.

Le maréchal Blücher, de sa personne, n'avait pas encore dépassé Champaubert; il était avec son arrière-garde aux Vertus, entre nous et Châlons. Le duc de Raguse reste chargé de le contenir, tandis que Napoléon va se mettre sur les traces des généraux Yorck et Sacken qui sont entre nous et la capitale.

Le 10 au matin, le duc de Raguse passe les défilés de Saint-Gond sous les yeux de Napoléon, et enlève à l'ennemi le village de Baye. Dans l'après-midi, l'armée parvient au village de Champ- C'était à qui seraient les premiers à aubert, débouche sur la grande route Paris, des soldats de Blücher, et de de Châlons, et y bat à plate couture les ceux de Schwarzenberg. Les Prusty colonnes que le général Alsufief (le siens s'efforçaient de prendre les demême qui défendait Brienne) a ralliées vants sur tous; déjà le général Yorck trop tard contre nous. La déroute est voyait les clochers de Meaux. Le génételle que les forces de l'ennemi se sé- ral russe Sacken, qui le soutenait, était parent: les uns fuient du côté de Mont-à la Ferté. Deux marches encore, et mirail, et sont poursuivis par la cava-ils bivouaquaient au pied de Montlerie du général Nansouty; les autres fuient sur Ètoges et Châlons, et sont poursuivis par le duc de Raguse.

Maître de Champaubert, Napoléon s'y loge dans une chaumière qui est sur

martre! Tout à coup les Prussiens s'arrètent; les Russes les rappellent à grands cris; la nouvelle du combat de Champaubert leur est arrivée avec la rapidité de la foudre; et toutes ces

colonnes, reployées en grande hâte les unes sur les autres, ne pensent plus qu'à se rouvrir un passage vers leur général en chef. Notre armée, qui s'avançait au-devant d'elles, les rencontre le 11 au matin; notre avantgarde sortait de Montmirail par la route de Paris; elle les arrête, et le combat s'engage aussitôt il est sanglant. A trois heures après-midi, le duc de Trévise, qui était resté en arrière avec la vieille garde, rejoint l'armée par la route directe de Sezanne à Montmirail. Napoléon ordonne alors une attaque générale et décisive. A droite de la route, en regardant Paris, le maréchal Ney et le duc de Trévise se mettent à la tête de la garde, et enlèvent la ferme des Grénaux (1), autour de laquelle l'ennemi s'était établi en force; à gauche, le général Bertrand et le duc de Dantzig vont mettre fin au combat que le général Ricard soutient depuis le commencement de la bataille au village de Marchais. Les Russes et les Prussiens renoncent alors au projet de forcer le passage par Montmirail; ils se retirent à travers champ sur ChâteauThierry, dans l'espoir de rentrer en communication avec le maréchal Blucher par la seconde route de Châlons qui côtoie la Marne.

Napoléon couche sur le champ de bataille, dans cette même ferme des Grénaux où le combat a été si opiniâtre. Les valets de pied enlèvent les morts de deux petites pièces où le quartier impérial s'établit ; et ce qui

(1) Le Bulletin dit : « La ferme de l'Épineanx-Bois; » c'est une erreur qui a été vérifiée. La ferme des Grénaux, autour de laquelle on s'est tapt battu, et où Napoleon a couché, appartenait à M. Paré, ancien ministre de l'ité

rieur.

reste de paille et d'abri dans cette ruine est consacré à l'ambulance.

Le 12, on poursuit les vaincus; notre cavalerie les disperse et les sabre jusque dans les avenues de ChâteauThierry; on leur coupe la retraite sur laquelle ils comptaient par la route de Châlons: ils n'ont alors d'autre parti à prendre que de se jeter dans la ville. Ils veulent couper le pont, afin de mettre la Marne entre eux et nous; mais nos troupes pénètrent pêle-mêle avec eux dans le faubourg de ChâteauThierry. Le duc de Trévise les poursuit au-delà du pont, sur la route de Soissons. Pendant le combat, Napoléon arrive sur les hauteurs qui dominent la vallée; il y passe la nuit dans une petite maison de campagne isolée, qui dépend du village de Nesle.

Le 13 au matin, Napoléon descend à Château-Thierry, et prend son logement dans le faubourg de Châlons, à l'auberge de la poste. Sept Prussiens s'étaient cachés dans cette maison; on en trouve six; le septième, blotti dans un grenier à linge, n'a été découvert que trois jours après le départ du quartier impérial.

Débarrassé pour le moment de cette partie de l'armée prussienne, Napoléon songe aussitôt à se retourner contre l'autre, qu'il a laissée entre Champaubert et Châlons. Le maréchal Blücher, contenu de ce côté, avait appelé à son secours les corps de Kleist et de Langeron, que de nouvelles troupes avaient relevés devant Mayence et devant les places de la Lorraine ; le duc de Raguse ne pouvait plus barrer le chemin à des forces aussi disproportionnées.

Dans l'après-midi du 13. l'armée quitte Château-Thierry pour aller rétablir l'équilibre de ce côté. Napoléon reste encore quelques heures sur la Marne; il donne ses dernières instruc

de l'ennemi, et bientôt ce n'est plus qu'une fuite. Dans la soirée, le maréchal Blücher, enveloppé plusieurs fois avec son état-major, ne parvient à se dégager qu'à coups de sabre, et ne nous échappe qu'à la faveur de l'obscurité, qui n'a pas permis de le reconnaître. Le duc de Raguse le poursuit toute la nuit.

tions au duc de Trévise, qui est sur la route de Soissons, poursuivant dans cette direction les fuyards des corps de Sacken et d'Yorck; il fait compléter l'armement des gardes nationales de la vallée avec les fusils prussiens, dont les routes sont couvertes; des officiers sont détachés pour réunir ces braves gens en partisans; d'autres ont ordre d'établir des postes d'observation le long de la rivière jusqu'à Epernay; des travaux défensifs sont tracés à ChâteauThierry, sur les hauteurs de l'ancien château qui dominent le pont; enfin, le brave général Vincent reste chargé du commandement de cet arrondissement. Après avoir ainsi pourvu à la défense de la Marne, Napoléon monte à cheval à minuit, pour suivre le mouvement de sa garde, et rejoindre le duc le faible corps du duc de Tarente, commit

de Raguse. Les demandes de secours deviennent d'heure en heure plus pressantes de la part de ce maréchal; il vient d'évacuer la position de Champaubert et recule encore.

Le 14 au matin, le maréchal Blücher était au moment d'arriver à Montmirail, lorsque le duc de Raguse fait faire tout à coup volte-face à son corps d'armée, et prend position dans la plaine de Vauchamps. Nos troupes de Château-Thierry arrivaient; bientôt l'ennemi aperçoit derrière le duc de Raguse toute l'armée française se déployant pour livrer bataille. A huit heures du matin, les cris des soldats signalent la présence de l'Empereur lui-même, et la bataille commence.

Dans le premier moment, le maréchal Blücher avait voulu éviter le combat; mais il n'était plus temps. En vain sa retraite est protégée par d'habiles manœuvres d'infanterie; les charges de notre cavalerie culbutent tous les carrés qui nous sont opposés; chaque pas rétrograde accélère la retraite

Du champ de bataille de Vauchamps, Napoléon revient coucher au château de Montmirail (1).

(1) Ainsi, dans le court espace de six jours, Napoléon avait écrasé successivement les cinq corps de l'armée de Silésie qui marchaient sur Paris, comme à une conquête assurée.

Le Feld-Maréchal, qui avait manqué l'occasion d'un important succès en laissant échapper

encore de plus grandes fautes. Il laissa son armée, morcelée en quatre sections, continuer sa marche processionnelle, et s'endormir sur les lauriers de La Rothière, bercé par l'espérance de conquérir Paris. Napoléon marche

à lui avec l'élite de son armée, avec ses vétérans que rien ne décourage. Le Feld-Maréchal se réveille quelles dispositions va-t-il prendre?

Deux partis se présentaient à lui: le premier, le plus prudent, sans doute, était une prompte retraite sur Châlons; le second, plus

digne d'une vaillante armée, de se concentrer rapidement pour faire tête à l'orage; le FeldMaréchal l'adopta. Mais oubliant qu'un plan bien combiné n'est couronné de succès qu'autant que les mesures d'exécution sont empreintes de force, animées de vitesse, il perd

du temps en irrésolutions, se laisse atteindre, renonce à son but, et va implorer l'appui du généralissime. Enfin, après avoir été, par sa faute, témoin passif des désastres de trois de ses lieutenants, il couronne son œuvre en venant, par une attaque intempestive, se faire écraser lui-même.

Par un contraste frappant, Napoléon retrouve, dans cette période, ce génie qui étonna l’Europe en 1796. Calculant de Nogent les chances que lui offre la marche décousue des deux grandes armées sur Paris, et traçant une ligne entre le difficile et l'impossible, il s'ouvre une route nouvelle par une contrée regardée

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