Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

mandement général de l'avant-garde. | lerie et fondit avec impétuosité sur les

Mais la rapidité de la marche de l'armée française, ayant prévenu les projets et dérangé les mesures des Prussiens, les avant-postes du prince Louis furent attaqués par l'avant-garde du duc de Montebello, et rejetés sur Saalfeld avant l'arrivée du secours que le prince prussien attendait. Ce jeune général, sans expérience, crut pouvoir se maintenir seul à son poste. Il réunit toutes ses troupes, et les rangea entre Saalfeld et le village d'Erosten, ayant devant son front une montagne couverte de bois, et derrière lui la rivière de la Saale. Ce fut dans cette position peu militaire qu'il attendit l'attaque des Français.

Le duc de Montebello fit occuper divers villages de la vallée de Saalfeld, en face de la position de l'ennemi, par une partie de la division du comte Suchet, à laquelle il foignit deux batteries d'artillerie légère. Pendant que ces troupes contenaient l'ennemi, et que l'artillerie portait le ravage dans ses rangs, une multitude de tirailleurs gravirent les montagnes, se jetèrent dans les bois et tournèrent, sans être vus, la position de l'ennemi. Afin de lui couper la retraite, les 9 et 10° de hussards, traversant la vallée, se portèrent rapidement sur la petite rivière de la Schwarza, à la droite des Prussiens, et se rendirent maîtres des gués qui offraient à l'ennemi quelque facilité pour échapper.

Surpris et déconcerté par la promptitude des mouvements des Français, l'ennemi se battit sans ordre. Son infanterie fut bientôt rompue; elle recula contre la Saale et la Schwarza. La difficulté qu'elle trouva pour se retirer acheva de mettre parmi elle la plus grande confusion. Le prince Louis voyant la mauvaise tournure que prenait le combat, résolut de tenter un dernier effort. Il réunit toute sa cava

hussards français qui coupaient sa retraite. Ceux-ci soutinrent le choc avec autant de courage que les Prussiens en mirent à les attaquer. La mêlée fut chaude et meurtrière. Le Prince s'engagea dans un combat corps-à-corps, avec un maréchal-des-logis du 10° de hussards qui lui proposa de se rendre. Le Prince ayant répondu par un coup de sabre, le maréchal-des-logis lui en porta un à son tour qui le blessa et le fit chanceler. Le Prince fut achevé d'un coup de pistolet. 600 hommes restés sur le champ de bataille, du côté des Prussiens, 1,000 prisonniers et 30 pièces de canon enlevées à l'ennemi, furent le résultat de ce combat, à la suite duquel le cinquième corps alla bivouaquer sur la route de Géra. Les autres corps reçurent en même temps une direction générale vers Schleitz et Saalfeld, et ensuite plus avant vers Neustadt, en inclinant à gauche, du côté de l'ennemi, dont on commençait à soupçonner la vraie position.

Le 10, au soir, le quartier-général impérial était à Schleitz. Ce fut de là que l'ordre fut envoyé au duc de Montebello de se porter sur Neustadt; au duc de Castiglione, de suivre à grandes marches ce mouvement; au prince d'Eckmühl, de se rendre, avec tout son corps à Auma, puis à Géra. Le prince de Ponte-Corvo avait déjà reçu l'ordre de faire des efforts pour occuper, dans la journée du 11, cette dernière ville que l'Empereur voulait décidément avoir, afin de connaître ce que faisait l'ennemi. Il était prescrit au duc de Dalmatie de se diriger aussi sur Géra, en occupant d'abord la ville de Warda, où il devait se mettre en communication avec l'avant-garde du troisième corps. Le maréchal duc d'Elchingen arrivait à Schleitz. La réserve de cavalerie était

entre le troisième et le premier corps, | général écrivit au roi de Prusse, de la sauf les brigades de cavalerie légère part de l'Empereur, la lettre suivante: qui éclairaient, en avant de l'armée, les routes d'Iéna et de Zeitz. A cette époque, toute l'armée était concentrée entre l'Elster et la Saale, la tête du côté de Naumbourg; elle s'avançait rapidement sur la ligne d'opérations de l'ennemi.

Dans la nuit du 11 au 12, le quartiergénéral impérial fut transféré à Auma. De nouveaux renseignements, parvenus à Napoléon, l'ayant confirmé dans l'opinion que les principales forces de l'ennemi étaient du côté d'Erfurt, l'Empereur fit sur-le-champ donner l'ordre au roi de Naples de se porter à Zeitz, de jeter des coureurs sur Leipsig et sur Naumbourg, et de s'avancer même jusqu'à cette dernière ville, si les renseignements qu'il recevrait lui apprenaient que l'ennemi n'avait pas quitté Erfurt. Il était prescrit au prince de Ponte-Corvo d'appuyer le mouvement du roi de Naples; Naumbourg était également le point assigné au prince d'Eckmühl. Dans cette journée du 12, le duc de Dalmatie devait arriver à Géra; le duc d'Elchingen, à Mittel; le duc de Montebello, à léna; et le duc de Castiglione, à Eula.

« Sire, l'empereur Napoléon me » charge d'avoir l'honneur de témoi» gner à Votre Majesté toute la part » qu'il prend à la peine qu'a dû lui » faire la mort glorieuse du prince »>> Louis. >>>

Le 13 octobre, de grand matin, le quartier-général impérial fut à Géra. Le maréchal duc de Montebello s'était rendu à léna, et avait occupé les hauteurs en avant de cette ville. Il ne tarda pas à donner à l'Empereur l'avis que l'ennemi était en présence avec une armée nombreuse, et que tous ses mouvements annonçaient qu'il voulait attaquer léna. Cet avis fut transmis au prince de Ponte-Corvo et au maréchal prince d'Eckmühl; et il leur fut mandé à l'un et à l'autre que s'ils entendaient, pendant la soirée, le canon du côté d'léna, ils devaient manœuvrer sur l'ennemi et déborder sa gauche. La marche de tous les corps fut accélérée vers ce point qui paraissait devoir devenir dans peu de temps le théâtre d'un grand événement.

Le duc de Dantzig, qui commandait les grenadiers et les chasseurs à pied de la garde, cut l'ordre d'avancer en Pendant que la Grande-Armée avan- toute diligence sur Jéna. Il fut enjoint çait en Saxe, Napoléon fit rapprocher au duc de Castiglione de venir se placer les troupes de la Confédération rhé- en seconde ligne derrière le duc de nane pour occuper les lieux abandon- Montebello. L'instruction du duc de nés par les Français. Les troupes de Dalmatie portait de se rendre à Kosnitz, Bade, celles de Würtemberg et celles gros village sur la Saale, à l'embrande Würtzhourg eurent l'ordre de se chement des routes d'léna et de Naumrendre à Bayreuth. La division bava- bourg. Roda fut assigné au duc d'Elroise, déjà formée, fut dirigée sur chingen, La grosse cavalerie de la réSchleitz. Celle qui se formait à Ingol- serve et les dragons qui marchaient sur stadt, sous les ordres du général Deroy, Naumbourg, furent prévenus de ne fut destinée à occuper le pays de Bay- pas dépasser Auma, sans recevoir de reuth et à fournir au blocus de Kulm- nouveaux ordres. D'après ces disposibach. tions, l'on fut en mesure vis-à-vis de Ce fut d'Auma que le prince Major- l'ennemi, soit qu'il voulut attendre la

bataille, dans le poste qu'il occupait, soit qu'il essayât de forcer le passage de la Saale, ou d'effectuer sa retraite sur Berlin.

Les combats de Schleitz et de Saalfeld, la marche rapide de l'armée française, l'occupation d'Iéna, de quelques points de la Saale, et particulièrement de Naumbourg qui se trouvait sur leur communication d'Erfurt à Leipsig, toutes ces circonstances firent connaître aux généraux prussiens le danger imminent où les avaient plongés le vague de leurs projets et l'irrésolution de leurs démarches.

Dans cette perplexité, le conseil du Roi qui, le 8 octobre, pensait encore à prendre l'offensive et à déboucher en trois colonnes sur Bamberg, Schweinfurt et Francfort, qui, le 11, se bornait déjà à la guerre défensive, qui prenait ses mesures pour couvrir la Saxe et fermer les routes de Dresde et de Leipsig, ne dut plus songer, dans la nuit du 12 au 13, qu'à ménager une retraite à l'armée et à lui conserver sa ligne d'opérations menacée.

Dans cette nuit et dans la journée du 13, le général en chef de l'armée prussienne, qui avait déjà rassemblé tous ses corps détachés et réuni ses forces, quitta les bords de la Saale pour concentrer son armée entre Cappellendorf et Auerstädt, dans l'intention d'employer la journée du 14 à déboucher par Naumbourg, en forçant le passage de la Saale, et à se retirer sur Magdebourg ou sur Berlin.

Le champ où allaient combattre les deux armées est une plaine ondulée, située au-delà des montagnes et des défilés qui bordent la rive gauche de la Saale. Cette plaine est traversée par la rivière d'Ilm qui baigne les murs de Weymar, et vient se réunir à la Saale, non loin d'Auerstadt. Cet espace était

occupé par l'armée prussienne partagée en deux grands corps.

Le premier, fort de quarante-cinq mille hommes, était commandé par le Roi et par son lieutenant, le duc de Brunswick. Ce corps qui, dans la journée du 13, alla camper à Auerstädt, était destiné à frayer, par Naumbourg, un passage à toute l'armée, pour entrer par la Saxe dans le cœur de la monarchie.

L'autre armée, restée sous les ordres du prince de Hohenlohe, était forte de soixante-dix mille hommes; elle s'étendait de Weymar à Isserstadt, village situé à l'entrée de la plaine, devant le plateau d'léna La droite de cette armée, sous les ordres du général Rüchel, formait comme une réserve, entre Frankendorf et Weymar. Le centre était à Cappellendorf, où se trouvait aussi le quartier-général du prince de Hohenlohe.

Les avant-postes de la gauche occupaient en force, à l'entrée du défilé de Mühlthal, sur la chaussée d'Iéna à Weymar, une hauteur appelée le Schnecke, qui domine ce défilé. Les ennemis étaient encore répandus dans les villages de Lutzerode, Cospoda, Closwitz et dans tous les points qui pouvaient empêcher l'armée française de déboucher dans la plaine, de sorte qu'il paraissait que leur but était de retarder celle-ci, jusqu'à ce que le roi de Prusse eût passé la Saale, et de suivre ensuite la retraite de l'armée du Roi.

Par ces nouvelles dispositions, l'ordre de bataille des Prussiens était changé. Le corps du Roi, qui en faisait précédemment le centre, en formait maintenant la gauche. Le corps de Hohenlohe, qui était la gauche, était devenu le centre. L'armée prussienne faisait face à la Saale qu'elle avait auparavant sur son flanc. On pouvait évaluer à dix

>> Le village de Closwitz, sur notre droite, sera foudroyé par toute l'ar>> tillerie du comte Suchet, et, immé

mille pas géométriques la distance entre l'armée prussienne du Roi et celle du prince de Hohenlohe; il y avait de petits corps intermédiaires à Apolda,» diatement après, attaqué et enlevé. Pluhrsted, Eberstadt, pour entretenir la communication.

Le 13 octobre, à deux heures après midi, Napoléon arriva à léna. Du haut d'un petit plateau qu'occupait l'avantgarde du cinquième corps, et qui domine la plaine, l'Empereur aperçut les dispositions de l'ennemi. Sa Majesté régla en conséquence, de la manière suivante, l'ordre de la bataille qui fut transmis aux commandants des différents corps d'armée :

» L'Empereur donnera le signal. On » doit se tenir prêt à la pointe du jour.

>> Le maréchal duc d'Elchingen mar» chera toute la nuit, et tâchera d'être » arrivé au jour à l'extrémité du » plateau, pour pouvoir le monter, et » se porter sur la droite du duc de » Montebello, du moment que le vil» lage de Closwitz sera enlevé, et qu'on » aura de la place pour se déployer.

>> Le maréchal duc de Dalmatie, ar>> rivant du côté de Dornbourg, mar» chera jusqu'à ce qu'il soit parvenu à » la hauteur d'Iéna; il se liera aux au>> tres corps, de manière à former » la droite de l'armée, et s'attachera à >> rester toujours lié.

« Le maréchal duc de Castiglione » commandera la gauche. Il placera sa >> première division en colonne sur la >> route de Weymar, jusqu'à une hau»teur par où le général comte Gazan > a fait monter son artillerie sur le pla» teau d'léna. Il tiendra les forces né» cessaires sur le plateau de gauche, à» la ligne de l'infanterie légère; chaque

» L'ordre de bataille, en général, >> sera sur deux lignes, sans compter

» ligne éloignée l'une de l'autre, de » cent toises au plus.

» la hauteur de la tête de sa colonne; » il aura des tirailleurs sur toute la ligne >> ennemie, aux différents débouchés » La cavalerie légère de chaque corps » des montagnes. Quand le général » d'armée sera placée à la disposition » Gazan aura marché en avant, le duc » de chaque général, pour servir sui» de Castiglione débouchera sur le pla-» vant les circonstances. La grosse ca»teau avec tout son corps d'armée, et » marchera ensuite, suivant les cir>> constances, pour prendre la gauche > de l'armée.

» Le maréchal duc de Montebello » commandera le centre; il occupera » le plateau d'Iéna, du côté qui regarde » la plaine. A la pointe du jour, il aura toute son artillerie dans ses interval» les de bataille.

» L'artillerie de la garde sera placée » sur la hauteur d'Iéna; et la garde, >> rangée sur cinq lignes, occupera le > derrière du plateau qui sera couronné par la première ligne composée des chasseurs.

>> valerie sera placée, quand elle arri» vera, sur le plateau, et sera en ré» serve derrière la garde, pour se por» ter où les circonstances l'exigeront.

>> Ce qui est important, c'est d'abord » de se déployer en plaine. On fera » ensuite les dispositions que les ma>>nœuvres de l'ennemi et les forces qu'il » montrera indiqueront, afin de le >> chasser des positions qu'il occupe. »

Le maréchal prince d'Eckmühl reçut l'ordre de se porter de Naumbourg sur Kösen pour défendre les défilés de la Saale, près de ce village, si l'ennemi voulait marcher sur Naumbourg, et pour prendre l'ennemi à dos par Apolda,

s'il restait dans la position où il était avaient pris Ulm; que l'armée prus

le 13.

Le prince de Ponte-Corvo fut destiné à déboucher de Dornbourg pour tomber sur les derrières de l'ennemi, soit qu'il se portat en force sur Naumbourg, soit qu'il se dirigeàt sur Iéna.

sienne, comme l'armée autrichienne était cernée, avait perdu sa ligne d'opérations, ses magasins; qu'elle ne se battait plus dans ce moment pour sa gloire, mais pour sa retraite ; qu'elle voulait se faire une trouée dans quelque point, mais que les corps d'armée qui la laisseraient passer seraient perdus d'honneur et de réputation.... A ce discours les soldats répondent par les cris de marchons! L'Empereur donne le signal: toute l'armée s'ébranle. Les tirailleurs

La nuit qui précéda la bataille, Napoléon bivouaqua sur le plateau d'Iéna, au milieu de ses braves. Pendant toute la nuit, il fit travailler à un chemin dans le roc pour transporter aisément l'artillerie sur la hauteur; et il y réussit, malgré des obstacles qu'au pre-engagent l'action. La fusillade devient mier coup-d'œil on aurait jugés insur- vive, presqu'aussitôt qu'elle a commontables. Il fit pratiquer aussi des mencé. débouchés dans la ville et dans les vallées voisines, pour faciliter le déploiement des troupes qui n'avaient pu être placées sur le plateau. C'était la première fois qu'une armée devait passer au travers d'un si petit débouché.

Le spectacle que les deux armées offrirent pendant cette nuit était remarquable. L'une déployait son front sur six lieues d'étendue et embrasait l'atmosphère de ses feux. Les bivouacs apparents de l'autre étaient concentrés sur un seul point.

A la pointe du jour, le maréchal duc de Dantzig avait fait ranger la garde impériale en bataillon carré au sommet du plateau d'Jéna. A droite du plateau était la division du comte Suchet; à gauche, celle du comte Gazan; chacun de ces corps avait ses canons dans les intervalles.

Précédées de leurs tirailleurs, les deux divisions du cinquième corps se portent en avant; celle du comte Suchet se dirige sur Closwitz; celle du comte Gazan marche, partie sur Cospoda, partie sur la route de Weymar. L'ennemi défend vivement la position du Schnecke. Cependant il en est débusqué; et le cinquième corps, débouchant dans la plaine, commence à se déployer. Dans cette manœuvre, les 64 et 88° de ligne s'approchent du village de Lutzerode, défendu par un régiment ennemi. Ce village est enlevé, presqu'en même

On était à la petite portée de canon. Les sentinelles se touchaient presque; et il ne se faisait pas un mouvement qui ne fût entendu. L'activité qui régna toute la nuit dans l'une et l'autre armée était l'annonce d'un grand jour. Mais, selon toute apparence, elles attendaient l'événement avec un espoir et des sentiments bien opposés. Ce jour arrive enfin. Aussitôt qu'il paraît, l'ar-temps qu'il est attaqué; quelques commée prend les armes.

L'Empereur passe devant plusieurs lignes; il recommande aux soldats de se tenir en garde contre cette cavalerie prussienne qu'on peignait comme redoutable; il les fait ressouvenir qu'il y avait un an, à la même époque, ils

pagnies du 21 d'infanterie légère s'engagent sur la route de Weymar, jusqu'à Hohlstadt. Par ce mouvement rapide, le gros du centre de l'armée ennemie placé à Isserstadt, voit déjà sa droite et sa gauche menacées.

Il était dix heures du matin.

« ZurückWeiter »