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recherches. Il lui fallut de plus rechercher nombre de documents anciens, explorer des archives, traduire ou faire traduire. Enfin c'est lui qui méthodisa, qui rédigea tout De là, en somme, un ouvrage net, exact, riche en faits, en renseignements, en résultats curieux, neuf lorsqu'il parut, presque neuf encore de nos jours, surtout pour la France, et auquel la récente réannexion de la Savoie prête un intérêt tout particulier. III-IV. Deux ouvrages historiques, l'un et l'autre enfants d'une même idée, l'un et l'autre traitant, mais sous des faces différentes, le même sujet, celui qui tenait le plus au cœur de Verneilh, les destinées de sa patrie. Ce sont: 1° l'Histoire politique et statistique de l'Aquitaine ou des pays compris entre la Loire et les Pyrénées, l'Océan et les Cevennes, Paris, 1823-1827,3 vol., in-8'; 2o Histoire de France, ou l'Aquitaine depuis les Gaulois jusqu'à la fin du règne de Louis XVI, Paris, 1843, 3 vol., in-8°, L'idée du second écrit ne laisse pas d'être piquante, quoique appartenant à la famille des paradoxes insoutenables; l'Aquitaine est seule au premier plan, le reste de la France reste sur le second; la France n'est en quelque sorte que l'Aquitaine ornée d'un certain coefficient. C'est trop girondin ! mais cela réveille, et nous pardonnons... La Dordogne est si voisine de la Gironde. Quant à la précédente production, tirée en majeure partie de la grande Hist. du Languedoc de dom Vaissette, elle a été dépassée, partant éclipsée par Fauriel; elle n'en reste pas moins une tentative et, on peut le dire hardiment, plus qu'une tentative, éminemment honorable pour son auteur. V. Mémoires historiques sur

la France et sur la révolution, depuis la guerre de la Fronde, jusqu'à la mort de Louis XVI, avec un supplément jusqu'à la restauration, Paris, 1831, in-8°. A toutes les phases de notre histoire Verneilh retrouvait la personnalité de sa chère Aquitaine. Nous ne parlons pas de l'Aquitaine de Caribert II et de Waïfre, de celle d'Assénor de Guyenne et du Prince Noir. Mais, sous la régence d'Anne de Médicis, c'est en Aquitaine que la princesse de Condé opère en armes sa diversion pour la délívrance de son époux; sous la Convention, c'est de l'Aquitaine que Charles IV, espère voir roi son cousin Louis XVII; en 1814, presque de nos jours, c'est de l'Aquitaine que part le signal du retour des Bourbons et le dernier fait d'armes des braves de Napoléon ; le maire Lynch arbore les lis à Bordeaux, le ..... 1814; Soult bat encore Wellington, le 10 avril 1814 à Toulouse. Val. P. VERNES (FRANÇOIS), ou Vernes de Luze, fils du célèbre pasteur de ce nom (Biographie, t. xLvш, p. 238), qui, lui-même, descendait d'une famille française protestante sortie de France, à la suite de la révocation de l'édit de Nantes, naquit à Genève le 10 janvier 1765, fit au collége de cette ville de bonnes études, ety remporta plusieurs prix. Il se voua de bonne heure à la culture des lettres, et ne tarda pas à devenir un écrivain distingué. A une flexibilité d'esprit remarquable, Vernes joignait la profondeur du moraliste. Tous ses ouvrages sont empreints d'un désir sincère et persévérant de concourir au progrès de l'humanité et au développement des saines doctrines religieuses et philosophiques. A l'âge

de 11 ans, il composa la fable du Coq et du Miroir, qui lui valut la faveur d'être présenté à Voltaire et d'en recevoir des encouragements. Le voyageur sentimental à Yverdon, qu'il publia à vingt ans, est l'ouvrage qui a le plus contribué à sa réputation. Cet ouvrage, qui a eu plus de dix éditions, a été traduit en plusieurs langues. Laurent de Bruxelles lui a donné une place dans sa collection des classiques, et le comte Roederer, alors rédacteur du Journal de Paris, a consacré dans ce journal un long article à cette production. Lié avec tous les amis de son père, Vernes, dans ses voyages à Paris, fut accueilli avec empressement par les personnages de la plus haute distinction. Le duc d'Albon, la duchesse d'Anville, le duc d'Aumont, l'abbé Delille, Laharpe, Raynouard, d'autres encore, lui ouvrirent leur salon. Aussi bien reçu à Coppet qu'à Paris, où M. Necker se fit un plaisir de l'attirer, il fut honoré de l'amitié de madame de Staël, chez laquelle il retrouva Charles de Sismondi, son parent, Catruffo, le compositeur, Benjamin Constant, le poëte Werner, etc. Ses relations avec la baronne de Montaulieu, Jean-Baptiste Say, Etienne Dumont et Louis Simon, auteur du Voyage d'un ançais en Angleterre, contribuèrent à étendre sa réputation. Vernes est mort à Verjoix près Genève, le 6 avril 1834, laissant deux fils: l'un, M. Vernes (François), est le traducteur des Avis aux jeunes gens, de William Cobbet; l'autre, M. Vernes (Théodore), auteur de Naples et les Napolitains, a été élu en 1853, membre du consistoire de l'église réformée de Paris. M. le professeur Munier, dans son rapport sur l'instruction publique dans le canton de Ge

nève, a lu, le 15 juin 1835, dans la cathédrale de Saint-Pierre, à la cérémonie des promotions, les lignes suivantes consacrées à la mémoire de Vernes : « Je ne puis < pas omettre de payer un tribut « à la mémoire d'un de nos com⚫ patriotes, dont les ouvrages sont « moins connus et moins appréciés « chez nous qu'à l'étranger. Imi<tateur heureux, dans sa jeunesse << du profond et spirituel Sterne, « M. Vernes, excita l'attention pu«blique par son Voyageur senti« mental qui lui a attiré des cri<< tiques, mais où des traits << piquants et originaux lui valurent « les encouragements de quelques « bons juges. Il tourna plus tard « ses méditations sur des questions « d'un ordre élevé, et eut à cœur << de les approfondir. Fermement << convaincu de bonne heure, et il «<le devait sans doute à son habile « et respectable père, de la vérité « de la religion, et pénétré de l'im« possibilité d'asseoir la morale et « la société sur aucune base plus « solide, il consacra ses veilles à << la démonstration de ces grands << théorèmes, et il a publié, dans « les dernières années de sa vie, << trois ouvrages sur les rapports de « la morale et de la politique avec << la religion, qui sont des services « rendus à la cause qu'il avait em«< brassée. Ces ouvrages portent le <«< cachet d'un esprit qui se com<< plaisait dans les spéculations les << plus graves, d'un cœur religieux «<et sensible, occupé du bonheur << de l'humanité et avide d'y con<< tribuer. A tous ces titres, et dans << une époque où les écrivains de « cette tendance sont rares, M. Ver

nes n'a-t-il pas droit à ce que << nous déposions sur sa tombe un << hommage et un regret?» Les

ouvrages publiés par cet écrivain sont: 1o Eloge de Jacob Vernes, placé en tête du 2 volume des Sermons. Lausanne, 1792. 2o Adelaide de Clarence, 2 vol. in-8°. 3o Almed, 3 vol. in-12. Paris, 1815. 4° Almed, ou le Sage dans l'adversité. Paris, 1816.5° Les Aveugles de Franconville, comédie eu 1 acte et en prose. Paris, 1807. 60 Nouveaux Contes moraux en prose et en vers. Paris, 2 vol. in-12. 7° La Création ou les premiers fastes de l'homme et de la nature, poëme en six chants, 1 vol. in-18. Paris, 1804. 8° la Deicée ou Méditations nouvelles sur l'existence et la nature de Dieu, sur ses perfections, ses œuvres et la destinée de l'homme, suivie d'Elvina, tragédie chrétienne, 1 vol. in-8°. Paris, 1823. 9o La Duchesse de la Vallière, tragédie eu 5 actes et en vers. Paris, 1807. 10° Etrennes à mes enfants, conseils moraux en vers, suivis d'un Théâtre de société, 2 vol. in-18. Paris, 1816. 11° La Franciade, ou l'Ancienne France, poëme en seize chants, 2 vol. in-18. Lauzanne, 1789. 12° L'Homme religieux et moral, ou Exposition des principes et des sentiments les plus nécessaires au bonheur (1), 1 vol. in-8°. Paris, 1829. 130 Idamora, ou les Sauvages civilisés, 3 vol. in-12. Paris, 1827. 14° Mathilde au mont Carmel, continuation de Mathilde de madame Cottin, 2 vol. in-12 ou 3 vol. in-18. Paris, 1832. Une traduction en langue russe. 15° Selin Adhel o Matilda en el monte Carmelo, traduction par D. Manuel Antonio

(1) A l'époque de la publication de ce livre, un père de famille se présenta chez l'éditeur en lui en demandant cinq exemplaires, et en ajoutant : « J'ai quatre enfants, et je veux que chacun d'eux ait ce livre entre les mains. >>

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Cabat. Paris, 1816, 2 vol. in-18. 16° Odisco et Felicie, ou la Colonie des Florides. Paris, 1803, 2e édit., 1807. 17° Poésies fugitives, 1 vol. in-8°. Neuchatel, 1782. Autre édit. à Londres, Cazin, 1786. 18° Rose blanche. Princesse de Nemours, nouvelle historique, suivie de contes moraux, 2 vol. in-12. Paris, 1826. 19° Seymour, ou Quelques mots du secret du bonheur, 2 vol. in-8°, Paris, 1834. 20° Théâtre de ville et de société, précédé des Contes moraux et des Novateurs gascons, ou Préservatif contre la manie des révolutions, facétie, 2 vol. in-8°. Paris, 1820. 21° Voyage épisodique et pittoresque aux glaciers des Alpes, suivi de la Duchesse de la Vallière, tragédie en 5 actes et en vers et des Aveugles de Franconville, comédie, 1 vol. in-12. Paris, 1807. 2e édit., 1808. 22 Voyage sentimental en France sous Robespierre. Genève, 2 vol. in-12. 23° Le Voyageur sentimental, ou Ma promenade à Yverdon. Lauzanne, 1786, un vol. in-12. Londres, 1786. Dresde, 1787. Bruxelles. Autre édition augmentée et suivie du deuxième voyage fait par l'auteur, quarante ans après, 2 vol. in-12. Paris, 1825. 24° L'Homme politique et social, ou Exposition des principes fondamentaux de l'état social et des devoirs qui en dérivent, 4 vol. in-8°. Paris, 1831.

V.

VERNET (CARLE), peintre d'histoire, né à Bordeaux en 1758 et mort à Paris en 1835, a soutenu par son grand talent l'illustration acquise à son nom par son père Joseph Vernet, célèbre peintre de marine. Les dispositions de cet artiste pour le dessin et la peinture se manifestèrent de si bonne heure et avec un tel éclat que, dès son enfance, on le regardait comme devant être un grand artiste. Il

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avait bien dans l'œil et dans la main les qualités propres à justifier ces espérances; mais sa légèreté, la bizarrerie de son caractère, furent des obstacles au développement sérieux de son talent. De très-bonne heure, des dispositions d'esprit contraires paraissent avoir altéré l'équilibre de son caractère. Ainsi, dans sa jeunesse, aimable, élégant, recherché de la haute société où l'avait introduit son père, il s'y faisait particulièrement remarquer par le talent futile qu'il avait déjà, et qu'il a conservé jusqu'à ses derniers jours, de faire des calembours, ainsi que par son goût pour l'équitation et la chasse. Puis, en opposition à ces goûts purement mondains, ce jeune artiste, dont le talent était déjà apprécié, devint d'une dévotion presque exagérée, qu'il a cependant trouvé moyen de concilier, pendant toute sa vie, avec son goût pour les plaisirs du monde. Avec un esprit observateur et un œil qui retenait bien ce qu'il avait vu, au fond, Carle Vernet était un homme léger, ne tendant ni dans sa vie ni dans son art vers un but fixe, et, par cela même, ayant été entraîné à disséminer les efforts de son talent au lieu de les concentrer. En effet, la variété des sujets qu'il a traités justifie véritable cette observation, et le grand nombre des spirituelles caricatures qu'il a produites avec une incroyable facilité, est peut-être la portion de toute son œuvre où se développe avec le plus de verve le caractère de son talent. Il se tit connaître cependant par un ouvrage d'un caractère sérieux. Obéissant au goût qui régnait vers 1788, il entreprit une vaste composition, le Triomphe de Paul Émile, qui lui ouvrit les portes de l'Académie. Dans

ce tableau, que l'on verrait encore avec plaisir, on remarqua surtout l'art, en quelque sorte nouveau à cette époque, avec lequel les chevaux y sont traités. Aux formes conventionnelles que les peintres d'his toire avaient données jusque-là à ces animaux, le jeune C. Vernet substitua celles qu'en sa qualité d'écuyer il avait observées sur lanature. Au nombre des autres ouvrages d'un style sérieux, nous mentionnerons seulement les Courses de chars pour les funérailles de Patrocle, une suite de fort bons dessins représentant les principaux faits d'armes de la fameuse campagne de 1797 en Italie, et la Mort d'Hippolyte. Mais le tableau capital de C. Vernet est la Bataille de Marengo, exposée au salon de 1804, aujourd'hui l'un des ornements des galeries historiques de Versailles. L'ordonnance de cette fameuse composition est très-pittoresque, et ce qui relève cette qualité est le soin qu'a pris l'artiste de ne négliger aucun des détails qui se rapportent à la stratégie, en sorte que tous les spectateurs, simples curieux ou militaires instruits, sont pleinement satisfaits en le voyant. En 1804, l'heureuse alliance du pittoresque et de la stratégie dans un tableau de bataille était une innovation, et c'est à Carle Vernet qu'on la doit. Ce tableau est son chefd'œuvre dans le genre sérieux, et sera toujours mis au nombre des bons ouvrages de cette époque. Quant à la partie familière et comique de son œuvre, elle est bien plus considérable et plus variée. La passion de cet artiste pour les chevaux, l'équitation et la chasse lui ont fait improviser une suite de tableaux et de dessins dont les gravures recherchées avec empresse

ment lorsqu'elles parurent, sont soigneusement conservées aujourd'hui par les amateurs. Ce sont des courses de chevaux et de chars au Champ-de-Mars sous le Directoire, des calèches remplies de dames élégantes et entourées de jeunes cavaliers. Puis des chasseurs au tir, des trains d'artillerie légère, des rendez-vous de chasse et les exercices de Franconi, le tout accompagné d'une multitude de dessins de chiens de chasse, dont le caractère et les allures sont saisis de la manière la plus vraie et la plus spirituelle. Mais C. Vernet a une place à part parmi les dessinateurs et peintres de caricatures. Il s'est particulièrement adonné à ce genre à deux époques sous le Directoire et en 1815, lorsque les Anglais vinrent en foule à Paris. Ces caricatures ont presque un caractère historique, car pour ceux qui ont vécu à ces époques, les gravures des Incroyables et des Merveilleuses ne sont que des portraits; ce sont les originaux qui fournissaient la caricature. Celui des deux Incroyables, vu de profil et tenant son chapeau à la main, est la ressemblance exacte de Garat, également célèbre sous le Directoire par ses ridicules et par la perfection de son chant. Quant aux Anglais et Anglaises de 1815, c'est la vérité même. Ce peintre, C. Vernet, est également vrai et plus plaisant encore dans des caricatures animées par son imagination. Rien n'est plus drôle qu'une des dernières qu'il a peintes. C'est le trouble que cause le fracas d'une diligence traversant la rue étroite d'un petit village. Les chiens qui aboient, les oies qui s'enfuient, les enfants et les femmes qui risquent de se faire écraser pour satisfaire leur curiosité, tous

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ces détails sont exprimés de main de maître. Il faut en dire autant des scènes d'animaux et de chiens savants qu'il représente avec leurs costumes grotesques, et d'une foule d'autres sujets analogues qu'il jetait sur le papier avec une facilité extrême, et que l'on s'empressait de reproduire par la gravure. Son œuvre gravée et lithographiée, qui se trouve à la bibliothèque de la rue Richelieu est considérable et présente les scènes les plus graves ainsi que les plus comiques qui ont en lieu pendant l'existence de l'artiste. Si cet homme, d'une rare habileté, ne se fût pas trouvé placé entre son père Joseph et son fils Horace, ses ouvrages auraient sans doute donné plus d'éclat à son nom, si ce n'est par leur perfection, du moins par leur originalité. La vie de Carle Vernet a été calme; il l'a passée en cultivant agréablement son art, en fréquentant le monde, en satisfaisant son goût pour l'équitation, entremêlant toutes ces occupations de pratiques religieuses, qu'il a observées pendant tout le cours de son existence. Comme sa vie, sa mort a été douce. Sans ambition, il s'est trouvé heureux d'être le fils d'un artiste célèbre et le père de M. Horace Vernet, dont il a vu avec bonheur se développer le talent qui lui a fait acquérir.une gloire solide. Les dernières paroles prononcées par C. Vernet quelques heures avant sa mort donnent une idée juste de son caractère et résument en quelque sorte sa vie. Admirateur du talent de son père et de celui de son fils : « C'est singulier, dit-il, près de rendre l'esprit, comme je ressemble au grand dauphin, fils de roi, père de roi... et jamais roi. » E.-J. D. L. VERNIÈRES, général français,

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