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recours pour le déguiser un peu de faiblesse dans une crise décisive. Cette part faite au blâme et le tort de Vedel en un moment fait pour embarrasser les plus habiles, réduit à sa juste valeur, nous ne nous étonnerons pas pourtant qu'il n'ait point été désigné pour l'expédition de Russie. [On sait à quel point Napoléon répugnait à réemployer ceux qui n'avaient pas triomphalement promenéses aigles au sud des Pyrénées et qui lui semblaient importer, inséparable d'eux désormais, leur guignon d'Espagne]; mais nous sommes un peu surpris que la disgrâce ait été jusqu'à la destitution. Ce n'était plus là de la justice, c'était de l'arbitraire politique. Toutefois, pour Napoléon aussi, l'étoile fatale surgit à l'horizon avant la fin de cette année où les calamités de Baylen avaient été appréciées si durement; et à n'évaluer que les pertes matérielles, un seul mois put faire équilibre à plusieurs Baylen. Soit que le grand homme, en cessant d'être invulnérable, eût appris l'indulgence, soit qu'il se sentît besoin de tous en cette grande année 1813 où tous allaient faire défection, Vedel fut réintégré honorablement et alla commander une division en Italie. De retour en France, au commencement de 1814 il fut détaché avec 4,000 hommes pour aller renforcer Desaix, lequel luttait en brave mais péniblement contre les Autrichiens, que favorisait l'inconcevable mollesse d'Augereau, en vain stimulé par les véhémentes adjurations de l'Empereur, et, sans trahir, plus sympathique aux ennemis qu'aux défenseurs du sol. Tel ne fut pas Vedel; il tint aussi longtemps qu'il fut possible de tenir. Il défendit

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energiquement, avec des forces inégales, le passage de la Durance: un peu plus tard, il livra aux Autrichiens, à Romans, un combat qu'on pourrait presque dénommer bataille, tant il y coula de sang, et tant chefs et soldats y déployèrent Ja bouillante intrépidité des beaux jours de la république. Le souvenir en vit encore parmi les paysans de Romans, et, selon eux, c'est aux Français que demeura la victoire. Le fait est que nous perdîmes moins de monde que les Autrichiens, mais ils en pouvaient perdre davantage. Cependant, à Paris, les événements arrivés le 30 mars avaient précipité le dénoûment. Malgré son récent dévouement, on comprend que Vedel n'ait pas vu de très-mauvais œil la restauration. Il ne s'inféoda pas pourtant à la politique de l'ultramonarchisme. Louis XVIII ne l'en créa pas moins chevalier de Saint-Louis, et Dupont devenu ministre effaça du. moins ses torts envers Vedel, torts auxquels nous aimons à penser que l'avaient réduit les nécessités de la défense, en le nommant inspecteur général de la 8 division militaire et un peu plus tard, à la suite d'un remaniement du personnel, en lui donnant le commandement du département de la Manche (2 subdivision de la 14 division militaire, chef-lieu Caen). C'est en cette position que le trouva Napoléon au retour de l'île d'Elbe. Vedel, malgré ses vieux griefs, voyant dans l'Empereur l'homme de la patrie, se rallia sans longs délais et accepta le commandement de la division entière. Caen devint alors sa résidence. Toute cette division alors était des premières en importance, vu son accessibilité par mer et sa proximité relative de Paris. Pour

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mille raisons donc il ne put prendre part à la campagne de Belgique. Jusqu'à la nouvelle de la bataille de Waterloo, il maintint la Normandie et particulièrement le Calvados dans l'obéissance. Mais, quelques jours après le grand désastre, des royalistes débarquèrent à Bayeux le duc d'Aumont était à leur tête; Vedel y courut avec deux mille hommes, plus six pièces de canon, et quelques coups de feu furent échangés, quelques prisonniers furent faits de part et d'autre, puis l'on s'observa. Le duc eut l'art de persuader à sou adversaire que les Anglais allaient débarquer en forces et il lui fit ainsi souscrire une convention par laquelle il s'engageait à laisser l'armée royale entrer à Bayeux, à se retirer à deux lieues à l'intérieur et à rendre les officiers qu'il avait pris. Cette convention était-elle ferme ou conventionnelle? Nous l'ignorons. Ce qu'il y a de sûr, c'est que Vedel n'avait aucune envie de se laisser escamoter ses avantages sur de simples paroles. Il commença par ne faire que lentement ses préparatifs d'évacuation; puis bientôt, ne voyant ni habits rouges à la côte ni voile anglaise à la mer, il dénonça la convention au duc d'Aumont et lui signifia que, s'il ne s'embarquait au plus vite, il allait tomber sur lui avec ses hommes et son artillerie. Il n'est pas improbable qu'il l'eût battu, mais qu'en eût-il résulté? Les événements marchaient plus vite que les hommes, les royalistes levaient la tête de tout côté, l'on eût trouvé barbare un général du parti vaincu qui eût donné le. signal de la guerre civile et qui n'avait chance de traîner la résistance qu'en sacrifiant des villes. D'Aumont put donc à son aise et

sûr qu'il parlait sans risque, répondre par cette bravade: « Et moi, je somme, au nom du Roi mon maître et le sien, le général Vedel, de mettre bas les armes. >> Presque au même instant une députation des notables de Bayeux conjurait le général d'ouvrir les portes au duc s'il voulait éviter une collision et des malheurs la population en ébullition depuis la veille étant décidée à les ouvrir elle-même. Bientôt enfin survint la nouvelle que le drapeau blanc flottait à Caen, dont était sortie la garnison. Il était trop clair que rien d'utile ne pouvait sortir des efforts auxquels manquaient l'opinion locale et un centre d'action. Vedel ne s'occupa donc plus que de mettre obstacle aux désordres qui tendent toujours à se produire à la faveur d'une révolution et à laisser le pays en bon ordre au successeur dont il prévoyait la prochaine venue. En effet, il fut révoqué au mois de juillet suivant, et bientôt après il vit son nom sur la fameuse liste des généraux mis en disponibilité par une ordonnance royale. Il prit sans grande peine, à ce qu'il " paraît, son parti des loisirs obscurs que cette mesure lui faisait. Il ne songea pas à se faire nommer membre de la Chambre, où brillèrent les Foy et tant de ses anciens compagnons d'armes. Il est presque superflu de dire que ni complot de Béfort, de Saumur ou de la Rochelle, ni tentative sur Niort et Thouars, ne le compta parmi ses affidés. Il sentait à merveille que la poire n'était pas mûre; et même, calcul à part, son tempérament ne se portait pas aux extrêmes. Cette attitude invariablement inoffensive n'empêcha pas que, bien qu'il fùt loin encore de ses soixante ans, le gouvernement de Charles X ne

changea sa disponibilité en retraite. On peut donc tenir pour sûr qu'il ne porta pas plus le deuil des Bourbons après juillet 1830, qu'il n'avait, en 1814, versé de larmes sur Napoléon. Il le porta d'autant moins que presque au lendemain des grandes journées, il fut compris dans le cadre de réserve que créa l'ordonnance du 15 novembre 1830. Il y figura, si nous ne nous trompons, jusqu'en 1841, c'est-à-dire jusqu'à sa soixante-dixième année exclusivement. Il lui était réservé de voir, après la chute de tant de gouvernements, celle de la branche cadette aussi, puis après tant de résurrections, celle de la république. Il ne mourut qu'en 1848. VAL. P. VEGA (CHRISTOPHE DE), médecin espagnol, dont le nom a survécu tant dans l'histoire politique que dans celle des sciences médicales, avait été médecin de don Carlos, ce fils de Philippe II dont la fin déplorable est encore voilée de nuages, et il fut un de ceux qui mirent cette mort sur le compte d'une fièvre chaude, que compliquaient souvent du moins des accès de frénésie. C'est lui sans doute aussi qui l'avait guéri des suites de la chute qu'il avait faite dans l'escalier de l'Escurial, mais qui n'avait guéri que le corps, témoin (s'il faut en croire les récits vulgaires) l'affaiblissement mental qui fut toujours depuis ce temps l'apanage du prince. Les amateurs de chroniques secrètes et de mémoires regretteront sans doute qu'il ne nous ait pas, transmis sa relation de la maladie et de la mort de don Carlos : cette relation probablement ne coïnciderait pas de tout point avec celle que fit courir l'autorité d'alors; et, quelle qu'elle pût être,

nous serions plus sûrs d'approcher de la vérité sur le fond et sur les détails du fait. Quant au point de vue scientifique, nous nous contenterons de remarquer que, professeur à l'université d'Alcala de Hénarez, il est regardé comme un des restaurateurs de la médecine des Grecs. Il connaissait à fond leurs usages, dont il se constitua en partie le commentateur, et peut-être est-on fondé à lui reprocher de les avoir trop fidèlement suivis et d'avoir trop peu donné à l'indépendance et à l'initiative des idées. C'est du moins le caractère trop constant de ses ouvrages, qui sont au nombre de cinq, savoir: I. Commentaria in Hippocratis Prognostica, additis annotationibus in Galeni commentarios, Salamanque, 1552, in-fol.; Alcala de L., 1553, in-8°; Lyon, 4558, in-8°; Turin, 1569, in-8°; Venise, 1579, in-8°. II. De curatione carulacurum, Salamanque, 1552, in-fol., Alcala, 1553, in-8°. III. Commentaria in libros Galeni de differentiis febrium, Alcala, 1553, in-8°. IV. De pulsibus et urinis, Alcala, 1554, in-8°. V. De methodo medendi libri tres, Lyon, 1565, in-fol., Alcala, 1580, in-fol. Un autre VEGA fleurit de même au XVe siècle, fut de même nanti d'une chaire de médecine, joignit de même la réputation de savant à celle de praticien expérimenté, commenta de même Galien. Mais il se nommait Thomas - Rodrigue de Véga, mais natif d'Evera, il professa dans Coimbre (toujours en Portugal), mais il ne laissa rien sur Hippocrate, témoin la liste suivante et ce nous semble complète de ses œuvres. 1. Commentarios in Galenum tomus primus, in quo complexus est interpretationem Artis medicæ et librorum sex de locis affectis, Anvers,

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1564, in-fol. II. Commentarii in libros duos Galeni de diff. febrium, Coïmbre, 1577, in-4°. III. Practica medica accedit tractatus de fontanellis et cauteriis. Lisbonne, 1578, in-8°. D. V. VELLÈNE (JOSEPH-MARIE-FRÉDERIC), jeune acteur de grande espérance, mais que moissonna la mort avant qu'il eût eu le temps d'inscrire son nom sur la liste des grands artistes, avait débuté le 4 septembre 1765 à la ComédieFrançaise (alors à l'Odéon) dans les rôles de Darviane et d'Olinde, appartenant l'un à Mélanide, l'autre à Zénéide. Il avait de l'intelligence, du feu; seulement son organe était un peu faible. Son succès, sans exciter d'enivrement et de transport, fut assez marqué, assez sérieux pour que la petite république dramatique l'admit en qualité de pensionnaire pour l'année suivante. Loin de s'endormir sur ces premiers succès, il poussa ses études avec la plus louable activité, il gagna sans cesse en noblesse, en vigueur, en vérité, en expression dramatique, il créa des rôles (Walter Furst dans Guillaume Tell et sir Charles dans Eugène), il s'attacha surtout à suivre les traces de Molé. Aussi, pendant une longue maladie dont fut attaqué, ce grand maître, est-ce sur Vellène que se portèrent les yeux pour suppléer à son absence. Infatigable en mème temps qu'électrisé par l'idée de ne pas laisser sentir au public le vide laissé par l'inimitable, il fit vraiment merveille, il joua presque tous les rôles du répertoire de son chef d'emploi, et il eut le plaisir d'entendre de vieux amateurs affirmer que Molé aurait à peu de chose près un successeur. La prédiction, on le voit par ce que

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nous avons dit plus haut, ne devi pas se vérifier. Toutefois, la Comp gnie, appréciant et ses progrès lés services qu'il était en mesu de rendre, lui témoigna sa satisfa tion en l'admettant le 1er avril 170 au nombre de ses sociétaires. avait été trois ans pensionnaire. I ne jouit pas même trois mois, pa même trois semaines de sa nou velle position. Dès le 20 avril sui. vant, la mort le surprenait au Bourg-la-Reine. L. C.

VENAILLE, conventionnel, un de ceux qui ne marchaient que formules et sentences à la bouché, plaîdait avec un médiocre succès au bailliage de Romorantin quand l'aurore de la révolution se leva sur la France. Il fut des premiers à saluer ce jour nouveau; et, comme presque tout le barreau, il adopta chaleureusement les principes à la veille de triompher: il ne tarda même pas à les outrér. Toutefois, il faut dire qu'il se maintint dans des bornes raisonnables, tant qu'il n'eut à s'acquitter que des diverses fonctions municipales dont le revêtirent ses concitoyens, car ni pour la Constituante, ni pour la Législative il n'avait été, il n'aurait pu être question de lui. Mais, après le 10 août, mais quand les plus ardents et les plus résolument logiques eurent pris le dessus et se mirent à brûler leurs vaisseaux, alors le temps vint où le

... Vacuis ædilis ulubris,

devint le législateur; le district de Romorantin l'envoyasiéger à la Convention. Il ne s'y fit remarquer que par les paroles dont il accompagna son vote de mort dans le procès de Louis XVI. Voici la substance de ce vote : << Trois questions ont éte posées :

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sur la première,

ré, je déclare Louis coupable trahison, sur la seconde, ge, j'applique la loi, et politile, je prends une mesure de sûté, la mort; sur la dernière, me refuse à tout sursis. >> Du ste, au milieu des luttes à mort ui se succédèrent quand la tête le Louis XVI fut tombée et qui rafirent le pouvoir et la vie aux Giondins d'abord, aux Cordeliers insuite, enfin à Robespierre et à es acolytes, il sut manœuvrer avec assez de prudence pour n'être jamais des plus avancés et jamais des distancés, de telle sorte qu'il esquiva jusqu'au bout le sort fatal de tant de ses collègues. La Convention dissoute, soit qu'il ne se fût pas senti à l'aise dans les crises au milieu desquelles ont à se débattre les sommités politiques, soit que les électeurs solognots de Loiret-Cher ne lui fussent pas suffisamment dévoués, il ne quitta plus Romorantin et son district et se contenta d'y remplir le rôle modeste de commissaire du Directoire jusqu'à la révolution du 18 brumaire. Il eût volontiers ensuite repris son existence de barreau, lors de l'organisation nouvelle qui se produisit. Mais s'il est toujours facile de fermer un cabinet, il ne l'est pas autant de le rouvrir ou du moins de l'emplir. Sous l'empire done, il s'accommoda, sans autre Souci que d'arriver en temps et lieu à la position immédiatement supérieure, des fonctions de substitut au tribunal de première instance de sa ville natale. Ce temps ne devait point arriver pour lui: 1814 ne le trouva que substitut, en même temps que membre du conseil d'arrondissement de Romorantin; et sa conduite pendant les CentJours l'ayant placé dans la situation

fâcheuse frappée d'ostracisme par la loi sur les régicides, 1816 le vit contraint de s'expatrier. La Suisse, cette collection de petites républiques dont le point de départ fut la résistance à l'oppression autrichienne, fut le lieu d'exil qui lui sourit. Il s'y trouvait encore neuf ans après, c'est-à-dire en 1825. L. V.

VENDELHEYL (LOUIS-ANTOINE), dont, abréviativement et vicieusement peut-être, l'usage a fait VANDELE, helléniste de mérite et professeur distingué, naquit à Paris, en 1791, mais évidemment, ainsi que l'indique son nom, était d'origine hollandaise. Deux ou trois volumes, émanés de la célèbre école hollandaise de Hensterhuys, Lennep et Scheid, en lui tombant sous la main, non-seulement lui donnèrent le goût de la langue grecque, mais firent naître en lui la ferme résolution de l'apprendre à fond et de suivre en cette étude d'autres voies que celles dont s'était contentée l'université au dix-huitième siècle: il s'imposa l'obligation d'écrire en grec, c'est-à-dire, tout euphémisme mis de côté, qu'ilimagina de s'exercer au thème grec. Naturellement, l'adolescent pour qui semblable gymnastique avait des charmes, ne pouvait manquer d'avoir du goût pour l'enseignement public. Il fut admis, en 1812 au plus tard, comme répétiteur à l'école SainteBarhe, qui, par le nombre et la force des études, était au niveau de bien des lycées? Il était très-sympathique à ses élèves; et par l'affection que leur inspiraient sa parole et son zèle pour leurs progrès, non moins que par son talent, il les fit en assez bon nombre participer à ses prédilections; il les vit mordre au thème grec; il fut ainsi de ceux

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