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le tribut des connaissances étendues

que lui avaient fait acquérir ses longues études et ses savantes recherches, et dans lequel on recevait de sa bouche un enseignement qu'on ne trouvait dans aucun ouvrage connu, avait une durée de trois ans et offrait le plus grand intérêt aux personnes instruites qui le suivaient assidûment. Il est à regretter pour les manufacturiers et les chefs d'ateliers auxquels ces enseignements eussent été de la plus grande utilité, que ce cours n'ait pas été publié.

En 1811, Fourcroy ayant succombé à une attaque d'apoplexie, et la place de professeur de chimie à l'école de médecine se trouvant par là vacante, Vauquelin se présenta pour l'obtenir au concours qui fut ouvert à cette école, mais il eut sans combattre la gloire de triompher, car tous ses concurrents connaissant le mérite supérieur de leur adversaire et convaincu que lui seul était digne de cette honorable position, se retirèrent du concours. Il fut, peu de temps après sa nomination, reçu docteur en médecine sur le développement d'une thèse ayant pour objet l'analyse des matières entrant dans la composition du cerveau de l'homme et de celui des animaux. Vauquelin conserva cet emploi jusqu'en 1822, époque à laquelle il fut révoqué conjointement avec plusieurs de ses illustres confrères, MM. de Jussieu, Dubois, Pelletan, Pinel, Desgenettes, Chaussier, Lalleman, Le Roux et Moreau. Cette disgrâce, si peu méritée, que rien ne justifie et qui ne peut être attribuée qu'à des intrigues favorisées par l'esprit réactionnaire qui dirigeait alors les actes du gouvernement, affecta profondément Vauquelin, mais elle

affecta peut-être plus encore celui qui en avait été la cause, car, au dire de quelques personnes, le chagrin qu'il en ressentit altéra sa santé au point de hâter l'instant de sa mort qui précéda celle de Vauquelin.

Lors de la création de l'Académie royale de médecine (1820), Vauquelin en avait été nommé membre (section de pharmacie), et souvent cette docte assemblée eut à s'applaudir de cette nomination. Eu 1827, le roi lui conféra le cordon de St-Michel. Enfin, en 1828, le département du Calvados le choisit pour l'un de ses députés. Il fut un des membres de cette chambre qui se distinguaient par leur assiduité; il n'était point orateur, mais son esprit droit et éclairé, son désir extrême de voir le progrès s'accomplir sans désordre et sans anarchie, son dévouement sans borne aux intérêts de son pays en faisaient un digne et loyal député.

Cet homme si supérieur et si recommandable par son mérite et ses talents, était simple et modeste; sa vie était celle d'un patriarche. La lecture et le travail occupaient tous ses instants; cependant l'amour de la science n'avait pas absorbé toutes les facultés de son esprit, et la littérature ancienne et moderne lui offrait des charmes. Horace et Virgile étaient ses auteurs favoris; il les possédait complétement et souvent en faisait les citations les plus heureuses; il avait également pour la bonne musique un goût prononcé que son ami et compatriote Boieldieu n'avait pas peu contribué à lui donner.

De retour dans son pays natal, il fut atteint d'une grave maladie à laquelle il succomba le 1er octobre 1829, emportant les regrets de tous ceux qui avaient eu le bonheur de

le connaître et surtout de ses nombreux élèves qui l'aimaient comme un père. Il en est peu qui n'aient trouvé en lui un appui et un protecteur. Nous citerons à cette occasion une anecdote à laquelle le personnage qui y donna lieu ajoute un certain intérêt.

En 1808, Bonaparte, après le désastre de Baylen, ordonna que les Espagnols résidant à Paris et qui pouvaient inspirer des craintes fussent arrêtés et conduits dans divers dépôts. L'exécution suivit l'ordre de près et environ 60 Espagnols furent conduits à la préfecture de police pour être de là dirigés sur différents points. L'un d'eux, qui était venu à Paris pour étudier la chimie et qui suivait le cours de Vauquelin, n'ayant dans la capitale aucun protecteur sur lequel il pût compter, réclama l'appui de son professeur. Dès le lendemain matin, avant six heures, Vauquelin, en costume de membre de l'Institut, était à la préfecture pour réclamer et se porter garant du jeune Espagnol, qui fut immédiatement rendu à la liberté. Sans cet empressement que mit le généreux professeur à s'occuper du jeune étranger qui réclamait son assistance, la France aurait peut-être compté un savant de moins; car le jeune Espagnol dont il s'agit était Orfila, qui s'est acquis depuis une réputation européenne.

Vauquelin appartenait à un grand nombre de sociétés savantes de France et de l'étranger et particulièrement à la société royale de Londres, à la société de pharmacie de Paris, à la société philomatique dont il fut, en 1788, l'un des fondateurs, à la société d'agriculture, à celle d'encouragement et enfin à la société de chimie médicale; il a

fait un grand nombre d'élèves distingués, parmi lesquels plusieurs ont acquis une haute renommée, entre autres, MM. Bouchardot, Caventou, Chevreul, d'Arracq, Descotie, Grimm, Guerard, Kulmann, Lodibert, Mercadieu, Meyrac, Payen, Pelletier, Quenesville, Robiquet, Robinet, Lassaigne. L'auteur du présent article, le sieur Chevallier, fut lui-même un des élèves les plus assidus de cet illustre professeur. Vauquelin avait été aussi le maître du célèbre Humboldt. Voici ce que ce savant écrivait le 29 septembre 1858 à M. Chevallier : «Ayant travaillé moi-même, dans des « temps anté-diluviens, conjointe«ment avec Thénard, dans le labo«ratoire de notre maître commun

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Vauquelin, j'aurai doublement de plaisir à recevoir M. Chevallier à « Berlin demain, 30 du mois, à midi, « et à lui renouveler l'hommage de « mes sentiments affectueux. » Il est peu d'hommes dont la carrière ait été aussi fructueusement remplie que l'a été celle du savant dont nous racontons la vie; il en est peu, surtout, dont les recherches et les travaux aient autant contribué aux progrès d'une science sur laquelle repose le succès d'une foule d'industries. Quand on considère l'étendue de ces travaux, leur importance et les résultats immenses de leur application, on se demande comment, dans un espace de cinquante ans, un homme sorti d'une chaumière a pu, par la seule force de son génie, acquérir une éducation complète, se livrer avec le plus grand succès à l'étude de la chimie et des sciences qui s'y rattachent, puis s'élancer au premier rang de la société, en dotant son pays de découvertes qui contribuent à sa gloire. Ce savant n'a pas laissé

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d'ouvrages complets sur la science à laquelle il a consacré sa vie entière; il n'a publié ex professo, que le Manuel de l'essayeur (1812, 1 vol. in-8), mais il doit sa haute réputation aux belles analyses qu'il a faites soit en collaboration de Fourcroy, soit isolément, à ses expériences publiques, à plusieurs découvertes d'une haute importance et aux mémoires qu'il a publiés dans les Annales de chimie, dans le Journal des mines, dans les Annales du Muséum, dans le Journal de physique et dans l'Encyclopédie méthodique, ou qu'il a lus à l'Académie des sciences. Ces mémoires sont très-nombreux. Nous citerons les titres des plus remarquables : I. Sur la nature de l'alun (Annales de chimie 1797). II. Sur la nouvelle substance métallique contenue dans le plomb rouge de Sibérie découverte par lui et à laquelle il a donné le nom de chrôme. (Annales de chimie 1798.) III. Sur la terre de Brésil (glucine), substance inconnue jusqu'à lui. (Ibid. 1798.) IV. Deux mémoires sur l'urine, en collaboration avec Fourcroy. (Ibid. 1799.) V. Sur l'eau de l'annios du fumier de vache. (Ibid. 1800.) VI. Sur leverre d'antimoine. (Ibid. 1800) VII. Observations sur l'identité des acides pyromuqueux, pyrotartreux, pyroligneux, et sur la nécessité de ne plus les particulariser, en collaboration de Fourcroy. (Annales de chimie.) VIII. Sur les pierres dites tombées du ciel. (Ibid. 1803.) IX. Sur le platine, en collaboration de Fourcroy. (Ibid. 1804.) X. Sur la présence d'un nouveau sel phosphorique terreux dans les os des animaux, en collaboration de Fourcroy. (Ibid. 1803.) XI. Examen chimique pour servir à l'histoire de la laite de poisson, en collaboration

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XV. Annales du Muséum d'histoire naturelle. Paris, 1811. XVI. Analyse d'une matière bleue produite accidentellement dans les fours de la fabrique des glaces de St-Gobin, concluant à ce que cette matière n'est autre que l'outremer factice, susceptible de remplacer avec une immense économie l'outremer de lapis-lazuli. A cette nomenclature des premiers travaux de Vauquelin, on doit en ajouter d'autres encore, faits postérieurement, et qui présentent une moins grande importance, savoir: Analyse du salsodaveda. Observations sur une maladie des arbres analogue à un ulcère et qui attaque spécialement l'orme. Nouvelle méthode d'analyser les fers et aciers. Analyse du laiton, précédée de quelques réflexions sur la précipitation des métaux les uns par les autres et leur dissolution. Combustion des végétaux; fabrication du salin et de la cendre gravelée. Expériences sur les alliages de plomb et d'étain avec le vinaigre, le vin et l'huile. Analyse de la gadolinite; exposé sur quelques propriétés de Pythia qu'elle contient. Expériences relatives à l'action de l'hydrogène sulfuré sur le fer, par laquelle on prétend qu'il se forme de l'acide muriatique. Note sur les eaux sures des amidonniers. Expériences qui démontrent la présence de l'acide prussique presque tout formé dans quelques substances végétales. Ex

périences sur le suint, suivie de quelques considérations sur le lavage et le blanchissage des laines. Expérience sur la cérite dans laquelle on a trouvé un métal nouveau. Note sur l'existence du platine dans les mines d'argent du Guadalcanal. Mémoire sur la meilleure méthode pour décomposer le chromate de fer, obtenir l'oxyde de chrôme, préparer l'acide chromique, et sur quelques combinaisons de ce dernier. Table exprimant les quantités d'acide sulfurique à 66° contenues dans les mélanges d'eau et de cet acide à différents degrés de l'aréomètre. Instruction sur les moyens de distinguer les différentes sortes d'étain qui se trouvent dans le commerce. Mémoire sur le palladium et le rodium. Mémoire sur l'iridium et l'osmium. Description d'un effet desfructeur de l'urine sur le fer et résultats utiles de la connaissance de cet effet. Examen d'un procédé pour faire servir de nouveau la potasse employée dans la lessive. Sur l'acide benzoïque contenue dans les urines des quadrupedes herbivores, sur le moyen de l'en extraire. Expériences sur la congélation des différents liquides par un froid artificiel de 40° au-dessous de zéro, Réaumur. Découverte de l'iode dans le règne minéral. CH.

VAUTRE (VICTOR, baron de), maréchal de camp, commandeur de la Légion d'honneur, etc., naquit le 12 mai 1770, à Dompaire, dans l'ancienne Lorraine, d'une famille honorablement placée. Il entra a vingt-un ans dans la compagnie de piquet des gardes-du-corps du roi, et fut le 10 août un des défenseurs du château des Tuileries contre l'attaque des bandes révolutionnaires. Il survécut au massacre des bataillons royalistes, mais il ne put s'é

vader de Paris et fut arrêté le 13 et conduit à la Force où il occupa un cachot situé immédiatement audessous de la chambre qu'habitait l'infortunée princesse de Lamballe. Vautré fut assez heureux encore pour échapper à la hache des septembriseurs. On se borna à lui faire prêter serment de fidélité à la République sur un monceau de cadavres gisants à l'extrémité de la rue Saint-Antoine, et il fut enrôlé dans l'église de Saint-Paul pour se rendre aux frontières. Il obtint successivement legrade de lieutenant et celui de capitaine dans une compagnie formée des volontaires de sa section, et prit part en cette qualité aux campagnes de Champagne et de Belgique, et aux siéges de Namur et de Viviers-l'Agneau. Après la défaite de Nerwinde, il fut embrigadé dans le régiment de Rouergue et chargé provisoirement du commandement de trois compagnies. Vautré fut blessé par un boulet au siége de Quesnoy et fait prisonnier de guerre. Il revint en France à la reddition de cette place, en novembre 1795, et fut nommé aide de camp du général Veza, puis employé à Marseille en 1796 et 1797, dans l'état-major du général Willot, d'où il passa en 1799 à celui de l'armée d'Italie. Le 24 septembre 1801, il fut nommé chef de bataillon par le général en chef, puis aide de camp du général Charpentier, et reçut le commandement d'un bataillon du 18 régiment de ligne. Vautré prit une part honorable aux campagnes de 1805 et de 1806, et se distingua notamment à la bataille d'Austerlitz, où son régiment enleva le plateau de Sokolnitz au pas de charge et en perçant plusieurs fois les lignes russes. Il reçut la croix d'honneur à cette occasion. L'année suivante,

à Eylau, son bataillon fut littéralement écrasé par l'ennemi, et, peu de mois après, au combat d'Heilsberg, il eut un cheval tué sous lui et fut blessé de deux coups de feu. Ayant reçu l'ordre de chasser les Russes d'un bois occupé par eux, il exécuta ce mouvement avec intrépidité, et réussit à rejoindre son régiment en traversant à la tête de 250 hommes seulement, les postes ennemis, qui s'élevaient à plus de 15,000 hommes. Lors de la grande revue que passa Napoléon le 12 juillet 1807, Vautré fut présenté honorablement par le maréchal Soult à l'empereur, qui le nomma major à la suite. Deux ans plus tard, par décret impérial du 29 janvier 1809, il reçut une dotation de 2,000 francs en Westphalie. Le prince Eugène, qui commandait l'armée d'Italie, plaça Vautré à la tête d'un régiment composé de 24 compagnies de voltigeurs. Il justifia ce témoignage de confiance par l'intrépidité dont il fit preuve au passage de la Piave, où ses voltigeurs protégèrent presqu'à eux seuls le passage de toute l'armée. Il se distingua également aux combats de Saint-Daniel et des montagnes de Malborghetti, et fut cité avantageusement dans les rapports du général Dessaix. Ces exploits furent récompensés, le 17 août 1809, par le grade de colonel du 9° régiment d'infanterie légère, par la croix d'officier de la Légion d'honneur (22 août 1812), et plus tard par le titre de chevalier de l'Empire avec une dotation de 2,000 francs. Au combat de Witeps, Vautré eut deux chevaux tués sus lui; c'est avec son régiment que le prince Eugène, à la bataille de la Moskowa, enleva la grande redout, russe qui tenait en échec l'armée française.

Vautré, à son entrée dans la redoute, fut blessé d'une balle qui lui ouvrit le péricrâne, il eut l'épaule droite traversée par un biscaïen, et fut renversé de son cheval par un boulet qui lui causa une forte contusion à la tête. Cette brillante action fut la dernière à laquelle il prit part. Il fut fait prisonnier le 8 décembre 1812, au passage de la Bérézina, et ne rentra en France qu'au mois de septembre 1814.-Les princes de la maison de Bourbon accueillirent Vautré comme un vieux serviteur; il fut replacé à la tête de son ancien régiment, qui prit le nom de Bourbon, et alla tenir garnison à Calvi, où il se trouvait lors de la fatale réapparition de Napoléon sur le sol français. Vautré demeura fidèle au gouvernement royal, et réussit, par la fermeté de ses dispositions, à garder le drapeau blanc jusqu'au 20 avril. Cette conduite courageuse lui attira une violente dénonciation de la municipalité de Calvi, par suite de laquelle il fut arrêté à son débarquement à Toulon et conduit à la citadelle de Grenoble, où il demeura soumis pendant plusieurs jours au secret le plus rigoureux. Sa captivité ne prit fin qu'à l'entrée des troupes alliées à Grenoble. Il fut immédiatement nommé au commandement de la légion de l'Isère, et s'appliqua sans relâche à l'organisation de ce corps dont il dut prendre les éléments dans une population généralement hostile au gouvernement restauré. De graves et sanglantes épreuves attestèrent bientôt à quel point il avait réussi dans cette mission d'honneur et de fidélité. Exalté par les déceptions personnelles que lui avait fait éprouver le gouvernement des Bourbons, Didier (voy. co nom, tome LXII, page 465), avait

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