Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

de la légitimité étaient trop profondément gravés dans son cœur pour que rien put les détruire, et son opposition n'allait pas au delà de son appréciation personnelle sur la marche du gouvernement'; si le salut du trône eût exigé de lui de nouveaux sacrifices, il n'eut pas un seul instant hésité à les faire.

En 1823, Michaud fut nommé directeur de l'imprimerie royale, mais les soins et la surveillance qu'exigeait cette importante administration le forçant de négliger les affaires de son commerce qui étaient pour luf d'une importance plus grande encore, il se démit de cet emploi.

Sans avoir une supériorité de tafent comparable à cette de son illustre frère, Michaud possédait un mérite littéraire qui le rendait propre au genre historique qu'il avait adopté et qui avait principalement pour objet les grands événements qui signalerent la fin du siècle dernier et le commencement du siècle actuel, ainsi que la vie des hommes qui y ont pris part, événements qui, à eux seuls, offrent plus de matière que ceux de plusieurs des siècles passés. Témoin attentif et bien informé de ces événements, doué d'une mémoire extraordinaire, il'en gardait fidèlement la trace, et nul ne savait mieux que fui en préciser la date et les circonstances. Il avait suivi pas à pas toutes les phases de la révolution française, en avait apprécié avec justesse et discernement les causes et les conséquences, et dissertait avec talent sur cet intéressant sujet. Sa conversation vive, animés et peuplée de souvenirs était alors des plus attachantes.

Le supplément de la Biographie universelle, particulièrement consacré a la nécrologie des contemporains, offrait à Michaud un cadre favorable pour placer les portraits qu'il était dans sa spécialité de tracer, et si, dans la première partie de cet ouvrage, son nom ne figure que rarement dans la liste des collaborateurs, on le trouve au bas d'un grand nombre d'articles du supplément. Quelques-uns de ces articles sont très-importants, entre autres ceux de Louis XVIII, Ferdinand VII, Dumouriez, le prince Eugène, Saint-Simon, Talleyrand et surtout celui de Napoléon Bonaparte, auquel il a donné un développement qui n'est plus celui d'une simple notice, mais bien d'un abrégé historique.

Il a déployé dans ces articles le talent d'un véritable historien, et les faits sont retracés avec une clarté de style qui en rend la lecture attrayante. Ayant fait plusieurs années la guerre, Michaud était plus ǎ même que bien des narrateurs, de décrire les mouvements stratégiques des batailles livrées par les grands généraux dont il raconte les exploits, et d'en discuter le mérite.

On a néanmoins reprochés à cet écrivaim d'avoir un peu trop souvent subordonné à su propre manière de voir; son jugement sur certains” Hommes politiques, et de n'avoir pas toujours conserve, dans ses appróciations, l'impartialité que lui commandait son devoir d'historien. Son'

VII

article sur Napoléon Bonaparte, le plus étendu de tous ceux qu'il a écrits, ek l'on peut même dire de tous ceux que renferme la Biographie universelle, a particulièrement donné lieu à ce reproche.

Sans doute, aux yeux des enthousiastes et fanatiques admirateurs quand même de ce grand homme, il peut paraître que certains actes de sa vie politique et de sa diplomatie sont présentés avec trop peu de bienveillance, et que les erreurs et les fautes commises dans le cours d'une carrières si féconde en grands événements ont été jugées avec une sévérité qui, quelquefois, peut ressembler à un défaut d'impartialité; mais ce reproche pourrait peut-être aussi s'adresser en quelques circonstances à ceux de ses plus dévoués partisans qui ont écrit sur cet intéressant sujet. Ce n'est pas la faute de l'historien si les faits qu'il est obligé de raconter tels qu'ils ont eu lieu, comportent en eux-mêmes le blâme dont ils sont l'objet et prêtent à la critique. On ne peut nier d'ailleurs, que, rendant justice entière au rare mérite de Napoléon comme législateur, et surtout comme homme de guerre, l'auteur ait manifesté, dans une foule de circonstances, son admiration pour la grandeur de son génie et l'héroïsme de son courage. On ne peut dire non plus que le dernier acte et le tragique dénoùment de ce grand drame historique ne soient traités avec le sentiment d'une véritable sympathie, et que le plus grand hommage ne soit rendu au sublime caractère qu'a déployé cet infortuné monarque dans les derniers instants de sa vie.

Il est peu d'hommes dont la carrière ait été aussi laborieuse que celle de Michaud. Éditeur d'ouvrages importants dont la publication exigeait beaucoup de soins et de travail, de cette Biographie universelle dont il fallait constamment diriger la marche, former les nomenclatures, pour laquelle il fallait obtenir le concours des écrivains les plus célèbres, stimuler leur zèle, revoir avec eux leurs articles qu'il importait de maintenir dans l'esprit général de l'ouvrage; auteur lui-même d'un grand nombre de notices dont quelques-unes fort importantes (1), la vie de cet homme fut dévouée tout entière au travail et complétement privée de distractions. Malheureusement cette existence, qui aurait dû être pour lui une source de fortune ou au moins de grande aisance, s'est trouvée en plusieurs circonstances compromise par des revers, des pertes commerciales (2) et par ces procès qui accompagnent inévitablement toute

(1) Le nombre des articles insérés par Michaud dans la Biographie universelle jusques et y compris le LXXXIVe volume, est de 1,320.

(2) En 1835, l'incendie d'une maison, rue du Pot-de-fer, dans laquelle Michaud occupait un vaste magasin rempli d'ouvrages en feuille, consuma la totalité de ces imprimés, qu'il n'avait pas eu la précaution de faire assurer, et lui causa une perte immense.

VIII

vaste entreprise, malheurs qui, dans les dernières années de sa vie, le réduisirent à un état de gêne extrême. Son travail était devenu son unique ressource, et c'est la plume à la main, qu'à l'âge de quatre-vingttrois ans, la mort est venue le ravir à l'affection d'une famille intéressante dont il était le seul appui.

On doit à cet écrivain, en dehors de la Biographie universelle, une Histoire de Louis-Philippe, roi des Français, 1 vol. in-8°, Paris; une Notice historique sur la princesse Louise de Bourbon, duchesse de Parme, br. in-18.

UNIVERSELLE

SUPPLÉMENT

VANDEBERGUE-SEURRAT (CLAUDE) était un actif et habile négociant d'Orléans, non-seulement très-expert dans l'art d'acheter à prix doux et de revendre à prix fort; mais initié, tant par des études spéciales et par la réflexion que par la contemplation des faits et par la pratique, aux théories administratives et commerciales, plein d'initiative et au besoin sachant manier la plume pour soutenir une opinion. Il ne s'en avisa que tard cependant. Né vers 1725, il approchait la cinquantaine quand il publia ses premières lettres par la voie des recueils hebdomadaires ou mensuels. Il était très-lié avec l'abbé Ameilhon, et plusieurs de ses morceaux lui sont adressés. Il en est qui sont des pièces intéressantes pour l'histoire commerciale de nos provinces; il en est où se trouvent formulées, cinquante années ou plus avant leur réalisation, des idées en harmonie avec le progrès actuel, et qui devaient se développer dès qu'elles auraient été incarnées dans les faits. Nul doute que de nos jours cet estimable représentant du commerce

LXXXV

V

n'eût été promu par un de nos centres commerciaux aux honneurs de la députation nationale, et qu'il n'eût été dans les commissions de la Chambre un des membres fréquemment et utilement consultés sur les matières économiques. Mais sa mort eut lieu en 1783, à Versailles même, sa ville natale. Tout ce qui nous reste de lui est renfermé en un volume unique dont voici le titre (tel qu'il se trouve, non dans l'approbation du livre donnée par Rayrac, mais sur la première page même) Voyage de Genève et de la Touraine, suivi de quelques opuscules par M***, 1779, in-12. La principale partie de cet ouvrage est le Voyage à Genève, publié d'abord en dix lettres adressées à une femme de lettres et successivement insérées dans quelques journaux. Ensuite vient le Voyage en Touraine, lequel ne consiste qu'en une lettre (2 l'abbé Ameilhon), dont l'apparition première eut lieu dans le journal de Verdun. Suivent les Opuscules au nombre de trois, savoir: 1o Réflexions sur la nécessité d'accorder de la considération à l'état de com

1

merçant, à M. l'abbé A*** (ne senton pas la déjà le souffle et l'œuvre de la révolution, dont peu s'en faut que les conseils ne se posent en exigences?); 2° Projet de création de consulats supérieurs dans les grandes villes du royaume, avec établissement d'une chaire de droit commercial (toujours des aspirations au progrès ou à la réforme, aspirations en avant, sinon du siècle qui le voyait éclore, du moins d'un grand nombre de contemporains); 3° Note sur le commerce d'Orléans, adressée à l'abbé Ameilhon. Nous devons remarquer 1° que le Voyage de Genève et de Touraine toujours avec les deux mentions, 1779, in-12, se trouve indiqué dans Barbier (no 19427) sous le nom de Crignon d'Auzouer, ce qui doit être une faute, à moins que Crignon d'Auzouer n'ait tenu la plume, Vandebergue n'ayant que fourni les matériaux; 2° que sous le n° 12577 du même Barbier s'offre à nous, cette fois, avec une modification légère de titre et sous un nouveau millésime, un Nouveau voyage à Genève par Crignon-Vandebergue, 1783. Est-ce une réimpression? est-ce, ce que nous pensons, pur et simple rafraîchissement? Dans l'une comme dans l'autre hypothèse, la précédente solution acquiert un degré de probabilité nouveau. Mais n'oublions pas que même en ce cas il reste toujours à Cl. Vandebergue la grosse part, celle des idées ainsi que des faits, et de plus, que les trois opuscules lui reviennent tout entiers, puisqu'on ne revendique explicitement pour personne la gloire d'en avoir été soit le badigeonneur, soit le teinturier.

un

VANDERBERGUE (Georges), avocat du roi au bailliage d'Orléans,

puis prévôt, puis lieutenant général de police, mort en 1748 et auteur d'un recueil de Poésies qui ne sont pas plus mauvaises, mais pas meilleures non plus que tant d'autres, était peut-être, était probablement le parent de notre Claude Vandebergue-Seurrat, le négociant et l'économiste; mais la preuve nous manque. Z. VANDELLI (DOMINIQUE), médeIcin et surtout naturaliste souvent cité, naquit à Padoue vers 1732 et mourut peu de temps avant la fin du siècle. Il aimait la locomotion et le travail; il entreprit des voyages scientifiques qui le conduisirent jusqu'en Portugal; il possédait les idiomes de la péninsule et surtout le portugais, au point d'écrire aussi couramment et aussi correctement la langue qu'un naturel du pays. Il séjourna longtemps dans l'un comme dans l'autre royaume. Malheureusement il y prit ou du moins il y garda un peu de cette antipathie aux méthodes rationnelles et au progrès que l'on peut sans injustice reprocher aux universités hispaniques: la doctrine de l'irritabilité rencontra en lui un de ses adversaires les plus âpres et les plus fougueux, et sa polémique fut entachée, à l'égard de Haller, de personnalités regrettables. Aussi, et malgré le bruit qu'il essaya de faire autour de son nom, est-il de meuré plutôt fameux que célèbre en tant que médecin; et si, comme naturaliste, il n'eût joint au zèle un esprit juste et la persévérance dans l'observation, il n'occuperait dans l'histoire de la science qu'un rang très-inférieur. Voici les titres de ses ouvrages dont, comme on va le voir, nous formons deux groupes : l'un qui traite de physiologie ou de médecine (il se compose de sept

« ZurückWeiter »