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Simulacre de représentation nationale. Toutes les lois sont faites dans l'intérêt de la faction.

S'il y avait une véritable représentation nationale, ce serait en quelque sorte la république ; car de vrais représentans du pays, fidèles à leur mission, et n'ayant en vue que l'intérêt général, obtiendraient infailliblement, par la puissance de leurs paroles et par la seule menace du refus de l'impôt, toutes les lois constitutionnelles ou autres nécessaires à la liberté et au bien-être du peuple.

Louis XVIII et sa faction le savent bien aussi la Charte, en exigeant 300 fr. de contributions pour les électeurs et 1000 fr. pour les éligibles, a-t-elle constitué des représentans non pour la nation et le peuple, mais pour la royauté et l'aristocratie seulement.

Mais ses dispositions aristocratiques peuvent encore être insuffi

santes.

On emploiera donc tous les moyens, la ruse, la terreur, la violation de la Charte, l'influence du gouvernement, la menace et la corruption, pour s'assurer une majorité dévouée dans la chambre des députés.

On a d'abord illégalement conservé, de 1814 en juillet 1815, le corps législatif de l'empire, corps anti-populaire, dont les pouvoirs étaient expirés et annulés, et qu'on n'a conservé que parce qu'il avait reconnu les Bourbons comme ses légitimes maîtres.

Maintenant une nouvelle chambre est élue par des colléges électoraux que composent arbitrairement de simples ordonnances royales, sous la protection des baïonnettes étrangères, au milieu du désordre, de la terreur, du massacre et de la proscription des électeurs patriotes: c'est la chambre introuvable qui va naître, c'est la faction elle-même qui se nomme pour donner des lois aux vaincus. Louis XVIII, et peut-être aussi l'étranger, redoutant sa violence aristocratique et réactionnaire, cette chambre est dissoute le 5 septembre 1816, et remplacée par une chambre plus modérée qui, par une nouvelle loi d'élections, permet aux électeurs de se réunir en un seul collége au chef-lieu du département. Mais les quatre premiers cinquièmes réélus en vertu de cette loi vont peut-être donner une majorité quelque peu nationale, et la faction s'en

effraie.

Maîtresse encore de la chambre, et profitant de l'effroi sincère ou simulé qu'excite le meurtre du duc de Berry, elle se hâte de violer la charte pour faire une nouvelle loi qui dissémine les électeurs dans des colléges d'arrondissement, qui crée le privilége d'un double

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vote électoral, et qui ajoute un nouveau nombre et une nouvelle classe de députés.

Née de cette nouvelle loi, sous l'influence d'un mouvement réactionnaire, une nouvelle chambre n'est encore en majorité que la faction elle-même.

Cependant, peu sûre de son triomphe, elle veut l'assurer par l'exclusion inconstitutionnelle de Grégoire (que, par machiavélisme, elle a fait élire afin de pouvoir crier au régicide, quoiqu'il ait refusé d'adhérer à la condamnation de Louis XVI, et qu'il ait même précédemment demandé l'abolition de la peine de mort); elle veut l'assurer aussi par l'expulsion plus illégale encore de Manuel : elle veut l'assurer surtout par de nouvelles élections générales, faites sous l'influence de la fraude, de la violence, des menaces de la SainteAlliance, et de la terreur qu'inspire le succès de la sacrilege guerre contre la constitution espagnole.

Les trois-cents de de Villèle (c'est-à-dire, encore la faction) violent de nouveau la Charte pour supprimer la réélection partielle et prolonger eux-mêmes jusqu'à sept ans le mandat qui ne leur a été donné que pour cinq.

Mais la pairie devenue constitutionnelle résiste; la faction se divise, s'affaiblit et s'effraie; la majorité de la chambre des pairs est brisée par une fournée de jésuites et de contre-révolutionnaires, et la chambre des députés est dissoute.

La fraude est impuissante cette fois, et l'administration déplorable se retire devant une majorité, non pas populaire, mais tant soit peu libérale.

La faction s'effraie davantage, et déclame avec la dernière violence contre Martignac et autres modérés qu'elle appelle jacobins et révolutionnaires.

Après avoir fait une halte du 5 septembre 1816 à 1819,et précipité sa marche de 1819 à 1827,elle ralentit le pas jusqu'au 8 août 1829; mais alors, elle brûle ses vaisseaux, met en avant tous ses hommes d'action, et s'élance au pas de course à la contre-révolution complète.

Cent quatre-vingt-un députés l'appuient, mais deux cent vingt-un résistent à ses projets tyranniques, et la chambre est dissoute.

C'est en vain que le roi tente son influence personnelle sur les électeurs : les deux cent vingt-un sont réélus; et Charles X, qui veut à tout prix une représentation royale, aristocratique et dévouée, brise la Charte par son ordonnance du 25 juillet, et désigne luimême les électeurs, les éligibles et presque les députés.

Ainsi, la restauration ne veut pas, ne peut pas vouloir, et n'a jamais voulu de véritable représentation nationale.

Mais les deux cent vingt-un, s'écrie-t-on ?

Les deux cent vingt-un! Ne sont-ils pas le produit d'élections aristocratiques, du double vote et de la fraude ministérielle ? Y trouve-t-on beaucoup de patriotes aimant le peuple, la révolution et la liberté, et détestant l'intervention étrangère? Le plus grand nombre n'est-il pas composé de doctrinaires, partisans de la légitimité, de la restauration, de l'aristocratie, des lois d'exception et de l'appel à l'étranger; de défectionnaires, devenus opposans par crainte du joug sacerdotal et par amour des portefeuilles ; de пароLéonistes regrettant le despotisrae impérial ; enfin, d'aristocrates libéraux?

Oui, la représentation élue par l'aristocratie de cent mille électeurs et de dix mille grands seigneurs, ou riches bourgeois, ou riches négocians,qui votent dans les grands colléges, est devenue un peu LIBÉRALE ; mais encore une fois, il n'y a jamais eu de représentation PATRIOTE NATIONALE et surtout POPULAIRE.

Aussi, point de lois dans l'intérêt du pays et du peuple ; rien pour favoriser l'industrie et le commerce la faction voudrait au contraire les anéantir; elle voudrait que le peuple fût misérable et ruiné, dût-elle, comme en Espagne, le nourrir pour le mieux tenir en esclavage.

C'est donc la faction qui seule fait les lois, et ce n'est que dans son intérêt qu'elle en fait!

Quelle dérision, répèterons-nous! Quelle déception !

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Reste d'un sénat servile et traître, comprenant la partie la plus aristocratique de la faction, affaiblie par l'expulsion de vingt-neuf de ses membres accusés d'avoir approuvé les Cent-Jours, la chambre des pairs obéit à l'étranger, assassine le maréchal Ney, approuve toutes les violations de la Charte, et commence l'attaque contre la loi électorale de 1817.

L'introduction de cinquante-neuf pairs nommés par Decazes, et les excès du ministère Villèle, la rendent un moment quelque peu libérale: elle rejette la loi d'aînesse, et force Peyronnet à retirer sa loi d'amour.

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Mais une fournée de soixante-seize créatures de Villèle la dénature et la pervertit. Elle appelle et soutient le ministère du 8 août, et consent aux ordonnances qui renversent le gouver

nement représentatif.

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La contre-révolution proclame que, depuis 1789, elle seule a eu raison, et qu'elle seule mérite des éloges, des honneurs, des récompenses et des indemnités..

Mais l'outrage est poussé plus loin: elle déclare solennellement par une loi (19 janvier 1816) que la révolution n'a été qu'une révolte, que la condamnation de Louis XVI est un crime, que ses juges sont des régicides, et que la France entière est leur complice; on la condamne à expier son forfait en prenant le deuil chaque année, et en élevant en son nom et à ses frais des monumens funéraires qui transmettront à la postérité sa honte et son repentir

S 10. Système de démoralisation et de corruption.

La faction, très peu nombreuse, s'efforce de grossir ses rangs par la démoralisation et la corruption.

Tandis qu'elle n'a que des éloges et des caresses pour la servilité, la guerre contre la patrie et la trahison, elle n'a que du ridicule, du mépris, de la haine et des persécutions pour le désintéressement, l'indépendance et les vertus patriotiques,

Elle exploite la vanité par des croix, des rubans, des titres, et l'égoïsme par des places, des faveurs ou la crainte des destitutions et des persécutions.

Elle invoque sans pudeur l'arbitraire, et ne se donne pas la peine de dissimuler la fraude.

Elle corrompt des électeurs et des députés.

Elle achète des consciences et des suffrages, pour obtenir la loi électorale du double vote.

Et le roi lui-même, dont la parole devrait être sacrée, et qui se vantait de n'avoir jamais menti, donne le plus scandaleux exemple du mensonge, en déclarant officiellement, peu de temps avant la sacrilege invasion d'Espagne, que la malveillance seule peut transformer le cordon sanitaire en armée d'observation.!!

S 11. Clergé.-Jésuites. Missionnaires.- Superstition.-Tentative, d'abrutissement. Ambition sacerdotale.

Principaux instrumens de la faction, le clergé, et surtout les jésuites, expulsés de Russie, mais admis en France malgré les anciens arrêts qui les prohibent, ne négligent rien pour éteindre la lumière et ramener les siècles de ténèbres.

La Sorbonne remplace l'Ecole normale; la jeunesse est livrée aux frères ignorantins; la France est couverte de séminaires, de couvens, de congrégations et de missionnaires; la religion disparaît étouffée par la superstition: on ne veut pas seulement empêcher le peuple d'avoir une instruction véritable, on veut encore le tromper, le rendre crédule et stupide.

Ce n'est pas tout le clergé veut des jouissances réelles, et la faction lui livre de riches dotations en attendant qu'on puisse lui rendre ses dîmes et ses anciennes possessions.

Ce n'est pas tout encore: il obtient l'abolition du divorce, une loi du sacrilege, et des lois contre la presse; et quand Charles X, son protecteur déclaré, arrive au trône, il aspire à placer l'autel au-dessus, et à dominer la noblesse elle-même.

$12.

Gouvernement occulte. Système de provocations, de délations, d'appui sur l'étranger, et de rétablissement de l'ancien régime.

Après 1815, des poltrons et des ambitieux, ayant inutilement proposé des moyens extrêmes à Louis XVIII, fondent une vaste organisation secrète, par laquelle le royaume est divisé en gouvernemens généraux, correspondant aux divisions militaires, et ayant une intendance par département, une subdélégation par sous-préfecture, et une centurie par canton.

Ces places sont occupées par des militaires de haut grade, des fonctionnaires initiés, et de grands propriétaires appartenant à la noblesse.

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