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ration et conspirent la guerre civile et la guerre étrangère, c'est toujours l'inévitable conséquence du système,

C'est donc contre cet infâme, contre cet exécrable système, qui nous a divisés; c'est contre l'étranger, qui veut nous ruiner et nous réduire en servitude, qu'il faut nous rallier.

Français et frères, unissons-nous! unissons-nous!

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$ 55.-Deux mols sur moi.
juillet.
et mon but.

· Ma participation aux journées de Mes rapports avec Louis-Philippe. Mes sentimens

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Ma franchise, peu commune en effet, pourra paraître extraordinaire on me pardonnera donc deux mots d'explication.

J'ai cité des faits, et n'ai voulu citer que des faits exacts. J'ai apprécié, caractérisé ces faits, et n'ai voulu être que juste... J'ai pu me tromper sans doute; mais mes erreurs seraient toutes involontaires.

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La tribune nationale ne permet pas (et c'est un malheur!) d'y dire toute la vérité : cependant, la vérité seule est utile: il faut donc bien qu'on puisse la dire ailleurs !

Plébéien, fils d'un artisan, je n'ai ni haine ni envie contre les classes privilégiées par la naissance ou la fortune, et je suis même assez heureux pour ne haïr personne: mais mes affections sont pour le peuple, pour le peuple aux misères duquel je compatis, avec les sentimens duquel je sympathise, parce que je connais sa justice, humanité, son honneur, son généreux patriotisme et ses vertus.

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Constamment dévoué à mon pays, persécuté dès 1815,, intimement lié avec le patriote dont la perte est la plus irréparable de toutes celles qu'a faites la France, j'étais carbonaro; je l'étais avec Barthe, de Schonen, Mérilhou, Saint-Aignan, Béranger de la Drôme, Jollivet, Madier-Montjau, je crois; avec les Lafayette, les Manuel, les Dupont de l'Eure, les Od. Barrot, les d'Argenson, les Corcelles, les Demarçay, les Mauguin, les Dubois, les Cousin, les Koechlin, les Audry de Puiraveau, les Beauséjour, etc.; avec plus de cinquante mille autres honorables citoyens que j'aurais pu nommer, qui tous regardaient comme une réalité cette supposition de Royer-Collard, que les Bourbons étaient incompatibles avec la Charte et la liberté.

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Homme de juillet, j'ai désigné ma tête à la vengeance de Charles X en inscrivant mon nom, pendant une des trois journées, sur

la proclamation de la onzième mairie provisoire (une des premières organisées) dont je faisais partie.

Qu'on ne croie pas cependant que j'étais l'ennemi de la monarchie ou du due d'Orléans.

Personne ne méprisait et ne détestait plus que moi les Bourbons: cependant comme les hommes ne sont rien à mes yeux, et que leurs actes seuls doivent être considérés ; comme c'est l'intérêt du pays qu'un vrai patriote doit toujours consulter avant tout ; et comme les révolutions sont toujours un effroyable remède qu'il ne faut employer que quand les douleurs sont devenues intolérables; j'aurais, pour ma part, supporté les Bourbons eux-mêmes s'ils eussent exécuté complètement la Charte en lui laissant produire toutes ses conséquences en faveur de la liberté.

La révolution faite, je n'avais pour guide qu'un seul principe, la souveraineté nationale: je pensais qu'il n'appartenait qu'à la nation de choisir soit la république ou la monarchie, soit son chef

électif ou héréditaire.

Quoi qu'eût fait un congrès réellement natioual, éût-it rétabli Charles X ou Henri V, j'étais, pour ma part encore, disposé à m'y

soumettre.

Je n'avais de désir exclusif pour ou contre rien, pour ou contre personne.

Je ne repoussais pas la monarchie; máis, si elle devait être préférée, je la désirais constitutionnelle, vraiment représentative et populaire, en un mot républicaine.

Je dirai plus, je la croyais plus conforme à l'opinion publique, áu vœu général : Et quand, le 1er août, des patriotes qui venaient de se battre, qui presque tous étaient mes amis politiques, qui s'irritaient de l'arbitraire proclamation d'un lieutenant-général du royaume auquel on abandonnait tout sans aucune garantie, qui voyaient là une violation de la souveraineté nationale, et qui prévoyaient déjà que tout était perdu ou du moins gravement compromis; quand ces patriotes, dis-je, réunis chez Lointier, pensaient à proclamer la république, je combattis cette mesure comme étant contraire elle-même à la souveraineté nationale, et commé pouvant faire éclater de funestes divisions; et ces observations ne furent peut-être pas sans influence sur la décision de l'assemblée..

Ainsi, moi qu'on accuse d'être un républicain farouche, j'ai peut-être contribué, et certainement beaucoup plus que ceux qui 'accusent, à l'établissement de la monarchie,

Il faut presque du courage pour l'avouer aujourd'hui ! mais je ne veux tromper personne, ni amis ni ennemis, rassuré d'ailleurs par la pureté de ma conscience patriotique : du reste, quelque rude

que soit l'épreuve que nous venons de faire, cette épreuve était peutêtre nécessaire à la solidité du triomphe de la liberté !

Quant aux hommes, si je n'avais pas de prédilection pour le duc d'Orléans, avec lequel je n'avais jamais eu le moindre rapport, je n'avais pas non plus de répulsion contre lui.

Je n'étais pas son ennemi; car, le 30, j'arrêtai le bras d'un combattant, qui pendant trois jours venait de braver la mort au milieu des mourans, qui, sans le connaître, le croyait funeste à la révolution, et qui, par patriotisme, voulait l'immoler à la liberté.

Oui, je lui sauvai peut-être la vie ! car elle était intrépide et sûre la main qui devait le frapper au milieu des barricades!

Et ce malheureux, à qui je m'étais efforcé de démontrer son erreur, à qui j'avais prédit le prochain bonheur de la patrie qu'il idolatrait; ce malheureux, quel est son sort? Malade à la suite du combat, privé de son état (car c'était un ouvrier, un de ces héroïques ouvriers plus dévoués que nous peut-être à la liberté!), sans autre travail, sans aucune ressource pour nourrir ses enfans, trop fier pour demander, ne pouvant obtenir le plus modique emploi que demandent vainement pour lui des amis, voyant au contraire conservés à leur poste ceux qui dirigeaient contre lui la balle assassine des Suisses, arrêté, maltraité comme homme de juillet, jeté dans un cachot, il voit sa femme mourir de désespoir, tandis que sa mère et sa fille sont réduites à aller frapper à vingt portes pour obtenir l'avantage de servir des maîtres afin de pouvoir nourrir le reste de la famille!....

Ah, si l'on connaissait toutes les misères. toutes les souffrances, toutes les angoisses, tous les désespoirs !............

Je le vis enfin, le duc d'Orléans! Je puis en parler puisque, des le commencement de l'état de siége, la police est venue saisir chez moi toutes mes lettres et les a publiées dans les greffes.

Hé bien, tandis que je lui exprimais les voeux du patriotisme le plus ardent, il manifestait lui-même les opinions les plus libérales.

Il aurait préféré la régence; mais il était dévoué à sa patrie; il se disait républicain; cependant il croyait la monarchie plus désirée, mais il adoptait une monarchie républicaine.... il me paraissait aussi patriote, aussi libéral que moi : il m'étonna, sans cependant m'éblouir.

Mu seulement par le patriotisme, j'osai lui écrire et lui parler sans déguisement; je lui signalai quelques hommes dont le contact pourrait lui devenir funeste: je le conjurai d'adopter franchement la révolution, de refuser le pouvoir que lui offraient des corps ou plutôt des individus sans mandat, et de convoquer un congrès national qui ferait une constitution et choisirait un chef.

Je le revis et lui écrivis plusieurs fois, après le 7 août, et le conjurai encore de ne considérer la Charte que comme provisoire, et de convoquer un congrès national.

Quoique mes efforts fussent infructueux, il me témoigna toujours beaucoup de bienveillance; et si, comme tant d'autres, j'avais voulu devenir renégat et transfuge, comme tant d'autres aussi je pouvais arriver: l'amitié de Dupont de l'Eure m'aurait rendu le chemin plus facile.

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Mais, loin de me prosterner en esclave adulateur, je parlai en homme libre, à l'ame indépendante et désintéressée : j'osai dire: amicus Plato, sed magis amica patria! j'osai montrer l'abîme où l'on précipiterait infailliblement soi, sa famille, son pays, et peutêtre l'univers! On ne l'a sans doute pas oubliée cette dernière entrevue où je peignis avec abandon toute la douleur et tout l'effroi qu'excitait en moi la prévoyance des calamités dont le présent me paraissait préparer les germes pour l'avenir, cette entrevue à la fin de laquelle on me disait je n'oublierai jamais la conversation d'aujourd'hui !

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Ce fut la dernière : convaincu que le char était emporté par de fougueux coursiers qu'une aussi faible voix ne pouvait arrêter, je renonçai à l'honneur qu'on avait daigné m'accorder.

Mais la voix qui ne peut se faire entendre utilement en secret, peut encore avoir quelque utilité en parlant publiquement.

D'ailleurs, la patrie fut toujours mon unique idole; la patrie est toujours là; et quelque léger que puisse être le secours d'un simple citoyen, il peut la servir en lui criant: voilà l'ennemi!

D'ailleurs encore, si quelqu'un veut se perdre, chacun de nous n'a-t-il pas le droit de vouloir se sauver ?

Convaincu qu'on nous perd en effet, j'exprimai donc nettement et publiquement mon opinion, en octobre de l'année dernière. Dieu sait que de haines excita contre moi cette première lettre à

mes commettans !

Mais peut-on prendre garde à la colère ministérielle, au milieu des dangers qui nous environnent de tous côtés ?

J'allais donc publier mon travail d'aujourd'hui, quand la mise en état de siége vint justifier l'une de mes prévisions en menaçant les libertés et les existences.

Ha! nous le tenons donc, Cabet! dit un des courtisans en se frottant les mains. Et l'ordre d'arrestation le plus arbitraire et le plus inique était lancé contre moi, ainsi que contre mes collègues Laboissière et Garnier-Pagès! Nos papiers étaient saisis! Et, dans ces premiers momens d'exaltation, de chaos et d'erreur, signalés à la colère de nos concitoyens comme les principaux auteurs de la cata

strophe qui venait d'arriver, nous pouvions périr massacrés ou fusillés, victimes de la vengeance et déshonorés par la calomnie!

Mais, quels que puissent être les périls nouveaux, j'ai continué mon travail, sans haine et sans crainte, sacrifiant tout pendant huit mois, repos, plaisir, intérêt, pour dire la vérité que je crois utile ; et si par hasard on veut m'en demander compte, je ne demande qu'une chose, c'est qu'on n'ait pas l'injustice de reprocher à mes amis politiques des opinions qui me sont personnelles : je crois remplir un devoir; et c'est à mes risques et périls que je le remplis ; je dois seul en répondre.

Paris, 11 octobre 1832.

САВЕТ,

député de la Côte-d'Or.

P. S. Le Moniteur m'apprend à l'instant que Soult est président du conseil, et que de Broglie, Guizot et Thiers entrent au ministère.

Est-il possible.-Oui, Louis-Philippe vient de les nommer !
Quoi ! Soult, président du conseil !

Guizol, ministre !

Thiers, ministre !

De Broglie, ministre !

J'ai parlé des trois premiers: j'ai montré leur véracité, leur loyauté, leur moralité, leur jugement.

Quant à de Broglie, ne défendra-t-il pas la révolution, lui qui, en août 1830, envoyant 500 fr. au comité qui recueillait des fonds pour les réfugiés espagnols, écrivait au comité révolutionnaire espagnol?

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