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-Suite.-Ministère provisoire.- Démission de la commission municipale. - Proclamation de Lafayette. Charles X nomme le duc d'Orléans lieutenant-général du royaume. Abdication en faveur d'Henri V déposée.

ture de la session.

des députés.

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3 août, ouver

Nomination du président de la chambre

Par un inconcevable aveuglement, ou par d'inexplicables manœuvres, la commission municipale (dans laquelle se trouvent, il est vrai, Casimir Périer, de Schonen et Lobau, et leurs secrétaires Barthe et Mérilhou, choisit pour ministres Louis, Guizot, de Broglie, de Rigny, Gérard, Bignon et Dupont de l'Eure. Mérilhou a même présenté Sébastiani et Dupin, remplacés ensuite par Bignon et Dupont.

Combien y en a-t-il là qui représentent réellement le peuple et les vainqueurs? Charles X ne pourrait-il pas accepter un pareil ministère? Et le duc d'Orléans peut-il mieux choisir pour conserver la Charte, les chambres, et les principes de la restauration ? Aussi quand, le lendemain, 1er août, Laffitte, appelé par le lieutenant-général, se présente à son palais, il y voit tous ces Messieurs réunis; Molé et Sébastiani s'y trouvent aussi.

Les ministres provisoirement choisis à l'Hôtel-de-Ville, sont provisoirement conservés. Seulement Molé remplace Bignon, et le ministère de la marine est vacant. Mais Sébastiani sera bientôt ministre de la marine!

On prend Dupont, parce que sa popularité paraît nécessaire; et Laffitte se jette presque à ses genoux pour vaincre sa répugnance, et le déterminer à accepter; mais on le renverra dès qu'on croira pouvoir s'en passer.

On n'ose pas encore prendre d'Argout, négociateur pour Charles X, et Casimir Périer, choisi par lui pour être ministre, et qui s'est opposé à sa déchéance; mais on ne tardera pas à les appeler; en attendant, ils ne seront pas inutiles dans les deux chambres.

Mais on ne craint pas de prendre Sébastiani, Guizot, Louis, qui, loin de rien faire pour l'insurrection, se sont efforcés de l'empêcher. Talleyrand lui-même sera bientôt ambassadeur à Londres, et dirigera la politique étrangère, c'est-à-dire disposera du salut de la France.

Ah! MM. Lafayette et Laffitte, vous connaissez tous ces hommes, et vous ne conseillez pas au Duc, que vous aimez comme la

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patrie, de ne pas les prendre pour ministres d'une révolution dont vous savez qu'ils sont les ennemis !

Voilà donc les conspirateurs orléanistes, les partisans de l'aristocratie, de la restauration et de la légitimité, maîtres de cette révolution et du pouvoir!

Que vont-ils faire de la commission municipale?

N'osant pas l'annuler, on lui insinue de donner sa démission. Les combattans l'exhortent à refuser; Odilon-Barrot le promet en son nom; mais de Schonen, Casimir Périer, et d'autres encore, sont dans la commission ou près d'elle; on profite de l'absence d'un ou deux membres; la démission est rédigée secrètement, et Mérilhou s'empresse de la porter au Palais-Royal revêtue de trois ou quatre signatures seulement.

C'est ainsi que cette commission municipale, que le peuple considérait comme étant, avec Lafayette, la seule autorité populaire, se laisse jouer et désarmer, ou plutôt abandonne son poste sans rien dire, et livre le pouvoir, sans rien stipuler pour la révolution.

Le lieutenant-général daigne leur exprimer des regrets, et les inviter à continuer leurs fonctions pour ce qui concerne Paris; mais ces fonctions se trouvent effectivement annulées, et l'organisation des vingt régimens de garde nationale mobile n'aura pas lieu. Peutêtre annulerait-on aussi la déchéance de Charles X, si la chose était possible.

Cependant Lafayette est conservé dans son commandement par le lieutenant-général du royaume, et reste à l'Hôtel-de-Ville; il commande encore la garde nationale, et c'est lui surtout que peuple regarde comme son défenseur.

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«Dans la glorieuse crise où l'énergie parisienne a reconquis nos droits, dit-il dans un ordre du jour du 2 août, tout reste encore « provisoire; il n'y a de définitif que la souveraineté de ces droits « nationaux, et l'éternel souvenir de la grande semaine du peuple; « mais la réorganisation des gardes nationales est un besoin de défense et d'ordre public réclamé de toutes parts..... Je crois de« voir, pour servir la liberté et la patrie, accepter l'emploi de commandant-général des gardes nationales de France. »

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Si quelqu'un doit penser qu'un congrès national est nécessaire, c'est assurément le vieux représentant de 89; aussi le désire-t-il, et le demande-t-il; mais F..... lui fait craindre la discorde et la guerre civile: il cède, et, dans sa proclamation du 31, il reconnaît que les députés actuels peuvent constituer le gouvernement. -Dès-lors tout est perdu.

Néanmoins, il y dit que le peuple français est rentré dans la plénitude de ses imprescriptibles droits; qu'il faut d'abord assurer à

la patrie toutes les garanties de liberté, d'égalité et d'ordre public que réclame la nature souveraine de ces droits, et la ferme volonté du peuple; que déjà, sous la restauration, il était reconnu que, dans la session actuelle, les lois indiquées dans l'adresse devaient être faites avant tout vote de subsides; et qu'à plus forte raison aujourd'hui ces garanties et toutes celles que peuvent réclamer la liberté et l'égalité doivent précéder toute concession de pouvoirs définitifs. « Liberté, ÉGALITÉ, ordre public, dit-il en terminant, fut toujours ma devise: j'y serai fidèle.

Il fait effectivement écrire cette devise sur les drapeaux de la garde nationale, avec ces mots : 7, 28 et 29 juillet.

Quoi! lui dit Girod de l'Ain, envoyé près de lui, vous adoptez ce mot égalité, qui rappelle un nom révolutionnaire, Philippe-Egalite! Quelle inconvenance! quel scandale! Et ce mot, qui seul représente la révolution, disparaît pour laisser la place à l'ordre public, dont le despotisme et l'aristocratie savent si bien abuser.

Mais du moins Pigle de l'indépendance déploiera-t-il ses ailes sur le drapeau de la garde nationale? Non, c'est le coq gaulois qu'on y place, et même par erreur on n'y met qu'un chapon.

Enfin l'on adopte, pour la garde nationale, un uniforme tellement brillant et dispendieux, qu'on lui donne à l'instant un esprit de futile vanité, et qu'on en fait un corps presque aristocratique, dont le pcuple est exclu par sa misère.

Revenons au duc d'Orléans, et même à Charles X.

Retiré à Rambouillet, celui-ci fait rédiger et envoie au duc d'Orléans un acte ainsi conçu :

<< Le roi voulant mettre fin aux troubles qui existent dans la ca«pitale et dans une partie de la France, comptant d'ailleurs sur le « sincère attachement de son cousin le duc d'Orléans, LE NOMME << LIEUTENANT-GÉNÉRAL DU ROYAUME.

<< Le roi ayant jugé convenable de retirer ses ordonnances du 25 juillet, approuve que les chambres se réunissent le 3 août, et il « veut espérer qu'elles rétabliront la tranquillité en France.

« Le roi attendra ici le retour de la personne chargée de porter à << Paris cette déclaration.

« Si l'on cherchait à attenter à la vie du roi et de sa famille, ou « à leur liberté, il se défendrait jusqu'à la mort.

<< Fait à Rambouillet, le 1er août 1830. Signé, CHARLES X. » Qui a conseillé cet acte? Est-ce Mortemart, ou de Broglie, ou Sémonville, ou d'Argout, ou Casimir Périer, ou Sébastiani, ou Guizot, ou Hyde de Neuville? Je n'en sais rien; mais certainement, la réunion des cinq députés et des pairs qui, le 30 (voy. pag. 114), cherchait une combinaison pour ramener le calme et pour concilier tous les intérêts et toutes les consciences, ne pouvait rien trou

ver de mieux; et c'est peut-être parce que cette nomination n'était pas encore arrivée, que Sébastiani engageait le duc d'Orléans, le 31, à ne pas accepter l'invitation des députés. .à

Quoi qu'il en soit, le lendemain 2, Charles X envoie l'acte sui

vant :

A mon cousin le duc d'Orléans, lieutenant-général du royaume (nommé par l'acte précédent).

«Mon cousin, je suis trop profondément peiné des maux qui << affligent ou qui pourraient menacer mes peuples pour n'avoir pas <«< cherché un moyen de les prévenir. J'ai donc pris la résolution d'abdiquer la couronne en faveur de mon petit-fils le duc de << Bordeaux. Le dauphin, qui partage mes sentimens, renonce aussi à ses droits en faveur de son neveu.

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1 << Vous aurez donc, en votre qualité de lieutenant-général du « royaume (nommé par moi), à faire proclamer l'avénement de « Henri Và la couronne. Vous prendrez d'ailleurs toutes les me« sures qui vous concernent pour régler les formes du gouverne«ment pendant la minorité du nouveau roi. Ici je me borne à faire << connaître ces dispositions; c'est un moyen d'éviter encore bien « des maux.

«

« Vous communiquerez mes intentions au corps diplomatique, << et vous me ferez connaître le plus tôt possible la proclamation par laquelle mon petit-fils sera reconnu roi, sous le nom de Henri V. « Je charge le lieutenant-général, vicomte de Foissac-Latour, de << vous remettre cette lettre. Il a ordre de s'entendre avec vous pour <<< les arrangemens à prendre en faveur des personnes qui m' <«< accompagné, ainsi que pour les arrangemens convenables pour « ce qui me concerne et le reste de ma famille. Nous réglerons << ensuite les autres mesures qui seront la conséquence du change<<ment de règne.

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m'ont

<< Je vous renouvelle, mon cousin, l'assurance des sentimens avec lesquels je suis votre affectionné cousin,

« Signé CHARLES,

LOUIS-ANTOINE. »

Cet acte a-t-il été communiqué au corps diplomatique? je l'ignore. A-t-il été conseillé par Mortemart ou Talleyrand, ou d'Argout, ou de Broglie et Guizot, qui, comme on le verra tout-à-l'heure, voudront prendre cette double abdication pour base de tous les actes subséquens? Je l'ignore encore.

Mais voici ce que le duc d'Orléans dit aux deux chambres réunies, le 3 août, en ouvrant la session.

"

<< Messieurs les pairs et Messieurs les députés, aussitôt que les << chambres seront constituées, je ferai porter à votre connaissance l'acte d'abdication de S. M. le roi Charles X. Par ce même acte, S. A. R. Louis-Antoine de France, dauphin, renonce également « à ses droits. Cet acte a été remis entre mes mains, hier, 2 août, à. << onze heures du soir. J'en ordonne, ce matin, le dépôt dans les ar

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a chives de la chambre des pairs, et je le fais insérer dans la partie ❝ officielle du Moniteur. »

Aussi par ordre du lieutenant-général du royaume, son ministre Guizot envoie au président l'acte d'abdication de S. M. Charles X, pour être communiqué à la chambre des députés, dans la séance du 6.

. Charles X et son fils, dit Bérard, le 6 août, en développant sa « proposition pour la déchéance, prétendent en vain transmettre « un pouvoir qu'ils ne possèdent plus. Le pouvoir s'est éteint dans << le sang de plusieurs milliers de victimes. —L'acte d'abdication << dont vous avez eu connaissance est une nouvelle perfidie. L'ap<< parence de légalité dont il est revêtu n'est qu'une déception. C'est << un brandon de discorde qu'on voudrait lancer parmi nons........... » « Qu'avons-nous besoin de cette communication? dit un mem«bre de la gauche. -Nous n'en voulons pas, dit un autre ; nous ❝ avons le droit de choisir.

<< La chambre, dit le président, veut-elle accuser réception de «< cette pièce et la déposer aux archives? Non, non.... ce serait

lui donner une valeur qu'elle n'a pas.

« Charles X, dit Mauguin, a fait la guerre au peuple, et la vic<< toire a prononcé sa déchéance. Il n'a plus aucun droit; il n'a rien << a abdiquer. Il n'y a rien à déposer. - Déposer l'acte de son « abdication ce serait lui donner de la valeur. »>

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Le côté gauche appuie; mais la chambre vote, et le dépôt est ordonné!!!

Revenons un peu sur nos pas.

Dès le 1er août, l'ouverture de la session est fixée au 3 (suivant l'indication de Charles X, et l'approbation formelle qu'il en a donnée au duc d'Orléans en le nommant lieutenant-général du royaume), comme si rien n'était changé!

Le 3 août, les deux chambres lui envoient une grande députation, et il ouvre la session, comme s'il était Charles X!

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Paris, dit-il, troublé dans son repos (seulement son repos!) par une déplorable violation de la Charte et des lois, les défendait (toujours défense, mais jamais conquête!) avec un courage héroïque! Au milieu de cette lutte sanglante, aucune garantie de l'ordre social ne subsistait plus; les personnes, les propriétés, les droits, tout ce qui est précieux et cher à des hommes et à des citoyens courait les plus grands dangers! (Et la sagesse, la modération, la générosité si vantée des vainqueurs!)

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Dans cette absence de tout pouvoir public, le vœu de mes concitoyens (du parti orléaniste) s'est tourné vers moi; ils m'ont jugé digne de concourir avec eux au salut de la patrie; ils m'ont invité à exercer les fonctions de lieutenant-général du royaume (toujours comme s'il l'était déjà).

Leur cause m'a paru juste, les périls immenses, la nécessité impérieuse, mon devoir sacré. Je suis accouru au milieu de ce vaillant peuple, suivi de ma fa

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