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France et les partisans de l'Angleterre s'emparèrent du pouvoir.

L'empereur des Français, appelé par le roi Charles IV, fit entrer ses troupes en Espagne, et la guerre de la Péninsule fut allumé.

Par une des stipulations de Tilsit, la Russie devait évacuer la Valaquie et la Moldavie, cette évacuation fut différée. De nouvelles révolutions survenues à Constantinople, avaient plusieurs fois ensanglanté le sérail... Un an s'était à peine écoulé depuis la paix de Tilsit, les affaires de Copenhague, d'Espagne, de Constantinople, et les arrêts publiés en 1807, par le consul britannique, avaient déjà placé l'Europe dans une situation tellement inattendue, que les deux souverains de Russie et de France jugèrent convenable de se concerter et de s'entendre: l'entrevue d'Erfurt eut lieu.

Unis d'intention et animés de l'esprit de Tilsit, ils se mirent d'accord sur ce qu'exigeaient d'eux de si grands changements. L'empereur Napoléon consentit à faire évacuer la Prusse par ses troupes, en même temps qu'il consentait que la Russie n'évacuat point la Valaquie et la Moldavie, mais réunit ces deux provinces à son émpire... et les deux souverains résolurent de faire en commun une démarche solennelle auprès de l'Angleterre...

La Suède s'était refusée à fermer ses ports à l'Angleterre ; la Russie, conformément aux stipulations de Tilsit, lui avait déclaré la guerre. Il en résulta, pour elle, la perte de la Finlande, que la Russie réunit à son empire. En même temps, les armées russes occupèrent les places fortes du Danube et firent une guerre avantageuse contre la Turquie...

La réunion du duché d'Oldenbourg, enclavé de toutes parts dans les contrées nouvellement soumises au même régime que la France, étant une suite nécessaire de la réunion des villes Anséatiques, une indemnité leur fut offerte: mais votre cabinet en fit une affaire d'État... La réception

des vaisseaux anglais dans les ports russes, et les dispositions de l'oukase de 1810, avaient fait connaître que les traités n'existaient plus... la Russie élude tous rapprochements. Depuis dix-huit mois, elle a pour règle constante de porter la main sur son glaive toutes les fois que ses propositions d'arrangement lui ont été faites...

Il m'est formellement prescrit d'exprimer, en terminant cette dépêche, le vœu déjà manifesté par S. M. l'empereur Napoléon, à M. le colonel Tschernyscheff, de voir les négociations, qu'elle n'a cessé de provoquer, prévenir les événements dont l'humanité aurait tant à gémir.

Quelle que soit la situation des choses lorsque cette lettre parviendra à V. E., la paix dépendra encore des résolutions de votre cabinet.

J'ai l'honneur, etc.

Signé le duc de BASSANO.

RAPPORT DU MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES

Gumbinen, le 21 juin 1812.

Sire,

Le traité de Tilsit, entre la France et la Russie, était un traité d'alliance offensif contre l'Angleterre. Ce fut au retour de la conférence du Niémen, où l'empereur Alexandre avait dit à V. M. qu'il voulait être son second contre l'Angleterre, que vous vous déterminâtes à sacrifier les avantages que vous teniez de la victoire et à passer rapidement de l'état de guerre à l'état d'alliance avec la Russie.

Cette alliance, qui augmentait les moyens de guerre contre l'Angleterre, devait aussi garantir la paix du continent. Cependant, en 1809, l'Autriche fit la guerre à la France. La Russie, contre le texte précis des traités, ne fut d'aucun secours à V. M. Au lieu de 150,000 hommes qu'elle

pouvait faire marcher, et qui devait seconder l'armée française, 15,000 seulement entrèrent en campagne, et, lorsqu'ils dépassèrent la frontière russe, le sort de la guerre était terminé.

Depuis cette époque, l'oukase du 19 décembre 1810, qui détruisit nos relations commerciales avec la Russie, l'admission du commerce de l'Angleterre dans ses ports, ses armements quim enacèrent, dès le commencement de 1811, d'envahir le duché d'Oldenbourg, anéantirent l'alliance. Elle n'existait plus lorsque de part et d'autre des armées se formaient pour s'observer.

Cependant, l'année 1811 tout entière fut employée à des pourparlers, à des négociations avec la Russie, dans l'espérance de détourner, s'il était possible, le cabinet de Pétersbourg de la guerre qu'il paraissait avoir résolue, et de parvenir à connaître ses véritables intentions. Il a été prouvé, jusqu'à l'évidence, que cette puissance se proposait, à la fois, de se soustraire aux conditions des traités de Tilsit, pour se mettre en état de paix avec l'Angleterre, et d'attenter à l'existence du duché de Varsovie, en se servant du prétexte des indemnités réclamées par le duc d'Oldenbourg.

V. M. décidée à soutenir par la force des armes l'honneur des traités, l'existence et l'intégrité des états de ses alliés, avait senti l'importance de s'unir plus étroitement à une puissance à laquelle elle était déjà attachée par des liens chers à son cœur, et dont les intérêts politiques généraux étaient les mêmes que ceux de V. M.

Tout garantit à cette alliance une longue durée, elle assure le repos du midi de l'Europe et promet à la France qu'elle ne sera plus troublée dans ses efforts pour le rétablissement de la paix maritime.

Je propose à V. M. de faire donner communication au Sénat du traité d'alliance conclu entre la France et l'Autri

che, et d'ordonner qu'il soit promulgué comme loi de l'Etat, conformément à nos institutions.

Je suis, etc.

Signé le duc de BASSANO.

NOTE 12.

PRINCIPES DE LA SAINTE-ALLIANCE AU CONGRÈS DE VÉRONE, SUR L'INSURRECTION GRECQUE.

Aucune vue secrète, aucun calcul d'ambition ni d'intérêt n'avait eu part aux résolutions qu'une nécessité impérieuse leur avait dictées en 1821 (Conférences de Laybach). Résister à la révolution, prévenir les désordres, les crimes, les calamités innombrables qu'elle appelait sur l'Italie tout entière; y établir l'ordre et la paix, fournir aux gouvernements légitimes l'appui qu'ils étaient en droit de réclamer, tel a été l'unique objet des pensées et des efforts des monarques. A mesure que cet objet s'accomplit, ils retirent et retireront des secours qu'un besoin trop réel avait seul pu provoquer et justifier: heureux de pouvoir abandonner aux princes, que la Providence en a chargés, le soin de veiller à la sûreté et à la tranquillité de leurs peuples, et d'enlever ainsi à la malveillance jusqu'aux derniers prétextes dont elle ait pu se servir pour répandre des doutes sur l'indépendance des souverains de l'Italie.....

Un événement d'une importance majeure avait éclaté

vers la fin de la réunion de Laybach. Ce que le génie révolutionnaire avait commencé dans la Péninsule occidentale, ce qu'il avait tenté en Italie, il était parvenu à l'exécuter aux extrémités orientales de l'Europe. A l'époque où les révoltes militaires de Naples et de Turin cédèrent à l'approche d'une force régulière, le brandon de l'insurrection fut lancé au milieu de l'empire ottoman. La coïncidence des événements ne pouvait laisser aucun doute sur l'identité de leur origine. Le même mal se reproduisant sur tant de points divers, et toujours avec les mêmes formes et un langage analogue, quoique sous des prétextes différents, trahissait trop évidemment le foyer commun d'où il était sorti. Les hommes qui avaient dirigé ce mouvement s'étaient flattés d'en tirer parti pour semer la division dans les conseils des puissances et pour neutraliser les forces que de nouveaux dangers pouvaient appeler sur d'autres points de l'Europe. Cet espoir fut trompé. Les monarques, décidés à repousser le principe de la révolte, en quelque lieu et sous quelque forme qu'il se montrait, se hâtèrent de le frapper d'une égale et unanime réprobation...

Les vœux des monarques ne sont dirigés que vers la paix ; mais cette paix, bien que solidement établie entre les puissances, ne peut répandre, sur la société, la plénitude de ses bienfaits, tant que la fermentation qui agite encore les esprits dans plus d'un pays sera entretenue par des suggestions perfides et par les tentatives criminelles d'une faction qui ne veut que révolutions et bouleversements...

Vérone, le 14 décembre 1822.

Signé par le prince de METTERNICH (pour l'Autriche);

comte de BERNSTORF (pour la Prusse);

comte de NESSELRODE (pour la Russie).

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