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mains Menghi-Gueray ou Gheray-khan qu'ils avaient dépouillé de ses Etats. Mais il ne le rétablit sur le trône qu'après avoir fait avec lui un traité par lequel la Porte se réservait le droit de nomination et d'investiture au Khanat. Pour s'assurer de la fidélité de ce khan, et s'attacher davantage les princes tatars, Mahomet II accorda aux différentes branches de Tschinguiss un apanage considérable en terres dans la Roumélie. C'est parmi ces princes tatars que le Grand-Seigneur choisissait les khans de Krimée, et suivant l'ordre établi par eux-mêmes.

Depuis l'envahissement de la Krimée par Catherine II, les principaux chefs de la famille de Tschinguiss ont continué d'habiter leurs terres en Roumélie; et tous les voyageurs s'accordent à dire que leurs possessions, qui s'étendent jusqu'aux portes d'Andrinople, sont infiniment mieux cultivées, que leurs villes et leurs châteaux sont mieux bâtis et mieux entretenus que dans le reste des provinces d'Europe soumises à l'empire ottoman. On a présumé que la révolte de Passwan-Oglou, en 1800, avait eu lieu sous l'inspiration et au profit d'un de ces princes tatars.

Autrement, la fidélité de ces anciens vainqueurs de la Russie. fut constante et très-utile à la Porte-Ottomane. C'est à eux que fut due la défaite de Pierre I sur le Pruth: et l'un d'eux, Selim-Gueray, qui régnait sous Louis XIV, comme khan de Krimée, après avoir sauvé l'armée turque, prête à succomber sous les forces réunies des Allemands, des Polonais et des Russes, refusa le trône ottoman auquel l'enthousiasme des milices musulmannes voulaient l'élever.

Le Grand-Seigneur, pour récompenser la valeur et le désintéressement de son libérateur, changea l'ordre précédemment établi du choix parmi tous les princes tatars pour le Khanat de Krimée. Il assura ce trône aux seuls descendants de Selim-Gueray, à l'exclusion des autres branches.

C'est cette descendance de Selim qui jouit, depuis, seule, de tous les avantages de la souveraineté, jusqu'au jour où

Catherine la fit tomber dans ses projets artificieux. Elle possédait une grande puissance et une grande richesse; les cinq autres branches qui restaient des descendants de Tschinguiss, réduites à leur seul apanage, n'avaient conservé que le droit honorifique de fournir à la Krimée les cinq grands vassaux, ou officiers de la couronne.

Ces cinq branches sont encore connues sous le nom de Schérine, Mansour, Sedjoud, Arguya et Baronn. Outre de grands territoires particuliers dont la possession est indépendante de la Porte-Ottomane, elles jouissent du droit d'asile qui est resté constamment inviolable en Turquie. La ville de Seray ou Serès, près d'Andrinople, est la demeure ordinaire des princes Tschinguisiens restant de la branche de Selim-Gueray. (Note de l'Auteur.)

NOTE 7.

APPRÉCIATION SUR LA POLOGNE.

Il importait que la Pologne reçût un roi de race étrangère; il fallait qu'elle existât pour le repos de l'Europe. La Pologne devait être comme une garde avancée, un camp retranché contre les invasions dont les barbares de l'Asie semblaient encore menacer les nations européennes. Le partage de ce royaume était presque aussi avantageux à la Russie que l'expectative éloignée de sa conquête, parce qu'il la mettait, immédiatement et de toutes parts, en point de contact avec les puissances dont l'accord pouvait arrêter ses entre

prises. Du côté de la Baltique, la Suède avait déjà perdu toute communication continentale, et par là même une importance dans le système politique que la possession isolée de la Pomeranie ne pouvait lui rendre. Du côté de la mer Noire, l'usurpation de la Krimée, l'ouverture des mers ottomanes, et le passage libre des Dardanelles, donnaient aux Russes le moyen de préparer et de fixer l'époque de la conquête, si longtemps méditée, de Constantinople et de la Morée; enfin, le voisinage immédiat, non interrompu de la Prusse et de l'Autriche, leur offrait un prétexte continuel de se mêler des affaires de l'empire germanique; et la barrière qui retenait les enfants du Nord et de l'Asie, une fois rompue, l'Europe ne pouvait plus compter ni sur l'existence de ses gouvernements, ni sur la durée de sa civilisation.

Mais quelle était surtout, au milieu de cette catastrophe, la situation de la France, alors en proie aux désordres de l'anarchie! Dépouillée depuis longtemps de sa prépondérance continentale, elle venait de perdre sa puissance maritime et ses richesses coloniales: on ne peut contempler sans effroi l'état de faiblesse et d'inégalité relative où elle se fût trouvée, en sortant des transports de la fièvre politique qui la dévorait, sans un concours de circonstances et de succès qu'il était impossible à la prudence humaine de prévoir.

C'était précisément cette révolution terrible qui dérobait alors aux yeux du vulgaire, des cours et des nations les dangers du changement énorme qui venait de se faire dans la balance politique.

(Progrès de la Puissance russe, par M. L***, 1812, Paris.)

NOTE VII..

TRAITÉ DU 21 MARS 1800 ENTRE LA SUBLIME-PORTE ET LA COUR DE RUSSIE, CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE SEptinsulaire.

Au nom de Dieu tout-puissant,

Les pays qui dans l'origine étaient soumis à la république de Venise, après avoir passé sous la domination des Français ayant été, à l'aide de Dieu, délivrés de ce joug odieux par les escadres combinées de la Russie et de la Sublime-Porte, secondés par le vœu unanime et les effets des insulaires; S. M. l'empereur de Russie et S. M. l'empereur Ottoman étant convenus d'observer les principes d'équité, de modération et de désintéressement; principes dont l'exécution a été plus solennellement et expressément stipulée dans le traité d'alliance défensive et la dignité des deux cours, exigeant qu'elles accomplissent une promesse qui a été publique de part et d'autré, il a été résolu d'établir dans ces pays un gouvernement de telles nations, que rien n'arrive qui soit opposé à la tranquillité et à la sûreté des états de la SublimePorte, en raison du voisinage, et qui, conformément aux anciennes mesures et religion du pays, soit en même temps agréable aux habitants délivrés du joug d'une puissance qui ne cesse d'employer les manoeuvres publiques et secrètes pour réussir dans son dessein pervers de détruire et renverser toutes les lois et les principes de toutes les religions et de la société humaine. En conséquence, la cour impériale de Russie et la Sublime-Porte voulant de commun consentement ordonner d'une manière solennelle cette œuvre salutaire avec solidité et avec des règlements qui la rendent inaltérable et indissoluble, ont nommé et autorisé à cet objet, c'est-à-dire S. M. l'empereur des Russies, le haut et noble Basilio Jom

vason, conseiller privé, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire auprès de la Porte-Ottomane, et S. M. l'empereur Ottoman les très-excellents et très-honorés Essid, Ibrahim, Idmet, Bey, Cazi, Asker de Romélie, lesquels plénipotentiaires d'après l'échange de leurs pleins pouvoirs respectifs trouvés en bonnes formes sont convenus des articles suivants.

ART. 1er. S. M. l'empereur des Russies considérant que lesdites îles, ci-devant vénitiennes à cause de leur proximité avec la Morée et l'Albanie, intéressent particulièrement la sûreté et la tranquillité des états de la Sublime-Porte, a été convenu que les mêmes îles, de la même manière que la république de Raguse, formeraient, une république sujette à cause de suzeraineté à la Sublime-Porte et gouvernée par les principaux notables du pays. S. M. I. de Russie s'engage pour soi et ses successeurs de garantir l'intégrité des états de ladite république, le maintien de la constitution qu'on acceptera et qui sera ratifiée par les deux cours contractantes, après avoir été soumise à leur approbation, ainsi que la perpétuité du privilége qu'on leur accordera; S. M. l'empereur Ottoman et ses successeurs étant suzerains de ladite république vassale de la Sublime-Porte, c'est-à-dire dépendante, sujette et protégée, les devoirs de cette protection seront religieusement observés par la Sublime-Porte en faveur de ladite république.

ART. 2. En conséquence de l'art. 1er, les îles de Corfou, Zante, Céphalonie, Sainte-Maure, Ithaque, Paxo et Cérigo, et toutes les îles grandes et petites, habitées ou inhabitées, placées vis-à-vis la côte de la Morée et de l'Albanie, qui ont été détachées de Venise et viennent d'être conquises, étant sujettes à la Sublime-Porte, sous le nom de la république des sept îles unies, ladite république et les sujets jouiront dans leurs affaires politiques, dans leur constitution intérieure et dans leur commerce, de tous les priviléges dont la république de

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