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rassemblées d'avance sur l'Allemagne, en même temps que deux flottes considérables partiraient, l'une de la mer d'Azof, et l'autre du port d'Archangel, chargées de hordes asiatiques, sous le convoi des flottes armées de la mer Noire et de la mer Baltique, S'avançant par la Méditerranée et par l'Océan, elles inonderaient la France d'un côté, tandis que l'Allemagne le serait de l'autre, et ces deux contrées vaincues, le reste de l'Europe passerait facilement et sans coup férir sous le joug.

Ainsi peut et doit être subjuguée l'Europe!

(Ce testament politique fut esquissé par Pierre Ier en 1710, après la bataille de Poltava, retouché par lui en 1722 après la paix de Nystad, et formulé définitivement en 1730, par le chancelier Ostermann. Il fut connu de Louis XV et de ses ministres, dès l'année 1757. Nous en reproduisons le texte entier et exact, tel qu'il se trouve dans l'Histoire de Pologne, publiée à Paris en 1839 par LÉONARD CHODZKO.)

NOTE 5.

CONSTITUTION IMPOSÉE AUX POLONAIS, EN 1773.

Une note remise par le ministre russe Stackelberg, aux délégués de la Diète, le 13 septembre 1773, peut donner une idée des changements que la Russie imposait dans la Constitution qui régissait la Pologne. Elle est ainsi conçue :

« Les cours sont si fort intéressées à la pacification de la Pologne, que, pendant qu'on s'occupe à mettre ces traités en état d'être signés et ratifiés, leurs ministres ne croient

pas devoir perdre un temp précieux pour rétablir l'ordre et la tranquillité de ce royaume. Nous allons donc communiquer à la commission une partie de ces lois fondamentales, à l'acceptation de laquelle nos cours ne souffriront aucune contradiction.

« 1° La couronne de Pologne sera élective à perpétuité : tout ordre de succession sera prohibé; toute personne qui tenterait d'enfreindre cette loi, sera déclaré ennemi de la patrie et poursuivie en conséquence;

« 2° L'élection des étrangers au trône ayant été fréquemment une occasion de troubles et de discordes, ils en seront exclus; et il sera passé en loi qu'à l'avenir, nul ne pourra être élu roi de Pologne et grand-duc de Lithuanie, s'il n'est Polonais de race, né noble et possédant des terres dans le royaume. Le fils ou petit-fils d'un roi ne pourra être élu immédiatement après la mort de son père ou de son aïeul et il ne pourra l'être qu'après l'intervalle de deux règnes ;

;

« 3o Le gouvernement de Pologne sera et demeurera à perpétuité un gouvernement libre, indépendant et de forme républicaine;

« 4° Les vrais principes de ce gouvernement consistent dans une exacte observation des lois et dans l'équilibre des trois ordres, savoir le roi, le sénat et l'ordre équestre (la noblesse). Il sera établi un conseil permanent, investi du pouvoir exécutif. L'ordre équestre, exclu jusqu'ici de l'administration des affaires dans l'intervalle des Diètes, y participera comme il sera ordonné par des arrangements ultérieurs. »

NOTE 6.

INVASION DE LA KRIMÉE EN 1783.

Dans un voyage que Joseph II, empereur d'Autriche, fit à Pétersbourg, en 1780, il avait été question du partage de l'empire ottoman et du rétablissement des républiques grecques (1). Pour le faire entrer dans ses idées, Catherine II s'engageait, tantôt à favoriser l'échange de la Bavière contre les Pays-Bas (2), tantôt à soutenir ses prétentions sur l'ouverture de l'Escaut et son projet d'établir une marine à Ostende, en dépit de la Hollande et de l'Angleterre. En cela même, le but de Catherine était d'avoir, sous le nom de son alliée, un port où les vaisseaux russes pussent relâcher dans les expéditions qu'elle méditait (3). Joseph, aveuglé par des espérances dangereuses, quitta la Russie, également étonné de la grandeur et des faiblesses de Catherine, et de ce mélange de luxe et de barbarie que ce pays avait offert à ses regards (4).

Fortifiée par une alliance si contraire aux intérêts de l'Autriche, l'Impératrice continua ses préparatifs avec sécurité. Le commerce de la mer Noire avait pris une grande activité, mais la possession de la Krimée était devenue nécessaire à l'accomplissement de ses desseins; elle s'occupa sans délai des moyens de la réunir à son empire.

Schahim-Gheraï n'aurait été élevé à la dignité de khan

(1) Mémoires posthumes de Frédéric, t. V, p. 77, 83. - Tooke's, Life of Catherine II, vol. II, p. 404, 405.

(2) Tooke's, Life of Catherine II, vol. II, p. 404, 405.

(3) Doutes sur l'ouverture de l'Escaut, par Mirabeau, Lettre II, p. 75, 76, etc.

(4) Tooke's, Life of Catherine, vol. II, p. 408.

que pour être Pinstrument, et bientôt la victime de Catherine II (1). A peine était-il sur le trône qu'elle lui avait envoyé un ambassadeur, un espion chargé de le rendre odieux à son peuple, d'acheter des mécontents et d'allumer la guerre civile. Les Tatars avaient en horreur les Russes, leurs usages, leur gouvernement. On avait d'abord persuadé au malheureux Schahim de solliciter les faveurs de la cour; il avait obtenu le cordon de Sainte-Anne et le grade de lieutenant-colonel dans les gardes Préobragenskoï, honneur subalterne qui le dégradait aux yeux des Tatars. Les agents russes lui avaient inspiré le goût de leurs mœurs, de leurs frivolités, de leurs débauches, de leur barbarie, de leurs folles prodigalités et de leur discipline militaire. On lui faisait concevoir, à lui qui chancelait sur son trône, l'idée d'avoir une marine et de dominer sur la mer Noire; et tandis que l'accroissement prodigieux de ses dépenses excitait des murmures, l'ambassadeur russe, actif dans sa double intrigue, ne cessait d'encourager à la fois les folies du khan et les complots des Mourzas, jusqu'à ce qu'une révolte générale, venant à éclater, réduisit enfin le khan épouvanté à s'enfuir à Taman, et à implorer le secours des Russes: c'est là où la perfidie l'attendait.

Alors pénétrèrent de toutes parts, jusqu'au cœur de la Krimée, les légions hyperboréennes dès longtemps rassemblées pour cette expédition. (Chap. vi, p. 88.) Après cette invasion (2), tramée avec tant de perfidie et exécutée avec

(1) Clarke's Travels, 1" partie, p. 466.

(2) « Que si on demande ce que les Russes firent en Krimée après cette acquisition obtenue par tant d'excès, de cruautés, et devenue par là même plus chère à leurs yeux, je dirai en peu de mots : ils ont dévasté le pays, coupé les arbres, abattu les maisons, renversé les temples et les édifices publics, détruit les aqueducs; ils ont ruiné les Tatars, outragé leur culte, exhumé les corps de leurs aïeux, jeté leurs cendres au vent, abandonné leurs restes sur le fumier aux animaux immondes,

tant de cruauté, et qui violait si scandaleusement la foi des traités conclus avec la Porte-Ottomane, on ne s'attendait pas à voir cette puissance accusée d'avoir elle-même enfreint le traité de Kaïd-Nardgy : le cabinet de Pétersbourg eut l'audace de le faire, dans le manifeste qu'il publia, pour justifier cette sanglante usurpation. (Progrès de la puissance russe; Paris, 1812) (1).

Il n'est peut-être pas hors de propos, à l'occasion de cette usurpation de la Krimée en 1783 par Catherine II, de faire connaître quels étaient les droits de la Turquie sur cette contrée, et ceux des descendants de Tschinguiss - khan, comme aussi ce que les anciens khans de Krimée sont devenus.

Quand Mahomet II enleva, en 1425, la Krimée aux Génois qui s'en étaient emparés en 1261, il délivra de leurs

et violé sans distinction la tombe des infidèles et la sépulture des Saints..... Auferre, rupere, trucidare, falsis nominibus, imperium, atque ubi solitudinem faciunt, pacem appellant. » (Clarke's Travels, p. 472.

Dans un autre endroit, le même voyageur dit : « Pour juger de ce qu'était Baktcheraï, il faudrait au moins pouvoir prendre quelque idée de l'état de ses ruines, et cela est très-difficile. L'effroyable et sauvage barbarie des Russes trouva dans la magnificence de cette capitale de quoi exercer à souhait leur passion favorite pour la destruction. » (Ibid, p. 466.)

«Telle est la véritable nature de la protection russe; telle est l'espèce d'alliance que les Russes peuvent former avec toute nation assez faible pour se soumettre à leur joug, ou devenir leur dupe. (Ibid., p. 446.)

(1) Suivant ce manifeste, « c'était l'amour du bon ordre et de la tranquillité qui avait amené les Russes en Krimée..... L'inquiétude, naturelle aux Tatars, avait affaibli et ruiné l'édifice que les soins bienfaisants de Catherine avaient élevé pour leur bonheur, en leur procurant la liberté et l'indépendance sous l'autorité d'un chef élu par eux-mêmes... Enfin, les dépenses occasionnées par la nécessité de rester toujours armée pour la protection de la Krimée, et la nécessité de mettre fin à ses troubles l'obligeaient à réunir à l'empire russe la presqu'île de Krimée, l'île de Taman, et tout le Kouban, comme une juste indemnité des pertes et des dépenses faites pour y maintenir la paix et le bonheur...» (Recueil de Martens, t. IV, p. 444.)

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