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cles, promesses et priviléges ci-dessus rapportés, et pour corroboration, nous y avons mis notre sceau.

Donné dans notre château de Moskou, le 20 août l'année 7063.

(The rise, progress, and présent state of the Northern gouvernements. By J. Williams, esq. V. 11, p. 29, in-4°. London, 1777.)

NOTE 3.

DISCOURS DE PIERRE 1er, LE JOUR DE SON ENTRÉE A MOSKOU, APRÈS LA PRISE D'ALAND, EN 1710.

« Mes frères, qui de vous eût pensé, il y a vingt ans, qu'i¦ construirait avec moi une flotte sur la mer Baltique, et que nous nous établirions dans ces provinces conquises par nos travaux et notre courage? Qui eût cru voir sortir de la race des Russes tant de braves, tant de victorieux soldats et matelots! tant de nos enfants revenir des contrées étrangères, des hommes accomplis? Les historiens placent le berceau de toutes les sciences dans la Grèce, d'où elles se répandirent en Italie, ct de là dans toute l'Europe; mais, par la perversité de nos aïeux, elles ne purent pénétrer plus loin que la Pologne. Comme les Allemands, les Polonais vécurent longtemps dans la barbarie où nous sommes jusqu'ici demeurés; mais enfin, les soins infatigables de leurs princes ont ouvert leurs yeux à la lumière, et ils se sont distingués dans ces arts, ces sciences, ces améliorations sociales qui ont fait l'orgueil de la Grèce. C'est maintenant notre tour, si vous

voulez me seconder, vous éclairer, m'obéir. Je puis comparer cette transmigration des sciences à la circulation da sang dans le corps humain. Mon esprit aime à penser qu'un jour elles quitteront les climats qu'elles chérissent aujourd'hui, la France, l'Angleterre, l'Allemagne, pour s'établir parmi nous, jusqu'à ce qu'elles retournent en Grèce leur ancienne patrie.

<< Souvenez-vous toujours de cette maxime, ora et labora (priez et travaillez); avec cela, soyez sûrs que vous ferez honte aux nations civilisées, et que vous porterez au plus haut degré la gloire du nom russe........... »

(Memoirs of Peter Henry Bruce, p. 155-156.)

NOTE 4.

TESTAMENT politique dE PIERRE LE GRAND

Au nom de la très-sainte et indivisible Trinité, nous PIERRE er, etc., à tous nos descendants et successeurs au trône et gouvernement de la nation russe.

Le grand Dieu, de qui nous tenons notre existence et notre couronne, nous ayant constamment éclairé de ses lumières et soutenu de son divin appui, me permet de regarder le peuple russe appelé, dans l'avenir, à la domination générale de l'Europe. Je fonde cette pensée sur ce que les nations européennes sont arrivées, pour la plupart, à un état de vieillesse voisin de la caducité, ou qu'elles y marchent à grands pas; il s'ensuit donc qu'elles doivent être facilement

et indubitablement conquises par un peuple jeune et neuf, quand ce dernier aura atteint toute sa force et toute sa croissance. Je regarde l'invasion future des pays de l'Occident et de l'Orient par le Nord, comme un mouvement périodique arrêté dans les desseins de la Providence qui a ainsi régénéré le peuple romain par l'invasion des barbares. Ces émigrations des hommes polaires sont comme le flux du Nil qui, à certaines époques, vient engraisser de son limon les terres amaigries de l'Égypte. J'ai trouvé la Russie rivière, je la laisse fleuve; mes successeurs en feront une grande mer, destinée à fertiliser l'Europe appauvrie, et ses flots déborderont malgré toutes les digues que des mains affaiblies pourront leur opposer, si mes descendants savent en diriger le cours. C'est pourquoi je leur laisse les enseignements suivants, je les recommande à leur attention et à leur observation constante:

I. Entretenir la nation russe dans un état de guerre continuelle, pour tenir le soldat aguerri et toujours en haleine; ne le laisser reposer que pour améliorer les finances de l'État, refaire les armées, choisir les moments opportuns pour l'attaque. Faire ainsi servir la paix à la guerre, et la guerre à la paix, dans l'intérêt de l'agrandissement et'de la prospérité croissante de la Russie.

II. Appeler par tous les moyens possibles, de chez les peuples instruits de l'Europe, des capitaines pendant la guerre et des savants pendant la paix pour faire profiter la nation russe des avantages des autres pays sans lui faire rien perdre des siens propres.

III. Prendre part en toute occasion aux affaires et démêlés quelconques de l'Europe, et surtout à ceux de l'Allemagne qui, plus rapprochée, intéresse plus directement.

IV. Diviser la Pologne en y entretenant le trouble et des jalousies continuelles; gagner les puissants à prix d'or; influencer les Diètes, les corrompre, afin d'avoir action sur les élections des rois; y faire nommer ses partisans, les protéger,

y faire entrer les troupes moskovites, et y séjourner jusqu'à l'occasion d'y demeurer tout à fait. Si les puissances voisines opposent des difficultés, les apaiser momentanément en morcelant le pays, jusqu'à ce qu'on puisse reprendre ce qui aura été donné.

V. Prendre le plus qu'on pourra à la Suède, et savoir se faire attaquer par elle pour avoir prétexte de la subjuguer. Pour cela, l'isoler du Danemark, et le Danemark de la Suède, et entretenir avec soin leurs rivalités.

VI. Prendre toujours les épouses des princes russes parmi les princesses d'Allemagne, pour multiplier les alliances de famille, rapprocher les intérêts, et unir d'elle-même l'Allemagne à notre cause en y multipliant notre influence.

VII. Rechercher de préférence l'alliance de l'Angleterre pour le commerce comme étant la puissance qui a le plus besoin de nous pour sa marine, et qui peut être le plus utile au développement de la nôtre. Échanger nos bois et autres productions contre son or, et établir entre ses marchands, ses matelots et les nôtres, des rapports continuels, qui formeront ceux de ce pays à la navigation et au commerce.

VIII. S'étendre sans relâche vers le Nord, le long de la Baltique, ainsi que vers le Sud, le long de la mer Noire.

IX. Approcher le plus possible de Constantinople et des Indes. Celui qui y régnera sera le vrai souverain du monde. En conséquence, susciter des guerres continuelles, tantôt au Turc, tantôt à la Perse; établir des chantiers sur la mer Noire, s'emparer peu à peu de cette mer, ainsi que de la Baltique, ce qui est un double point nécessaire à la réussite du projet. Hâter la décadence de la Perse; pénétrer jusqu'au golfe Persique; rétablir, si c'est possible, par la Syrie, l'ancien commerce du Levant, et avancer jusqu'aux Indes, qui sont l'entrepôt du monde. Une fois là, on pourra se passer de l'or de l'Angleterre.

X. Rechercher et entretenir avec soin l'alliance de l'Autriche; appuyer en apparence ses idées de royauté future sur l'Allemagne, et exciter contre elle, par dessous main, la jalousie des princes. Tâcher de faire réclamer des secours de la Russie par les uns ou par les autres, et exercer sur le pays une espèce de protection qui prépare la domination future.

XI. Intéresser la maison d'Autriche à chasser le Turc de l'Europe, et neutraliser ses jalousies lors de la conquête de Constantinople, soit en lui suscitant une guerre avec les anciens États de l'Europe, soit en lui donnant une portion de la conquête, qu'on lui reprendra plus tard.

XII. S'attacher à réunir autour de soi tous les Grecs désunis (schismatiques) qui sont répandus, soit dans la Hongrie, soit dans la Turquie, soit dans le midi de la Pologne; se faire leur centre, leur appui, et établir d'avance une prédominance universelle par une sorte d'autocratie ou de suprématie sacerdotale ce seront autant d'amis qu'on aura chez chacun de ses ennemis.

XIII. La Suède démembrée, la Perse vaincue, la Pologne subjuguée, la Turquie conquise, nos armées réunies, la mer Noire et la mer Baltique gardées par nos vaisseaux, il faut d'abord proposer séparément et très-secrètement, d'abord à la cour de Versailles, puis à celle de Vienne, de partager avec elles l'empire de l'univers. Si l'une des deux accepte, ce qui est immanquable, en flattant leur ambition et leur amour propre, se servir d'elle pour écraser l'autre; puis écraser à son tour celle qui demeurera, en engageant avec elle une lutte qui ne saurait être douteuse, la Russie possédant déjà en propre tout l'Orient et une grande partie de l'Europe.

XIV. Si, ce qui n'est point probable, chacune d'elles refusait l'offre de la Russie, il faudrait savoir leur susciter des querelles et les faire s'épuiser l'une par l'autre. Alors, profitant d'un moment décisif, la Russie ferait fondre ses troupes

DE LA PUISSANCE RUSSE.

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