Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

A la même époque, le soleil de la civilisation s'était levé sur l'Occident.....

Mais poursuivons le cours du développement de la puissance russo-moskovite.

La famille Romanoff n'était pas Russe d'origine, elle était venue de Prusse vers le XIVe siècle, et elle s'était alliée avec la maison de Rurik. Le père du nouveau tzar était Fodor- Romanoff; il avait été jeté dans un cloître par Boris-Godounoff; depuis, il était devenu métropolitain de Rostov, sous Otrepieff, et il avait été envoyé en Pologne pour offrir la couronne moskovite au fils de Sigismond III. Il y était, comme captif et comme garant de la bonne foi de ses compatriotes, lorsqu'il apprit l'élévation de son fils qu'il avait, dit-on, provoquée en rendant les boyars parjures à leur serment.

Les boyars qui élevaient Mikhaïlo (Michel) sur le trône lui avaient imposé des conditions qu'il ne tint pas. Il régna despotiquement; et son père, sorti de sa captivité et nommé patriarche de Moskou, gouverna l'empire avec lui. C'est de là que les patriarches fondèrent la prétention de dominer au conseil et de partager le gouvernement; prétentions qui seront, en 1721, abolies par la réunion du patriarchat religieux au pouvoir politique des

tzars.

Michel, monté au trône en 1613, eut à lutter, pendant plus de trois ans, avec les rois de Suède et de Pologne qui, s'ils eussent été plus d'accord, eussent pu, au milieu des dissensions de la Russie,

en détruire l'empire et se partager ses dépouilles. Michel fut assez heureux pour obtenir, en février 1617, les traités qui fixèrent les limites de ses Etats, et lui permirent de donner quelque repos à son peuple, toujours en guerre depuis qu'il existait. Il fit alliance avec le sultan Amurat IV, et s'abstint de prendre part aux démêlés de l'Europe pendant la guerre de Trente ans; et son fils ne fut point admis non plus au traité de Westphalie du 24 octobre 1648, qui a fait longtemps le droit politique des Etats de l'Europe. Ce fils Alexis lui succéda sans trouble et sans opposition en 1645.

Sous Alexis commença une série de troubles, de calamités, à l'occasion des envahissments et des démembrements de la Pologne, et de la défection des Kosaks de l'Ukraine, établis sur les deux rives du Dniéper.

Le vaste territoire compris entre la mer Kaspienne et la mer Noire, le Dniéper et le Volga, était resté au pouvoir des tribus tatares, entraînées par Genghis Khan et le lieutenant de Tamerlan. Dans les démêlés sanglants qu'elles eurent à soutenir soit entre elles, soit avec les Turks, les Polonais et les Russes, elles se renforcèrent peu à peu de transfuges étrangers qui vinrent adopter leurs habitudes; mais, à mesure que la confusion, amenée par l'invasion de Baati-Khan, se dissipa, et que les monarchies russe et polonaise se fortifièrent, l'existence de ces hordes vagabondes devint moins redoutable à leurs voisins.

Alors, les Kosaks du Don qui se trouvaient entre Moskou et Astrakhan durent naturellement passer dans le système et sous la protection de la Russie, et ceux qui se trouvèrent plus près du Dniéper devinrent insensiblement les vassaux de la Lithuanie et de la Pologne. Cette branche de Kosaks défendait les frontières de la Pologne; aussi, l'un de ses rois, Sigismond, avait cédé à cette espèce de république militaire tout le pays situé au-dessus des cataractes de Dniéper. Etienne Batory avait achevé leur organisation, et ils étaient devenus, en quelque sorte, comme les vassaux de la Pologne, sous le nom de Kosaks de l'Ukraine. La garde avancée de ces kosaks était formée par une colonie errante qui s'était détachée du groupe principal, et qui, en raison de ce qu'elle occupait le pays situé au-delà des cataractes, s'appelait Zaporogues ou Zaporojski.

Tant que les Tatars et les Turks menacèrent la liberté de l'Europe, l'institution militaire des Kosaks fut utile et politique; ils étaient sur le Borysthène ce que les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem avaient été dans l'île de Rhodes. Mais lorsque la Porte-Ottomane eût pris rang parmi les puissances européennes, les hostilités des Kosaks n'avaient plus d'objet. Les rois de Pologne voulurent réprimer leurs courses, qui n'étaient plus que des brigandages.

Quand il fallut être en paix avec tous les voisins, cette race turbulente se trouva mal sous la domi

nation de la Pologne; elle esaya de la protection des Turks, qu'elle trouva encore trop pacifique; elle se tourna enfin du côté de la Russie.

Par une résolution prise à Péréïaslaw, le 6 janvier 1654, elle nomma le tzar Alexis son protecteur. En acceptant cette violation du droit des gens, Alexis crut qu'il était nécessaire de déclarer la guerre à la Pologne (1). Son roi, Jean-Kasimir, en guerre alors avec la Suède, ayant éprouvé des échecs qui l'avaient forcé de rendre la Livonie à cette dernière puissance, se trouva contraint de céder à Alexis. Une trève, à la date de 1661, confirmée depuis par le traité illégal de 1686, reconnut la souveraineté du tzar sur les Kosaks de la rive gauche du Dniéper, qui, néanmoins, ne devait pas s'étendre sur eux de la rive droite. Cette trèvè, conclue pour vingt ans, laissait de plus, au tzar, Smolensk, Novogorod-Siewierski, Czerniechiow et la ville de Kiiow.

C'est alors que Jean-Kasimir, dégoûté par tant de contrariétés, abdiqua et vint ensevelir d'abord à Paris, puis à Nevers, dans un cloître, le chagrin d'avoir vu commencer la décadence de la Pologné.

(1) En 1656, lorsque la Pologne fut attaquée par les Suédois, le tzar Alexis envahit la Litvanie, s'empara de Wilno, y fit fabriquer un diplôme d'élection au trône de Pologne, comme s'il avait été élu par la volonté nationale, et déposa cette pièce apocryphe aux archives de Moskou.

Alexis, au contraire, fier de ses succès, déclara la guerre aux Suédois, porta ses armes dans l'Ingrie, la Karélie, la Livonie, prit Nienchantz, Deppt et Narva, qu'il ne garda pas, mais où il parut comme le précurseur de celui qui devait y fixer le siége de l'empire.

Alexis jetait les fondements de la grandeur de son fils au milieu de nombreux obstacles. Ses peuples s'étaient révoltés, son trésor était épuisé. Un des chefs des Kosaks du Don, Stanko-Rasin, s'était emparé d'Astrakhan et s'était avancé sur Moskou. Le patriarche Nikon avait prétendu s'asseoir sur le trône à côté du tzar. La fortune d'Alexis triompha de tous les périls: il vainquit les rebelles et fit déposer le patriarche et étendit les bornes de l'empire. Il corrigea un code qu'Ivan IV avait déjà préparé; mais sans y faire disparaître les vestiges de l'ancienne barbarie, les taxes, la servitude, le knout même pour les nobles.

Cependant, il mit une discipline plus régulière dans l'armée; il fit construire par des étrangers quelques petits bâtiments pour naviguer sur la mer Kaspienne, et il eut le courage, malgré les instances de Cromwell, de retirer aux Anglais le privilége exclusif du commerce, dont ils jouissaient depuis le règne de Marie.

Il voulait, ont écrit quelques historiens, civiliser les mœurs de son peuple, ouvrir des relations avec les puissances du midi de l'Europe, joindre la mer Kaspienne à la mer Noire. La mort ne lui laissa

« ZurückWeiter »