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de tels dangers. Tant que les serfs de l'Empereur conserveront leur aveugle soumission, ces instruments passifs exécuteront tout ce qu'on exigera d'eux. Mais il serait possible, si l'on a compté sur leur rapprochement pour modifier la turbulence des Kosaks, que ces derniers, au contraire, ne parvinssent à leur faire comprendre le prix de la liberté et de l'indépendance.

Il y a donc, dans la position de ces deux éléments contraires, tout un avenir favorable ou défavorable pour la cause de l'humanité.

CHAPITRE XIV

Peuplades indépendantes. Kosaks, Tatars.

TROUPES IRRégulières.

On a fait sur le compte des Kosaks des récits absurdes, des histoires qui démontrent combien peu les Européens se sont occupés d'étudier les révolutions qui se sont opérées dans cette immense portion du globe qui les avoisine, et qui tient peutêtre encore une fois son sort entre les mains, comme cela a eu lieu dans les premiers siècles de l'ère chrétienne.

Toutes les hordes Kosaks descendent de ces Tartars ou Tatars qui, sous la conduite des lieutenants de Tschinghis-Khan, en 1200, et de Tamerlan, en 1400, s'avancèrent sur la partie de l'Europe occupée par les enfants des Sarmates, des Goths et

des Huns, dont l'irruption avait eu lieu précédemment des mêmes contrées asiatiques.

Une chronique de 1250, de Guillaume de Rubruquis, envoyé du pape Innocent IV en Tatarie, dénomme sous le nom de Khosars, Petschenègues, Polovitsi, cette race turque ou tatare qui se disputa la vaste étendue de pays comprise entre le Kaukase, le Volga et le Dnieper. Les Khosars se confondirent avec les Russes, les Petschenègues disparurent; les Polowtzes, vainqueurs des uns et des autres, s'étendirent depuis le Kaukase jusqu'audelà de Borysthène. Ils avaient, en se confondant avec les conquérants primitifs, établi quelques nations assez puissantes, tels que les duchés de Russie, de Pologne, et déjà Youry ou George II, l'un des princes de la maison de Rurik, avait fondé une grande Principauté à Wlodzimierz, lorsqu'un lieutenant de Tschinghiss-Khan vint attaquer tous les Etats de l'Asie; et, après la bataille de la Kalka, qu'il gagna en 1223, les soumit à un tribut considérable. Baati-Khan, le 4° fils de Tschinghiss, eut en partage le Kaptschak, où il forma la Grande Horde, que Russes ont appelée Horde dorée. Les Russes furent soumis à l'hommage et au tribut jusqu'à la bataille du Don, en 1380, qui fit donner le nom de Donski à Dmitri IV.

les

La division se mit parmi les Tatars, et Tacktamisch, l'un des khans, écrasé tout à coup par Kaiouk, lieutenant de Tamerlan, en 1393, cessa

DE LA PUISSANCE RUSSE.

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d'être un ennemi redoutable aux Russes, qui faillirent en trouver un autre plus dangereux. Mais Wassili II, qui régnait alors, ne fit que changer de suzerain.

Trente ou quarante ans après l'établissement de la Grande Horde, elle s'affranchit de la suzeraineté du Grand-Mogol. C'est le signal de la division. Nogaï, vers la fin du XIIIe siècle, s'était rendu indépendant, et trois khans particuliers s'établirent, l'un en Krimée, l'autre à Kasan, et le troisième à Astrakhan, mais en reconnaissant la supériorité du khan de la Grande Horde.

Ce dernier khan fut Akhmet. Ayant demandé le tribut et l'hommage à Ywan III, celui-ci déchira le basma, ordre scellé du grand sceau tatare, et il se disposa à s'affranchir. Il était sur le point de succomber dans la lutte, lorsque les Nogaïs, qui s'étaient soulevés, vinrent eux-mêmes attaquer la Grande Horde, au moment où ses soldats se trouvaient déjà devant Nowogorod, la plus puissante ville des Russes. Akhmet se retourna contre les Nogaïs; il perdit la bataille et la vie, et la Grande Horde, fondée en 1237, fut détruite en 1475, et la Russie ne se trouva complètement délivrée que par le secours de ces mêmes barbares qui l'avaient asservie.

Mais les Tatars n'étaient point soumis. Wassili IV vit, en 1505, venir presque jusqu'à Moskou ceux de Kasan; en 1547, Ywan IV eut encore à lutter avec eux. Les khan des Nogaïs, d'Astrakan, de Krimée, rejetons de la Grande Horde, ne ces

saient de harceler les frontières russes. Celui de Krimée s'était déjà fortifié de la protection naturelle de la Turquie. En 1554, Abdoul, khan d'Astrakan, fut réduit pour un temps à être tributaire de la Russie, et c'est en vain que Selim II voulut reprendre Astrakhan. En 1582, le khan de Krimée, qui n'avait cessé d'être en hostilité avec Ywan IV, consentit un traité qui lui conservait son indépendance.

Dans le même temps que les Kosaks du Don, qui se trouvaient entre Astrakan et Moskou, furent à peu près soumis aux Russes, d'autres Khosars tatars qui se trouvaient près du Dnieper, étaient en lutte avec les Polonais; ce sont ceux qu'on appelle Kosaks de l'Ukraine. C'est de cette tribu guerrière que se forma la branche des Zaporogues, qui, vivant d'abord comme l'avant-garde de l'Ukraine, en colonie errante, fut plus tard transportée dans le Kouban. Toutes ces diverses fractions de hordes tatares furent successivement sous la protection de la Turquie et de la Russie, dont elles étaient l'avantgarde. La Pologne elle-même les protégea; et des traités de 1654, 1661 et 1686 fixèrent leur sort pour quelque temps. C'est vers cette époque qu'un chef des Kosaks du Don, Stenko-Razin, s'empara d'Astrakan. Un autre chef, nommé Yermak, avait, vers 1570, sous Ywan IV, attaqué la caravane anglaise d'une compagnie qui déjà cherchait à étendre son commerce dans l'Inde par la mer Kaspienne. On a vu précédemment que Yermak, poursuivi à

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