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Irruption des peuples de l'Asie centrale sur l'Europe et les autres parties du globe.

Les races humaines, comme les grands fleuves, ont des débordements subits ou périodiques; et, souvent, là où régnaient le calme, la fécondité, l'abondance, on voit tout à coup le désordre, les irruptions violentes, la dévastation et la ruine. Mais il existe des signes précurseurs de ces grands cataclysmes terrestres, comme de ces fatales révolutions politiques qui changent la face du monde et qui forment des périodes tranchées parmi les nations. Il est, avant tout, à remarquer que le berceau du genre humain fut où se trouvent des fleuves les plus considérables de l'ancien continent, près des montagnes du Kaukase, des monts Altaï, et de l'immense plateau du Thibet.

Des antres de ces montagnes altières, s'élancent

DE LA PUISSANCE RUSSE.

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l'Euphrate et le Tigre qui portent leurs eaux dans le golfe Persique; l'Indus, qui se jette, au sud-est, dans le golfe d'Oman; le Gange, qui se perd, au sud, dans le golfe de Bengale; le Hoang-Ho, ou fleuve Jaune, et I'Yang-tsé-Kiang, ou fleuve Bleu, qui traversent la Chine, de l'ouest à l'est, et qui se rendent dans le Grand-Océan oriental; l'Ob ou l'Oby, l'Yenisseï et la Léna, qui ont leur embouchure dans la mer Glaciale; l'Amur ou Amour ou Sakhalian, qui seperd dans la mer d'Okhotsk ou du Kamtchatka.

C'est aussi près de ces montagnes et dans leurs profondes vallées, que sont nés tous ces peuples qui sont sortis successivement de la contrée, connue par les anciens, sous le nom de Scythie asiatique, et par les modernes sous celui générique de Tartarie, ou plutôt Tatarie.

Cette vaste contrée est bornée, à l'ouest, par les monts Ourals et les fleuves qui en découlent, et se dirigent vers la mer Noire et la mer Kaspienne; au sud, par la Perse et l'Hindoustan, les royaumes d'Aracan et d'Ava et la Chine; à l'est, par la mer Orientale, et, au nord, par la mer Glaciale.

C'est de là que, d'après les traditions de tous les peuples, les premiers hommes se dispersèrent dans les diverses parties du monde ; et que, d'après l'histoire des nations, surgirent ces peuplades nombreuses, qu'on vit fondre sur celles qui déjà les avaient précédées, et qui successivement remplacèrent par la barbarie et l'ignorance, la civilisation et les lumières.

Sans remonter aux récits fabuleux des Chinois et des Indiens, c'est de ces contrées peu connues qu'on voit apparaître, 600 ans avant J.-C., les Perses et les Mèdes qui inondent le midi de l'Asie, le nord de l'Afrique et qui pénètrent en Europe, en envahissant la Grèce. Après avoir été refoulés par Alexandre, qui s'empara de tout leur empire, ils sont remplacés, 255 ans avant J.-C., par les Parthes qui descendent des mêmes montagnes, renversent les successeurs d'Alexandre, et finissent par établir une vaste puissance capable de se mesurer avec l'empire romain, au faîte de sa grandeur.

Cette puissance s'éteint, en 226 après J.-C., par l'irruption des Sassanides que les Kalifes d'Orient détrônent eux-mêmes en 652. Au Xe siècle, les Turks, de la même origine scythique ou tatare, fondent sur la Perse et l'Asie occidentale, où ils dominent; et ils s'avancent sur l'Europe, en 1355, et prennent Constantinople en 1453.

D'autres habitants de cette vaste contrée avaient aussi surgi, en 1206, sous la conduite de Tschinnghis ou Ghengis-Khan; ils forment l'immense empire Mongol ou Mogol, pénètrent dans la Chine, et établissent la dynastie qui règne encore. Ils soumettent toute l'Asie méridionale et une partie de l'Europe, comme on le verra quand on sera arrivé à l'époque où l'empire russe naissant fut lui-même ébranlé par un lieutenant de ce chef de Tatars.

Tamerlan, à la tête d'autres peuplades de la Tatarie, se jette, en 1400, sur l'empire Mogol, s'empare

de la plus riche partie, en forme l'Hindoustan, dont les Anglais possèdent aujourd'hui les provinces les plus fertiles. Vers le même temps, les Turkomans s'avançant des mêmes contrées vers l'Asie occidentale, dépossèdent les successeurs de Ghengis-Khan, et deviennent, sauf quelques modifications dans la succession des familles régnantes, les souverains de la Perse moderne.

Mais pendant que ces irruptions de la Scythie asiatique ou grande Tatarie inondaient les riches contrées de l'est et du midi du monde connu, celles de l'ouest n'étaient point épargnées par le flot dévastateur qui rejetait les premiers envahisseurs sur les dernières limites de l'Europe.

Les Romains, dont l'empire s'étendait peu au nord, désignaient aussi par le nom de Scythes, toutes les peuplades des régions septentrionales, ils ne se mesurèrent qu'avec quelques-unes d'entre elles, qu'ils trouvèrent sous d'autres noms, au nord de la Grèce et dans l'Asie occidentale, à l'époque des guerres contre les Parthes et contre Mithridate le Grand. Les Romains paraissaient mépriser ces ennemis sur lesquels la supériorité de leur tactique et de leurs armes leur assurait la victoire; mais souvent les succès qu'ils obtinrent furent chèrement disputés, et les premiers triomphes de Crassus ne purent empêcher la défaite de Carrhes, 53 avant J.-C., où trente mille romains, restés sur le champ de bataille, attestèrent la puissance de ces barbares.

Pour fondre sur l'Europe, il leur fallut tourner

la mer Kaspienne et la mer Noire. Celle-ci, par sa jonction avec la Méditerranée, avait été surtout un obstacle, à ce que, dans les premiers âges du monde, et par l'ignorance des sciences nautiques, les irruptions des peuples asiatiques pussent avoir lieu sur l'Europe. Elles se firent par l'ithsme de Suez, sur l'Afrique, et ce fut accidentellement que des vaisseaux de Tyr et de Sidon jetèrent quelques-unes des races kaukasiennes sur les côtes du nord de l'Afrique et sur l'Espagne, où elles formèrent les Carthaginois et les Ibériens.

L'envahissement ne pouvait avoir lieu que par les Palus-Méotides, depuis mer d'Azoff, au nord du Pont-Euxin, depuis mer Noire, et par cette contrée qui a encore conservé le nom de Tauride ou Khersonèse.

C'est là qu'on voit paraître les Sarmates, dans le commencement de l'ère chrétienne, qui refoulent les Scythes établis précédemment dans le nord de la mer Kaspienne, lesquels sont rejetés à leur tour sur les Goths qui les avaient devancés plus à l'ouest, et qui des bords de la Skandinavie et des côtes de la Baltique, émigraient vers le midi. Il y eut entre eux un choc des plus terribles, dans lequel les Goths furent rejetés plus au midi, où ils rencontrèrent les Romains avec lesquels ils se mesurèrent dans le IIIe siècle.

Plus tard, les Scythes prenant la place des Goths, ou mieux Ost-Goths (les Goths occidentaux), ceuxci se détachent en deux grandes hordes, dont l'une,

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