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des arts, des manufactures, du luxe, n'a créé parmi des besoins factices; cessons de compliquer

nous que
nos intérêts sociaux.

Contraints de reconnaître la souveraineté du pellple dans la pure démocratie des petits cantons, ils en niaient le principe et l'application partout ailleurs où le peuple ne pouvait l'exercer par lui-même, c'est-à-dire, être toujours présent et actif; jamais dans une république la cause de l'aristocratie ne fut défendue avec autant de franchise, et ses usurpations avouées avec moins de pudeur; ils raisonnaient ainsi......

<< Dans un état d'une certaine étendue, il n'y a que » deux manières d'exister; gouverner ou être gou» verné : si le peuple ne peut y gouverner immédia>>tement, sa souveraineté est une chimère. Le choix » des électeurs et de soi-disant représentans, qui ne >> doivent compte à personne de leurs opinions et de » leurs actes, n'est qu'une renonciation au pouvoir >> souverain. Ici finit la démocratie, et l'aristocratie >> prend nécessairement sa place. La prétendue re» présentation du peuple, enfantée par la révolu» tion, n'est qu'un avortement. Les délégués ne peu» vent remplacer leurs commettans dans l'exercice du » pouvoir, s'ils ne restent dans leur dépendance et >> sous leur direction : c'est Carybde ou Scylla, l'anar>> chie ou le despotisme; car, soit que ce pouvoir se

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>> concentre dans une seule main, ou qu'il soit exercé >> par une réunion d'agens non responsables, il y a >> tyrannie. Les anciennes aristocraties offraient de » plus solides garanties; elles trouvaient en elles» mêmes, dans l'intérêt de leur propre conservation, » la digue la plus sûre contre les excès de pouvoir; car » elles ne pouvaient administrer l'état et rendre la >> justice que selon les lois du pays, lois protectrices » des droits positifs des peuples et de leur liberté. »

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On voit jusqu'à quel point la crise de la révolution avait porté la divergence des opinions et l'opposition des intérêts. Il faut encore y ajouter l'ancienne jalousie, les rivalités qui existaient entre les cantons, la division des familles, les haines personnelles, et l'on se convaincra que, livrée à elle-même dans de telles circonstances, la Suisse devait périr consumée par la guerre civile, ou devenir la proie de l'étranger. Heureusement pour cette nation la France n'y pouvait conserver l'influence qui lui est indispensable, qu'en y rétablissant un système fédératif; et comme tout ce qui formait alors le parti français le repoussait, et que le parti ennemi s'en emparait, il fallut nécessairement employer la force, violer le droit, et désarmer les vainqueurs et les vaincus pour pouvoir en exiger une équitable transaction.

Cette transaction, qui ne devait satisfaire aucun

des deux partis, n'a fait que pallier des maux irréparables. Tant que le médiateur a conservé la puis sance, il a pu maintenir son ouvrage. Quand son étoile a pâli, les passions haineuses, long-temps assoupies, se sont réveillées; la France en a ressenti les effets; elle ne doit point se flatter de rétablir jamais sa prépondérance dans les affaires de Suisse par les moyens qu'elle employait autrefois, et qui lui garantissaient l'inviolable neutralité si précieuse pour la défense de ses faibles frontières orientales; autres temps, autres soins: plus le gouvernement constitutionnel s'affermira en France, et plus la vieille aristocratie suisse, à laquelle la révolution a fait tant de mal, perdra de son influence. Elle nous fut profitable sous l'ancienne monarchie; aujourd'hui ses justes ressentimens ont dû l'aliéner : elle tendra toujours sans doute à rétablir les bases de l'ancienne neutralité qui fut long-temps son égide; mais ce dogme politique ne trouvera plus de croyance. La France devra surtout en dissiper l'illusion; elle doit, en cultivant la bienveillance et l'amitié de ses braves voisins, les éclairer sur l'intérêt commun aux deux nations, et les porter à conclure une plus étroite alliance nous ne nous permettrons ici aucune supposition de guerre offensive et défensive dans laquelle la France pourrait se trouver engagée; mais nous affirmerons que, dans aucun cas,

le territoire suisse ne serait, de commun accord, respecté par les puissances belligérantes; l'alliance avec la France pourrait seule le garantir de la calamité qu'il n'a que trop éprouvée, de devenir le théâtre de guerre le développement de cette proposition nous entraînerait dans de trop longs détails, et paraîtrait peut-être inopportun au sein de la paix.

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La conquête la plus importante des Français dans la première période de la guerre de la révolution fut celle de la Savoie, du Piémont et du comté de Nice, qui porta sur les plus hautes sommités de la grande chaîne des Alpes les limites de leur territoire; toutes les forteresses qui fermaient les débouchés des vallées formées par les sources et les affluens du Pố furent démolies; le vaste bassin de ce fleuve se trouva de toutes parts ouvert; la masse entière des Alpes depuis le Mont-Blanc jusqu'au rivage escarpé de la Méditerranée, où le noeud qui la rattache aux monts Apennins ne laisse qu'un étroit passage, devint la barrière entre la France et l'Italie : on sait par combien de combats cette barrière naturelle avait été disputée dans les deux siècles précédens; quelles diversions toujours ruineuses, souvent désastreuses pour la France, s'étaient opérées sur ce théâtre de guerre. La plus faible des puissances de l'Europe ne s'y était maintenue que par la rivalité des deux puis sances alors prépondérantes : chaque traité amenait

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