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cellence, qu'aucune réclamation de sa part n'a été adressée sur cet objet au gouvernement de la république, et que s'il eût été juste de donner une satisfaction, le premier Consul aurait été en droit d'attendre celle qui, pour des causes d'une nature plus grave et plus juste, avait été demandée, dans la note du 16 août dernier, par le citoyen Otto.

Et comment le ministère anglais pourrait - il ignorer que, depuis la conclusion du traité d'Amiens, les presses anglaises n'ont cessé de répandre en Europe la passion de la guerre, la mécréance de la paix, et des outrages sans pudeur et sans mesure contre tout ce qui est l'objet de l'amour et de la vénération du peuple français ?

Peu de jours après la ratification de la paix, un des ministres de S. M. britannique déclara que l'état de paix devait être considérable; et la méfiance, éveillée par une telle déclaration, commenta en séance de parlement, avec autant d'amertume que d'inconvenance, les exagérations et les alarmes répandues dans des pamphlets méprisables, et dans des journaux aussi méprisables que ces libelles.

Depuis, ces écrivains se sont constamment vus autorisés dans l'insolence de leurs observations par des phrases textuelles, tirées des discours de quelques membres considérables du parlement. Ces dis

cours, sur lesquels les journalistes ne pouvaient guère enchérir, ont servi pendant dix-huit mois à encourager l'insulte contre les gouvernemens, à un tel point qu'il n'est aucun Européen qui ne doive s'offenser, et aucun Anglais raisonnable qui ne doive être humilié d'une licence aussi inouïe.

Que si l'on rapproche de ces écarts des procédés d'une gravité plus offensante, l'indulgence accordée à de criminels Français écrivant des outrages journaliers en langue française, la tolérance plus inexcusable éprouvée par des brigands couverts de crimes et méditant sans cesse des assassinats, tels que Georges qui continue encore à demeurer à Londres, protégé et jouissant d'un état considérable, le peu de droit enfin qu'on a fait à toutes nos représentations, comment se rendre compte de l'éclat que S. M. britannique a cru devoir faire, relativement à quelques griefs vagues qu'elle n'avait pas auparavant cru nécessaire de porter à la connaissance du premier Consul.

Le premier Consul a eu lieu de se convaincre que ses représentations sur tous ces objets étaient inutiles, et que S. M. britannique était résoluer, sans égard pour les puissances voisines, à tout autoriser chez elle; mais il n'a pas pour cela douté de la continuation de la paix, ni effrayé l'Europe de l'annonce d'une guerre; il s'est restreint à adopter,

pour principe de conduite, d'autoriser et de réprimer en France, par rapport à l'Angleterre, tout ce qui, en Angleterre, est autorisé et réprimé par rapport à la France.

Cependant il a exprimé et il exprime encore le désir que l'on parvienne à s'entendre, pour que désormais, dans les discussions officielles et les écrits polémiques en Angleterre, on ne traite rien de ce qui se fait en France, comme dans les discussions officielles et les écrits polémiques en France on ne traiterait rien de ce qui se fait en Angleterre.

Lord Hawkesbury parle de l'article d'un journal où l'on a imprimé un rapport d'un colonel français. On pourrait se dispenser, dans de graves discus-, sions, de répondre sur cet objet; mais enfin il n'est ni long ni difficile de le faire.

Un colonel de l'armée anglaise a imprimé en Angleterre un ouvrage rempli des plus atroces et des plus dégoûtantes calomnies contre l'armée française et son général. Les mensonges de cet ouvrage ont été démentis par l'accueil fait au colonel Sébastiani; la publicité de son rapport était en même temps une réfutation et une réparation que l'armée française avait le droit d'attendre.

A son arrivée en Égypte, cet officier, à son grand étonnement, a trouvé l'armée anglaise qui devait l'avoir évacuée, et les Turcs extraordinaire

ment alarmés de cette permanence de l'armée anglaise, ainsi que de ses liaisons avec les rebelles du pays en révolte ouverte contre la Sublime Porte.

Il a dû concevoir que les traités qui nous lient à la Porte, et par lesquels nous lui avons garanti l'intégrité de ses possessions, nous obligeaient à nous joindre à elle; car il était simple de penser que l'Angleterre voulait déclarer la guerre, dès l'instant qu'elle ne voulait pas exécuter les articles du traité. Car enfin la France n'est pas réduite à un tel état d'abaissement, que l'on puisse exécuter ou non les traités faits avec elle. De là les recherches

que cet officier a faites sur les forces qui se trouvaient en Égypte, et sur la position qu'occupait l'armée anglaise.

Mais depuis, l'Égypte est rentrée sous la domination de son souverain légitime, et l'idée d'une rupture entre les deux nations, par rapport à l'obligation contractée avec la Porte, se trouve évanouie.

Il n'existe donc qu'un seul objet qui soit digne de fixer l'attention des deux nations; l'exécution du traité d'Amiens, en ce qui concerne Malte.

Sa Majesté s'est engagée à la restituer à l'Ordre, et, jusqu'à ce que l'Ordre soit en état de la garder, à la confier à l'armée napolitaine. Sa Majesté rejetera tout sophisme, toute distinction, toute restriction mentale qu'on pourrait lui présenter pour mettre en doute la force et la validité de son enga

gement. Le garant du gouvernement français est, à cet égard, dans la religion, la conscience de S. M. britannique. Quel moyen auraient désormais les deux nations pour s'entendre, s'il en était autrement? tout ne serait-il pas chaos? Ce serait véritablement ajouter une calamité aux calamités qui ont menacé l'ordre social.

En résumé, le soussigné est chargé de déclarer que le premier Consul ne veut point relever le défi de guerre que l'Angleterre a jeté à la France; que, quant à Malte, il ne voit aucune matière de discussion, le traité ayant tout prévu.

Londres, 28 mars 1803.

Signé ANDRÉOSSI.

Note de M. de Talleyrand à lord Withworth.

13 mai 1803.

Dans les circonstances importantes et graves où se trouvent les deux nations, le soussigné ministre des relations extérieures de la république française, a l'ordre de mettre sous les yeux du gouvernement britannique la note suivante :

reçu

Le 8 mars, S. M. britannique fit connaître à son parlement, par un message spécial, que des armemens formidables se préparaient dans les ports de France et de Hollande, et que des négociations importantes, dont l'issue était douteuse, divisaient les deux gouvernemens.

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