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Il ne se borna pas à s'assurer de la neutralité des puissances du Nord, qui semblait être suffisamment garantie par leur propre intérêt; il tenta de les déterminer à profiter de cette circonstance pour affranchir leurs pavillons du joug honteux imposé par l'Angleterre, comme un vasselage à tous les peuples navigateurs : il essaya de renouer cette formidable ligue maritime, à peine ébranlée par le bombardement de Copenhague, et seulement rompue par la mort de Paul Ier. Ce fut dans ce dessein qu'il envoya ses aides-de-camp, le général Duroc et le colonel Colbert, le premier auprès du roi de Prusse, et le second à l'empereur de Russie. Ces deux officiers arrivèrent ensemble à Berlin le 22 mars, presque aussitôt que la nouvelle du message du roi d'Angleterre ; le colonel Colbert fut rendu à Saint-Petersbourg le 13 avril.

Ces deux cours, dont l'alliance secrète depuis l'entrevue de Memel avait pris plus de consistance, s'étaient déjà concertées : elles refusèrent par les mêmes motifs, et

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dans les mêmes termes, de s'immiscer dans la querelle, de compromettre leur marine, leur commerce et d'épuiser leur trésor pour affermir de plus en plus l'existence et la domination de la république française sur le continent, pour délivrer Malte à son profit, et lui ouvrir l'Égypte ; et quand même ces puissances n'auraient pas été retenues par la foi de leurs traités particuliers, elles devaient naturellement préférer aux avantages que leur fesait entrevoir le gouvernement français, les chances qui pouvaient résulter pour elles des événemens d'une guerre acharnée entre les deux colosses de l'occident.

Pendant cette infructueuse négociation, le premier Consul mettait l'armée sur le pied de guerre, levait cent vingt mille conscrits, pressait les constructions dans tous les ports, dirigeait des corps de troupes vers les côtes des deux mers, renforçait ceux qui se trouvaient en Italie et en Hollande, mettait Flessingue en état de siége pour en faire un grand arsenal, et préparait, avec une incroyable activité, le développement de forces

le plus formidable dont la Grande-Bretagne eût jamais été menacée, et dont nous présenterons plus tard le tableau complet.

Le feu de la guerre couvait dans tous les cœurs; les ministres des deux nations n'en avaient pas moins la paix sur les lèvres; chacun protestait du désir de la conserver, et déversait sur le parti contraire le tort de l'agression. Gardons-nous de blâmer cette espèce d'hypocrisie politique; il faut plutôt y voir un hommage rendu à l'éternelle justice, un appel anticipé devant le juge suprême du jugement des hommes, la postérité. Nos lecteurs suivront avec intérêt ces dernières négociations à main armée; leur issue a décidé du sort du monde.

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Dès que l'ambassadeur français à Londres, le général Andréossi, eut connaissance du discours du roi, il crut devoir, sans attendre de nouvelles instructions s'expliquer sur les assertions dont s'appuyait le gouvernement britannique, et sur l'allégation de négociations qui n'existaient point. Il rappela dans une note très-précise adressée

la

à lord Hawkesbury, que dix mois s'étaient écoulés depuis l'échange des ratifications, et que l'île de Malte qui devait être évacuée et remise aux troupes napolitaines trois mois après cet échange, était encore occupée par les troupes anglaises, tandis que France avait rempli tous ses engagemens. << Il paraissait donc impossible, il était sans >> exemple dans l'histoire des nations, que » S. M. britannique se refusât à l'exécution » de l'article fondamental de la pacification; >> il demandait, à cet égard, des explications >> satisfaisantes, nécessaires au maintien de >> la bonne harmonie, importantes à l'honneur des deux nations. »

Cette note officielle provoqua une réponse du ministreanglais, qui renfermait la confirmation authentique du refus d'évacuer l'île de Malte, et indiquait les conditions par lesquelles l'Angleterre prétendait modifier l'exécution de l'article fondamental du traité. Cette pièce, véritable base de la nouvelle transaction qui fut bientôt après proposée, étant la plus importante de toutes celles qui

furent publiées par les deux gouvernemens, nous l'avons rapportée textuellement aux pièces justificatives; nous ferons seulement observer ici que lord Hawkesbury, pour éluder l'exécution littérale de l'article X, établissait le principe vague que toutes les conventions entre les puissances étaient négociées, eu égard à l'état actuel de possession des parties contractantes; qu'il avait été spécialement convenu que S. M. Britannique retiendrait sur ses propres conquêtes une compensation pour les importantes acquisitions faites par la France sur le continent; et que si l'intervention du gouvernement français dans les affaires générales de l'Europe depuis l'époque du traité; si sa conduite envers la Suisse et la Hollande dont elle avait garanti l'indépendance; si les acquisitions faites par la France en divers lieux et particulièrement en Italie avaient étendu son territoire et accru sa puissance, le roi d'Angleterre serait fondé, conformément à l'esprit du traité de paix, à réclamer des équivalens pour ces acquisitions, qui pussent

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