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par ces ouvertures, un grand homme à la tête des affaires de France, ni se taire plus longtemps, pour ne pas lui donner d'ombrage, puisqu'il n'était que trop certain que cet homme avait pris sa résolution sur les desseins qu'il méditait contre l'Angleterre. Un autre pair relevait comme une offense qui motivait suffisamment la guerre, cette assertion du gouvernement français, que l'Angleterre n'avait aucun droit d'intervenir dans les affaires du continent.

Dans la chambre des communes les partisans de la guerre ne laissèrent pas échapper cette occasion d'assurer leur triomphe en se déchaînant contre le gouvernement français. M. Fox lui seul, sans s'opposer à l'adresse proposée par M. Addington, se plaignit du mystère qui couvrait les discussions importantes qui s'agitaient entre les deux cabinets, sans qu'on sût même, disait-il, si elles concernaient l'Europe, l'Asie, l'Afrique ou l'Amérique : il se réserva le droit de censurer les ministres, et les menaça du blâme de la nation, si, par leur conduite, ils mettaient ́

témérairement la paix en danger. M. Windham, au contraire, les désapprouvait d'avance comme trop pacifiques et trop modérés, puisqu'ils paraissaient ne vouloir prendre que des mesures défensives, et que c'était offensivement qu'il fallait agir.

Le premier ministre, M. Addington, tout en exprimant son espérance, que le résultat de ces discussions serait parfaitement amiable, prévint la chambre qu'il proposerait un vote pour augmenter de dix mille le nombre de matelots et marins déjà accordé pour le service de l'année courante ; il ajouta que les mesures de précaution se borneraient à l'augmentation des forces navales, et en même temps à quelques dispositions additionnelles pour la sûreté intérieure du pays. Cette dernière mesure fut l'objet d'un second message dont les expressions étaient plus positives.

<< En conséquence des préparatifs formi»dables de guerre qui se font dans les ports » de France et de Hollande, pendant les » discussions d'une négociation importante

» entre le gouvernement de S. M. et celui de >> France, dont le résultat ne saurait encore >> être connu, S. M. informe la chambre, qu'a» nimée par l'intérêt qu'elle prend toujours » à la sûreté et au bien-être de ses sujets, elle » a jugé nécessaire d'exercer les pouvoirs >> dont elle est revêtue paracte du parlement, » pour convoquer et mettre immédiatement » sur pied la milice de ses royaumes, ou telle partie d'icelle que S. M. jugera convenable » pour la défense et la sûreté de ses royau» mes, ne doutant point que son parlement >> ne l'approuve. »

>>

Bien assurés de cette approbation, les ministres l'avaient devancée : dès le 7 mars, la veille du premier message, une proclamation royale encouragea les enrôlemens pour le service de mer; tous les matelots au service étranger furent rappelés; la presse commença le 9 mars à Londres et dans les autres ports. Les officiers les plus distingués de l'armée navale, l'amiral Gardner, sir Sidney Smith, sir Édouard Pellew, et beaucoup d'autres, s'empressèrent d'offrir leurs ser

vices à l'amirauté. Le cri de guerre jeté par le gouvernement retentit dans toute l'Europe; des messagers furent expédiés pour toutes les légations, et portèrent la consternation dans toutes les capitales et dans les principales places de commerce. Seize vaisseaux, la plupart de premier rang, furent mis en commission: on redoubla d'activité pour les armeniens; lord Keith partit pour Plymouth; l'amiral Thomborough fut désigné pour prendre le commandement de la rade des Dunes; lord Gardner fut envoyé à Portsmouth, et le commodore Domett à Corke, en Irlande.

Sir Sidney Smith reçut l'ordre de mettre en mer avec une escadre d'observation; les amiraux sir James Saumarez et sir Édouard Pellew prirent chacun le commandement d'une division; enfin lord Nelson fut chargé du commandement général de toutes les forces navales dans la Méditerranée. Jamais une plus grande ardeur ne s'était manifestée dans la marine anglaise. La nation qui avait accueilli la paix avec tant d'enthousiasme,

n'en montrait pas moins pour ces préparatifs : on irritait la haine et la fierté des uns; on excitait le courage des autres; les dépouilles des peuples allaient affluer de nouveau dans les ports d'Angleterre; les retours de Batavia et des autres possessions hollandaises dans l'Inde, promettaient aux armateurs un riche butin.

Les messages du roi si imprévus même à Londres, n'étonnèrent pas moins à Paris. Le premier Consul dissimula d'abord son ressentiment : résolu de laisser consommer l'agression pour en tirer avantage, vis-à-vis des puissances du continent, et rendre plus difficile la formation d'une nouvelle coalition, il affecta la plus grande modération; il imposa silence aux écrivains, et ne parut occupé dans ses conseils que de la discussion du Code civil, et d'objets d'administration intérieure : mais ce calme apparent ne pouvait cacher que pour quelques instans ses travaux militaires et politiques; il passait des nuits entières avec ses ministres des affaires étrangères, de la guerre et de la marine.

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