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« De toutes les puissances de l'Europe (disait il dans un article fort étendu, inséré au Moniteur), la seule qui n'ait >> pas le droit d'invoquer à l'égard de la Suisse » le traité de Lunéville, c'est l'Angleterre, » puisqu'elle seule a refusé de reconnaître » la république Helvétique ; elle a également » méconnu la république Italienne, la répu>>blique Ligurienne, et le roi de Toscane. Le » gouvernement anglais ne se plaint point, >> et ne peut se plaindre de ce qui arrive dans >> des pays dont il ne reconnaît pas l'exis>>tence politique, et avec lesquels il n'en>> tretient point de relations publiques. >>

Traitant ensuite des affaires d'Allemagne, en affectant de s'adresser à la faction des écrivains périodiques dont toutes les lignes sont des lignes de sang, il faisait l'apologie << de la conduite forte et généreuse qui avait » mérité à la Russie et à la France les remer>> cîmens de tous les peuples, de toutes les » villes, de tous les princes d'Allemagne, >>> pour le règlement des indemnités.

» Les libellistes anglais, disait-on, pré

>> tendent que la volonté exprimée par le roi » d'Angleterre comme électeur d'Hanovre » n'est pas celle de la nation...... Mais quel >> autre titre aurait donc une puissance insu>>laire pour se mêler des affaires de l'Alle>> magne? Elle qui, seule, méconnaît les >> droits des nations indépendantes sur les >>mers, prétendrait-elle régler les intérêts de >> la Russie, de l'Autriche, de la Prusse, de » la Suède, du Danemarck, des maisons de » Wurtemberg, de Baden, de Hesse-Cas» sel, etc.? Les relations de la France et de » l'Angleterre sont le traité d'Amiens, tout >> le traité d'Amiens, rien que le traité d'A>> miens. » Ce même article, ou plutôt ce manifeste, retraçait les malheurs dont les précédentes coalitions avaient été la source; il rappelait les revers de l'Autriche, la ruine de ses finances, consommée par le remboursement des subsides exigé par l'Angleterre ; les troupes russes compromises et abandonnées dans les marais de la Hollande; le royaume de Naples deux fois conquis par les Français; l'électeur de Bavière chassé de

ses états; le roi de Sardaigne détrôné; la maison d'Orange exclue du stathoudérat; les oligarchies de Berne et de Génes perdant leur existence; le Portugal démembré ; fruits amers, inévitables effets de leur alliance avec l'Angleterre.

Cette virulente récrimination était terminée par cette espèce de défi.

<«< Au reste, le peuple français n'ignore point qu'il existe une grande masse de » jalousie, et que long-temps on fomentera » contre lui des dispositions hostiles, soit » intestines, soit étrangères; aussi demeure>> t-il constamment dans cette attitude que » les Athéniens ont donnée à Minerve le » casque en tête et la lance en arrêt. On » n'obtiendra jamais rien de lui par des pro» cédés menaçans; la crainte est sans pou» voir sur le coeur des braves. >>

Nous n'étendrons pas davantage les citations de ces écrits éphémères qui ne méri tent d'être mis au rang des documens pour l'histoire, que parce qu'ils portentl'empreinte des passions qui les dictèrent, et font, pour

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ainsi dire, revivre aux yeux du lecteur le caractère des principaux personnages. Nous ne pourrions représenter plus fidèlement ce qui se passait au cabinet des Tuileries dans cette grande circonstance; le dépit et l'impatience du premier Consul, et les premières étincelles de l'incendie qui embrasa l'Europe: c'est maintenant à Londres, à l'ouverture des débats du parlement, qu'il faut en suivre les progrès.

Le discours du roi était attendu avec la plus vive inquiétude; jamais une aussi grande foule n'avait inondé les accès des deux chambres, et n'avait accueilli la personne royale avec de plus fortes acclamations: il semblait que le secret du gouvernement ne pouvait être plus long-temps retenu par les ministres. La nation était avide de le pénétrer dans les paroles émanées du trône; et la présence de l'ambassadeur français, le général Andréossi, ajoutait à l'intérêt de cette séance solennelle.

Cette ardente curiosité ne fut qu'imparfaitement satisfaite; le gouvernement garda

une juste mesure entre le désir de la paix et les dispositions à la guerre.

<< Dans mes communications avec les puis»sances étrangères, disait S. M., j'ai été » animé d'une disposition sincère pour le >> maintien de la paix; il m'est néanmoins >> impossible de perdre de vue le système de >> politique sagement établi, par lequel les >> intérêts d'autres états sont liés à nos pro>> pres intérêts. Je ne saurais par conséquent >> être indifférent à tous changemens essen>> tiels dans leur position et leurs forces >> relatives. Ma conduite sera invariablement >> réglée par une juste considération de la si>>tuation actuelle de l'Europe, et par une >> sollicitude vigilante pour le bien-être per>> manent de mes peuples.

» Vous pensérez, j'en suis sûr, avec moi, » qu'il est de notre devoir d'adopter les me»sures de sûreté les plus propres à assurer » à mes sujets la perspective de conserver » les bénédictions de la paix. »

Malgré le vague des expressions, le dernier paragraphe de ce discours pouvait être

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