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par les religieux du Mont-Sinaï de réclamer du général en chef sa protection et la confirmation des priviléges accordés à leur monastère par différens souverains musulmans, depuis Mahomet jusqu'au sultan régnant. Il présenta plusieurs des actes qui constataient ces concessions. Le premier était une copie de celui qu'Aly, qui fut depuis le quatrième des califes, avait écrit de sa propre main par l'ordre de Mahomet, l'an 623 de l'ère chrétienne, 2. de l'hégire. On pouvait douter de l'authenticité de ce document, car, en l'an 2 de l'hégire, on était encore loin de prévoir la fortune du prophète; à peine avait-il obtenu ses premiers succès contre une poignée de Coreishites. Il était difficile de croire que les religieux eussent renoncé dès lors à la protection d'Héraclius, leur empereur, pour recourir à celle de Mahomet, qui ne devait paraître encore qu'un enthousiaste turbulent et obscur. Du reste, ce n'était pas le premier exemple de fausses chartes produites par l'église chrétienne. Les firmans des divers sultans donnaient pour motifs des concessions, qu'il était de leur devoir, d'après le précepte divin, d'étendre leur bienfaisance sur tous leurs sujets indistinctement; que les religieux du Mont-Sinaï étaient établis sur cette montagne vénérable où Dieu avait parlé au seigneur Moïse, suivaient une loi révélée, et étaient fidèlement attachés à l'empire.

Bonaparte, à l'exemple de tous les sultans, confirma, par l'arrêté suivant, les religieux du Mont-Sinaï dans tous leurs priviléges.

Bonaparte, général en chef, voulant favoriser le couvent du Mont-Sinaï,

1o. Pour qu'il transmette aux races futures la tradition de notre conquête ;

2o. Par respect pour Moïse et la nation juive dont la cosmogonie nous retrace les âges les plus reculés ;

3°. Parce que le couvent du Mont-Sinaï est habité par des hommes instruits et policés au milieu de la barbarie des déserts où ils vivent;

Ordonne,

Art. 1o. Les Arabes bédouins, se faisant la guerre entre eux, ne peuvent, de, quelque parti qu'ils soient, s'établir et demander asile dans le couvent, ni aucune subsistance, ni autres objets.

II. Dans quelque lieu que résident les religieux, il leur sera permis d'officier, et le gouvernement empêchera qu'ils ne soient troublés dans l'exercice de leur culte.

I. Ils ne seront tenus de payer aucun droit ni tribut annuel, comme ils en ont été exemptés suivant les différens titres qu'ils en conservent.

IV. Ils sont exempts de, tout droit de douane pour les marchandises et autres objets qu'ils importeront et exporteront pour l'usage du couvent, et principalement pour les soieries, satins, et les produits des fondations pieuses, des jardins, des potagers qu'ils possèdent dans les îles de Chio et de Chypre:

v. Ils jouiront paisiblement des droits qui leur ont été assignés dans diverses parties de la Syrie

et au Kaire, soit sur les immeubles, soit sur leurs produits.

VI. Ils ne paieront aucune épice, rétribution, ni autres droits attribués aux juges dans les procès qu'ils pourront avoir en justice.

VII. Ils ne seront jamais compris dans les prohibitions d'exportation et d'achat de grains pour la subsistance de leur couvent.

VIII. Aucun patriarche, évêque, ou autre ecclésiastique supérieur, étranger à leur ordre, ne pourra exercer d'autorité sur eux ou dans leur couvent, cette autorité étant exclusivement remise à leurs évêques et au corps des religieux du Mont-Sinaï.

IX. Les autorités civiles et militaires veilleront à ce que les religieux du Mont-Sinaï ne soient pas troublés dans la jouissance desdits priviléges '.

Par la proclamation suivante aux habitans du Kaire, Bonaparte leur annonça le pardon définitif de leur révolte.

<< Des hommes pervers avaient égaré une partie d'entre vous; ils ont péri. Dieu m'a ordonné d'être clément et miséricordieux pour le peuple; j'ai été clément et miséricordieux envers vous.

J'ai été fâché contre vous de votre révolte ; je vous ai privés pendant deux mois de votre divan; mais aujourd'hui je vous le restitue : votre bonne conduite a effacé la tache de votre révolte.

Schéryfs, ulémas, orateurs de mosquées, faites

'Arrêté du 29 frimaire.

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bien connaître au peuple que ceux qui, de gaîté de cœur, se déclareraient mes ennemis, n'auraient de refuge ni dans ce monde ni dans l'autre. Y aurait-il un homme assez aveugle pour ne pas voir que le destin lui-même dirige toutes mes opérations? Y aurait-il quelqu'un assez incrédule pour révoquer en doute que tout, dans ce vaste univers, est soumis à l'empire du destin?

le

Faites connaître au peuple que, depuis que monde est monde, il était écrit qu'après avoir détruit les ennemis de l'islamisme, fait abattre les croix, je viendrais du fond de l'Occident remplir la tâche qui m'a été imposée. Faites voir au peuple que, dans le saint livre du Koran, dans plus de 20 passages, ce qui arrive a été prévu, et que ce qui arrivera est également expliqué.

Que ceux que la crainte seule de nos armes empêche de nous maudire, changent; car, en faisant au ciel des voeux contre nous, ils sollicitent leur condamnation; que les vrais croyans fassent des voeux pour la prospérité de nos armes.

Je pourrais demander compte à chacun de vous des sentimens les plus secrets du cœur; car je sais tout, même ce que vous n'avez dit à personne: mais un jour viendra que tout le monde verra avec évidence que je suis conduit par des ordres supérieurs, et que tous les efforts humains ne peuvent rien contre moi : heureux ceux qui, de bonne foi, sont les premiers à se mettre avec moi 1. »

I

C'était le langage d'un inspiré; le prophète

Proclamation du 1er. nivôse (21 décembre).

lui-même n'aurait pas mieux parlé ; ou plutôt c'était, Napoléon le dit lui-même, du charlatanisme et du plus haut, destiné à être traduit, en beaux vers, par un des cheyks les plus habiles. Les Français ne faisaient qu'en rire 1.

Cette proclamation était suivie d'un arrêté portant création d'un grand divan, composé de 60 membres et d'un petit divan de 14 membres nommés par le grand, sauf l'approbation du général en chef. Il établit auprès du grand divan un commissaire français, Gloutier, et un commissaire turc, Julfukiar. Le grand divan ne pouvait se réunir que lorsqu'il était convoqué. Le petit divan se réunissait tous les jours pour s'occuper sans relâche de tous les objets relatifs à la justice, au bonheur des habitans et aux intérêts de la République Française. Les traitemens étaient ainsi fixés par mois :

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Plusieurs habiles critiques ont révoqué en doute le culte des ognons, attribué aux Égyptiens; quelques-uns même l'ont nié totalement. On peut croire en effet que les anciens voyageurs, qui en ont parlé, se sont trompés, et qu'ils ont pris pour le culte de cette racine les réjouissances qui en

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