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prouve que dès lors il voulait tenir ses subordonnés à distance, et ne souffrait pas que par négligence ou familiarité on s'écartât des formes. L'adjudant-général Donzelot avait signé plusieurs lettres pour le général Desaix au général en chef. Il écrivit à Desaix : « Votre état-major doit correspondre avec le chef de l'état-major de l'armée. Il n'est pas d'usage que je reçoive des lettres des adjudans-généraux, à moins que ce ne soit pour des réclamations qui leur sont particulières».

Le général en chef lui expédia la Cisalpine avec le 3o. bataillon de la 21°., 40,000 rations de biscuit, 2 pièces de canon et 50,000 cartouches. Il espérait que Desaix trouverait le moyen de se porter directement à Behneseh et d'atteindre Mourad-Bey. Ce projet lui paraissait le plus simple: s'il n'était pas exécutable, il désirait que Desaix remontat le Nil jusqu'à Melaoui pour entrer dans le canal Joseph, et redescendre sur Behneseh. <«< Vous savez, lui mandait-il, qu'en général je n'aime pas les attaques combinées. Arrivez devant Mourad-Bey par où vous pourrez et avec toutes vos forces. Là, sur le champ de bataille, vous ferez vos dispositions pour lui faire le plus de mal possible »>.

Le général en chef attendait, pour envoyer des troupes dans le Fayoum, de savoir définitivement ferait Mourad-Bey 2.

ce que

Le 18 fructidor (4 septembre), Desaix se remibarqua sur la flottille", à Beny-Soueyf, et arriva

Lettre du 18 fructidor (4 septembre).

Idem.

le soir à Abou-Girgeh, après un trajet de 15 lieues. Il apprit qu'un convoi de l'ennemi, embarqué sur le Nil, se dirigeait sur le canal Joseph pour se rendre à Behneseh; le 20, au matin, il débarqua un bataillon, et après avoir traversé un pays inondé par les crues du Nil, et passé à gué huit canaux, il arriva dans les plaines cultivées où Danville place le lac Bathen. Il atteignit le convoi au moment où il entrait dans le canal Joseph. Il était escorté par un grand nombre d'Arabes et 150 Mamlouks commandés par trois beys. Desaix les dispersa et s'empara de 12 djermes; l'une d'elles portait 7 pièces de canon; les autres étaient chargées de munitions et de vivres.

Lorsque Desaix était parti de Torrah pour remonter le Nil, Mourad-Bey n'avait point marché à sa rencontre, il l'avait laissé s'engager dans la Haute-Égypte, éparpiller sa division en plaçant des postes dans toutes les villes où il passait, espérant pouvoir ensuite l'attaquer en queue, l'isoler du Kaire et le battre en détail. Dans ce dessein, il descendit vers le Fayoum, en suivant la limite du désert, et se contenta de laisser sur le Nil, dans la province de Syout, un corps de Mamlouks pour inquiéter les Français, lever de l'argent, et protéger sa flottille. Le but de Mourad-Bey était trop évident pour échapper à la pénétration de Desaix. De son côté, il laissait descendre tous les Mamlouks, espérant bientôt revenir sur ses pas, marcher à leur poursuite, les couper entièrement de la Haute-Égypte, et les traquer dans le Fayoum. Il jugea nécessaire de se

défaire auparavant du corps de Mamlouks Mourad-Bey avait laissé en position à Syout.

que

Le 21 fructidor, il s'embarqua à Abou-Girgeh avec sa division, et arriva, le 26, à la hauteur de Darout-el-Cheryf. C'est près de ce village que le canal Joseph prend les eaux du Nil pour les porter dans le Fayoum, en traversant la fertile province de Beny-Soueyf. Desaix fit occuper ce point important, et y laissa une chaloupe pour croiser à l'entrée du canal, et protéger la navigation avec le Kaire. Escorté par deux demi-galères, il partit avec quatre bataillons pour Syout, où l'ennemi avait réuni tous ses bâtimens de guerre, et se fit suivre à quelque distance par la 21. demi-brigade, sous l'escorte d'un aviso.

Le 28, Desaix arriva à Syout; l'ennemi avait évacué cette ville et fait remonter sa flottille vers Girgeh. Trois kachefs de Soliman-Bey, 300 Mamlouks, quelques Arabes, avec leurs femmes, leurs enfans et de nombreux bagages, après avoir fait un ricochet dans les terres, étaient descendus au village de Beny-Adyn, à six lieues au-dessous de Syout, sur les confins de la Moyenne et de la Haute-Égypte. Desaix résolut d'aller les surprendre. La vallée entre Syout et la chaîne libyque est très-étroite. Desaix partit de cette ville le 1. jour complémentaire, laissa le Nil derrière lui, et arriva bientôt au pied des montagnes. Il suivit la lisière du désert pendant tout le jour rentra dans la vallée, et arriva à Beny-Adyn le lendemain; mais l'ennemi, instruit de sa marche, avait disparu, et s'était dirigé vers le Fayoum,

pour y renforcer Mourad. Le 3. complémentaire, Desaix rentra à Syout, où il laissa une demi-brigade et un aviso pour escorter un convoi considérable de grains qu'il envoyait au Kaire. Ce général se rembarqua sur sa flottille pour se rendre à Darout-el-Cheryf, où il arriva le 5o. complémentaire.

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Certain qu'il n'avait plus rien à craindre, pour le moment du côté de la Haute-Égypte, Desaix résolut de se porter dans le Fayoum, où l'armée de Mourad-Bey se grossissait d'un grand nombre de fellâh et des Arabes du désert. Il laissa quatre bâtimens de guerre pour croiser à Darout-elCheryf, et ordonna à deux chaloupes canonnières de descendre le Nil, à la hauteur de la division qui devait suivre sur la flottille le canal Joseph. Desaix y entra le 2 vendémiaire an vII, et, après une pénible navigation de dix jours, son avantgarde aperçut, le 12, un poste de Mamlouks, à la hauteur du village de Menekia. Desaix ordonna aussitôt le débarquement, et se porta, avec un détachement, sur les mamelons de la chaîne libyque. Il s'engagea une fusillade d'avantgarde; l'ennemi se retira; la division se rembarqua et continua à suivre le canal. Le 13, au matin, la flottille arriva à un endroit où le canal se rapproche du désert, et on aperçut des Mamlouks embusqués derrière des dunes. Des forces considérables se montrèrent tout-à-coup dans le village de Manzoura. Desaix jugea qu'il était dangereux et inutile de débarquer sous le feu de l'ennemi. Il fit virer de bord à sa flottille, regagna la position de Menckia, et débarqua sa

division. Des compagnies de grenadiers chassèrent et dispersèrent les Mamlouks qui harcelaient les barques. Desaix ordonna à la flottille de suivre les mouvemens des troupes. Il forma sa division en carré et s'avança à l'extrémité de l'inondation, sur la limite du désert, entre l'eau et le sable. Les Mamlouks vinrent escarmoucher avec l'avantgarde; l'artillerie les éloigna. Le soir, la division prit position près de Manzoura. Elle continua sa marche, rejoignit sa flottille pour y prendre des vivres, et se reposer. Desaix apprit que Mourad-Bey était en position avec son armée non loin du village de Sédiman; il se mit en marche avec sa division, le 16 vendémiaire (7 octobre), au lever du soleil. A huit heures du matin, on découvrit l'armée ennemie. Elle était rangée en deux lignes sur le plateau qui sépare la province de Beny-Soucyf du Fayoum. Huit ou dix mille Arabes et fellâh à pied gardaient le retranchement où il y avait une batterie. Un corps de cavalerie, composé de 4,000 Mamlouks et 2,000 Arabes, occupait le front de bataille. On voyait sur les premiers rangs Mourad-Bey, couvert de vêtemens éclatans de magnificence. Les Français se disposèrent à l'attaque. En voyant s'avancer vers lui cette redoutable phalange, le fier Mamlouk faisait bonne contenance. Il avait déjà éprouvé la valeur de Desaix; tous deux s'étaient mesurés de près à la bataille des Pyramides.

Desaix réunit sa division en un seul carré, flanqué de droite et de gauche par deux petits carrés de 200 hommes chacun, et se porta sur le front

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