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commandant du bâtiment, et qu'il ne devait ouvrir qu'à trois lieues en mer, portait qu'il se dirigerait sur Malte, en passant hors de vue de toute terre; s'il apprenait que le port fût bloqué, d'aborder de préférence à la cale de Marsa-Sirocco, où il y avait des batteries qui le mettraient à l'abri de toute insulte; d'y débarquer l'officier qu'il avait à son bord; d'instruire le commandant de la marine à Malte, et le contre-amiral Villeneuve de tout ce qu'il aurait vu en mer et du nombre des vaisseaux qui étaient devant Alexandrie, et de demander les ordres du commandant de la marine; de rapporter les dépêches du général commandant à Malte et du contre-amiral Villeneuve, et, s'il ne pouvait pas aborder à Alexandrie, d'aborder à Damiette ou sur tout autre point de la côte, depuis le Marabou jusqu'à Omfåreg, à 30 lieues de Damiette; de ne rester que 24 heures à Malte.

« Je compte, ajoutait Bonaparte, sur votre zèle pour une mission aussi importante, qui, indépendamment des nouvelles de l'Europe, doit nous faire venir des objets essentiels pour l'armée. Vous chargerez sur votre bâtiment les armes que le commandant de Malte vous remettra '. »

L'officier chargé de dépêches, arrivé à Malte, remettait des lettres du général en chef au contreamiral Villeneuve et au général commandant. Le commandant de la marine lui donnait sur-le-champ un bâtiment pour le conduire dans un port d'Ita

'Lettre du 27 frimaire.

lie qu'il jugerait le plus sûr, d'où il prendrait la poste pour se rendre en toute diligence à Paris, et remettrait les dépêches au gouvernement. Il y restait 8 à 10 jours, après quoi il revenait en toute diligence s'embarquer dans un port du royaume de Naples ou à Ancône, et aborder avec son bâtiment à Damiette. Avant de partir, il aurait soin de voir un des frères de Bonaparte, membre du Corps législatif, qui lui remettrait tous les papiers qui auraient paru depuis messidor '. La dépêche au contre-amiral Villeneuve était ainsi conçue :

« Je n'ai point reçu de vos lettres, citoyen général, je vous envoie un aviso. Faites-moi connaître par son retour quelle est votre position, et ce que vous pourriez avoir appris des mouvemens et du nombre des ennemis dans la Méditerranée. Les ennemis n'ont que deux vaisseaux de guerre et deux frégates devant Alexandrie.

Vous devez avoir actuellement trois ou quatre vaisseaux et trois ou quatre frégates de Malte; nous désirons bien vous voir arriver ici.

Nous aurions besoin de 5 ou 6,000 fusils; chargez-en un millier sur l'aviso que je vous expédie, et envoyez-nous le reste sur des bâtimens qui viendront aborder à Damiette.

Vous devez avoir reçu du contre-amiral Gantheaume des lettres qui ont dû vous faire connaître le besoin où nous sommes d'avoir des nouvelles d'Europe, et de recevoir notre convoi '. »

Lettre de Bonaparte, du 27 frimaire.

• Idem.

Bonaparte écrivit au Directoire :

« Je vous expédie un officier de l'armée avec ordre de ne rester que 7 à 8 jours à Paris, et de retourner au Kaire. Je vous envoie différentes relations de petits événemens, et divers imprimés. L'Égypte commence à s'organiser. Nous sommes toujours sans nouvelles de France; pas un courrier depuis messidor. Cela est sans exemplé, dans les colonies même. Mon frère, l'ordonnateur Sucy, et plusieurs courriers que je vous ai expédiés, doivent être arrivés. Expédieznous des bâtimens sur Damiette. Les Anglais avaient réuni une trentaine de petits bâtimens, et étaient à Abouqyr ils ont disparu. Ils ont trois vaisseaux de guerre et deux frégates devant Alexandrie.

Le général Desaix est dans la Haute - Égypte, poursuivant Mourad-Bey, qui, avec un corps de Mamlouks, s'échappe et fuit devant lui. Le général Bon est à Suez.

On travaille avec la plus grande activité aux fortifications d'Alexandrie, Rosette, Damiette Belbeïs, Salhieh, Suez et du Kaire.

L'armée est dans le meilleur état, et a peu de malades. Il y a en Syrie quelques rassemblemens de forces turques. Si sept jours de désert ne m'en séparaient pas, j'aurais été les faire expliquer.

Nous avons des denrées en abondance, mais l'argent est très-rare, et la présence des Anglais

rend le commerce nul.

Nous attendons des nouvelles de France et d'Europe; c'est un besoin vif pour nos ames; car TOME II. Guerre d'ÉGYPTE.

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si la gloire nationale avait besoin de nous, serions inconsolables de n'y pas être '. »

nous

Une autre expédition fut dirigée sur Derne; c'était le brick le Lodi; il portait le citoyen Arnaud, qui avait eu des relations avec ce pays et qui en parlait la langue. « Je compte, écrivit Bonaparte à Gantheaume, que l'absence de ce bâtiment ne sera pas de 15 jours. Le commandant, sous quelque prétexte que ce soit, ne doit point cingler vers l'Europe. Cela serait regardé par le gouvernement comme une lâcheté et une trahison dont un Français ne peut être soupçonné. » Le général en chef écrivit à Arnaud : « Le brick vous ramènera à Alexandrie, et, à peine débarqué, vous viendrez au Kaire sans communiquer à personne les nouvelles que vous aurez pu apprendre. Je compte sur votre zèle et vos lumières. Je saurai vous tenir compte du service qu'en cette occasion vous aurez rendu à la République '. » Cette expédition ne fut pas heureuse; elle fut retardée par une maladie d'Arnaud.

Les pressentimens de Bonaparte sur la conduite du commandant du Lodi, d'autant plus singuliers qu'en arrivant en Égypte il avait soutenu un combat glorieux, se réalisèrent. Sennequier mena Arnaud à Tripoli où il remplit sa mission; mais au lieu de le ramener en Égypte, il le jeta, on ne sait pourquoi, à Mesurat où il fut pris par les Arabes, et conduit dans le désert de Banca, et il cingla en Europe avec le Lodi.

'Lettre du 27 frimaire.

Lettres du 19.

Le général en chef fit expédier à Zante le brick le Rivoli pour explorer aussi ce côté-là. Il écrivit au commissaire du gouvernement de ne pas retenir ce brick plus de 3 ou 4 heures, tant il était impatient d'avoir des nouvelles '.

Vers cette époque, le bruit se répandit à Londres que Bonaparte avait été assassiné; l'ambassadeur anglais l'avait écrit de Vienne. Le canon de la tour tira en signe de réjouissance. On se préparait à jouer une pièce improvisée sur ce sujet, lorsque des lettres de Constantinople annoncèrent que Bonaparte était ressuscité.

Bonaparte abjura-t-il la religion dans laquelle il était né, et se fit-il musulman? Qui peut en douter après avoir lu ses professions de foi favorables à l'islamisme si souvent répétées ? Restaitil chrétien le général qui se vantait aux Turcs d'avoir renversé le trône pontifical, l'ordre de Malte; qui professait hautement l'unité de Dieu, et un saint respect pour le prophète Mahomet? Il assistait donc à la célébration de son culte; il suivait donc la loi du Koran; il revêtait l'habit turc et portait le turban; et sans doute il se fit même circoncire..

pam

Voilà ce que répandaient en Europe les. phlets diplomatiques soldés par la coalition, et ce qu'on trouve dans quelques libelles qui ont usurpé le titre d'histoires.

Le Koran n'admet point la soumission et l'obéissance des musulmans à une puissance infidèle.

'Lettre du 21 frimaire.

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