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sonder la rade pour savoir si les frégates que j'attends de l'Ile-de-France pourraient, étant arrivées à Suez, s'approcher de la côte jusqu'à 200 toises, de manière à être protégées par les batte

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Le bruit de l'expédition des Français s'étant répandue dans l'Orient, on vit arriver à Suez un prétendu agent de Tippo-Saïb; mais, en se présentant au général Bon, il dit qu'il avait perdu ses dépêches. Cependant Bonaparte lut avec le plus vif intérêt ce que ce général lui manda sur l'envoyé de Tippo-Saïb, et écrivit au Directoire : « Un bâtiment arrivé à Suez a amené un Indien qui avait une lettre pour le commandant des forces françaises en Égypte; cette lettre s'est perdue. Il paraît que notre arrivée en Égypte a donné aux Indes une grande idée de notre puissance et a produit un effet très-défavorable aux Anglais; on s'y bat».

Cet Indien, arrivant sans dépêches, pouvait. bien n'être aussi qu'un espion envoyé par les Anglais pour sonder les projets de Bonaparte.

Dans sa mission à bord du commodore Hood, le lieutenant des guides Guibert, parlant des fréquens envois d'officiers que Bonaparte faisait en France, avait cité son frère Louis, parti depuis 25 jours. Le fait était vrai. Il avait mis à la voile sur un aviso, le 11 brumaire, portant des dépêches pour le Directoire. Cependant il n'arrivait

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point de nouvelles de France. Le besoin s'en faisait encore plus sentir depuis qu'on avait appris par les Anglais que la Porte avait déclaré la guerre.

L'ordonnateur en chef Sucy ne s'était point entièrement rétabli de la blessure qu'il avait reçue au combat de Chebreis; on lui conseilla l'usage des eaux ininérales; le général en chef l'autorisa à retourner en France, et le chargea de dépêches pour le Directoire et d'y ajouter verbalement tout ce qu'il savait de la situation des affaires en Égypte. Dans sa lettre, Bonaparte disait : « Nous attendons toujours avec une vive impatience des courriers d'Europe. J'envoie en France une quarantaine de militaires estropiés ou aveugles. Ils débarqueront en Italie ou en France. Je vous prie de les recommander à nos généraux et à nos ambassadeurs en Italie, dans le cas où ils débarqueraient dans un port neutre ' ».

L'ordonnateur Sucy fut remplacé par d'Aure, qui, quoique âgé de 23 ans, était le plus ancien commissaire des guerres de l'armée. On appelait alors un homme de 30 ans, un ancien. Sucy partit d'Alexandrie le 2 nivôse. Forcé de relâcher à Augusta, en Sicile, il y fut impitoyablement massacré le 6 pluviôse, ainsi que la plupart des militaires infirmes qui étaient avec lui.

Le général en chef chargea le contre-amiral Gantheaume d'expédier quatre bâtimens à Malte au contre-amiral Villeneuve, à Corfou, à Ancône aux commandans des forces navales, et à Toulon

'Lettre du 5 frimaire.

au commandant d'armes. Ces expéditions avaient pour objet de faire connaître la situation de l'armée et de rapporter des nouvelles de France, d'Europe, de Turquie. Il entrait dans les plus petits détails sur les routes que devaient tenir ces bâtimens pour échapper aux croisières ennemies. L'expédition adressée au contre-amiral Villeneuve avait encore un autre but. Bonaparte désirait d'abord qu'il envoyât des nouvelles par des frégates qui pourraient venir à Damiette où les ennemis ne croisaient pas, ou mettre un canot à la mer avec 50 hommes armés depuis Alexandrie jusqu'à la bouche d'Omfareg, où la côte était libre. Mais, comme Alexandrie n'était bloquée que par deux vaisseaux et une ou deux frégates, Bonaparte pensait que Villeneuve venant avec trois ou quatre vaisseaux et deux ou trois frégates qu'il avait à Malte, pourrait enlever la croisière anglaise, et que les bâtimens de guerre armés dans le port d'Alexandrie sortiraient pour concourir à cette opération '.

Dans cette manoeuvre du contre-amiral Villeneuve, il y avait encore une arrière-pensée du général en chef; c'était le projet qu'il avait conçu, après la bataille navale d'Abouqyr, de reformer une nouvelle escadre dans le port d'Alexandrie, et d'y réunir les forces navales qui se trouvaient éparses à Corfou, à Malte et à Ancône.

Il écrivit donc à Marmont de réunir chez lui dans le plus grand secret, le contre-amiral Perrée,

1 Lettre du 9 frimaire.

le chef de division Dumanoir, et le capitaine de vaisseau Barré, pour délibérer sur plusieurs questions et en dresser procès-verbal.

1o. Si la première division de l'escadre sortait, pourrait-elle, après une croisière, rentrer dans le Port-Neuf ou dans le Port-Vieux, malgré la croisière actuelle des Anglais?

2°. Le Guillaume-Tell paraissant avec le Généreux, le Dego et l'Arthémise, et les trois vais. seaux vénitiens laissés à Toulon et actuellement réunis à Malte, et la croisière anglaise étant obligée de se sauver, se chargeait-on de faire entrer le contre-amiral Villeneuve dans le port?

3. Si la première division sortait, pour favoriser sa rentrée malgré la croisière anglaise, ne serait-il pas utile, indépendamment du fanal allumé au phare, d'établir un nouveau fanal sur la tour du Marabou? Y aurait-il quelques autres précautions à prendre?

Si, dans la solution de ces trois questions, il y avait différence d'opinions, le procès-verbal devait contenir l'avis de chacun.

Après que le conseil aurait répondu à ces trois questions, et que le procès-verbal serait clos, il était ordonné à Marmont de poser encore les sui

vantes :

Si l'escadre du contre-amiral Villeneuve partait le 15 frimaire de Malte, de quelle manière s'apercevrait-on de son arrivée à la hauteur de la croisière? Quels secours les forces navales actuelles du port pourraient-elles lui procurer? De quel

ordre aurait besoin le contre-amiral Perrée pour se croire suffisamment autorisé à sortir?

Combien de temps faudrait-il pour jeter les bouées et désigner la passe?

Les frégates le Carrère, le Muiron et le vaisseau le Causse seraient-ils dans le cas de sortir? Les frégates la Junon, Alceste, le Carrère, la Courageuse, le Muiron, les vaisseaux le Causse, le Dubois, renforcés chacun par une bonne garnison de l'armée de terre et de tous les matelots européens qui existent à Alexandrie, seraient-ils dans le cas d'attaquer la croisière anglaise, si elle était composée de deux vaisseaux et d'une frégate '.

Le résultat de la délibération fut sans doute conforme aux vues du général en chef.

Bonaparte envoya un sabre au contre-amiral Perrée 9 en remplacement de celui qu'il avait perdu au combat de Chebreis, et comme un témoignage de sa reconnaissance pour les services qu'il avait rendus à l'armée dans la conquête de l'Égypte '.

Il écrivit au chef de division Dumanoir de faire partir le plus promptement possible un bâtiment pareil à celui sur lequel s'était embarqué Louis Bonaparte, approvisionné pour un mois d'eau et deux de vivres, qui prendrait à son bord le citoyen chargé d'une mission. L'ordre pour le

.....

'Lettre du 12 frimaire.

Lettre de Bonaparte à Perrée, du 26 frimaire.

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